Ce sujet a été résolu
J’attends vos observations y compris si vous trouvez ça merdique
La lumière entrait par les persiennes comme un filet d’eau, lente et régulière.
Elle découpait la poussière en petites constellations qui pulsaient au rythme de rien, suspendues dans l’air comme si le temps hésitait à les laisser tomber.
Le vieil homme se tenait assis au bord du lit, le dos droit, les mains posées sur ses genoux. Autour de lui, la chambre avait l’air d’une horloge arrêtée : les meubles immobiles, les draps tirés, l’air trop immobile pour être vivant.
Sur la table, il y avait une boîte en bois clair, ouverte comme une bouche discrète.
À l’intérieur, une collection d’aiguilles, toutes d’épaisseurs différentes, fines comme des éclats de silence. Il les rangeait depuis des décennies, sans que personne ne sache vraiment pourquoi.
On disait qu’il raccommodait le monde, qu’il recousait ce que la vie décousait.
Lui ne disait rien.
Il prit l’une des aiguilles, la plus courte, celle qui brillait à peine.
Il la tint entre le pouce et l’index, comme on tient une promesse fragile.
Le matin avançait.
Dans un coin de la pièce, une horloge battait trop lentement, comme si elle suivait son souffle fatigué.
Il murmura quelque chose, un mot presque inaudible.
Alors il commença.
Pas un geste, pas une couture : quelque chose d’autre.
On aurait dit qu’il dessinait dans l’air, qu’il traçait une ligne invisible du bout de l’aiguille.
Et l’espace, autour de lui, vibra légèrement.
Ce n’était pas de la magie.
Ce n’était pas un miracle.
C’était autre chose : la tentative désespérée d’un homme de retenir ce qui lui échappait.
De raccommoder les secondes qui fuyaient.
De maintenir le monde assemblé juste un instant de plus.
L’aiguille trembla.
Il inspira profondément, comme s’il aspirait le jour entier.
Puis il posa l’aiguille sur la table, doucement, comme si elle pouvait se briser.
Dehors, un oiseau chanta un cri bref, un cri aigu, trop aigu.
Et le vieil homme sourit pour la première fois depuis longtemps, comme si la couture avait tenu.
Même si personne ne verrait jamais ce qu’il avait réparé.
La lumière entrait par les persiennes comme un filet d’eau, lente et régulière.
Elle découpait la poussière en petites constellations qui pulsaient au rythme de rien, suspendues dans l’air comme si le temps hésitait à les laisser tomber.
Le vieil homme se tenait assis au bord du lit, le dos droit, les mains posées sur ses genoux. Autour de lui, la chambre avait l’air d’une horloge arrêtée : les meubles immobiles, les draps tirés, l’air trop immobile pour être vivant.
Sur la table, il y avait une boîte en bois clair, ouverte comme une bouche discrète.
À l’intérieur, une collection d’aiguilles, toutes d’épaisseurs différentes, fines comme des éclats de silence. Il les rangeait depuis des décennies, sans que personne ne sache vraiment pourquoi.
On disait qu’il raccommodait le monde, qu’il recousait ce que la vie décousait.
Lui ne disait rien.
Il prit l’une des aiguilles, la plus courte, celle qui brillait à peine.
Il la tint entre le pouce et l’index, comme on tient une promesse fragile.
Le matin avançait.
Dans un coin de la pièce, une horloge battait trop lentement, comme si elle suivait son souffle fatigué.
Il murmura quelque chose, un mot presque inaudible.
Alors il commença.
Pas un geste, pas une couture : quelque chose d’autre.
On aurait dit qu’il dessinait dans l’air, qu’il traçait une ligne invisible du bout de l’aiguille.
Et l’espace, autour de lui, vibra légèrement.
Ce n’était pas de la magie.
Ce n’était pas un miracle.
C’était autre chose : la tentative désespérée d’un homme de retenir ce qui lui échappait.
De raccommoder les secondes qui fuyaient.
De maintenir le monde assemblé juste un instant de plus.
L’aiguille trembla.
Il inspira profondément, comme s’il aspirait le jour entier.
Puis il posa l’aiguille sur la table, doucement, comme si elle pouvait se briser.
Dehors, un oiseau chanta un cri bref, un cri aigu, trop aigu.
Et le vieil homme sourit pour la première fois depuis longtemps, comme si la couture avait tenu.
Même si personne ne verrait jamais ce qu’il avait réparé.
il y a 4 jours
Partie du fdce.Pour le retou de l'errance chevaleresque https://onche.org/topic/5[...]u-chevalier-errant#messag
il y a 4 jours
Ayaaa t’as mis mon texte en prompt ?
Exa .
Il m'a sorti moultes image, j'en est choisie une pour qu'il en fasse une vidéo
en lui ressassant ton texte
Il m'a sorti moultes image, j'en est choisie une pour qu'il en fasse une vidéo
en lui ressassant ton texte
Partie du fdce.Pour le retou de l'errance chevaleresque https://onche.org/topic/5[...]u-chevalier-errant#messag
il y a 4 jours
Chapitre 1
Le décollement
Elle s’éveilla sans savoir si elle sortait vraiment du sommeil.
Ce fut d’abord une sensation de poids : son corps sur le matelas, la couverture sur ses jambes, l’air tiède de la chambre. Rien d’anormal. Rien de spectaculaire. Juste ce contact familier avec les choses, comme chaque matin.
Et pourtant.
Il manquait quelque chose.
Pas quelque chose de visible.
Pas un objet, pas un bruit, pas une personne.
Autre chose.
