La RUSSIE fait CACA-CULOTTE

On choisit un paysage unique et on décrète qu’il sera le centre d’un système historique. Ici est le soleil central. D’ici se diffuse la vraie lumière qui éclaire tous les événements historiques. D’ici, comme d’un point perspectif, on en peut mesurer la signification. Mais en réalité, c’est ici l’orgueil qui parle, orgueil de l’Européen occidental qu’aucun scepticisme n’arrête et qui déroule dans son esprit ce fantôme d’“Histoire universelle”. »



Tout cela se comprend si on garde à l'esprit que c'est Constantinople qui a donné le christianisme à Rome et non l'inverse contrairement à ce que l'on pourrait instinctivement croire. En effet, à Rome, le christianisme est un culte oriental importé vers la fin du règne de Rome. A l'inverse, Constantinople est né avec le christianisme. Elle est née chrétienne. Anthony Kaldellis a bien expliqué au contraire des Romains que « les Byzantins n’étaient pas un peuple guerrier. […] L’argent, la soie et les titres étaient les instruments de gouvernance et de politique étrangère préférés de l’Empire, plutôt que les épées et les armées » dans son ouvrage intitulé : Streams of Gold, Rivers of Blood : The Rise and Fall of Byzantium Source : Anthony Kaldellis, Streams of Gold, Rivers of Blood : The Rise and Fall of Byzantium, 955 A.D. to the First Crusade, Oxford UP, 2019, p. xxvii. https://www.amazon.fr/Str[...]ood-D-ebook/dp/B072BXJHRF


Les byzantinistes décrivent le monde byzantin comme un « Commonwealth », soit, selon Dimitri Obolensky, « l’idée supranationale d’une association de peuples chrétiens, auxquels l’empereur et le “patriarche œcuménique” de Constantinople fournissaient la direction symbolique, même si chacun de ces peuples était totalement indépendant politiquement et économiquement » dans un ouvrage intitulé : Byzantium and the Rise of Russia: A Study of Byzantino-Russian relations in the fourteenth century ;


Source : ] Cité dans John Meyendorff, Byzantium and the Rise of Russia, Cambridge UP, 1981, p. 2. https://www.amazon.fr/Byz[...]%2C%2Caps%2C61&sr=8-1

Durant la période de la papauté byzantine : https://fr.wikipedia.org/wiki/Papauté_byzantine Ravenne, reprise aux Ostrogoths par Justinien (527-565), est la capitale occidentale de l’Empire où siège un « exarque », représentant de l’empereur, tandis que Rome n'est plus qu'une bourgade parmi tant d'autres.

Au VIIIe siècle, les Lombards parviennent à s'emparer de Ravenne, puis marchent sur Rome. Charlemagne arrivent à les soumettre et instrumentalise les prétentions de l’évêque de Rome pour sa propre ambition impériale. Il déclenche une querelle liturgique en défendant une version du credo différente du Symbole de Nicée ; selon ce dernier, l’Esprit saint « procède du Père » (ex Patre procedit), mais une formule différente, apparue tout d’abord chez les Wisigoths, affirme que l’Esprit saint « procède du Père et du Fils » (ex Patre Filioque procedit) : la variante, bien qu’indiscutablement hétérodoxe, ne suscitait pas de grave controverse, jusqu’à ce que Charlemagne décide qu’elle serait la seule autorisée. Le Filioque servira de prétexte au schisme de 1054.


En 1048, l’empereur germanique Henri III (1017-1056) nomme comme pape son cousin Bruno d’Eguisheim-Dagsbourg. Mais après la mort d’Henri III, un bras de fer s’installe entre pouvoir pontifical et pouvoir impérial. C’est la réforme grégorienne, du nom de Grégoire VII, dont le projet est de faire de la papauté le cœur du nouveau pouvoir impérial. Il se proclame chef absolu de la chrétienté et postule, dans son Dictatus Papae en 27 propositions : « Seul le pontife romain est en droit d’être appelé universel. […] Lui seul peut disposer des insignes impériaux. Le pape est le seul dont tous les princes doivent baiser les pieds. […] Il peut déposer les empereurs. […] Il ne peut être jugé par personne. […] L’Église romaine n’a jamais été dans l’erreur et ne le sera jamais. »


