Ce sujet a été résolu
Ces termes n'ont pas nécessairement de lien immédiat entre eux de sorte que tu puisses pénétrer la philosophie de Heidegger à partir de leur simple explication, mais je vais tout de même le faire
Sein (on l'écrira ainsi pour commencer), Seidende, Dasein : sein, c'est le verbe être ; Seiende, c'est le participe (présent) du verbe être, Dasein, c'est l'existence
Pour faire simple, on peut dire d'une chose qu'elle est. On peut donc dire que l'être définit cette chose ; mais si on veut savoir ce que c'est que cette chose par rapport au fait d'être, on dit que c'est un « étant » (ein Seiendes). Pour l'expliquer, disons qu'il y a le fait de brûler (l'infinitif, qui correspond à être, à sein), mais une flamme n'est pas le fait de brûler lui-même, c'est quelque chose de brûlant. « Brûlant » est le participe présent du verbe « brûler » de la même manière que « étant » est le participe présent du verbe « être ».
Maintenant, considère ceci : de même façon qu'on physicien cherche à savoir ce que c'est que « brûler », disons qu'un philosophe doit chercher à savoir ce que c'est qu'« être », et observer quelque chose de brûlant ne suffit pas à expliquer ce que c'est scientifiquement que brûler. De la même manière, observer un « étant » ne suffit pas à expliquer ce que c'est qu'« être »
Quant au Dasein, cela signifie ordinairement, en allemand, « existence » (en tant que nom commun) ou « exister » en tant que verbe. Littéralement c'est « être » (sein) « là » (da). Chez Heidegger, le Dasein est l'être d'une chose (un étant) en tant qu'elle est « là », c'est-à-dire par rapport, à côté, d'autres choses. C'est, autrement dit, la spécificité d'une chose, d'un étant, par rapport aux autres. Le Dasein de l'Homme est, justement, d'être en rapport avec les autres choses. Voilà l'explication la plus facile de ce terme
L'explication supposément la plus complexe, que je trouve plus simple, est celle-ci : à partir du moment où on a établi qu'il y a des étants et qu'il y a l'être, qui ne se confond pas avec eux, il importe de savoir pourquoi et comment il se peut que certains étants aient en leur essence le pouvoir, la possibilité, voire même la nécessité de se considérer comme en rapport avec d'autres étants. C'est-à-dire : il y a des étants, des choses, un caillou, un animal. Et il y a l'être : ce qui fait que ce caillou, cet animal, sont. Et puis il y a un troisième étant : un homme. Cet homme a la particularité de pouvoir considérer l'être, de savoir ce que c'est que l'être. Cette particularité, cette détermination, c'est son Dasein. C'est pourquoi Heidegger dit que l'Homme est le « berger de l'Être »
Je peux continuer si nécessaire
Warheit, c'est la vérité. Wesen, c'est l'essence. Wesen der Warheit, c'est l'essence de la vérité, qui est aussi la vérité de l'essence. Innigkeit, c'est l'intimité, l'intériorité, terme qui est plus facile à expliquer à partir de Hölderlin. Disons que c'est le fait de ressentir des forces contraires en soi
Sein (on l'écrira ainsi pour commencer), Seidende, Dasein : sein, c'est le verbe être ; Seiende, c'est le participe (présent) du verbe être, Dasein, c'est l'existence
Pour faire simple, on peut dire d'une chose qu'elle est. On peut donc dire que l'être définit cette chose ; mais si on veut savoir ce que c'est que cette chose par rapport au fait d'être, on dit que c'est un « étant » (ein Seiendes). Pour l'expliquer, disons qu'il y a le fait de brûler (l'infinitif, qui correspond à être, à sein), mais une flamme n'est pas le fait de brûler lui-même, c'est quelque chose de brûlant. « Brûlant » est le participe présent du verbe « brûler » de la même manière que « étant » est le participe présent du verbe « être ».
