La politique concernant les personnes LGBT en Malaisie est très restrictive et repose sur des lois et des pratiques discriminatoires à la fois légales et sociales. Le cadre juridique du pays criminalise effectivement les relations homosexuelles et les identités non conformes aux genres traditionnels, tandis que la société malaisienne tend à être conservatrice, influencée par des valeurs religieuses majoritaires.
Cadre juridique et social :
1. Criminalisation de l'homosexualité : En vertu de l'article 377A du Code pénal malaisien, les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont considérées comme des actes de "sodomie", punissables de peines pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison, assorties de châtiments corporels (coups de fouet). Ces lois remontent à l'époque coloniale britannique, mais elles continuent d'être appliquées de manière rigoureuse.
2. Islam et répression des identités de genre : L'islam est la religion officielle de la Malaisie, et la charia (loi islamique) est appliquée dans les affaires personnelles et religieuses des musulmans. Les musulmans, qui représentent environ 60 % de la population, sont soumis à des lois spécifiques de la charia qui interdisent les comportements homosexuels et punissent également les personnes transgenres et non conformes au genre. Ces sanctions peuvent inclure des amendes, des emprisonnements ou des programmes de "rééducation" religieuse.
3. Droits limités et absence de reconnaissance légale : Les personnes LGBT en Malaisie ne bénéficient d'aucune protection légale contre la discrimination basée sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre. Le mariage homosexuel est interdit et les couples de même sexe ne sont pas reconnus par la loi.
Incidents marquants :
1. Arrestation d'Anwar Ibrahim (1998, 2015) : Un des incidents les plus médiatisés concernant l'homosexualité en Malaisie concerne Anwar Ibrahim, un leader politique de l'opposition. En 1998 et en 2015, Anwar a été accusé de sodomie, des accusations qu'il a toujours niées, les qualifiant de politiquement motivées. Ces procès ont attiré l'attention internationale et mis en lumière l'utilisation de lois anti-LGBT pour discréditer des figures politiques.
2. Raids sur les clubs LGBT (2018) : En août 2018, la police malaisienne a mené un raid dans un club de Kuala Lumpur fréquenté par la communauté LGBT. Cet incident a marqué une répression plus active contre la communauté LGBT sous le nouveau gouvernement à l'époque, dirigé par le Premier ministre Mahathir Mohamad. Les autorités ont justifié ces actions en invoquant des normes morales et religieuses.
3. Punition publique pour un couple lesbien (2018) : En septembre 2018, deux femmes malaisiennes ont été condamnées à recevoir six coups de canne en public pour avoir tenté d'avoir une relation sexuelle entre elles. Cette punition, prononcée par un tribunal islamique dans l'État conservateur de Terengganu, a choqué la communauté internationale et les groupes de défense des droits humains.
4. Confiscation d'œuvres d'art LGBT (2018) : Toujours en 2018, le gouvernement malaisien a ordonné le retrait de portraits d'activistes LGBT dans une exposition d'art à Penang. Cet acte a soulevé une controverse majeure concernant la liberté d'expression, alors que l'activisme LGBT est souvent censuré dans les médias et les espaces publics.
5. Assassinat de Nhaveen (2017) : T. Nhaveen, un adolescent malaisien, est mort après avoir été brutalement attaqué par un groupe de jeunes hommes en raison de ses manières jugées efféminées. Ce meurtre a suscité une vague d'indignation nationale et internationale, mais il a aussi souligné l'existence de violences homophobes endémiques en Malaisie.
Conclusion :
La situation des personnes LGBT en Malaisie est très difficile en raison de lois strictes, d'une pression sociale conservatrice et de fréquentes répressions policières. Malgré quelques mouvements d'activisme local, la stigmatisation reste élevée et les incidents de violence ou de répression à l'encontre de la communauté LGBT continuent d'être courants.
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