Au fur et à mesure du renforcement du leur ascendant sur les rois d'Occident, les papes s’attaquent de plus en plus au centre historique de l’Empire, Constantinople, avec des armes non seulement théologiques, mais aussi militaires, en mobilisant la classe guerrière franque dans des longues guerres saintes. Pour rappel, la première des croisades about à l'installation des 4 états latins en Syrie et en Palestine. La quatrième croisade fut lancée par Innocent III en 1198 étant donné que Jérusalem avait été reprise par Saladin. Au lieu d’aller à Jérusalem via Alexandrie, comme annoncé, les Francs se dirigèrent vers Constantinople et pillèrent la ville pendant trois jours. Les palais, les églises, les monastères et les bibliothèques furent saccagés, et la ville dévastée.


Pour rappel, selon Steven Runciman, historien spécialiste des croisades : « Il n’y eut jamais de plus grand crime contre l’humanité que la quatrième croisade. Non seulement, elle causa la destruction ou la dispersion de tous les trésors du passé chéris par Byzance, et la blessure mortelle d’une civilisation qui restait superbe et vivante ; mais ce fut aussi un acte d’une folie politique gigantesque. Il ne servit en rien aux chrétiens de Palestine. Il les priva bien plutôt d’aides potentielles. Et il perturba toute la défense de la chrétienté. » Source : Steven Runciman, Histoire des Croisades (1951), vol. 2 : 1188-1464, Tallandier, 2013, p. 110-111. https://www.amazon.fr/His[...]en-Runciman/dp/B00A6NXJUE

Les Byzantins parvinrent par la suite à chasser les latins et les franc en 1261 sous le commandement de Michel VIII Paléologue. Ensuite malgré le nouvel appel à la croisade d'Urbain IV, celui ci suscita peu de vocations.

Aussi pour comprendre comment la Russie se définit elle par rapport à l'Europe et la manière dont elle se définit, il est nécessaire de se renseigner sur plusieurs auteurs dont la chute du communisme a permis aux russes de redécouvrir l'existence. : De l’inégalité de Nicolas Berdiaev : http://classiques.uqac.ca[...]egalite/de_inegalite.html La Justification du Bien de Vladimir Soloviev ( pour le lire en ligne c'est ici : https://gallica.bnf.fr/ar[...]48/bpt6k81302c.texteImage Nos Missions d’Ivan Ilyin ( dont je n'ai pas trouvé de traduction en français )

Vladimir Soloviev (1853-1900) est un poète, philosophe, théologien et mystique original, dont le culte de Sophia, fondé sur son expérience mystique (je l’ai mentionné dans dans mon article sur « la religion de la Dame ») est jugé hérétique par certains orthodoxes, mais dont la volonté de réconcilier le catholicisme et l’orthodoxie a été louée par Jean-Paul II. Son ouvrage que j'ai cité plus haut est un essai philosophique de morale qui a pour but de fonder scientifiquement la morale en cherchant à démontrer que la morale s'ancre dans 3 sentiments innés à l'homme, que ce soit la pitié, la honte ou la vénération. La pitié se manifeste par une forme compassion pour nos égaux. La honte, elle, se manifeste par de la pudeur. Enfin, la vénération, qui constitue le fondement moral de la religion, nous pousse à nous élever vers ce qui est supérieur.

Nicolas Berdiaev a fait connaître en France nombre de penseurs de son pays, comme Constantin Leontiev ou Alexis Khomiakov. Son ouvrage "de l'inégalité" est un critique des concepts de la pensée politique occidentale. Il défend une conception mythique et quasi surnaturelle du pouvoir dans son chapitre qui est consacré à l'Etat. Plus, tout état, en tant qu'organisme, dit il, tend à se développer. Enfin, le fait qu'il ait vécu en France et qu'il y soit mort ait bien entendu grandement contribué au fait que ce soit l'un des auteurs russes qui y soit le plus connu.