Maintenant, considère ceci : de même façon qu'on physicien cherche à savoir ce que c'est que « brûler », disons qu'un philosophe doit chercher à savoir ce que c'est qu'« être », et observer quelque chose de brûlant ne suffit pas à expliquer ce que c'est scientifiquement que brûler. De la même manière, observer un « étant » ne suffit pas à expliquer ce que c'est qu'« être »
Quant au Dasein, cela signifie ordinairement, en allemand, « existence » (en tant que nom commun) ou « exister » en tant que verbe. Littéralement c'est « être » (sein) « là » (da). Chez Heidegger, le Dasein est l'être d'une chose (un étant) en tant qu'elle est « là », c'est-à-dire par rapport, à côté, d'autres choses. C'est, autrement dit, la spécificité d'une chose, d'un étant, par rapport aux autres. Le Dasein de l'Homme est, justement, d'être en rapport avec les autres choses. Voilà l'explication la plus facile de ce terme
L'explication supposément la plus complexe, que je trouve plus simple, est celle-ci : à partir du moment où on a établi qu'il y a des étants et qu'il y a l'être, qui ne se confond pas avec eux, il importe de savoir pourquoi et comment il se peut que certains étants aient en leur essence le pouvoir, la possibilité, voire même la nécessité de se considérer comme en rapport avec d'autres étants. C'est-à-dire : il y a des étants, des choses, un caillou, un animal. Et il y a l'être : ce qui fait que ce caillou, cet animal, sont. Et puis il y a un troisième étant : un homme. Cet homme a la particularité de pouvoir considérer l'être, de savoir ce que c'est que l'être. Cette particularité, cette détermination, c'est son Dasein. C'est pourquoi Heidegger dit que l'Homme est le « berger de l'Être »
Je peux continuer si nécessaire
Warheit, c'est la vérité. Wesen, c'est l'essence. Wesen der Warheit, c'est l'essence de la vérité, qui est aussi la vérité de l'essence. Innigkeit, c'est l'intimité, l'intériorité, terme qui est plus facile à expliquer à partir de Hölderlin. Disons que c'est le fait de ressentir des forces contraires en soi
il y a 2 ans
Je pense que ton approche est trop partiale. Oui Guénon écrit dans un langage clair, oui Guénon propose une lecture univoque de la métaphysique, oui Guénon ne rentre pas dans le détail, oui Guénon s'est trompé sur beaucoup de choses, mais pour autant il a des idées profondes, et tu sais bien, toi qui es attaché aux auteurs académiques que l'académisme a été influencé par la lecture guénonienne de la religion. Une expression simple n'est pas une expression simplette ou simpliste, Rousseau était un auteur littéraire, et ses discours ne rentrent presque jamais dans des ratiocinations abstraites et conceptuelles, mais il ne manque pas d'exprimer des idées profondes et un paradigme cohérent dans ce qu'il exprime.
Dans les références que tu proposes on trouve presque exclusivement des philologues, des linguistes et des philosophes, il me semble bien que pour étudier une civilisation, se cantonner à ce genre d'approche c'est le meilleur moyen de manquer une bonne partie, sinon le centre de l'esprit la civilisation qu'on étudie. Comprendre l'esprit d'une civilisation c'est aussi l'approcher du point de vue de sa spiritualité, il faut penser leur herméneutique propre du monde à travers leur système symbolique et rituel tout autant qu'à travers la structure de leur société, et je crois bien que pour s'introduire à ce genre de considération, la lecture d'un Guénon est plus fertile que celle de l'abominable Frazer, et je ne crois pas que l'un se soit moins trompé que l'autre tout bien entendu.
J'aime bien tes messages en général mais là je trouve bien que tu fais preuve d'une suffisance et d'une prétention excessives dans ton jugement. La facilité n'est pas la superficialité, la reconnaissance académique n'est pas la rigueur, la difficulté n'est pas la profondeur.
Dans les références que tu proposes on trouve presque exclusivement des philologues, des linguistes et des philosophes, il me semble bien que pour étudier une civilisation, se cantonner à ce genre d'approche c'est le meilleur moyen de manquer une bonne partie, sinon le centre de l'esprit la civilisation qu'on étudie. Comprendre l'esprit d'une civilisation c'est aussi l'approcher du point de vue de sa spiritualité, il faut penser leur herméneutique propre du monde à travers leur système symbolique et rituel tout autant qu'à travers la structure de leur société, et je crois bien que pour s'introduire à ce genre de considération, la lecture d'un Guénon est plus fertile que celle de l'abominable Frazer, et je ne crois pas que l'un se soit moins trompé que l'autre tout bien entendu.
J'aime bien tes messages en général mais là je trouve bien que tu fais preuve d'une suffisance et d'une prétention excessives dans ton jugement. La facilité n'est pas la superficialité, la reconnaissance académique n'est pas la rigueur, la difficulté n'est pas la profondeur.
