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Un khey de 39 en france tue une yeslife
Versio audio à 15:50
à 15:50
https://www.slate.fr/soci[...]roces-fait-divers-meurtre
Malgré ses lunettes, sa vue est de 1/10 de loin et de 6/10 de près, et encore, avec un bon éclairage. Interpellé et placé en garde à vue pour tentative de meurtre le 16 mai 2020, il est désormais poursuivi pour meurtre. Dans sa cellule, à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, Benjamin Cau se demande comment tout ça a pu arriver.
Durant quarante-huit heures, les amis de Romane Duffourd ont veillé devant l'hôpital. Les nouvelles n'étaient pas encourageantes. Romane avait reçu un coup de couteau dans l'artère iliaque externe gauche, d'une profondeur de 7,5 centimètres. Le choc hémorragique avait provoqué un arrêt cardiaque, entraînant une nécrose intestinale. Les médecins laissaient peu d'espoir à sa famille. Si elle s'en sortait, avaient-ils dit, cela tiendrait du miracle. Le 19 mai 2020, à 9h20, Romane Duffourd mourait de ses blessures.
Benjamin Cau avait choisi le quartier Dauphiné-Montluc pour son calme. C'était un emplacement idéal: l'appartement était situé non loin de son travail et de la gare de Lyon-Part-Dieu, d'où il partait régulièrement pour des tournois d'échecs et de Scrabble. "Il y avait aussi des petits commerces, et les propriétaires de l'immeuble étaient des personnes plus âgées, respectueuses du voisinage", décrit-il.
Né le 28 août 1981 à Séoul de parents inconnus, Benjamin Cau présente à la naissance une déficience visuelle grave, l'amblyopie.
Il a pourtant presque 6 ans quand ce couple de Français, habitant en Normandie, l'adopte.
Benjamin a toujours été solitaire. "C'était un enfant facile, docile, et sans histoire", dépeint sa mère. On ne lui connaît aucune relation sentimentale non plus. Benjamin se pense "trop timide" et ayant "trop de défauts physiques".
Il était en train de jouer à une partie de Scrabble en ligne. C'était une partie importante. La Fédération française de Scrabble avait développé une application qui programme des jeux de trois parties simultanées. Il y jouait tous les soirs pendant le confinement. Il lui fallait du calme. La musique au deuxième étage était insupportable. Il avait déjà signalé le bruit à sa voisine et à son colocataire par le passé, mais il avait eu le sentiment qu'ils le prenaient de haut. Ce n'était pas correct. Alors le 16 mai, peu avant minuit, il était descendu, très en colère, à l'étage en dessous. Dans le tiroir de sa cuisine, il avait attrapé un couteau en céramique. Non pour blesser et encore moins pour tuer, jure-t-il. Le couteau servait à faire peur. Parfois, il lui arrivait de sortir dans la rue avec une bombe lacrymogène, au cas où il se ferait agresser.
Dans le box des accusés, Benjamin Cau bégaie beaucoup: "Le tapage nocturne répété dans le temps, toutes les tentatives amiables pour y mettre fin, les lettres au syndic J'étais descendu le 14 mars 2020, sans obtenir de résultat Je me sentais en situation de faiblesse. Étant handicapé, de par ma vue, je me sentais en position d'infériorité." Il pressentait, expose-t-il, que les étudiants étaient un certain nombre, alors, explique-t-il: "J'ai eu cette réaction totalement disproportionnée de prendre un couteau pour rééquilibrer cette situation."
Le samedi 16 mai 2020, Romane et Lucas accueillent leurs copains à la maison. Une fête de déconfinement, ou plutôt une "soirée de retrouvailles", où ils pourront se revoir enfin, jouer aux cartes, et rattraper le temps perdu. La jauge maximale recommandée est de dix personnes, alors Romane et Lucas invitent huit amis. La huitième se désiste.
Mélissa est la première à sonner à la porte, vers 20h30. Les autres invités suivent, jusqu'à 22h30. Une musique d'ambiance passe à travers l'enceinte JBL. "C'était un fond musical, pour s'entendre discuter, parce qu'on avait plein de choses à se dire", relate son amie Morgane. Chacun raconte comment il a vécu le confinement, et ce qu'il compte faire après.
Face à l'appartement de Romane Duffourd, il a sonné longuement. Du fait de son handicap visuel, il n'a pas bien vu qui ouvrait la porte. Il pense que c'était une femme. Il a juste avancé le couteau. Il n'a pas senti que la lame entrait dans un corps. Il a entendu une voix féminine crier: "Non mais ça va pas la tête?" Il a pénétré dans l'appartement à la recherche de "la source sonore", mais c'était une petite enceinte, il n'a pas pu la trouver. Avec un tabouret, deux garçons l'ont chassé. Il a couru jusqu'à son appartement du troisième.
Ce n'est qu'une fois remonté chez lui qu'il a vu le sang sur le couteau. Il l'a alors nettoyé et rangé à sa place dans le tiroir, avant de reprendre sa partie de Scrabble sur l'ordinateur.
"Votre numéro a été identifié Ne quittez pas Vous avez demandé les sapeurs-pompiers Nous allons vous répondre..."
- Sapeurs-pompiers
- Y a un voisin qui a planté un couteau dans la jambe de ma copine, vous pouvez venir s'il vous plaît au 38, rue Saint-Maximin, il est reparti, elle est inconsciente
- Attendez, 38 rue Saint-Maximin où?
- À Lyon.
- D'accord mais où à Lyon?
- Dans le IIIe.
- Est-ce que ça saigne?
- Oui ça saigne encore.
- Prenez un linge et appuyez sur la plaie.
- Mélissa! Appuie sur la plaie!
- Vous êtes en sécurité?
- Oui Mais elle est inconsciente.
- Comment ça, elle ne parle plus?
- Non, non, elle est inconsciente. Ça saigne énormément [...]
- Stimulez-la! Stimulez-la. Appuyez sur la plaie. Ça saigne encore?
- Oui, oui
- Écoutez-moi bien. La plaie est sur la cuisse?
- Oui, en haut de la cuisse gauche.
- Il faut appuyer très fort sur la plaie. Il faut boucher. Je vous passe le docteur du SAMU.
