Le Moyen-âge catholique était bel et bien une époque sombre

Daniel Mornet avait consacré un ouvrage à ce mouvement en 1933. Cet ouvrage est intitulé : " Les origines intellectuelles de la Révolution française : 1715 1787 ". On ne peut pas nier l'influence de penseurs des Lumières comme Rousseau, Voltaire ou Diderot qui étaient choyés des princes et des grands. Ceux qui étaient vus comme des redresseurs de tort, prêts à donner de leur personne pour dénoncer les injustices et les abus et pour prendre parti pour les causes justes. Source : La nuit du 4 août " de P. Kessel. Mais ces intellectuels s'en tenaient aux maux de leur époque plus en journalistes et en militants qu'en historiens. D'autres ont fait de la condamnation de la féodalité et du passé en général leur métier et voulaient non plus se contenter de dénoncer des abus mais voulaient des réformes profondes. Notamment ce qu'ils appelaient des privilèges ridicules et injustes. Ils faisaient bien sûr très souvent référence au Moyen Age. C'est de ce contexte de préparation à la Révolution française qu'était né une partie de nos idées reçues concernant une époque qui nous échappe grandement. Dans " L'Esprit des lois " qui date de 1748, Montesquieu, on le voit bien, fait partie des auteurs qui sont capables d'inventer nombre de fantaisies en cherchent dans le passé les origines de telle ou telle pratique. Pareil pour German François Poulain de Sainte Foix concernant la région de l'Ile de France dans ses " Essais historiques sur Paris " publié durant les années 1750. Plus de 3 décennies plus tard, juste avant la Révolution, une littérature parlait des droits des seigneurs féodaux et leurs abus.

Notamment l'ouvrage intitulé : " Des droits de justice " de Baquet et également " Des banalités " de Frémainville. Aussion a vu des ouvrages parlant de la vie politique et des rapports de société dans le cadre d'un seul grand fief. Notamment l'ouvrage : " Mémoires historiques sur la ville d'Alençon et sur ses seigneurs " écrit par Odolant Desnos. Egalement " Mémoires pour servir à l'Histoire du comté de Bourgogne " Ecrit par Dunod de Charnage. Et ces livres étaient publiés soit quelques mois avant, soit au moment même où les cahiers de doléances étaient rédigés. D'autres livres avaient parus au dernier moment et notamment des pamphlets en forme de traités savants d'habillant du titre de " mémoires ". Il faut dire que c'était à la mode à l'époque. Notamment : " Mémoire sur les moyens d'améliorer en France les conditions des laboureurs, des journaliers, des hommes de peine vivant dans les campagnes et celles de leurs femmes et de leurs enfants " Ecrit par S. Cliquot de Blerwache. Egalement : " Modestes observations sur le Mémoire des princes, faites au nom de 23 millions de citoyens français ". Ensuite il y a eu le " Cri de la raison ou Examen approfondi des lois et des coutumes qui tiennent dans la servitude mainmortable quinze mille sujets du roi " Ecrit et publié par Abbé Clerget en 1789 l'année même de la Révolution française donc. Les adversaires de ce qui étaient nommé les droits féodaux ou les privilèges, au delà des principes d'égalité et de fraternité avancés, affirmaient qu'ils avaient des arguments très solides en mettant nombre de faits précis venant de ces traités soit disant historiques, lesquels offraient une source de " données " importantes. Que ce soit pour recueillir les pratiques, scandales, abus et exemples d'arbitraires.

Ainsi face à l'Assemblée constituante, lors de cette séance de la nuit du 4 août 1789, lors de ce qu'ils appelent l'abolition des privilèges, nombre d'orateurs commençaient à réciter les faits divers. Notamment un groupe d'hommes avertis du projet. Cela avait débuté avec l'adoption d'un nouveau règlement qui, aux séances générales du matin, ajoutaient celles du soir, poursuivies jusqu'à une heure très tardive, avec comme objectif celui de démobiliser et décourager ceux qu'on ne tenait pas informés des objectifs et motifs secrets. Puis un nouveau président fut élu, lequel avait comme objectif de réduire ses adversaires à l'inertie en faisant aller la sonnette soir et matin. Et camille Desmoulins connaissait ces machinations. Il disait : " Ce fut un trait de génie, et c'est à cette conduite que nous devons les grands événements de se présidence et la nuit du 4 août ". Sans oublier les grands dîners qui étaient offerts par les partisans de l'abolition des privilèges. Source : " La Révolution " écrit et publié en 1966 par François Furet et Denis Richet. D'abord cela a commencé par des énonciations généraux et souvent non nuancées. Ensuite il y a eu les dénonciateurs qui sont venus à la tribune, lesquels avaient accumulé nombre de faits et anecdotes injustes. Les deux personnages les plus importants dans l'histoire étaient Lapoule, qui était avocat à Besançon et Le Guen de Kerengal, qui était député de la noblesse de Bretagne. Cependant, ces deux là comme d'autres se sont couverts de ridicule avant de se faire renvoyés à leurs bancs sous les huées de l'Assemblée.