La remarque sur la philologie est selon moi la plus intéressante, car là est le nœud du problème, et l'origine, d'ailleurs, de la fameuse harangue de Bataille contre Guénon
C'est bien simple : le passé est passé, et les « civilisations », les religions éteintes, les peuples morts, ne nous ont laissé que deux sortes de choses, à savoir des textes et des objets. Des parchemins, des livres, des poèmes, des épigraphes, des registres, des textes de loi ; et des objets du quotidien, de la vaisselle, des morceaux de costume, des regalia, militaria, reliques, mais aussi des œuvres d'art, des sculptures, peintures, bâtiments, des temples
Des mots et des choses, donc, c'est tout ce que nous avons des peuples passés. Voilà pourquoi on doit se « cantonner » à ce genre d'approche. Quiconque parle d'autre chose que des mots et des choses parle dans le vide. Des philologues, donc, et des archéologues, des historiens. Le reste n'est que du bavardage
C'est bien simple : le passé est passé, et les « civilisations », les religions éteintes, les peuples morts, ne nous ont laissé que deux sortes de choses, à savoir des textes et des objets. Des parchemins, des livres, des poèmes, des épigraphes, des registres, des textes de loi ; et des objets du quotidien, de la vaisselle, des morceaux de costume, des regalia, militaria, reliques, mais aussi des œuvres d'art, des sculptures, peintures, bâtiments, des temples
Des mots et des choses, donc, c'est tout ce que nous avons des peuples passés. Voilà pourquoi on doit se « cantonner » à ce genre d'approche. Quiconque parle d'autre chose que des mots et des choses parle dans le vide. Des philologues, donc, et des archéologues, des historiens. Le reste n'est que du bavardage
il y a 2 ans
Les gens qui font des études se forcent bien souvent à croire au discours moderne (Progrès, histoire linéaire, égalitarisme, scientisme....)pour ne pas devenir fou et croire en leur
conformisme social qu'on leur promet.
Donc ils sont fatalement incompatible avec le perennialisme et la pensée guenonniene
Donc ils sont fatalement incompatible avec le perennialisme et la pensée guenonniene
il y a 2 ans
Sainte
2 ans
Souvent c'est parce qu'ils permettent de se forger une spiritualité facile à la carte avec la possibilité de se donner une justification intellectuelle, mais nonobstant il y a tout de même dans Guénon beaucoup d'idées intéressantes (théorie de l'initiation, symbologie, critique du monde moderne notamment) qui ont pu fonder des travaux académiques importants (Mircea Eliade par exemple) ou qui ont été repris et développés par des non-descos (Jean Borella par exemple). Sinon indubitablement Guénon et Evola étaient très intelligents malgré des fantaisies new age dues à leur époque (franc-maçonnerie, théosophie, orientalisme)
il y a 2 ans
C'est une question ardue, Heidegger y a consacré (au moins) un volume (sur la question de la vérité chez Platon) et un cours, portant tous deux le nom de « L'Essence de la Vérité » (Wesen der Warheit)
Pour faire simple, disons que le sens que nous donnons à la vérité est le résultat d'une longue dérive dans l'histoire des langues européennes. Pourtant, nous essayons toujours de traiter de la vérité à la manière des Grecs. Si tu veux, nous employons le terme au sens latin de veritas, c'est-à-dire dans l'opposition du vrai et du faux. Le problème, c'est que les Grecs ne l'entendent pas dans cette opposition, et que pourtant la façon dont nous considérons la vérité ne prend pas en compte cette différence
Chez les Grecs, dit Heidegger (il se trompe légèrement), l'opposition n'est pas entre la vérité et la fausseté, ou l'erreur, mais entre la vérité (aletheia) et l'oubli (lethè), mais lethè (oubli) signifie aussi « voilement ». La vérité est ce qui n'est pas voilé, elle est dévoilement
La vérité est en quelque sorte comparable à la liberté. Une chose vraie est une chose libre, au sens ou un chose libre n'est pas entravée. Une chose fausse ne change pas, elle demeure elle-même, mais elle est voilée, de la même façon qu'une chose non-libre est une chose entravée
L'essence de la vérité est donc ce que c'est, pour une chose vraie, d'être vraie ; et l'essence de la vérité est la vérité de l'essence parce que le fait, pour une chose, d'être sans entrave, sans déformation, sans altération, sans détermination, est également sa vérité
Voilà, en gros
Pourquoi est-ce important ? Disons pour faire simple que Heidegger interprète l'épuisement de la civilisation européenne comme un éloignement, un égarement, un oubli de ce qu'elle était originellement. C'est une sorte d'amnésie, elle ne sait plus ce qu'elle est, pas en un sens seulement politique, mais en un sens profond, psychologique, philosophique. C'est pourquoi elle arrive à son terme, qui est inévitable ; mais Heidegger pense qu'après ce terme arrive un recommencement, comme le soleil, qui se lève à l'Est (comme la civilisation occidentale, qui s'est levée en Grèce) et se couche à l'Ouest. Puis vient la nuit, puis vient à nouveau l'aurore : l'aurore nouvelle de la civilisation occidentale signifie que la lumière vient à nouveau de l'Est, de la Grèce, de son origine. Voilà pourquoi il importe de comprendre à nouveau le sens originaire de la vérité
Pour faire simple, disons que le sens que nous donnons à la vérité est le résultat d'une longue dérive dans l'histoire des langues européennes. Pourtant, nous essayons toujours de traiter de la vérité à la manière des Grecs. Si tu veux, nous employons le terme au sens latin de veritas, c'est-à-dire dans l'opposition du vrai et du faux. Le problème, c'est que les Grecs ne l'entendent pas dans cette opposition, et que pourtant la façon dont nous considérons la vérité ne prend pas en compte cette différence