Sur la démocratie, il a un jugement particulièrement radical : « Faire de la volonté populaire le principe supérieur de la vie sociale revient à adorer une idée formelle et vide, à déifier l’arbitraire humain : peu importe ce que veut l’homme, l’essentiel, c’est que ce qu’il veut se réalise. Je veux que ce que je veux soit. Telle est à la limite la formule de la démocratie et du pouvoir populaire. Elle ne peut pas aller au-delà. Le fond et la condition de la volonté populaire n’intéressent pas le principe démocratique. Celle-ci peut désirer le mal le plus abominable, et le principe démocratique n’y pourra rien objecter. Il ne garantit d’aucune manière que son application n’abaisse pas le niveau qualitatif de la vie humaine ni ne détruise ses valeurs les plus hautes. » « Depuis la création du monde, écrit Berdiaev, c’est toujours la minorité qui a gouverné, qui gouverne et qui gouvernera. [...] La seule question qui se pose est de savoir si c’est la minorité la meilleure ou la pire qui gouverne. »


On peut donc en conclure que c'est vers l'aristocratie, c'est à dire le gouvernement des meilleurs, qu'il faut tendre, selon lui. Ce qu'il confirme plus tard : « En tant que gouvernement des meilleurs, qu’exigence d’une sélection qualitative, l’aristocratie reste à jamais un principe supérieur de la vie sociale, la seule utopie digne de l’homme. » « Dans sa métaphysique, dans sa morale, dans son esthétique, l’esprit du démocratisme contient un très grand danger pour le principe aristocratique de la vie humaine et mondiale, pour le principe qualitatif de la noblesse. La métaphysique, la morale et l’esthétique de la quantité voudraient écraser et détruire toute qualité, tout ce qui s’élève personnellement et en communion avec autrui. Le royaume de la métaphysique, de la morale et de l’esthétique démocratiques est celui non pas des meilleurs, mais des pires. […] Son triomphe représente le plus grave péril pour le progrès humain, pour l’élévation qualitative de la nature humaine. »

Ivan Ilyin (1884-1954), est l'un des intellectuels et penseur russe le plus cité comme ayant une influence sur Poutine et son entourage au gouvernement, du moins si on en croit Michel Eltchaninoff, dans son livre, intitulé, " Dans la tête de Vladimir Poutine". Dans ce qui devint célèbre comme étant le bateau des philosophes en Union soviétique, il fut exilé par Lénine en 1922 après avoir été arrêté 6 fois par les bolcheviques.

Source : https://fr.wikipedia.org/[...]i/Bateaux_des_philosophes



Berdiaev figurait également parmi les plus de 160 intellectuels et penseurs exilés. Partisan dans un premier temps du national socialisme, il finit par s'en détourner avant de s'exiler en Suisse et d'y vivre ses dernières années. Ilyin définit dans son ouvrage en deux volumes un programme pour faire face à l’effondrement du régime soviétique, qu’il espère proche. Il regroupe dans son livre des articles diffusés en union soviétique de façon clandestine entre entre 1948 et 1954. Par ailleurs il prophétise avec exactitude la volonté des élites de l'Occident, qui saisiront l’occasion de cet effondrement pour chercher à détruire durablement la Russie.

Or pour qu'une renaissance de la Russie puisse avoir lieu, encore faut il la définir et comprendre son essence, ainsi que sa nature profonde. Entre la démocratie et le totalitarisme, il prône en effet une troisième voie, qu'il définit comme un gouvernement autoritaire et fort mais libéral, et qui s'appuyerait sur la religion. On se rapproche du byzantinisme en l'occurence. Selon lui, il faut « Il faut une nouvelle idée, religieuse par ses sources et nationale par son sens spirituel. Seule une telle idée pourra faire renaître et refonder la Russie de demain. » « Cette idée devrait provenir du tissu même de l’âme russe et de l’histoire russe, de sa soif spirituelle. Cette idée devrait parler de l’essence des Russes — à la fois du passé et de l’avenir — elle devrait éclairer la voie pour les générations de Russes à venir, donner un sens à leur vie et leur donner de la vigueur. »