Malgré leurs propos extravaguants, nombre d'entre eux sont restés à la postérité comme étant des vérités. Soit disant. Même dans nos manuels. De plus, l'offensive contre les privilèges préparée depuis plusieurs annéesd, ne visait pas à une refonte totale des systèmes en vigueur et ne cherchait pas vraiment à établir une égalité des hommes face aux impôts et aux charges. Car les seuls privilèges ayant été abolis concernaient seulement les droits féodaux ainsi qu'à tout ce qui était lié à la propriété rurale. Source : " La nuit du 4 août " écrit par Patrick Kessel. Page 162. Ainsi, les députés de la Constituante ont renforcé le pouvoir de l'Etat mais aussi des villes dont les dirigeants avaient beaucoup de moyens d'action. Le lendemain du Premier Empire et de la Restauration, l'école historique française s'est inscrite de manière virulente dans un courant dit républicain, froncièrement hostile à l'Ancien Régime. Des auteurs et pas n'importe lesquels ont entrepris de " dénoncer " le mal incarné par la féodalité et tout ce qui va avec, à savoir les seigneurs, les nobles voire le pouvoir royal en lui même. On sait que Michelet a exercé une très grande influence est est vu comme l'un des pères de l'histoire de France. Cependant, son ouvrage " Histoire de France ", se réduisent dans nombre de passages à faire des rappels des abus et scandales du passé et la fin de cet ancien ordre pour un ordre meilleur. C'est la même chose pour son " Origines du droit français ". De même que son ouvrage : " Histoire de la Révolution française ". Il se trouve qu'en 1833, le dernier des 15 volumes de l' " Histoire de France " d'Henri Marin était sorti.

Ensuite ce fut A. Hugo et sa " France historique et monumentale " sorti en 1849 reprenant les mêmes inspirations et clichés. Plus, les " Fiefs et Champarts, " Des droits honorifiques ", des " corvées " , de Maréchal et Goyot ou encore " L'Histoire des serfs " de Gaudy. Cela ne veut pas dire que certains n'avaient pas fait de travaux sérieux et qu'ils ne faisaient pas tous preuve de manque d'analyse critique. Mais concernant l'Ancien Régime, les droits féodaux et tout ce qui s'en rapporte, c'étaient les mêmes conclusions et les mêmes objectifs. De plus, tous ces livres n'étaient pas diffusés car reprenant des termes parfois trops rébarbatifs et complexes. Ce fut l'affaire de livres ayant été écrits eux pour l'enseignement comme les traités didactiques ou les manuels scolaires. Voire même les romans de cape et d'épée. Tous reprenaient les mêmes clichés. Et ceux qui faisaient, ceux qui tenaient les manuels d'histoire notamment après les lois de de 1880 1992, ceux qui nous ont imposé une logique anti rigueur et anti historique, faisaient cela de manière délibéré. La place accordée à certaines périodes lointaines était ainsi diminuée au profit de périodes plus récentes. Cela permettait de ne pas trop remettre en question certaines idées reçues sur les temps dits obscurs. Il fallait avant tout faire des écoliers de bon républicains. Source : " Histoire partielle, histoire vraie " de Guiraud, 1912, page 38. Pourtant, il faut savoir que nombre de ces auteurs qui faisaient les manuels scolaires n'avaient durant les années 1900 jusqu'aux années 1930, pas de formation scientifique pour la plupart. Ils pouvaient juste reprendre ce qu'ils lisaient à droite à gauche. Et avec le grand répertoire dont ils disaposaient, c'était facile. Et pour ceux qui voulaient aller plus loin en histoire, il y avait une littérature dite " historique ", puisant aux mêmes sources.