Chez les Grecs, dit Heidegger (il se trompe légèrement), l'opposition n'est pas entre la vérité et la fausseté, ou l'erreur, mais entre la vérité (aletheia) et l'oubli (lethè), mais lethè (oubli) signifie aussi « voilement ». La vérité est ce qui n'est pas voilé, elle est dévoilement
La vérité est en quelque sorte comparable à la liberté. Une chose vraie est une chose libre, au sens ou un chose libre n'est pas entravée. Une chose fausse ne change pas, elle demeure elle-même, mais elle est voilée, de la même façon qu'une chose non-libre est une chose entravée
L'essence de la vérité est donc ce que c'est, pour une chose vraie, d'être vraie ; et l'essence de la vérité est la vérité de l'essence parce que le fait, pour une chose, d'être sans entrave, sans déformation, sans altération, sans détermination, est également sa vérité
Voilà, en gros
Pourquoi est-ce important ? Disons pour faire simple que Heidegger interprète l'épuisement de la civilisation européenne comme un éloignement, un égarement, un oubli de ce qu'elle était originellement. C'est une sorte d'amnésie, elle ne sait plus ce qu'elle est, pas en un sens seulement politique, mais en un sens profond, psychologique, philosophique. C'est pourquoi elle arrive à son terme, qui est inévitable ; mais Heidegger pense qu'après ce terme arrive un recommencement, comme le soleil, qui se lève à l'Est (comme la civilisation occidentale, qui s'est levée en Grèce) et se couche à l'Ouest. Puis vient la nuit, puis vient à nouveau l'aurore : l'aurore nouvelle de la civilisation occidentale signifie que la lumière vient à nouveau de l'Est, de la Grèce, de son origine. Voilà pourquoi il importe de comprendre à nouveau le sens originaire de la vérité
il y a 2 ans
Ces termes n'ont pas nécessairement de lien immédiat entre eux de sorte que tu puisses pénétrer la philosophie de Heidegger à partir de leur simple explication, mais je vais tout de même le faire
Sein (on l'écrira ainsi pour commencer), Seidende, Dasein : sein, c'est le verbe être ; Seiende, c'est le participe (présent) du verbe être, Dasein, c'est l'existence
Pour faire simple, on peut dire d'une chose qu'elle est. On peut donc dire que l'être définit cette chose ; mais si on veut savoir ce que c'est que cette chose par rapport au fait d'être, on dit que c'est un « étant » (ein Seiendes). Pour l'expliquer, disons qu'il y a le fait de brûler (l'infinitif, qui correspond à être, à sein), mais une flamme n'est pas le fait de brûler lui-même, c'est quelque chose de brûlant. « Brûlant » est le participe présent du verbe « brûler » de la même manière que « étant » est le participe présent du verbe « être ».
Maintenant, considère ceci : de même façon qu'on physicien cherche à savoir ce que c'est que « brûler », disons qu'un philosophe doit chercher à savoir ce que c'est qu'« être », et observer quelque chose de brûlant ne suffit pas à expliquer ce que c'est scientifiquement que brûler. De la même manière, observer un « étant » ne suffit pas à expliquer ce que c'est qu'« être »
Quant au Dasein, cela signifie ordinairement, en allemand, « existence » (en tant que nom commun) ou « exister » en tant que verbe. Littéralement c'est « être » (sein) « là » (da). Chez Heidegger, le Dasein est l'être d'une chose (un étant) en tant qu'elle est « là », c'est-à-dire par rapport, à côté, d'autres choses. C'est, autrement dit, la spécificité d'une chose, d'un étant, par rapport aux autres. Le Dasein de l'Homme est, justement, d'être en rapport avec les autres choses. Voilà l'explication la plus facile de ce terme
L'explication supposément la plus complexe, que je trouve plus simple, est celle-ci : à partir du moment où on a établi qu'il y a des étants et qu'il y a l'être, qui ne se confond pas avec eux, il importe de savoir pourquoi et comment il se peut que certains étants aient en leur essence le pouvoir, la possibilité, voire même la nécessité de se considérer comme en rapport avec d'autres étants. C'est-à-dire : il y a des étants, des choses, un caillou, un animal. Et il y a l'être : ce qui fait que ce caillou, cet animal, sont. Et puis il y a un troisième étant : un homme. Cet homme a la particularité de pouvoir considérer l'être, de savoir ce que c'est que l'être. Cette particularité, cette détermination, c'est son Dasein. C'est pourquoi Heidegger dit que l'Homme est le « berger de l'Être »
Je peux continuer si nécessaire
Warheit, c'est la vérité. Wesen, c'est l'essence. Wesen der Warheit, c'est l'essence de la vérité, qui est aussi la vérité de l'essence. Innigkeit, c'est l'intimité, l'intériorité, terme qui est plus facile à expliquer à partir de Hölderlin. Disons que c'est le fait de ressentir des forces contraires en soi
Sein (on l'écrira ainsi pour commencer), Seidende, Dasein : sein, c'est le verbe être ; Seiende, c'est le participe (présent) du verbe être, Dasein, c'est l'existence
Pour faire simple, on peut dire d'une chose qu'elle est. On peut donc dire que l'être définit cette chose ; mais si on veut savoir ce que c'est que cette chose par rapport au fait d'être, on dit que c'est un « étant » (ein Seiendes). Pour l'expliquer, disons qu'il y a le fait de brûler (l'infinitif, qui correspond à être, à sein), mais une flamme n'est pas le fait de brûler lui-même, c'est quelque chose de brûlant. « Brûlant » est le participe présent du verbe « brûler » de la même manière que « étant » est le participe présent du verbe « être ».