Mais il fallait avant tout, selon lui, le moment venu, s'assurer qu'une couche de patriotes russes armées intellectuellement, éclairés et déterminés puissent prendre les rênes du pays pour éviter le dépeçage auxquelle autrement elle serait promis. Source : « Nous ne savons pas quand ni comment sera interrompue la révolution communiste en Russie. Mais nous savons quelle sera la tâche principale du salut et de la reconstruction nationale russe : l’ascension jusqu’au sommet des meilleurs — des hommes dévoués à la Russie, sentant leur nation, pensant leur État, volontaires, créatifs, offrant au peuple non pas la vengeance et le déclin, mais l’esprit de libération, de justice et de l’union entre toutes les classes. Si le choix de ces nouveaux hommes russes réussit et se réalise rapidement, alors la Russie se relèvera et renaîtra en l’espace de quelques années. Si ce n’est pas le cas, la Russie tombera du chaos révolutionnaire dans une longue période de démoralisation post-révolutionnaire, de déclin et de dépendance vis-à-vis de l’extérieur. » https://www.revuedesdeuxm[...]%20toutes%20les%20classes.

Rappelons le contexte. Dans la guerre de Crimée (1853-1856), les grandes puissances européennes apportent leur soutien à l’Empire ottoman et imposent à la Russie le traité de Paris. Vingt ans après, le tsar Alexandre II entre à nouveau en guerre contre les Ottomans qui viennent de noyer le soulèvement des Serbes et des Bulgares dans un bain de sang. Par le traité de San Stefano (1878), le tsar fonde les principautés autonomes de Bulgarie, de Serbie et de Roumanie, et ampute encore l’Empire ottoman de territoires peuplés de Géorgiens et Arméniens. Mais les Européens s’opposent à nouveau à cette redistribution et convoquent le congrès de Berlin (1885), qui ampute les conquêtes russes et rend la plus grande partie de l’Arménie, ainsi qu’une partie de la Bulgarie, à l’Empire ottoman. Les principautés indépendantes des Balkans sont fragmentées en de petits États faibles, rivaux et ethniquement divisés, soit une « balkanisation » qui contribuera au déclenchement de la Première Guerre mondiale.

La Russie a donc pu constater une alliance des puissances catholiques et protestantes aux musulmans, ce qui a eu évidemment un goût amer. Se rendant compte que les mouvements de la Russie pour s'intégrer à la civilisation européenne ont échoué, un mouvement intellectuel nait à partir de ce moment là sur ces bases. Ce mouvement s'appellera plus tard le panslavisme. Les porteurs de ce mouvement se nomment, eux, les slavophiles. L'objectif assumé est de définit une identité propre à la Russie, en dehors d'un cadre strictement européen. Bien sûr Nicolas Danilevski est l'un des penseur slavophiles les plus célèbres de tous, si ce n'est le plus. Dans son ouvrage intitulé "La Russie et l'Europe", publié en 1869, il dresse un constat radical et clair. A savoir que la Russie est fondamentalement différente de l'Europe. Pour plusieurs raisons. D'abord, elle n'a pas connu l'Empire romain, elle n'en a pas fait partie plus précisément. La renaissance carolingienne ainsi que la société féodale telle qu'on l'a connu en Europe n'ont pas fait partie de son histoire. De plus, étant donné qu'elle est né en 862, ayant grandi, entre le XIIIe et le XVe siècle, à l’ombre de Saraï (la capitale des khans de la Horde d’Or), la Russie a échappé à la domination de la papauté, et n’a rien connu de la culture scolastique latine. Elle n'a pas également connu la Renaissance telle que l'a connu le royaume de france ou l'italie d'où la renaissance est née, du moins sur le plan artistique. Enfin, même si Danilevski n'en fait pas mention, la révolution industrielle n'a touché la Russie qua de manière marginale, de même que l'économie capitaliste.


Après Danilevski, certains penseurs, comme Piotr Tchaadaïev (1794-1856), considéraient de tout cela que la Russie avait un retard considérable à rattraper et qu’elle devait s’inspirer toujours plus de l’Europe, comme elle l’avait fait sous Pierre le Grand (1692-1725). Danilevski, lui pensait que la Russie devait se " préserver " et développer ce qu'il pensait être son caractère original. Cette distinction, c'est selon lui la slavinité, en opposition à la germanité ou à la litinité. Sa théorie organique des civilisations veut que chaque civilisation ait son propre développement ainsi que sa propre nature, laquelle est essentiellement ethnique. C'est le raison pour laquelle il faudrait que la Russie réunisse en sein de sa civilisation l'ensemble des pays slaves. C'est ce qui s'appelle le panslavisme. Et Danilevski est considéré comme étant son fondateur.