" - L'obscurantisme religieux a considérablement freiné la recherche scientifique, pire encore car les Ecritures étaient en duel avec la science étant donné que chaque nouveauté scientifique devaient être approuvé par des instances catholiques, c'était très courant qu'un scientifique soit considéré comme magiciens avec ses thèses car trop en désaccord avec l'Eglise, comme Roger Bacon qui ira en prison pendant 13 ans sur ordre de l'Eglise, comme Galilé qui a prouvé l'éliocentrisme , ou comme Vésale qui fonda l'anatomie et qui sera puni de mort par l'Inquisition "



Une autre preuve présentée de l'obscurantisme serait la croyance aux miracles et aux prophéties. Des croyances qui ont été présenté comme de simples superstitions sans aucun sens venant d'un autre âge. Il ne faut pas oublier cependant que la divination avait en grande partie lieu en dehors du contexte chrétien. Et parfois même à l'encontre des directives proférées par l'Eglise. Depuis l'Antiquité, l'étude de la course des astres et de leurs conjonctions passionnaient nombre d'adeptes convaincus. Notamment dans les cours princières au début des années 1400, les astrologues italiens avaient des succès. Source : " Les Médecins, astrologues, chirurgiens et lettrés à Paris, pendant la guerre de Cent Ans " de A. De Mets. Aussi " Fous, folles et astrologues à la cour de Bretagne " dans le bulletin archéologique du Finistère. t. XVIII. pages 3 - 14. Aussi il est difficile de vouloir tourner en ridicule les croyances médiévales sans évoquer les succès rencontrés aujourd'hui par nombre de voyants qui sont souvent consultés. Sans oublier les fakirs et les marabouts. Et j'en passe. En bref, cet acharnement à dénoncer l'obscurantisme et toutes les croyances superstitieuses qui vont avec, avec des anecdotes souvent introuvables dans les textes, a engendré des images fausses ou non nuancées qui se sont transmises de génération en génération.

Notamment la légende des " Peurs de l'An Mille ", qui est rapportée de livre en livre et enjolivée de divers ornements notamment les feux dans le ciel et autres signes mystérieux, les prophéties et calcules des années écoulées depuis la création du monde ou la naissance du Christ ou encore les références sans fin de l'Apocalypse qui seraient les moments où les hommes abandonnent leurs travaux pour aller prier presque indéfiniment. Sauf que tout cela ne repose sur aucun témoignage ou document sérieux que ce soit un acte chronique ou officiel. Les seules références citées perpétuellement sont d'une autre nature et participent à une littérature ne faisant pas état de fais réels ni d'événements vécus. Ce n'étaient que des inventions et des spéculations. Les clercs voulaient avant tout présenter leurs propres réflexions philosophiques sur le destin de la Chrétienté et du monde et de s'appliquer à des exégèses, des analyses des textes sacrés, souvent excessivement torturés avec notamment des prophéties et prédictions n'engageant qu'eux mêmes et n'autorisant aucune observation réelle ni aucun témoignage de contemporains. Ainsi, Raoul Glaver est souvent cité. Ce dernier avait écrit en 1048 et s'est placé dans une interprétation des signes et des prodiges annonciateurs de la fin du monde, qui sont directement inspirées de l'Apocalypse de Saint Jean. Seulement tout cela n'était partagé que par une minorité de personnes. Raoul Glaber ne parlait ni de désespoirs, d'abandon des travaux et labours ni de peurs collectives. Il parlait avant tout de pluies persistantes lui faisant penser au déluge qu'ils situe en 1 033 et non pas en l'an 1 000.