Maintenant, considère ceci : de même façon qu'on physicien cherche à savoir ce que c'est que « brûler », disons qu'un philosophe doit chercher à savoir ce que c'est qu'« être », et observer quelque chose de brûlant ne suffit pas à expliquer ce que c'est scientifiquement que brûler. De la même manière, observer un « étant » ne suffit pas à expliquer ce que c'est qu'« être »
Quant au Dasein, cela signifie ordinairement, en allemand, « existence » (en tant que nom commun) ou « exister » en tant que verbe. Littéralement c'est « être » (sein) « là » (da). Chez Heidegger, le Dasein est l'être d'une chose (un étant) en tant qu'elle est « là », c'est-à-dire par rapport, à côté, d'autres choses. C'est, autrement dit, la spécificité d'une chose, d'un étant, par rapport aux autres. Le Dasein de l'Homme est, justement, d'être en rapport avec les autres choses. Voilà l'explication la plus facile de ce terme
L'explication supposément la plus complexe, que je trouve plus simple, est celle-ci : à partir du moment où on a établi qu'il y a des étants et qu'il y a l'être, qui ne se confond pas avec eux, il importe de savoir pourquoi et comment il se peut que certains étants aient en leur essence le pouvoir, la possibilité, voire même la nécessité de se considérer comme en rapport avec d'autres étants. C'est-à-dire : il y a des étants, des choses, un caillou, un animal. Et il y a l'être : ce qui fait que ce caillou, cet animal, sont. Et puis il y a un troisième étant : un homme. Cet homme a la particularité de pouvoir considérer l'être, de savoir ce que c'est que l'être. Cette particularité, cette détermination, c'est son Dasein. C'est pourquoi Heidegger dit que l'Homme est le « berger de l'Être »
Je peux continuer si nécessaire
Warheit, c'est la vérité. Wesen, c'est l'essence. Wesen der Warheit, c'est l'essence de la vérité, qui est aussi la vérité de l'essence. Innigkeit, c'est l'intimité, l'intériorité, terme qui est plus facile à expliquer à partir de Hölderlin. Disons que c'est le fait de ressentir des forces contraires en soi
Ahi bordel les Allemands toujours plus compliqués punaise
il y a 2 ans
webediacaca
2 ans
Les gens qui font des études se forcent bien souvent à croire au discours moderne (Progrès, histoire linéaire, égalitarisme, scientisme....)pour ne pas devenir fou et croire en leur
conformisme social qu'on leur promet.