Il était déjà l'objet de son vivant cependant de certaines critiques, notamment de la part de Constantin Leontiev, qui met en évidence les différences notables entre certains pays slaves. En effet, la Pologne quoique chrétienne, est catholique et également depuis toujours un adversaire hostile à la Russie. Les Bulgares, eux sont culturellement plus proches des grecs que des russes. Quant aux Tchèques, qu'ils soit catholiques ou protestants, ils sont profondément germanisés à ce moment là. Enfin, la Roumanie et la Hongrie ont beau être proches de la Russie, ce ne sont pas des pays slaves pour autant. En réalité, seul la Biélorussie, l'Ukraine et la Serbie sont proches de la Russie tout en étant slaves. Fiodor Dostoïevsky ajoute que Danilevski minimise l'empreinte et l'impact culturel qu'a eu l'Asie sur la Russie, notamment sa composante turco mongole. Source : « Les Russes sont autant asiatiques qu’européens. L’erreur de notre politique des deux derniers siècles a été de faire croire aux Européens que nous sommes de vrais Européens. [...] Nous nous sommes inclinés comme des esclaves devant les Européens et n’avons gagné que leur haine et leur mépris. Il est temps de se détourner de l’Europe ingrate. Notre avenir est en Asie. » (Journal d’un écrivain, janvier 1881).


Au début du XXe siècle, plusieurs savants russes ont remis en question la perception négative de la domination turco mongole et soulignant que cette période avait contribué de façon décisive et positive à la formation de la civilisation russe. Cette réévaluation forme la base scientifique de ce qu’on nomme l’eurasisme. L’un des pionniers de ce mouvement fut le linguiste Nicolas Troubetzkoï (1890-1938), qui écrit dans L’Héritage de Genghis Khan (1925) : https://vdoc.pub/download[...]genghis-khan-2m7vcjqm0qlg

« L’unification même de la quasi-totalité du territoire de la Russie moderne sous un seul État a d’abord été réalisée non pas par des Slaves russes, mais par des Tourano-Mongols. La propagation des Russes à l’Est était liée à la russification de nombreuses tribus touraniennes, et la cohabitation des Russes avec les Touraniens fut un fil conducteur de toute l’histoire de la Russie. Si la conjugaison des Slaves orientaux avec le touranisme est un fait fondamental de l’histoire de la Russie, si l’on peut difficilement trouver un Grand Russe dans les veines duquel ne coule pas du sang touranien, il est clair que pour une bonne connaissance nationale de soi, nous, Russes, devons tenir compte de la présence en nous de l’élément touranien, nous devons étudier nos frères touraniens. »

Il faut comprendre que la Russie est une fédération, une nation multi ethnique, dont les slaves contituent 80% de la population environ. La différence est largement faite entre citoyenneté et nationalité, plus que quasiment aucun autre puisque 160 nationalités environ sont reconnus par la fédération de Russie. Par conséquent, il est impossible de contituer la base d'un projet civilisationnel à partir de la seule ethnie comme le préconisait Danilevski. En revanche, selon Alexis Khomiakov (1804-1860), c'est la religion qui constitue l'âùe d'une civilisation. D'ailleurs cela expliquerait entre autres pourquoi est ce que l'Union Soviétique ne pouvait durer éternellement car elle n'était pas une civilisation, mais un ensemble géographique fondé sur une idéologie matérialiste avant tout.


Dans L’Église latine et le protestantisme au point de vue de l’Église d’Orient, recueil de textes publiés en France en 1858, Khomiakov précise ce qui, selon lui, distingue l’orthodoxie du catholicisme, dans leurs influences respectives sur l’âme des peuples européens et russe.