"Ne raccrochez pas Les sapeurs-pompiers vont vous mettre en communication Ne raccrochez pas "
- Bonsoir, une plaie sur la cuisse gauche, c'est ça? Quel niveau de la cuisse, extérieur ou intérieur?
- Vers l'intérieur. [...]
- Mettez-lui les jambes en l'air, on arrive.
Lors de son interpellation, Benjamin Cau a immédiatement demandé des nouvelles de la personne blessée. Mais des années après, l'officier de police judiciaire se souvient encore de cette phrase: "Vous savez Monsieur, si la police avait fait son travail ce soir-là, on n'arriverait pas à de tels drames."
https://www.lenouveaudete[...]r-le-champion-de-scrabble
L'avocate de la défense, Me Léa Forest, conteste pour sa part la qualification de " meurtre ". Elle demande aux jurés de requalifier les faits en " violences ". Au final, ils vont tous deux obtenir gain de cause : jeudi 9 février, les jurés ont condamné Benjamin Cau à quatorze ans de prison pour " violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ". Reste à savoir ce qu'il se passera quand l'énigmatique personnage aura purgé sa peine. Serait-il raisonnable de remettre en liberté cet inadapté social ? On verra ce qu'en diront les psychiatres. Les convaincra-t-il que non?
Versio audio à 15:50
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Malgré ses lunettes, sa vue est de 1/10 de loin et de 6/10 de près, et encore, avec un bon éclairage. Interpellé et placé en garde à vue pour tentative de meurtre le 16 mai 2020, il est désormais poursuivi pour meurtre. Dans sa cellule, à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, Benjamin Cau se demande comment tout ça a pu arriver.
Durant quarante-huit heures, les amis de Romane Duffourd ont veillé devant l'hôpital. Les nouvelles n'étaient pas encourageantes. Romane avait reçu un coup de couteau dans l'artère iliaque externe gauche, d'une profondeur de 7,5 centimètres. Le choc hémorragique avait provoqué un arrêt cardiaque, entraînant une nécrose intestinale. Les médecins laissaient peu d'espoir à sa famille. Si elle s'en sortait, avaient-ils dit, cela tiendrait du miracle. Le 19 mai 2020, à 9h20, Romane Duffourd mourait de ses blessures.
Benjamin Cau avait choisi le quartier Dauphiné-Montluc pour son calme. C'était un emplacement idéal: l'appartement était situé non loin de son travail et de la gare de Lyon-Part-Dieu, d'où il partait régulièrement pour des tournois d'échecs et de Scrabble. "Il y avait aussi des petits commerces, et les propriétaires de l'immeuble étaient des personnes plus âgées, respectueuses du voisinage", décrit-il.
Né le 28 août 1981 à Séoul de parents inconnus, Benjamin Cau présente à la naissance une déficience visuelle grave, l'amblyopie.
Il a pourtant presque 6 ans quand ce couple de Français, habitant en Normandie, l'adopte.
Benjamin a toujours été solitaire. "C'était un enfant facile, docile, et sans histoire", dépeint sa mère. On ne lui connaît aucune relation sentimentale non plus. Benjamin se pense "trop timide" et ayant "trop de défauts physiques".
Il était en train de jouer à une partie de Scrabble en ligne. C'était une partie importante. La Fédération française de Scrabble avait développé une application qui programme des jeux de trois parties simultanées. Il y jouait tous les soirs pendant le confinement. Il lui fallait du calme. La musique au deuxième étage était insupportable. Il avait déjà signalé le bruit à sa voisine et à son colocataire par le passé, mais il avait eu le sentiment qu'ils le prenaient de haut. Ce n'était pas correct. Alors le 16 mai, peu avant minuit, il était descendu, très en colère, à l'étage en dessous. Dans le tiroir de sa cuisine, il avait attrapé un couteau en céramique. Non pour blesser et encore moins pour tuer, jure-t-il. Le couteau servait à faire peur. Parfois, il lui arrivait de sortir dans la rue avec une bombe lacrymogène, au cas où il se ferait agresser.
Dans le box des accusés, Benjamin Cau bégaie beaucoup: "Le tapage nocturne répété dans le temps, toutes les tentatives amiables pour y mettre fin, les lettres au syndic J'étais descendu le 14 mars 2020, sans obtenir de résultat Je me sentais en situation de faiblesse. Étant handicapé, de par ma vue, je me sentais en position d'infériorité." Il pressentait, expose-t-il, que les étudiants étaient un certain nombre, alors, explique-t-il: "J'ai eu cette réaction totalement disproportionnée de prendre un couteau pour rééquilibrer cette situation."
Le samedi 16 mai 2020, Romane et Lucas accueillent leurs copains à la maison. Une fête de déconfinement, ou plutôt une "soirée de retrouvailles", où ils pourront se revoir enfin, jouer aux cartes, et rattraper le temps perdu. La jauge maximale recommandée est de dix personnes, alors Romane et Lucas invitent huit amis. La huitième se désiste.
Mélissa est la première à sonner à la porte, vers 20h30. Les autres invités suivent, jusqu'à 22h30. Une musique d'ambiance passe à travers l'enceinte JBL. "C'était un fond musical, pour s'entendre discuter, parce qu'on avait plein de choses à se dire", relate son amie Morgane. Chacun raconte comment il a vécu le confinement, et ce qu'il compte faire après.
Face à l'appartement de Romane Duffourd, il a sonné longuement. Du fait de son handicap visuel, il n'a pas bien vu qui ouvrait la porte. Il pense que c'était une femme. Il a juste avancé le couteau. Il n'a pas senti que la lame entrait dans un corps. Il a entendu une voix féminine crier: "Non mais ça va pas la tête?" Il a pénétré dans l'appartement à la recherche de "la source sonore", mais c'était une petite enceinte, il n'a pas pu la trouver. Avec un tabouret, deux garçons l'ont chassé. Il a couru jusqu'à son appartement du troisième.
Ce n'est qu'une fois remonté chez lui qu'il a vu le sang sur le couteau. Il l'a alors nettoyé et rangé à sa place dans le tiroir, avant de reprendre sa partie de Scrabble sur l'ordinateur.