Donc ils sont fatalement incompatible avec le perennialisme et la pensée guenonniene
Donc ils sont fatalement incompatible avec le perennialisme et la pensée guenonniene
Bien naïf de ne pas voir que, si ce que tu dis est vrai, alors Guénon est le conformisme du bas qui répond puérilement, donc en s'y confortant, au conformisme du haut. C'est le thème du topic
il y a 2 ans
C'est une question ardue, Heidegger y a consacré (au moins) un volume (sur la question de la vérité chez Platon) et un cours, portant tous deux le nom de « L'Essence de la Vérité » (Wesen der Warheit)
Pour faire simple, disons que le sens que nous donnons à la vérité est le résultat d'une longue dérive dans l'histoire des langues européennes. Pourtant, nous essayons toujours de traiter de la vérité à la manière des Grecs. Si tu veux, nous employons le terme au sens latin de veritas, c'est-à-dire dans l'opposition du vrai et du faux. Le problème, c'est que les Grecs ne l'entendent pas dans cette opposition, et que pourtant la façon dont nous considérons la vérité ne prend pas en compte cette différence
Chez les Grecs, dit Heidegger (il se trompe légèrement), l'opposition n'est pas entre la vérité et la fausseté, ou l'erreur, mais entre la vérité (aletheia) et l'oubli (lethè), mais lethè (oubli) signifie aussi « voilement ». La vérité est ce qui n'est pas voilé, elle est dévoilement
La vérité est en quelque sorte comparable à la liberté. Une chose vraie est une chose libre, au sens ou un chose libre n'est pas entravée. Une chose fausse ne change pas, elle demeure elle-même, mais elle est voilée, de la même façon qu'une chose non-libre est une chose entravée
L'essence de la vérité est donc ce que c'est, pour une chose vraie, d'être vraie ; et l'essence de la vérité est la vérité de l'essence parce que le fait, pour une chose, d'être sans entrave, sans déformation, sans altération, sans détermination, est également sa vérité
Voilà, en gros
Pourquoi est-ce important ? Disons pour faire simple que Heidegger interprète l'épuisement de la civilisation européenne comme un éloignement, un égarement, un oubli de ce qu'elle était originellement. C'est une sorte d'amnésie, elle ne sait plus ce qu'elle est, pas en un sens seulement politique, mais en un sens profond, psychologique, philosophique. C'est pourquoi elle arrive à son terme, qui est inévitable ; mais Heidegger pense qu'après ce terme arrive un recommencement, comme le soleil, qui se lève à l'Est (comme la civilisation occidentale, qui s'est levée en Grèce) et se couche à l'Ouest. Puis vient la nuit, puis vient à nouveau l'aurore : l'aurore nouvelle de la civilisation occidentale signifie que la lumière vient à nouveau de l'Est, de la Grèce, de son origine. Voilà pourquoi il importe de comprendre à nouveau le sens originaire de la vérité
Pour faire simple, disons que le sens que nous donnons à la vérité est le résultat d'une longue dérive dans l'histoire des langues européennes. Pourtant, nous essayons toujours de traiter de la vérité à la manière des Grecs. Si tu veux, nous employons le terme au sens latin de veritas, c'est-à-dire dans l'opposition du vrai et du faux. Le problème, c'est que les Grecs ne l'entendent pas dans cette opposition, et que pourtant la façon dont nous considérons la vérité ne prend pas en compte cette différence
Chez les Grecs, dit Heidegger (il se trompe légèrement), l'opposition n'est pas entre la vérité et la fausseté, ou l'erreur, mais entre la vérité (aletheia) et l'oubli (lethè), mais lethè (oubli) signifie aussi « voilement ». La vérité est ce qui n'est pas voilé, elle est dévoilement
La vérité est en quelque sorte comparable à la liberté. Une chose vraie est une chose libre, au sens ou un chose libre n'est pas entravée. Une chose fausse ne change pas, elle demeure elle-même, mais elle est voilée, de la même façon qu'une chose non-libre est une chose entravée
L'essence de la vérité est donc ce que c'est, pour une chose vraie, d'être vraie ; et l'essence de la vérité est la vérité de l'essence parce que le fait, pour une chose, d'être sans entrave, sans déformation, sans altération, sans détermination, est également sa vérité
Voilà, en gros
Pourquoi est-ce important ? Disons pour faire simple que Heidegger interprète l'épuisement de la civilisation européenne comme un éloignement, un égarement, un oubli de ce qu'elle était originellement. C'est une sorte d'amnésie, elle ne sait plus ce qu'elle est, pas en un sens seulement politique, mais en un sens profond, psychologique, philosophique. C'est pourquoi elle arrive à son terme, qui est inévitable ; mais Heidegger pense qu'après ce terme arrive un recommencement, comme le soleil, qui se lève à l'Est (comme la civilisation occidentale, qui s'est levée en Grèce) et se couche à l'Ouest. Puis vient la nuit, puis vient à nouveau l'aurore : l'aurore nouvelle de la civilisation occidentale signifie que la lumière vient à nouveau de l'Est, de la Grèce, de son origine. Voilà pourquoi il importe de comprendre à nouveau le sens originaire de la vérité
La conclusion est assez Spenglerienne, voir.... Guenonienne lol.