Pareil quand il parle de l'Apocalypse, il dit "" On croyait que l'ordonnance des saisons et des éléments qui avait régné depuis le commencement des siècles passés était retournée pour toujours au chaos et que c'était la fin du genre humain. " Or, quand il disait on, il ne parlait que de lui. Car c'est avant tout lui qui voulait voir dans certains dérèglements climatiques passagers des présages importants. Source : J Berlioz : " Les terreurs de l'an 1000 ont elles vraiment existé? " De plus, quand on lit les textes de l'époque, il n'y avait pas de paniques générales ou mêmes autres types de désordre du genre. Il faut noter d'ailleurs que les temps de l'an 1000 ont vu se défiler des tentatives sérieuses de mises en ordre social avec notamment l'organisation des communautés paysannes ou encore la réforme de l'Eglise et bien sûr la paix de Dieu. En bref, que ce soit Raoul Glaber et quelques clercs soient invoqués pour parler des grandes peurs, n'est pas sérieux. Car aucun de ces clercs n'en parle. Ils parlent avant tout de leurs pensées et autres spéculations intellectuelles concernant les moments de la fin du monde en citant quelques signes vus comme étant annonciateurs. Et ces signes météorologiques, qui étaient communs et non pas exceptionnels, ils ne les situaient non pas en l'an 1 000 mais bien plus tard. Et ils ne parlaient pas de mention de paniques populaires ou même de mouvements de foule.


Aucun historien n'a jamais trouvé un texte de l'époque qui en parle. Au contraire, les historiens scrupuleux et honnêtes savent bien voir dans les décennies à la charnière des deux siècles une période de calme relatif mais aussi d'efforts pour lutter contre tout ce qui peut s'apparenter à du désordre ou à de l'anarchie et autres troubles du genre.

En réalité, les récits sur les terreurs de l'an 1 000 ont juste été inventé après coup et présenté au public comme des faits alors que ce n'étaient que des récits réels avec des anecdotes n'ayant jamais existé. Bien sûr rien n'est fait au hasard. Tout cela s'inscrivait dans un courant intellectuel fondamentalement anticlérical et de dépréciation générale du Moyen Age. Les signes avant coureurs apparaissent dans les écrits disparates et dispersés d'historien ou encyclopédistes des XVIIème et XVIIIème siècles, notamment des hommes d'Eglise comme des moines bénédictins ou des chanoines, dénonçant la soit disant barbarie et ignorance des fidèles des temps médiévaux dont ils rendaient les mauvais prédicateurs responsables. Ces attaques écrites venaient en réponse à une démarche réformatrice de l'Eglise qui recueillait dans certains milieux ecclésiastiques nombre de sympathies. Pour appuyer leurs critiques, il est probable que ces réformateurs aient accrédité l'histoire des paniques de l'an 1 000 qu'ils condamnaient au même titre que tous les autres signes de barbarie, comme les sarabandes dans les cimetières, les carnavals, les fêtes de fous voire les danses religieuses. Et bien sûr ces fausses idées ont été reprises et commentées par les philosophes d'avant et de pendant la Révolution de 1789 et par des personnes animant un mouvement frontalement antireligieux que ce soit en Angleterre ou en France.

L'objectif ne se réduisait plus désormais à rendre l'Eglise responsable d'abrutir les hommes et de diffuser des idées obscures et dégradantes mais aussi d'inciter par d'indignes subterfuges nobles, bourgeois et paysans à donner leurs bien aux couvents et à l'Eglise. Il ne s'agissait plus pour ces écrivains engagés de seulement s'attaquer aux faux sermonneurs mais aussi désormais à tout le clergé qui était accusé à ce moment là d'avoir peu avant l'an 1 000 inventé l'idée d'une fin du monde pour convaincre les fidèles de plus prier, de se laver de leurs péchés, de se débarasser de leurs biens terrestres par de larges donc aux monastères. Cette idée est notamment repris dans un pamphlet anonyme intitulé " Le Diable dans l'eau bénite ou l'iniquité retombant sur elle même ". Dans ce pamphlet, l'auteur voulait soit disant démontrer le mécanisme psychologique mis en place par les religieux de tous bord pour effrayer les populations et obtenir d'eux des mouvements de panique et de terreurs. L'auteur évoquait le patelinage de leur conduite ainsi que le fanatisme crédule que les religieux auraient insinué dans leurs âmes. " Ils pensaient soit disant avant tout à fanatiser les hommes jusqu'à la stupidité pour les convaincre que leurs fautes ne pouvaient se racheter qu'en abandonnant leurs biens périssables. C'est ainsi que selon lui, des dons immenses auraient été obtenus.