"Votre numéro a été identifié Ne quittez pas Vous avez demandé les sapeurs-pompiers Nous allons vous répondre..."
- Sapeurs-pompiers
- Y a un voisin qui a planté un couteau dans la jambe de ma copine, vous pouvez venir s'il vous plaît au 38, rue Saint-Maximin, il est reparti, elle est inconsciente
- Attendez, 38 rue Saint-Maximin où?
- À Lyon.
- D'accord mais où à Lyon?
- Dans le IIIe.
- Est-ce que ça saigne?
- Oui ça saigne encore.
- Prenez un linge et appuyez sur la plaie.
- Mélissa! Appuie sur la plaie!
- Vous êtes en sécurité?
- Oui Mais elle est inconsciente.
- Comment ça, elle ne parle plus?
- Non, non, elle est inconsciente. Ça saigne énormément [...]
- Stimulez-la! Stimulez-la. Appuyez sur la plaie. Ça saigne encore?
- Oui, oui
- Écoutez-moi bien. La plaie est sur la cuisse?
- Oui, en haut de la cuisse gauche.
- Il faut appuyer très fort sur la plaie. Il faut boucher. Je vous passe le docteur du SAMU.
"Ne raccrochez pas Les sapeurs-pompiers vont vous mettre en communication Ne raccrochez pas "
- Bonsoir, une plaie sur la cuisse gauche, c'est ça? Quel niveau de la cuisse, extérieur ou intérieur?
- Vers l'intérieur. [...]
- Mettez-lui les jambes en l'air, on arrive.
Lors de son interpellation, Benjamin Cau a immédiatement demandé des nouvelles de la personne blessée. Mais des années après, l'officier de police judiciaire se souvient encore de cette phrase: "Vous savez Monsieur, si la police avait fait son travail ce soir-là, on n'arriverait pas à de tels drames."
L'avocate de la défense, Me Léa Forest, conteste pour sa part la qualification de " meurtre ". Elle demande aux jurés de requalifier les faits en " violences ". Au final, ils vont tous deux obtenir gain de cause : jeudi 9 février, les jurés ont condamné Benjamin Cau à quatorze ans de prison pour " violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ". Reste à savoir ce qu'il se passera quand l'énigmatique personnage aura purgé sa peine. Serait-il raisonnable de remettre en liberté cet inadapté social ? On verra ce qu'en diront les psychiatres. Les convaincra-t-il que non?
il y a 2 ans
ProlapsusPaix
2 ans
J'ai de la peine pour lui.
moi, un cle qui a succombé
Prédicateur de la Colère qui vient : Sans le Repentir il n'y a aucun Pardon et in fine aucun Salut
il y a 2 ans
J'ai écouté, je le sens tellement mal car j'ai plein de points communs. Ne jamais savoir se faire plaisir sauf de façon intellectuelle. Être ramené à la dure réalité chaque jour.
Ne côtoyer que ses collègues de travail et personne d'autre.
Une vie plate, boulot, discipline sans plaisir dans un appartement rangé mais sans âme, froid, insipide.
La frustration qui s'accumule.
Pauvre kheyou. Un khey qui a passé trop de temps seul et en est devenu totalement Zinzolax.
Conclusion : notamment si vous êtes jeunes, mais sortez, côtoyez un max de gens, inscrivez vous dans des clubs ou associations un maximum. Sinon vous deviendrez Zinzolax.
Ne côtoyer que ses collègues de travail et personne d'autre.
Une vie plate, boulot, discipline sans plaisir dans un appartement rangé mais sans âme, froid, insipide.
La frustration qui s'accumule.
Pauvre kheyou. Un khey qui a passé trop de temps seul et en est devenu totalement Zinzolax.
Conclusion : notamment si vous êtes jeunes, mais sortez, côtoyez un max de gens, inscrivez vous dans des clubs ou associations un maximum. Sinon vous deviendrez Zinzolax.
il y a 2 ans
Ce n'est qu'un fait divers
Mon propos est imaginaire et fictif, il n'implique donc aucun fait ou élément réel et toute ressemblance serait fortuite
il y a 2 ans
>"Vous savez Monsieur, si la police avait fait son travail ce soir-là, on n'arriverait pas à de tels drames."
Vrai
Vrai
𓃫 𓃩 𓁣
il y a 2 ans
S'il s'était appelé Mamadou, il aurait pris un rappel à la loi assorti d'un stage de citoyenneté
il y a 2 ans
26f910ecd4
2 ans
Un khey de 39 en france tue une yeslife
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https://www.slate.fr/soci[...]roces-fait-divers-meurtre
Malgré ses lunettes, sa vue est de 1/10 de loin et de 6/10 de près, et encore, avec un bon éclairage. Interpellé et placé en garde à vue pour tentative de meurtre le 16 mai 2020, il est désormais poursuivi pour meurtre. Dans sa cellule, à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, Benjamin Cau se demande comment tout ça a pu arriver.
Durant quarante-huit heures, les amis de Romane Duffourd ont veillé devant l'hôpital. Les nouvelles n'étaient pas encourageantes. Romane avait reçu un coup de couteau dans l'artère iliaque externe gauche, d'une profondeur de 7,5 centimètres. Le choc hémorragique avait provoqué un arrêt cardiaque, entraînant une nécrose intestinale. Les médecins laissaient peu d'espoir à sa famille. Si elle s'en sortait, avaient-ils dit, cela tiendrait du miracle. Le 19 mai 2020, à 9h20, Romane Duffourd mourait de ses blessures.
Benjamin Cau avait choisi le quartier Dauphiné-Montluc pour son calme. C'était un emplacement idéal: l'appartement était situé non loin de son travail et de la gare de Lyon-Part-Dieu, d'où il partait régulièrement pour des tournois d'échecs et de Scrabble. "Il y avait aussi des petits commerces, et les propriétaires de l'immeuble étaient des personnes plus âgées, respectueuses du voisinage", décrit-il.
Né le 28 août 1981 à Séoul de parents inconnus, Benjamin Cau présente à la naissance une déficience visuelle grave, l'amblyopie.
Il a pourtant presque 6 ans quand ce couple de Français, habitant en Normandie, l'adopte.