il y a 2 ans
La remarque sur la philologie est selon moi la plus intéressante, car là est le nœud du problème, et l'origine, d'ailleurs, de la fameuse harangue de Bataille contre Guénon
C'est bien simple : le passé est passé, et les « civilisations », les religions éteintes, les peuples morts, ne nous ont laissé que deux sortes de choses, à savoir des textes et des objets. Des parchemins, des livres, des poèmes, des épigraphes, des registres, des textes de loi ; et des objets du quotidien, de la vaisselle, des morceaux de costume, des regalia, militaria, reliques, mais aussi des œuvres d'art, des sculptures, peintures, bâtiments, des temples
Des mots et des choses, donc, c'est tout ce que nous avons des peuples passés. Voilà pourquoi on doit se « cantonner » à ce genre d'approche. Quiconque parle d'autre chose que des mots et des choses parle dans le vide. Des philologues, donc, et des archéologues, des historiens. Le reste n'est que du bavardage
C'est bien simple : le passé est passé, et les « civilisations », les religions éteintes, les peuples morts, ne nous ont laissé que deux sortes de choses, à savoir des textes et des objets. Des parchemins, des livres, des poèmes, des épigraphes, des registres, des textes de loi ; et des objets du quotidien, de la vaisselle, des morceaux de costume, des regalia, militaria, reliques, mais aussi des œuvres d'art, des sculptures, peintures, bâtiments, des temples
Des mots et des choses, donc, c'est tout ce que nous avons des peuples passés. Voilà pourquoi on doit se « cantonner » à ce genre d'approche. Quiconque parle d'autre chose que des mots et des choses parle dans le vide. Des philologues, donc, et des archéologues, des historiens. Le reste n'est que du bavardage
Je trouve cette idée excessivement réductionniste. On ne peut pas limiter l'étude des civilisations, des religions éteintes et des peuples morts à celles des mots et des choses qu'ils ont laissé, comme si le reste était absolument inaccessible. Si on doit limiter l'étude à ce qui s'offre directement à la considération, autant même abandonner la philologie : on n'a pas de dictionnaire systématique et universel légué par les grecs anciens donc on ne peut jamais vérifier que tel mot chez eux ait eu le sens qu'on pense pouvoir leur attribuer. L'idée qui est au fondement de la philologie c'est 1° que les langues étudiées ont des rapports avec les langues connues aujourd'hui, avec une essence de la langue, faute de quoi elles nous seraient absolument inintelligibles 2° que l'étude généalogique et comparative des langues permet la compréhension dans une certaine mesure de ces langues.
Si on se permet de faire de la philologie c'est parce qu'on admet que la langue disparue est intelligible en dépit de l'impossibilité qu'on a d'accéder directement à son intellection, parce qu'elle est reliée par tout une somme d'éléments à l'expérience que nous faisons de la langue, de sa structure et de la signification.
Ce sont exactement ces mêmes principes qui fondent une étude spirituelle et symbolique d'une culture disparue : 1° les spiritualités et leurs manifestations dont nous avons une idée grâce aux textes préservés ont des rapports avec la spiritualité telle qu'elle peut-être connue aujourd'hui (dans nos sociétés comme dans les observations des anthropologues) 2° que l'étude contemplative, conceptuelle, généalogique et comparative des spiritualités permet la compréhension dans une certaine mesure de ces paradigmes.
Le principe fondamental de la symbologie (exposé par exemple chez Grégoire de Nysse dans la patrologie) c'est que le symbole est un signe qui a la particularité de rendre un principe présent à l'intelligence de celui qui le contemple, parce que d'une certaine façon ce principe est dans le symbole qui le présentifie. Si l'on accepte que l'expérience qu'on fait du symbole possède bien cette extension ontologique (et ne se réduit pas à un donné culturel) et que nous faisons la même expérience phénoménale des symboles naturels et artificiels, alors par la même activité contemplative, nous pouvons parvenir à des conclusions semblables à celles de ceux qui l'ont faite avant nous.
Si on se permet de faire de la philologie c'est parce qu'on admet que la langue disparue est intelligible en dépit de l'impossibilité qu'on a d'accéder directement à son intellection, parce qu'elle est reliée par tout une somme d'éléments à l'expérience que nous faisons de la langue, de sa structure et de la signification.
Ce sont exactement ces mêmes principes qui fondent une étude spirituelle et symbolique d'une culture disparue : 1° les spiritualités et leurs manifestations dont nous avons une idée grâce aux textes préservés ont des rapports avec la spiritualité telle qu'elle peut-être connue aujourd'hui (dans nos sociétés comme dans les observations des anthropologues) 2° que l'étude contemplative, conceptuelle, généalogique et comparative des spiritualités permet la compréhension dans une certaine mesure de ces paradigmes.
Le principe fondamental de la symbologie (exposé par exemple chez Grégoire de Nysse dans la patrologie) c'est que le symbole est un signe qui a la particularité de rendre un principe présent à l'intelligence de celui qui le contemple, parce que d'une certaine façon ce principe est dans le symbole qui le présentifie. Si l'on accepte que l'expérience qu'on fait du symbole possède bien cette extension ontologique (et ne se réduit pas à un donné culturel) et que nous faisons la même expérience phénoménale des symboles naturels et artificiels, alors par la même activité contemplative, nous pouvons parvenir à des conclusions semblables à celles de ceux qui l'ont faite avant nous.
il y a 2 ans
C'est intéressant, et d'ailleurs, pour ne pas tomber nous-mêmes dans le même écueil, disons : la conception voilée, trompeuse, née de l'oubli, celle de la vérité opposée à la fausseté, et la conception dévoilée, première qui, il est vrai, est rétive à la « chasse », à la « libido sciendi » qui a provoqué la Chute
il y a 2 ans
La conclusion est assez Spenglerienne, voir.... Guenonienne lol.