Il ne faut bien évidemment pas s'étonner que ces pseudos explications aient été repris après la révolution en 1791 lorsque la confiscation des biens du clergé devait se justifier d'une manière ou d'une autre afin de soit disant rendre tous ces biens fonciers au " peuple ". Ce dernier aurait en effet été dépossédé de ses biens par une supercherie religieuse. C'est ainsi qu'un mythe a pu constituer un élément justifiant la confiscation des biens du clergé. Le tout en expliquant qu'en fait c'était le clergé qui avait fait auparavant provoqué des paniques pour s'accaparer des biens, lesquels étaient vus par les révolutionnaires comme des biens nationaux désormais. Ils prétendaient avoir la preuve que les moines et les prêtres s'étaient enrichis par bien des procédés indignes et des supercheries. Et que donc reprendre leurs bien ne serait qu'une forme de justice. Ce qui était une spoilation a pu ainsi devenir une restitution des biens, que les financiers, les magistrats et les propagandistes de la Révolution pouvaient désormais brandir comme excuse. Car leurs actions étaient considérées comme étant morales. Par la suite, les soit disantes terreurs de l'an 1 000, les peurs de ifn du monde, les mouvements de foule et de prières, les sermons qui allaient avec, tout cela a été diffusé encore par la suite dans le mouvement romantique. Chez les historiens de ce temps durant les années 1830 1850, ces descriptions apocalyptiques avaient trouvé un grand nombre d'expressions.

Le mec que tu cites est un philosophe qui plus est. Il n'a manifestement pas beaucoup de connaissances sur la période médiévale.

Michelet fut l'un des principaux responsables de la propagation de ce mythe. Il disait : " Cette fin du monde si triste était tou ensemble l'espoir et l''ffroi du Moyen Age.... C'est là l'image de ce pauvre monde sans espoir après tant de ruines... Le serf attendait sur son silllon, à l'ombre de l'odieuse tour. " Source : " Histoire de France " 1833. Pareil pour le romancier Eugène Sue deux décennies plus tard qui évoquait " une époque fixée par la fourbe capidité de l'Eglise catholique comme le terme assigné à la durée du monde. Grâce à cette jonglerie infâme...., le clergé extorqua les biens d'un grand nombre de seigneurs franks, nobles hommes encore plus religieusement hébétés que pillards et féroces ".

Source : " Les Mystères du Peuple " publié en 1856. Source : J. Berlioz " Les Terreurs ".

Et ces idées avaient été reprises, adoptées sans aucune nuance et esprit critique par le " Dictionnaire universel Larousse " de 1876 mais aussi les manuels scolaires. Puis au début du XXème siècle, il y eut les ouvrages de propagande au moment des attaques de la séparation de l'Eglise et de l'Etat et aussi au moment des congrégations. Sauf qu'il ne faut pas confondre l'Histoire avec un grand H d'un côté avec de l'autre des récits littéraires, fabuleux ou d'endoctrinement. Nombre d'historiens ont contesté ce mythe, notamment Ferdinand Lot en 1847 ou encore Emile Pognon la même année avec son recueil de textes ou encore Henri Focillon en 1952. Un autre ouvrage, celui de C. Amalvi, intitulé : " Dubon usage des terreurs de l'an 1 000 ", est également intéressant à ce sujet.

recrache la propagande des lumières qui a donné le libéraslime

" Le Moyen-Âge du bas moyen âge au haut Moyen-Âge (~400- ~1500) aura connu très peu d'avancées scientifiques, justement c'est à partir du moment où la recherche scientifique bondi qu'on arrête le moyen-Âge pour passer à la Renaissance "

C'est difficile de définir la Renaissance pour commencer. Car certains voient cette époque comme un réveil après 10 siècles de sommeil. Comme si tout un coup, les hommes s'étaient mis à savoir plus de choses, à mieux maîtriser l'art hérité de l'Antiquité, voire à mieux écrire même. A cela s'ajoute les beaux monuments ayant fleuri lors de cette période. On pense aussi à la protection des artistes, des scientifiques et des écrivains par des gens riches et puissants. Cette conception admet qu'à l'intérieur même do Moyen Age, toute période de développement des activités culturelles serait elle aussi une sorte de Renaissance. C'est comme ça que les différentes Renaissances ont été présentées. De celle dite carolingienne avec beaucoup de livres qui parlent de cette période, notamment le règne de Charlemagne qui avait accueilli nombre de maîtres des lettres latines et de philosophie. D'autres auteurs auraient porté sur les fonts baptismaux une Renaissance artistique qui aurait débuté en France au XIIème voire XIIIème siècle. Après, ce n'est pas comme si au Moyen Age, des seigneurs, princes et évêques ne faisaient pas travailler des artistes, et avaient bien des livres écrits par des individus brillants. Ce que beaucoup considèrent comme étant une Renaissance se situe donc bien plus dans la qualité plus que dans la quantité des productions écrites et artistiques. Comme si celles de la Renaissance étaient intrinsèquement supérieur de part la perfection des techniques et une meilleur habileté dans l'exécution. On doit se demander quand est ce que la rupture a été prononcée, annoncée et voulue. Et surtout où en premier lieu. Les deux ont comme réponse des siècles différents. Ainsi dans les années 1300 s'est affirmé l'idée de la rupture tandis que l'usage de l'expression Renaissance était utilisé véritablement à partir du XIXème siècle et des années 1820. La conviction d'un renouveau et ce jugement de valeur porté sur les oeuvres ne furent pas le fruit de consensus.