Benjamin a toujours été solitaire. "C'était un enfant facile, docile, et sans histoire", dépeint sa mère. On ne lui connaît aucune relation sentimentale non plus. Benjamin se pense "trop timide" et ayant "trop de défauts physiques".
Il était en train de jouer à une partie de Scrabble en ligne. C'était une partie importante. La Fédération française de Scrabble avait développé une application qui programme des jeux de trois parties simultanées. Il y jouait tous les soirs pendant le confinement. Il lui fallait du calme. La musique au deuxième étage était insupportable. Il avait déjà signalé le bruit à sa voisine et à son colocataire par le passé, mais il avait eu le sentiment qu'ils le prenaient de haut. Ce n'était pas correct. Alors le 16 mai, peu avant minuit, il était descendu, très en colère, à l'étage en dessous. Dans le tiroir de sa cuisine, il avait attrapé un couteau en céramique. Non pour blesser et encore moins pour tuer, jure-t-il. Le couteau servait à faire peur. Parfois, il lui arrivait de sortir dans la rue avec une bombe lacrymogène, au cas où il se ferait agresser.
Dans le box des accusés, Benjamin Cau bégaie beaucoup: "Le tapage nocturne répété dans le temps, toutes les tentatives amiables pour y mettre fin, les lettres au syndic J'étais descendu le 14 mars 2020, sans obtenir de résultat Je me sentais en situation de faiblesse. Étant handicapé, de par ma vue, je me sentais en position d'infériorité." Il pressentait, expose-t-il, que les étudiants étaient un certain nombre, alors, explique-t-il: "J'ai eu cette réaction totalement disproportionnée de prendre un couteau pour rééquilibrer cette situation."
Le samedi 16 mai 2020, Romane et Lucas accueillent leurs copains à la maison. Une fête de déconfinement, ou plutôt une "soirée de retrouvailles", où ils pourront se revoir enfin, jouer aux cartes, et rattraper le temps perdu. La jauge maximale recommandée est de dix personnes, alors Romane et Lucas invitent huit amis. La huitième se désiste.
Mélissa est la première à sonner à la porte, vers 20h30. Les autres invités suivent, jusqu'à 22h30. Une musique d'ambiance passe à travers l'enceinte JBL. "C'était un fond musical, pour s'entendre discuter, parce qu'on avait plein de choses à se dire", relate son amie Morgane. Chacun raconte comment il a vécu le confinement, et ce qu'il compte faire après.
Face à l'appartement de Romane Duffourd, il a sonné longuement. Du fait de son handicap visuel, il n'a pas bien vu qui ouvrait la porte. Il pense que c'était une femme. Il a juste avancé le couteau. Il n'a pas senti que la lame entrait dans un corps. Il a entendu une voix féminine crier: "Non mais ça va pas la tête?" Il a pénétré dans l'appartement à la recherche de "la source sonore", mais c'était une petite enceinte, il n'a pas pu la trouver. Avec un tabouret, deux garçons l'ont chassé. Il a couru jusqu'à son appartement du troisième.
Ce n'est qu'une fois remonté chez lui qu'il a vu le sang sur le couteau. Il l'a alors nettoyé et rangé à sa place dans le tiroir, avant de reprendre sa partie de Scrabble sur l'ordinateur.
"Votre numéro a été identifié Ne quittez pas Vous avez demandé les sapeurs-pompiers Nous allons vous répondre..."
- Sapeurs-pompiers
- Y a un voisin qui a planté un couteau dans la jambe de ma copine, vous pouvez venir s'il vous plaît au 38, rue Saint-Maximin, il est reparti, elle est inconsciente
- Attendez, 38 rue Saint-Maximin où?
- À Lyon.
- D'accord mais où à Lyon?
- Dans le IIIe.
- Est-ce que ça saigne?
- Oui ça saigne encore.
- Prenez un linge et appuyez sur la plaie.
- Mélissa! Appuie sur la plaie!
- Vous êtes en sécurité?
- Oui Mais elle est inconsciente.
- Comment ça, elle ne parle plus?
- Non, non, elle est inconsciente. Ça saigne énormément [...]
- Stimulez-la! Stimulez-la. Appuyez sur la plaie. Ça saigne encore?
- Oui, oui
- Écoutez-moi bien. La plaie est sur la cuisse?
- Oui, en haut de la cuisse gauche.
- Il faut appuyer très fort sur la plaie. Il faut boucher. Je vous passe le docteur du SAMU.
"Ne raccrochez pas Les sapeurs-pompiers vont vous mettre en communication Ne raccrochez pas "
- Bonsoir, une plaie sur la cuisse gauche, c'est ça? Quel niveau de la cuisse, extérieur ou intérieur?
- Vers l'intérieur. [...]
- Mettez-lui les jambes en l'air, on arrive.
Lors de son interpellation, Benjamin Cau a immédiatement demandé des nouvelles de la personne blessée. Mais des années après, l'officier de police judiciaire se souvient encore de cette phrase: "Vous savez Monsieur, si la police avait fait son travail ce soir-là, on n'arriverait pas à de tels drames."
https://www.lenouveaudete[...]r-le-champion-de-scrabble
L'avocate de la défense, Me Léa Forest, conteste pour sa part la qualification de " meurtre ". Elle demande aux jurés de requalifier les faits en " violences ". Au final, ils vont tous deux obtenir gain de cause : jeudi 9 février, les jurés ont condamné Benjamin Cau à quatorze ans de prison pour " violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ". Reste à savoir ce qu'il se passera quand l'énigmatique personnage aura purgé sa peine. Serait-il raisonnable de remettre en liberté cet inadapté social ? On verra ce qu'en diront les psychiatres. Les convaincra-t-il que non?
Versio audio à 15:50
à 15:50
Malgré ses lunettes, sa vue est de 1/10 de loin et de 6/10 de près, et encore, avec un bon éclairage. Interpellé et placé en garde à vue pour tentative de meurtre le 16 mai 2020, il est désormais poursuivi pour meurtre. Dans sa cellule, à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, Benjamin Cau se demande comment tout ça a pu arriver.
