je n'ai jamais eu de proches

Les gens ont pourtant l'air de vivre authentiquement leurs relations, à moins qu'ils entretiennent le même simulacre que celui décrit ici.

Mais tu te dis pas que les autres font pareil et que donc personne n'est bizarre dans l'histoire ?

Puisque personne n'ose en parler ouvertement, on ne peut que spéculer.

Ils ne s'en rendent pas compte. Tu ne peux pas échapper aux projections qu'on t'attribue, la seule chose que tu peux faire, c'est d'en choisir une qui t'est accessible et avec laquelle tu es à l'aise.

C'est assez ironique cette tendance qui consiste à encourager les gens à exprimer leur individualité alors qu'ils sont déjà pour beaucoup sous l'influence d'un désir mimétique généralisé.

Nous sommes une espèce sociale, c'est comme ça. Tu veux briller, être différent, mais toujours dans un groupe
Tu veux t'émanciper, mais être perçu comme moralement supérieur/valide

En situation sociale, mais dans l'intimité c'est différent

J'ai toujours été très curieuse de cette énorme différence de narratif que j'avais des personnes en situation sociale, et ensuite dans l'intimité

Je crois que j'ai creusé pour observer les différences entre les deux comme moyen de transformer mon rapport que j'avais à l'authenticité en public

Si je gardais toutes mes preuves à l'esprit, celles attestant du fait que tout le monde est aussi bizarre que moi, et que je les gardais à l'esprit en situation sociale, je me trouvais bien plus ouverte à eux, parce que mon reflexe de baisser les épaules comme si j'avais une honte à cacher diminuait grandement

Je pense qu'avoir conscience de tout ça en en faisant l'expérience, puis répéter le fait de garder cette chose dans mon esprit m'a bien aidée à voir à travers eux, et me rassurer, donc m'ouvrir

t'es un bourge toi non ?

Tout le monde joue un jeux. C'est ce que Donald Winnicott appelait le "faux self culturel".
Le faux self culturel, c'est ce masque qu'on porte en société pour être accepté par les autres.
Et très souvent on en vient à porter ce masque parce que nos tentative d'authenticité n'ont pas été bien accueilli par les autres et nous ont valu d'être rejeté socialement.
Donc on se rabat vers le faux self par la contrainte, afin d'être accepté socialement.
Sauf que cela implique aussi qu'on ne sait pas comment être authentique d'une manière qui soit socialement acceptable.
Et ça demande tout un travail sur soi pour parvenir à enlever le masque et être plus authentique dans nos relations quotidienne, sans pour autant se retrouver exclu

Je ne me considère pas supérieur aux autre et ne souhaite pas non plus être perçu ainsi
En fin de compte, je cherche seulement à être reconnu pour ce que je suis et non pour ce que l'on attend de moi.

Comment peux-tu être certain que les autres soient en réalité aussi bizarres que toi ?

Ce terme ne veut plus rien dire de nos jours

Les liaisons entre les atomes ne sont pas éternelles non plus

je ne comprends pas le rapport ou plutôt je ne vois pas quand est-ce que j'ai fait référence à la notion d'éternel

C'est une métaphore pour parler des rôles de chacun dans la société.

il faut admettre que c'est usant à long terme de ne jamais pouvoir se confier à qui que ce soit, pas même sa famille, de peur que l'attachement qu'ils éprouvent pour moi disparaisse aussitôt.

C'est aussi pour ça que je parlais de l'éternité. Dans tes propos il y avait cette peur de la rupture.

J'ai déjà vécu les deux situations. D'un côté s'exprimer et de l'autre avoir peur de le faire.

J'en ai conclu que ce qui me convenait le plus, c'était de m'exprimer. Même si je sais que ça veut dire que ça pourrait mal se passer.

La vie est trop courte pour faire des chichis. Pouvoir être blessé, c'est être fort. Donner de l'affection et en recevoir en retour, de même. Donc c'est une prise de risques intéressée : tu donnes plus mais tu reçois également plus. C'est logique au final.

Est-ce que tu peux être satisfait et heureux en ayant aussi peu des autres et en donnant aussi peu ?

Oui, c'est ultra fatiguant et ça prend la tête sur le long terme, ça peut devenir ingérable.

Mais les interactions sociales c'est truqué et aléatoire aussi.

C'est pas que de ta faute.

Et pourtant, des ermites, tu peux en trouver, celui ou celle qui voit ce contrat social. Le social est un fait, le chemin en est un autre. Certains vivent en observant plus que tous ceux qui cherchent à se faire valider et ce n'est pas un problème, tant que la personne ne subit pas ce retrait. Tu peux changer en cours de route, seulement, il n'y a jamais eu plus important que soi et ce qu'on veut faire. La volonté qui provient de toi sera toujours meilleure quand tu aideras que celle où on t'a orienté pour le faire. Ce n'est pas un problème que la personne n'ait jamais eu l'impression d'avoir des proches, quand tu es seul, il ne reste que toi, tu dois d'abord t'accepter comme tu es, c'est comme ça que tu avances dans ce cas où tu observes plus qu'autrui.