En fait, seuls quelques écrivains avaient développé cette idée de rupture. Ces intellectuels ne représentaient pas l'ensemble de la société. Dans le pire des cas ils ne représentaient qu'eux même tandis que dans le meilleur des cas, ils représentaient un cercle étroit. Cela a commencé en Italie et précisément dans un petit groupe d'amis liés par des intérêts communs et par un service de cour, celui de Naples pour le coup. Ce fut une opération de faire savoir menée avec une certaine obstination qui accréditait comme évidence l'idée de cette supériorité sur les temps précédents et d'une façon à peine moins discrète, sur les pays voisins voire sur d'autres foyers de culture et de production artistique en Italie même, non encore frappés du sceau de l'excellence. Dans quelques cercles privilégies, très peu nombreux à l'origine de la démarche, les lettres et les arts furent proclamés d'une qualité supérieur par des auteurs s'affirmant capable d'en jguer ainsi. On doit à Pétrarque la première intervention décisive en ce sens. Sa prise de position ne souffre d'aucune ambiguité. Elle consistait à critiquer, dénigrer et condamner les oeuvres des derniers siècles pour porter aux nues celles de l'Antiquité romaine. Cependant, son intention, on l'oublie trop volontiers ou on le néglige, était délibérément politique, et sa démarche s'inscrivait dans un combat. Cet homme n'était pas un esprit pur ou un auteur seulement préoccupé par les belles lettres. C'est un des écrivains les plus virulents de son temps qui s'est engagé dans une querelle contre la papauté d'Avignon, C'est ce combat qui dictait ses opinions sur le plan culturel comme politique. Pétrarque devait tout à ces papes d'Avignon et leurs cardinaux qui l'avaient accueilli, aidé, comblé d'honneurs et de charges lucratives. Ce n'était pas l'argent qui lui manquait.

Son éducation s'était fait à Avignon même puisqu'il avait pris des leçons de grec auprès de barlaam puis de Nicolas Sigeros, qui étaient envoyés de Byzance près de la cour pontificale. Mais pour lui, l'attrait de Rome étaient les plus forts. Ca plus la nostalgie. Il évoquait souvent les splendeurs de la ville aux temps antiques et appelait de ses propres voeux à des jours meilleurs chargés à nouveau de gloire. Il porte alors de sévères jugements sur l'ère chrétienne et oppose ce qu'il appelait les historia antiquae, siècles de lumière de la Rome antique, aux historiae novae, époque commençant le moment où le nom du Christ commençait à être célèbre dans Rome et à être adoré par les empereurs. Selon lui, ce sont des âges obscurs qui connaissent un déclin irrémédiable. Il s'est alors joint à une pléiade de pamphlétaires, visionnaires et mystiques ou politiques qui nourrissaient des ambitions ou des rancoeurs, dénonçant les scandales de la papauté d'Avignon, ses turpitudes et ses vices. Ils parlaient surtout avec mépris de cette captivité de Babylone, des malheurs de Rome délaissée. Au delà d'Avignon, aggravant souvent le débat, ils en rendaient l'Eglise entière responsable et l'accablaient de graves reproches et maux dont la destruction, avec l'avènement du christianisme, des gloires de la ville éternelle, Rome qui était jadis la ville qui dominant le monde. Pétrarque a milité pour un retour des papes dans Rome. Lorsqu'il déplore les temps de l'oublie et parle de temps nouveaux, de ténèbres dissipés pour reprendre un terme qu'il employait, il pense à ce retour, condition, selon lui du moins, d'un nouvelle gloire. Son rêve est de voir cette ville appauvrie, désemparée et livrée aux combats sanglants entre les princes, retrouver paix et prestige.