Durant quarante-huit heures, les amis de Romane Duffourd ont veillé devant l'hôpital. Les nouvelles n'étaient pas encourageantes. Romane avait reçu un coup de couteau dans l'artère iliaque externe gauche, d'une profondeur de 7,5 centimètres. Le choc hémorragique avait provoqué un arrêt cardiaque, entraînant une nécrose intestinale. Les médecins laissaient peu d'espoir à sa famille. Si elle s'en sortait, avaient-ils dit, cela tiendrait du miracle. Le 19 mai 2020, à 9h20, Romane Duffourd mourait de ses blessures.
Benjamin Cau avait choisi le quartier Dauphiné-Montluc pour son calme. C'était un emplacement idéal: l'appartement était situé non loin de son travail et de la gare de Lyon-Part-Dieu, d'où il partait régulièrement pour des tournois d'échecs et de Scrabble. "Il y avait aussi des petits commerces, et les propriétaires de l'immeuble étaient des personnes plus âgées, respectueuses du voisinage", décrit-il.
Né le 28 août 1981 à Séoul de parents inconnus, Benjamin Cau présente à la naissance une déficience visuelle grave, l'amblyopie.
Il a pourtant presque 6 ans quand ce couple de Français, habitant en Normandie, l'adopte.
Benjamin a toujours été solitaire. "C'était un enfant facile, docile, et sans histoire", dépeint sa mère. On ne lui connaît aucune relation sentimentale non plus. Benjamin se pense "trop timide" et ayant "trop de défauts physiques".
Il était en train de jouer à une partie de Scrabble en ligne. C'était une partie importante. La Fédération française de Scrabble avait développé une application qui programme des jeux de trois parties simultanées. Il y jouait tous les soirs pendant le confinement. Il lui fallait du calme. La musique au deuxième étage était insupportable. Il avait déjà signalé le bruit à sa voisine et à son colocataire par le passé, mais il avait eu le sentiment qu'ils le prenaient de haut. Ce n'était pas correct. Alors le 16 mai, peu avant minuit, il était descendu, très en colère, à l'étage en dessous. Dans le tiroir de sa cuisine, il avait attrapé un couteau en céramique. Non pour blesser et encore moins pour tuer, jure-t-il. Le couteau servait à faire peur. Parfois, il lui arrivait de sortir dans la rue avec une bombe lacrymogène, au cas où il se ferait agresser.
Dans le box des accusés, Benjamin Cau bégaie beaucoup: "Le tapage nocturne répété dans le temps, toutes les tentatives amiables pour y mettre fin, les lettres au syndic J'étais descendu le 14 mars 2020, sans obtenir de résultat Je me sentais en situation de faiblesse. Étant handicapé, de par ma vue, je me sentais en position d'infériorité." Il pressentait, expose-t-il, que les étudiants étaient un certain nombre, alors, explique-t-il: "J'ai eu cette réaction totalement disproportionnée de prendre un couteau pour rééquilibrer cette situation."
Le samedi 16 mai 2020, Romane et Lucas accueillent leurs copains à la maison. Une fête de déconfinement, ou plutôt une "soirée de retrouvailles", où ils pourront se revoir enfin, jouer aux cartes, et rattraper le temps perdu. La jauge maximale recommandée est de dix personnes, alors Romane et Lucas invitent huit amis. La huitième se désiste.
Mélissa est la première à sonner à la porte, vers 20h30. Les autres invités suivent, jusqu'à 22h30. Une musique d'ambiance passe à travers l'enceinte JBL. "C'était un fond musical, pour s'entendre discuter, parce qu'on avait plein de choses à se dire", relate son amie Morgane. Chacun raconte comment il a vécu le confinement, et ce qu'il compte faire après.
Face à l'appartement de Romane Duffourd, il a sonné longuement. Du fait de son handicap visuel, il n'a pas bien vu qui ouvrait la porte. Il pense que c'était une femme. Il a juste avancé le couteau. Il n'a pas senti que la lame entrait dans un corps. Il a entendu une voix féminine crier: "Non mais ça va pas la tête?" Il a pénétré dans l'appartement à la recherche de "la source sonore", mais c'était une petite enceinte, il n'a pas pu la trouver. Avec un tabouret, deux garçons l'ont chassé. Il a couru jusqu'à son appartement du troisième.
Ce n'est qu'une fois remonté chez lui qu'il a vu le sang sur le couteau. Il l'a alors nettoyé et rangé à sa place dans le tiroir, avant de reprendre sa partie de Scrabble sur l'ordinateur.
"Votre numéro a été identifié Ne quittez pas Vous avez demandé les sapeurs-pompiers Nous allons vous répondre..."
- Sapeurs-pompiers
- Y a un voisin qui a planté un couteau dans la jambe de ma copine, vous pouvez venir s'il vous plaît au 38, rue Saint-Maximin, il est reparti, elle est inconsciente
- Attendez, 38 rue Saint-Maximin où?
- À Lyon.
- D'accord mais où à Lyon?
- Dans le IIIe.
- Est-ce que ça saigne?
- Oui ça saigne encore.
- Prenez un linge et appuyez sur la plaie.
- Mélissa! Appuie sur la plaie!
- Vous êtes en sécurité?
- Oui Mais elle est inconsciente.
- Comment ça, elle ne parle plus?
- Non, non, elle est inconsciente. Ça saigne énormément [...]
- Stimulez-la! Stimulez-la. Appuyez sur la plaie. Ça saigne encore?
- Oui, oui
- Écoutez-moi bien. La plaie est sur la cuisse?
- Oui, en haut de la cuisse gauche.
- Il faut appuyer très fort sur la plaie. Il faut boucher. Je vous passe le docteur du SAMU.
"Ne raccrochez pas Les sapeurs-pompiers vont vous mettre en communication Ne raccrochez pas "
- Bonsoir, une plaie sur la cuisse gauche, c'est ça? Quel niveau de la cuisse, extérieur ou intérieur?
- Vers l'intérieur. [...]
- Mettez-lui les jambes en l'air, on arrive.
Lors de son interpellation, Benjamin Cau a immédiatement demandé des nouvelles de la personne blessée. Mais des années après, l'officier de police judiciaire se souvient encore de cette phrase: "Vous savez Monsieur, si la police avait fait son travail ce soir-là, on n'arriverait pas à de tels drames."