Dans la mentalité orthodoxe, profondément enracinée dans le peuple russe, l’Église est la communauté des fidèles, unis dans l’amour du Christ. C’est pourquoi les Russes, paysans comme boyards, considèrent que l’Église est la substance même de leur être collectif, et seront prêts à tous les sacrifices pour la défendre. À partir de la Réforme grégorienne et de ce que les Russes nomment le schisme d’Occident, la papauté a détruit cette union spirituelle en imposant une séparation radicale entre l’institution cléricale et le peuple laïc, de sorte que l’Église catholique est devenue un organisme étranger au peuple. Il faudrait par exemple évoquer le fait que l’orthodoxie est restée fondamentalement néo-platonicienne, et donc symboliste, quand le catholicisme s’est converti à l’aristotélisme, et donc au rationalisme, faisant du chrétien un « croyant » plus qu’un fidèle du Christ. Enfin, la différence s'effectue du point de vue de la philosophie politique.

Il faut savoir que Le pouvoir byzantin avait une structure bicéphale, que les historiens occidentaux qualifient péjorativement de « césaropapisme », mais que les Byzantins définissaient comme une symphonia, une collaboration harmonieuse (même si, évidemment, elle ne le fut pas toujours en pratique) ; l’autorité suprême en ce monde revient au basileus, qui est le protecteur de l’Église. Or la Russie est héritière du christianisme orthodoxe né à Constantinople. Ce que Leontiev nomme le byzantinisme, et qu’il définit dans Byzantinisme et Slavité, c’est donc une conception particulière du pouvoir incarné par le tsar et sanctifié par l’Église. Une conception marquée encore plus en Russie en raison du caractère plus homogène de celle ci en comparaison avec Byzance.


La Leçon de Byzance, est un film qui a été produit par le père Tikhon, un proche de Poutine, et diffusé en janvier 2008 sur la chaîne russe Rossia. Et le message délivré est justement celui ci. A savoir que les trahisons de l'Occident ne constitueraient qu'une continuité ou une répétition de celle dont selon eux, se sont rendus par le passé coupable les latins qui avaient porté à Constantinople un coup mortel sous prétexte de libérer l'Orient de l'emprise de l'Islam.


En fin de compte, la Russie n'est elle même et grande que lorsque celle ci est dirigée par un tsar puissant et déterminé. Ce n'est pas pour rien si En Russie, les boyards fondent leur fierté non sur l’ancienneté et le prestige de leur lignée, mais sur le service du tsar.

Concernant la première croisade, on continue d’enseigner qu’elle était la réponse généreuse de l’Église romaine à un appel désespéré de l’empereur byzantin Alexis Comnène en lutte contre les Turcs seljoukides. Les chroniqueurs latins présentaient les choses ainsi, même si il est souvent considéré que cette lettre était en réalité un faux.

Source : Einar Joranson, “The Problem of the Spurious Letter of Emperor Alexis to the count of Flanders,” The American Historical Review, vol. 55 n°4 (July 1950), p. 811-832,

https://www.jstor.org/

Deux tiers des livres mentionnés par Photios dans sa Bibliotheca furent perdus à jamais suite à la quatrième croisade.


Source : https://www.tertullian.or[...]photius_03bibliotheca.htm

Selon Steven Runciman : « L’Europe occidentale, avec ses souvenirs ancestraux de jalousie de la civilisation byzantine, avec ses conseillers spirituels dénonçant les orthodoxes comme des schismatiques dans le péché, et avec un sentiment de culpabilité obsédant d’avoir trahi Byzance, a choisi de l’oublier. Elle ne pouvait oublier la dette qu’elle avait envers les Grecs ; mais elle a vu cette dette comme étant due uniquement à l’âge classique. » Steven Runciman, The Fall of Constantinople 1453, Cambridge UP, 1965, p. 190.

. Aujourd’hui encore, pour expliquer le sac de Constantinople en 1204, on invoque généralement une suite malheureuse d’imprévus qui auraient entraîné les croisés malgré eux contre Constantinople, ou alors quand ce n'est pas la raison invoquée l’on désigne les banquiers vénitiens, créditeurs des croisés, comme les seuls instigateurs de ce détournement.