Au moins on a eu l’eau courante nous

Lors de son premier voyage à Rome, en 1336, puis l'année suivante encore, Pétrarque n'avaient pas pu visiter la cité en paix car celle ci était livrée aux guerres entre factions. Il s'était donc réfugié à Sutri dans le château d'un de ses parents. Il était revenu à Rome escorté d'une centaine de cavaliers du clan Colonna. Il accuse les nobles Orsini et Colonna d'avoir ruiné la ville, détruits les ponts et les églises, transformé les monuments romains à forteresses, et également d'avoir vendu des matériaux antiques. De ces désordres, les papes eux aussi sont responsables du seul fait de leur absence, et Rome ne peut revivre ses grands jours qu'en recouvrant ses traductions et moeurs des temps anciens. En 1341, à l'âge de 37 ans, il reçoit en grande pompe la citoyenneté romaine, lors d'une cérémonie grandiose qu'il avait d'abord voulue Capitole qui était haut lieu de la commune même si effacée alors. Ce fut avec la concession du capello, couronne de lauriers et béretdiadème, un couronnement qui vit le prince des poètes prononcer, le jour de Pâques, jour de la Résurrection, un très long discours exhortant les habitants de la ville à se souvenir des temps où leurs ancêtres dominaient le monde. En 1353, Pétrarque part d'Avignon définitivement pour s'installer à Rome en tant que citoyen d'honneur si on peut dire ainsi. L'année suivante, Cola Di Rienzo est capturé par ses ennemis, tué sur place et ses cendres jetés dans le Tivre et avec lui l'espoir d'une dictature républicaine s'effondre. Le poète qui l'avait fidèlement défendu, se tourne alors vers l'empereur Charles IV de Luxembourg en le désignant comme un roi du monde, l'empereur du monde et le vrai César. C'est le vieux rêve gibelin de la monarchie universelle héritière de la Rome antique qu'il reprend à son compte. C'était déjà le rêve de Dante et de ses continuateurs. Ainsi, à part tout sentiment esthétique, on voit bien que tout ce retour à l'antique avaient des raisons politiques.

Cette mention par Pétrarque d'une supériorité des temps antiques par rapport aux temps médiévaux se traduit par un renversement des valeurs, comme une critique des temps de l4eglise. Mais elle s'accompagne dans le même moment et par le fait du même auteur, d'une autre nouveauté, à savoir l'affirmation d'un renouveau remarquable, celui d'une supériorité de certains artistes du temps, en l'occurrence, Giotto et Simone Martini. Pétrarque n'a pas hésité à changer les louanges de ces deux là et à inviter des amis ou lecteurs à visiter la chapelle royale de Naples où Giotto a laissé selon Pétrarque, " de grands témoignages de son génie. Ce choix n'est pas anodin. Il s'explique par des relations communes, par l'appartenance à une même clientèle, celle de la cour angevine de Naples. Le poète, familier du roi Robert, dit très haut les vertus de deux artistes comblés de faveurs et de titres, assurés de bons salaires par ce même souverain. Simone Martini, installé à Naples dès 1315, a peint une " Vie de saint Louis de Touluse ", fils aîné du roi Charles II, tableau montrant Robert agenouillé et recevant la couronne royale des mains de son fils aîné. Deux ans plus tard, l'année même de la canonisation de Louis, Simone fut fait chevalier de la Cour, honneur insigne qui n'avait encore jamais été accordé à un artiste familier de l'hôtel royal. Giotto a travaillé pendant 4 années pour les commandes du roi, de 1329 à 1333, et y connut un grand succès, distingué et réconpensé lui aussi : prothopictor et protomagister operis et puis même familiaris et fidelis, sans compter les bons gages, une maisons et table aux palais. Giotto et Simone Martini, les deux seuls peintres dont Pétrarque disaient du bien étaient à ce moment là des artistes de cours devant fidélité au souverain, lui prêtaient serment, en recevaient protection et sécurité et, de plus, gagnaient à ce service une grande renommée.