L'avocate de la défense, Me Léa Forest, conteste pour sa part la qualification de " meurtre ". Elle demande aux jurés de requalifier les faits en " violences ". Au final, ils vont tous deux obtenir gain de cause : jeudi 9 février, les jurés ont condamné Benjamin Cau à quatorze ans de prison pour " violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ". Reste à savoir ce qu'il se passera quand l'énigmatique personnage aura purgé sa peine. Serait-il raisonnable de remettre en liberté cet inadapté social ? On verra ce qu'en diront les psychiatres. Les convaincra-t-il que non?
il y a 2 ans
14 ans pour "violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner"
Pendant ce temps, Mamadou, Bakari et Adama peuvent tuer 50 fois, ils prendront pas plus de 5 ans
Pendant ce temps, Mamadou, Bakari et Adama peuvent tuer 50 fois, ils prendront pas plus de 5 ans
il y a 2 ans
14 ans pendant que les égorgeurs de rue "pour un mauvais regard" prennent 3 ans avec sursis.
La justice française, c'est vraiment incroyable.
La justice française, c'est vraiment incroyable.
il y a 2 ans
LoutreHumide
2 ans
Il a une tronche de cannibale le mec quand même.
Nan mais 14 ans, c'est archi-abusé par rapport aux peines que prennent les égorgeurs
il y a 2 ans
PerduEnGrece
2 ans
J'ai écouté, je le sens tellement mal car j'ai plein de points communs. Ne jamais savoir se faire plaisir sauf de façon intellectuelle. Être ramené à la dure réalité chaque jour.
Ne côtoyer que ses collègues de travail et personne d'autre.
Une vie plate, boulot, discipline sans plaisir dans un appartement rangé mais sans âme, froid, insipide.
La frustration qui s'accumule.
Pauvre kheyou. Un khey qui a passé trop de temps seul et en est devenu totalement Zinzolax.
Conclusion : notamment si vous êtes jeunes, mais sortez, côtoyez un max de gens, inscrivez vous dans des clubs ou associations un maximum. Sinon vous deviendrez Zinzolax.
Ne côtoyer que ses collègues de travail et personne d'autre.
Une vie plate, boulot, discipline sans plaisir dans un appartement rangé mais sans âme, froid, insipide.
La frustration qui s'accumule.
Pauvre kheyou. Un khey qui a passé trop de temps seul et en est devenu totalement Zinzolax.
Conclusion : notamment si vous êtes jeunes, mais sortez, côtoyez un max de gens, inscrivez vous dans des clubs ou associations un maximum. Sinon vous deviendrez Zinzolax.
Il fait des tournois d'échecs et de scrablle donc il est dans des clubs mais il est quand meme zinzin
il y a 2 ans
Nan mais 14 ans, c'est archi-abusé par rapport aux peines que prennent les égorgeurs
Il l'a tuée c'est un fait, donc méritax. Après ouais certains prennent moins que d'autres et c'est pas forcément normal.
il y a 2 ans
Il l'a tuée c'est un fait, donc méritax. Après ouais certains prennent moins que d'autres et c'est pas forcément normal.
Qu'il prenne 14 ans c'est méritax.
Ce qui l'est pas, c'est que Dahbia peut égorger Lola et s'en sortir avec 3 ans à l'HP
Ce qui l'est pas, c'est que Dahbia peut égorger Lola et s'en sortir avec 3 ans à l'HP
il y a 2 ans
Qu'il prenne 14 ans c'est méritax.
Ce qui l'est pas, c'est que Dahbia peut égorger Lola et s'en sortir avec 3 ans à l'HP
Ce qui l'est pas, c'est que Dahbia peut égorger Lola et s'en sortir avec 3 ans à l'HP
On est d'accord.
il y a 2 ans
26f910ecd4
2 ans
Un khey de 39 en france tue une yeslife
Versio audio à 15:50
à 15:50
https://www.slate.fr/soci[...]roces-fait-divers-meurtre
Malgré ses lunettes, sa vue est de 1/10 de loin et de 6/10 de près, et encore, avec un bon éclairage. Interpellé et placé en garde à vue pour tentative de meurtre le 16 mai 2020, il est désormais poursuivi pour meurtre. Dans sa cellule, à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, Benjamin Cau se demande comment tout ça a pu arriver.
Durant quarante-huit heures, les amis de Romane Duffourd ont veillé devant l'hôpital. Les nouvelles n'étaient pas encourageantes. Romane avait reçu un coup de couteau dans l'artère iliaque externe gauche, d'une profondeur de 7,5 centimètres. Le choc hémorragique avait provoqué un arrêt cardiaque, entraînant une nécrose intestinale. Les médecins laissaient peu d'espoir à sa famille. Si elle s'en sortait, avaient-ils dit, cela tiendrait du miracle. Le 19 mai 2020, à 9h20, Romane Duffourd mourait de ses blessures.
Benjamin Cau avait choisi le quartier Dauphiné-Montluc pour son calme. C'était un emplacement idéal: l'appartement était situé non loin de son travail et de la gare de Lyon-Part-Dieu, d'où il partait régulièrement pour des tournois d'échecs et de Scrabble. "Il y avait aussi des petits commerces, et les propriétaires de l'immeuble étaient des personnes plus âgées, respectueuses du voisinage", décrit-il.
Né le 28 août 1981 à Séoul de parents inconnus, Benjamin Cau présente à la naissance une déficience visuelle grave, l'amblyopie.
Il a pourtant presque 6 ans quand ce couple de Français, habitant en Normandie, l'adopte.
Benjamin a toujours été solitaire. "C'était un enfant facile, docile, et sans histoire", dépeint sa mère. On ne lui connaît aucune relation sentimentale non plus. Benjamin se pense "trop timide" et ayant "trop de défauts physiques".
Il était en train de jouer à une partie de Scrabble en ligne. C'était une partie importante. La Fédération française de Scrabble avait développé une application qui programme des jeux de trois parties simultanées. Il y jouait tous les soirs pendant le confinement. Il lui fallait du calme. La musique au deuxième étage était insupportable. Il avait déjà signalé le bruit à sa voisine et à son colocataire par le passé, mais il avait eu le sentiment qu'ils le prenaient de haut. Ce n'était pas correct. Alors le 16 mai, peu avant minuit, il était descendu, très en colère, à l'étage en dessous. Dans le tiroir de sa cuisine, il avait attrapé un couteau en céramique. Non pour blesser et encore moins pour tuer, jure-t-il. Le couteau servait à faire peur. Parfois, il lui arrivait de sortir dans la rue avec une bombe lacrymogène, au cas où il se ferait agresser.