Selon encore Steven Runciman, la papauté invita la chrétienté latine à se réjouir de leur victoire. Source : Steven Runciman, Histoire des Croisades, op. cit., vol. 2, p. 115. « On chanta des hymnes pour célébrer la chute de la grande ville impie. »


Pratiquement toutes les archives des chancelleries impériales et patriarcales de Byzance ont péri soit en 1204, lorsque la ville a été mise à sac par les croisés, soit en 1453, lorsqu’elle est tombée sous les Turcs. Source : John Meyendorff, Byzantium and the Rise of Russia, Cambridge UP, 1981, p. 2. Ajoutons à cela le manque de recul de certains historiens européens et occidentaux en général quant à leurs propres sources ainsi qu'au véritables fonctions de celles ci.

Ce qui est cocasse de constater c'est la reprise du terme de croisades par les néo conservateurs, pour parler de guerre contre le terorrisme comme ce fut le cas de Bush en 2001. Source :

Jean Meyendorff et Aristeides Papadakis rappellent ainsi qu’avant le XIIe siècle, « l’emprise fragile du pape sur la chrétienté occidentale était largement imaginaire. Le petit monde de la politique romaine était en fait le seul domaine de la papauté avant le XIe siècle »

Source : Jean Meyendorff et Aristeides Papadakis, L’Orient chrétien et l’essor de la papauté, Cerf, 2001, p. 41.


Or si le catholicisme européen est en train de s'essouffler, cela signifie qu'une civilisation ne peut exister. Ce qui mène la France ainsi qu'une bonne partie de l'Europe dans l'impasse sur le plan religieux et culturel. Le roman clérical romain n'est pas juste en tout point comme on peut le constater. Aux yeux de sorthodoxes il s'agit là d'une arrogance sans limite. Cela nous enferme dans une illusion historique et politique pour l'avenir. Or ce sont ce genre de différend que les néo conservateurs tentent d'instrumentaliser. En effet, les États-Unis ont exercé de très fortes pressions sur le Saint-Siège le 15 mars 2022 à l'occasion du sommet sino américain de Rome. Les néo cons straussiens entendent bel et bien transformer cette guerre en une guerre de religion en instrumentalisant les différences sur le plan religieux comme sur le plan culturel. Ils avaient déjà imaginé la manière dont ils parviendraient à mobiliser les musulmans contre la Russie sous Bush père avec l'aide de Bernard Lexis justement. Si en Tchétchénie et en Bosnie Herzégovine, ce plan a pu marché, il n'en va pas de même en Ukraine où les deux camps sont chrétiens.

L’Église orthodoxe est organisée en 7 patriarcats dont celui de Constantinople est le « premier entre les égaux ». Le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, n’a pratiquement pas de fidèles en Turquie, mais veille sur la diaspora grecque dans le monde. Celui de Moscou, Cyrille Ier, veille sur l’ensemble des Russes y compris les Ukrainiens. Les Straussiens avaient par le passé raussit à faire explosier l’Église orthodoxe ukrainienne en créant une Église orthodoxe (autocéphale) ukrainienne.


Philarète de Kiev, un ancien agent du KGB qui fut démasqué et excommunié à la chute de l’Union soviétique, créa une secte, l’« Église orthodoxe autocéphale ukrainienne » (non-canonique). Il est devenu un des soutiens des putschistes de Kiev et a qualifié le président russe, Vladimir Poutine de « Caïn » et de « Judas ». Il se voit aujourd’hui en chef de l’Église indépendante que pourrait reconnaître Bartholomée. En 1654, l'Ukraine s'est placée dans l'orbite russe pour échapper à l'intolérance religieuse de la République des deux nations (Pologne-Lituanie) vis-à-vis des orthodoxes. Aujourd'hui, pour des raisons politique, l'Occident pousse l'église orthodoxe d'Ukraine à se séparer de Moscou et la Grèce appuie ce mouvement parce qu'elle est en conflit avec la Russie, accusée de se rapprocher de l'ennemi héréditaire turc. Tout ça n'a rien à voir avec la foi, bien évidemment.


« Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion de mon Cœur Immaculé. (...) La guerre va finir, mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI commencera une pire encore. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église et le Saint-Père. Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix ; sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. » C'est le message qu'auraient reçu trois voyants portugais de la vierge marie en 1917 durant la première guerre mondiale juste après la révolution russe.


Source : https://regnummariaeregnu[...]era%20une%20pire%20encore.

La théologie développée autour des visions de Fatima sera utilisé et réactivé pour resurgir le clivage catholiques orthodoxes.