Spengler oui, d'une certaine manière, Guénon, non, et la première raison (pas la seule), c'est qu'Heidegger comprend que l'Orient et l'Occident, s'ils poussent sur la même terre, ne sont pas les rameaux du même arbre. La religion indienne n'apporte pas de réponse à des problèmes grecs ou romans, en particulier si ces problèmes sont de nature conceptuelle
il y a 2 ans
Je dis chasse en tant que référence quadruple : la « chasse de la sagesse » ou de « l'être » chez Nicolas de Cues et chez Platon, la « chasse » et la « prise » chez Pascal, et aussi l'opposition au « berger de l'Être » dont parle Heidegger
Par « rétive à la chasse » (de l'être ou de la sagesse), je veux dire que l'homme est faible, ce qu'il chasse lui échappe toujours. Peu importe le nom qu'on donne à ce qu'il chasse, que ce soit l'être, la vérité, la sagesse, la vie, ou Dieu, cela lui échappe toujours. Tout cela est plus grand que lui
Les dieux sont des chasseurs peut-être, mais l'homme est un berger, il garde, il est témoin, parfois il guide, tel est son lot, mais le fruit de son ouvrage n'est pas pour lui
Par « rétive à la chasse » (de l'être ou de la sagesse), je veux dire que l'homme est faible, ce qu'il chasse lui échappe toujours. Peu importe le nom qu'on donne à ce qu'il chasse, que ce soit l'être, la vérité, la sagesse, la vie, ou Dieu, cela lui échappe toujours. Tout cela est plus grand que lui
Les dieux sont des chasseurs peut-être, mais l'homme est un berger, il garde, il est témoin, parfois il guide, tel est son lot, mais le fruit de son ouvrage n'est pas pour lui
il y a 2 ans
C'est intéressant, et d'ailleurs, pour ne pas tomber nous-mêmes dans le même écueil, disons : la conception voilée, trompeuse, née de l'oubli, celle de la vérité opposée à la fausseté, et la conception dévoilée, première qui, il est vrai, est rétive à la « chasse », à la « libido sciendi » qui a provoqué la Chute
La version grecque est seulement plus souple que la version latine mais dans le fond elles sont équivalentes, dire de quelque chose qu'il est voilé c'est dire ce que nous voulons dire quand nous disons qu'il est faux, au sens où c'est dire qu'il ne resplendit pas de la pleine lumière de la vérité. Être faux ce n'est pas être absolument privé d'un fond de vérité.
il y a 2 ans
La version grecque est seulement plus souple que la version latine mais dans le fond elles sont équivalentes, dire de quelque chose qu'il est voilé c'est dire ce que nous voulons dire quand nous disons qu'il est faux, au sens où c'est dire qu'il ne resplendit pas de la pleine lumière de la vérité. Être faux ce n'est pas être absolument privé d'un fond de vérité.
La principale différence est celle-ci : la veritas et le faux (falsus) impliquent la référence, la comparaison, l'adéquation, d'où la définition scolastique de la vérité comme adéquation de la chose au concept. Si je dis que le ciel est bleu, je dis vrai, car le concept (ce que je conçois) est en adéquation avec la chose « réelle » (pléonasme : res = chose). Si je dis qu'il est vert, ce que je dis est faux
La conception grecque de la vérité ne repose pas sur l'adéquation d'une chose à une autre. Elle n'a pas besoin de concept. Si la vérité est adéquation, il n'y a pas de vérité sans concept, il n'y a que de l'être. C'est pourquoi le maréchal Pétain disait que « la terre, elle, ne ment pas »
L'aletheia n'a pas besoin de concept, elle n'a pas besoin de l'homme. Le concept ne rend pas vrai une chose, il ne l'altère ni ne la fait être, il ne fait que la dévoiler
Si l'on veut, et pour résumer, l'aletheia grecque suppose un monde plêrê théôn, plein de dieux. Et, d'ailleurs, Aletheia est une déesse
La conception grecque de la vérité ne repose pas sur l'adéquation d'une chose à une autre. Elle n'a pas besoin de concept. Si la vérité est adéquation, il n'y a pas de vérité sans concept, il n'y a que de l'être. C'est pourquoi le maréchal Pétain disait que « la terre, elle, ne ment pas »
L'aletheia n'a pas besoin de concept, elle n'a pas besoin de l'homme. Le concept ne rend pas vrai une chose, il ne l'altère ni ne la fait être, il ne fait que la dévoiler
Si l'on veut, et pour résumer, l'aletheia grecque suppose un monde plêrê théôn, plein de dieux. Et, d'ailleurs, Aletheia est une déesse
il y a 2 ans