Dans le box des accusés, Benjamin Cau bégaie beaucoup: "Le tapage nocturne répété dans le temps, toutes les tentatives amiables pour y mettre fin, les lettres au syndic J'étais descendu le 14 mars 2020, sans obtenir de résultat Je me sentais en situation de faiblesse. Étant handicapé, de par ma vue, je me sentais en position d'infériorité." Il pressentait, expose-t-il, que les étudiants étaient un certain nombre, alors, explique-t-il: "J'ai eu cette réaction totalement disproportionnée de prendre un couteau pour rééquilibrer cette situation."
Le samedi 16 mai 2020, Romane et Lucas accueillent leurs copains à la maison. Une fête de déconfinement, ou plutôt une "soirée de retrouvailles", où ils pourront se revoir enfin, jouer aux cartes, et rattraper le temps perdu. La jauge maximale recommandée est de dix personnes, alors Romane et Lucas invitent huit amis. La huitième se désiste.
Mélissa est la première à sonner à la porte, vers 20h30. Les autres invités suivent, jusqu'à 22h30. Une musique d'ambiance passe à travers l'enceinte JBL. "C'était un fond musical, pour s'entendre discuter, parce qu'on avait plein de choses à se dire", relate son amie Morgane. Chacun raconte comment il a vécu le confinement, et ce qu'il compte faire après.
Face à l'appartement de Romane Duffourd, il a sonné longuement. Du fait de son handicap visuel, il n'a pas bien vu qui ouvrait la porte. Il pense que c'était une femme. Il a juste avancé le couteau. Il n'a pas senti que la lame entrait dans un corps. Il a entendu une voix féminine crier: "Non mais ça va pas la tête?" Il a pénétré dans l'appartement à la recherche de "la source sonore", mais c'était une petite enceinte, il n'a pas pu la trouver. Avec un tabouret, deux garçons l'ont chassé. Il a couru jusqu'à son appartement du troisième.
Ce n'est qu'une fois remonté chez lui qu'il a vu le sang sur le couteau. Il l'a alors nettoyé et rangé à sa place dans le tiroir, avant de reprendre sa partie de Scrabble sur l'ordinateur.
"Votre numéro a été identifié Ne quittez pas Vous avez demandé les sapeurs-pompiers Nous allons vous répondre..."
- Sapeurs-pompiers
- Y a un voisin qui a planté un couteau dans la jambe de ma copine, vous pouvez venir s'il vous plaît au 38, rue Saint-Maximin, il est reparti, elle est inconsciente
- Attendez, 38 rue Saint-Maximin où?
- À Lyon.
- D'accord mais où à Lyon?
- Dans le IIIe.
- Est-ce que ça saigne?
- Oui ça saigne encore.
- Prenez un linge et appuyez sur la plaie.
- Mélissa! Appuie sur la plaie!
- Vous êtes en sécurité?
- Oui Mais elle est inconsciente.
- Comment ça, elle ne parle plus?
- Non, non, elle est inconsciente. Ça saigne énormément [...]
- Stimulez-la! Stimulez-la. Appuyez sur la plaie. Ça saigne encore?
- Oui, oui
- Écoutez-moi bien. La plaie est sur la cuisse?
- Oui, en haut de la cuisse gauche.
- Il faut appuyer très fort sur la plaie. Il faut boucher. Je vous passe le docteur du SAMU.
"Ne raccrochez pas Les sapeurs-pompiers vont vous mettre en communication Ne raccrochez pas "
- Bonsoir, une plaie sur la cuisse gauche, c'est ça? Quel niveau de la cuisse, extérieur ou intérieur?
- Vers l'intérieur. [...]
- Mettez-lui les jambes en l'air, on arrive.
Lors de son interpellation, Benjamin Cau a immédiatement demandé des nouvelles de la personne blessée. Mais des années après, l'officier de police judiciaire se souvient encore de cette phrase: "Vous savez Monsieur, si la police avait fait son travail ce soir-là, on n'arriverait pas à de tels drames."
https://www.lenouveaudete[...]r-le-champion-de-scrabble
L'avocate de la défense, Me Léa Forest, conteste pour sa part la qualification de " meurtre ". Elle demande aux jurés de requalifier les faits en " violences ". Au final, ils vont tous deux obtenir gain de cause : jeudi 9 février, les jurés ont condamné Benjamin Cau à quatorze ans de prison pour " violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ". Reste à savoir ce qu'il se passera quand l'énigmatique personnage aura purgé sa peine. Serait-il raisonnable de remettre en liberté cet inadapté social ? On verra ce qu'en diront les psychiatres. Les convaincra-t-il que non?
Versio audio à 15:50
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Malgré ses lunettes, sa vue est de 1/10 de loin et de 6/10 de près, et encore, avec un bon éclairage. Interpellé et placé en garde à vue pour tentative de meurtre le 16 mai 2020, il est désormais poursuivi pour meurtre. Dans sa cellule, à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, Benjamin Cau se demande comment tout ça a pu arriver.
Durant quarante-huit heures, les amis de Romane Duffourd ont veillé devant l'hôpital. Les nouvelles n'étaient pas encourageantes. Romane avait reçu un coup de couteau dans l'artère iliaque externe gauche, d'une profondeur de 7,5 centimètres. Le choc hémorragique avait provoqué un arrêt cardiaque, entraînant une nécrose intestinale. Les médecins laissaient peu d'espoir à sa famille. Si elle s'en sortait, avaient-ils dit, cela tiendrait du miracle. Le 19 mai 2020, à 9h20, Romane Duffourd mourait de ses blessures.
Benjamin Cau avait choisi le quartier Dauphiné-Montluc pour son calme. C'était un emplacement idéal: l'appartement était situé non loin de son travail et de la gare de Lyon-Part-Dieu, d'où il partait régulièrement pour des tournois d'échecs et de Scrabble. "Il y avait aussi des petits commerces, et les propriétaires de l'immeuble étaient des personnes plus âgées, respectueuses du voisinage", décrit-il.
Né le 28 août 1981 à Séoul de parents inconnus, Benjamin Cau présente à la naissance une déficience visuelle grave, l'amblyopie.
Il a pourtant presque 6 ans quand ce couple de Français, habitant en Normandie, l'adopte.
Benjamin a toujours été solitaire. "C'était un enfant facile, docile, et sans histoire", dépeint sa mère. On ne lui connaît aucune relation sentimentale non plus. Benjamin se pense "trop timide" et ayant "trop de défauts physiques".
Il était en train de jouer à une partie de Scrabble en ligne. C'était une partie importante. La Fédération française de Scrabble avait développé une application qui programme des jeux de trois parties simultanées. Il y jouait tous les soirs pendant le confinement. Il lui fallait du calme. La musique au deuxième étage était insupportable. Il avait déjà signalé le bruit à sa voisine et à son colocataire par le passé, mais il avait eu le sentiment qu'ils le prenaient de haut. Ce n'était pas correct. Alors le 16 mai, peu avant minuit, il était descendu, très en colère, à l'étage en dessous. Dans le tiroir de sa cuisine, il avait attrapé un couteau en céramique. Non pour blesser et encore moins pour tuer, jure-t-il. Le couteau servait à faire peur. Parfois, il lui arrivait de sortir dans la rue avec une bombe lacrymogène, au cas où il se ferait agresser.
Dans le box des accusés, Benjamin Cau bégaie beaucoup: "Le tapage nocturne répété dans le temps, toutes les tentatives amiables pour y mettre fin, les lettres au syndic J'étais descendu le 14 mars 2020, sans obtenir de résultat Je me sentais en situation de faiblesse. Étant handicapé, de par ma vue, je me sentais en position d'infériorité." Il pressentait, expose-t-il, que les étudiants étaient un certain nombre, alors, explique-t-il: "J'ai eu cette réaction totalement disproportionnée de prendre un couteau pour rééquilibrer cette situation."
Le samedi 16 mai 2020, Romane et Lucas accueillent leurs copains à la maison. Une fête de déconfinement, ou plutôt une "soirée de retrouvailles", où ils pourront se revoir enfin, jouer aux cartes, et rattraper le temps perdu. La jauge maximale recommandée est de dix personnes, alors Romane et Lucas invitent huit amis. La huitième se désiste.
Mélissa est la première à sonner à la porte, vers 20h30. Les autres invités suivent, jusqu'à 22h30. Une musique d'ambiance passe à travers l'enceinte JBL. "C'était un fond musical, pour s'entendre discuter, parce qu'on avait plein de choses à se dire", relate son amie Morgane. Chacun raconte comment il a vécu le confinement, et ce qu'il compte faire après.
Face à l'appartement de Romane Duffourd, il a sonné longuement. Du fait de son handicap visuel, il n'a pas bien vu qui ouvrait la porte. Il pense que c'était une femme. Il a juste avancé le couteau. Il n'a pas senti que la lame entrait dans un corps. Il a entendu une voix féminine crier: "Non mais ça va pas la tête?" Il a pénétré dans l'appartement à la recherche de "la source sonore", mais c'était une petite enceinte, il n'a pas pu la trouver. Avec un tabouret, deux garçons l'ont chassé. Il a couru jusqu'à son appartement du troisième.
Ce n'est qu'une fois remonté chez lui qu'il a vu le sang sur le couteau. Il l'a alors nettoyé et rangé à sa place dans le tiroir, avant de reprendre sa partie de Scrabble sur l'ordinateur.
"Votre numéro a été identifié Ne quittez pas Vous avez demandé les sapeurs-pompiers Nous allons vous répondre..."
- Sapeurs-pompiers
- Y a un voisin qui a planté un couteau dans la jambe de ma copine, vous pouvez venir s'il vous plaît au 38, rue Saint-Maximin, il est reparti, elle est inconsciente
- Attendez, 38 rue Saint-Maximin où?
- À Lyon.
- D'accord mais où à Lyon?
- Dans le IIIe.
- Est-ce que ça saigne?
- Oui ça saigne encore.
- Prenez un linge et appuyez sur la plaie.
- Mélissa! Appuie sur la plaie!
- Vous êtes en sécurité?
- Oui Mais elle est inconsciente.
- Comment ça, elle ne parle plus?
- Non, non, elle est inconsciente. Ça saigne énormément [...]
- Stimulez-la! Stimulez-la. Appuyez sur la plaie. Ça saigne encore?
- Oui, oui
- Écoutez-moi bien. La plaie est sur la cuisse?
- Oui, en haut de la cuisse gauche.
- Il faut appuyer très fort sur la plaie. Il faut boucher. Je vous passe le docteur du SAMU.
"Ne raccrochez pas Les sapeurs-pompiers vont vous mettre en communication Ne raccrochez pas "
- Bonsoir, une plaie sur la cuisse gauche, c'est ça? Quel niveau de la cuisse, extérieur ou intérieur?
- Vers l'intérieur. [...]
- Mettez-lui les jambes en l'air, on arrive.
Lors de son interpellation, Benjamin Cau a immédiatement demandé des nouvelles de la personne blessée. Mais des années après, l'officier de police judiciaire se souvient encore de cette phrase: "Vous savez Monsieur, si la police avait fait son travail ce soir-là, on n'arriverait pas à de tels drames."
L'avocate de la défense, Me Léa Forest, conteste pour sa part la qualification de " meurtre ". Elle demande aux jurés de requalifier les faits en " violences ". Au final, ils vont tous deux obtenir gain de cause : jeudi 9 février, les jurés ont condamné Benjamin Cau à quatorze ans de prison pour " violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ". Reste à savoir ce qu'il se passera quand l'énigmatique personnage aura purgé sa peine. Serait-il raisonnable de remettre en liberté cet inadapté social ? On verra ce qu'en diront les psychiatres. Les convaincra-t-il que non?
Si tout les français était aussi deter que lui, les babouins incivilisé dans les cités ferait moins les fous
il y a 2 ans