Elle resta allongée, les yeux ouverts sur le plafond, en essayant de comprendre ce qui n’allait pas, mais il n’y avait pas de “problème” à attraper. L’heure affichée sur le réveil était la même que d’habitude. Le jour avait la même couleur gris pâle derrière les rideaux. La fatigue était raisonnable, presque correcte.
C’était elle qui n’était pas à sa place.
Ou plutôt : c’était comme si le point où elle aurait dû se trouver, à l’intérieur d’elle-même, était légèrement décalé.
Elle eut l’image d’une assiette qui glisse très lentement vers le bord de la table, sans bruit, sans heurt, et elle sut que quelque chose en elle avait commencé ce mouvement-là depuis longtemps. Elle se rendait compte seulement maintenant que le bord était atteint.
Elle se leva.
Ses pieds touchèrent le parquet. Le bois était froid, rugueux, prêt à l’accueillir comme chaque matin. Elle avança jusqu’à la fenêtre, tira le rideau.
La ville se tenait là, tranquille, grise, empilée. Des façades sans histoire. Des trottoirs déjà humides. Une voiture qui passait lentement, phares encore allumés.
Tout semblait aligné.
Rien ne s’effondrait.
Mais elle, en regardant ce tableau, avait l’impression d’être restée en arrière.
Comme si le monde avait pris un léger pas de côté, sans l’avertir.
⸻
Elle alla dans la salle de bain. Le geste d’allumer la lumière fut précis, appris, ancien. L’interrupteur céda sous le doigt, le néon vibra avant de se stabiliser dans un halo blanc.
Elle leva les yeux vers le miroir.
Un visage.
Le sien. Apparemment.
Pas marqué. Pas détruit. Pas abîmé.
Juste… posé là.
Elle se regarda longuement, dans le silence, jusqu’à ce que la reconnaissance commence à se fissurer. C’était comme si elle observait une inconnue qui lui ressemblait beaucoup – assez pour qu’on s’y trompe – mais qui n’était pas réellement elle.
Les gestes venaient pourtant. Elle mouilla sa brosse à dents. Elle se pencha, cracha, se rinça la bouche. Tout coulait, tout suivait une sorte de script. Il n’y avait pas de résistance.
C’était justement ça, le problème.
Elle ne sentait nulle part le point d’où tout cela partait.
Aucun centre.
Aucun “moi” net qui décide, qui habite, qui tient.
Les actions continuaient d’elles-mêmes, comme un vêtement qui garde un instant la forme du corps après qu’on l’a enlevé.
Elle posa les mains de part et d’autre du lavabo, abaissa à nouveau les yeux. Elle aurait voulu, d’une manière qu’elle ne savait pas formuler, se ressaisir, se rejoindre, rentrer en elle comme on rentre chez soi.
Rien ne venait.
Elle avait la sensation étrange d’être là “en retard”. Comme si sa présence intérieure n’avait pas encore rejoint son corps, comme si un morceau d’elle-même était resté coincé quelque part, sur la route, dans un tunnel invisible, et qu’elle devait faire semblant en attendant son arrivée.
⸻
Elle s’habilla sans réfléchir aux vêtements. Ses mains prirent les tissus, les enfilèrent, les ajustèrent. Elle regarda vaguement l’heure, prit son sac, vérifia par automatisme la présence des clés, du téléphone, du portefeuille.
C’était ça, le plus dérangeant :
tout fonctionnait.
Elle ouvrit la porte, descendit l’escalier. Les marches défilaient sous ses pieds, l’une après l’autre, comme dans ces rêves où l’on marche longtemps sans jamais sentir son propre poids. Elle salua vaguement une voisine qu’elle croisa, un signe de tête, un sourire léger, ce qu’il faut pour ne pas être remarqué.
La porte de l’immeuble se referma derrière elle avec le bruit sourd habituel.
Dehors, l’air était frais, humide. Elle inspira. L’air entra dans ses poumons, en ressortit. Le mécanisme était intact. Elle aurait voulu que quelque chose coince, que le souffle reste bloqué, qu’un détail cloche franchement.
Mais non.
Tout allait “bien”.
Elle se mit à marcher.
⸻
Les rues de ce matin-là ne disaient rien de particulier. Les mêmes vitrines encore fermées. Les mêmes panneaux. Les mêmes arbres plantés en ligne le long de la chaussée, avec leur feuillage essoufflé. Quelques visages pressés, des silhouettes refermées dans leurs manteaux, chacun portant devant lui son petit fragment d’urgence.
Elle les regarda comme si elle les voyait depuis derrière une vitre épaisse. Elle voyait les mouvements, les gestes, les expressions. Mais il n’y avait pas ce lien invisible, ce fil de connivence qui relie, même sans y penser, un être humain à un autre.
Elle se surprit à envier la façon dont certains marchaient.
Cet homme qui avançait vite, sac sur l’épaule, déjà au téléphone, le corps lancé comme une flèche dans sa journée. Cette femme qui tenait un enfant par la main, le tirant légèrement vers l’avant, avec ce mélange de fatigue et de détermination banale. Même le vieil homme qui traînait un chariot à roulettes semblait plus inscrit qu’elle dans la réalité.
Eux paraissaient habiter leurs gestes.
Elle, non.
Elle avait l’impression d’emprunter sa propre démarche, de marcher dans ses propres pas comme on marcherait dans les chaussures de quelqu’un d’autre.
Au coin d’une rue, un chien s’immobilisa soudain. Il ne s’était pas intéressé à elle en la voyant arriver. Il avait flairé un poteau, suivi une odeur, occupé à ses préoccupations de chien. Mais au moment précis où elle passa, il se figea.
Il leva la tête vers elle, oreilles dressées.
Le regard du chien la traversa.
Il ne la reconnaissait pas – ce n’était pas ça – mais il y avait, dans cette seconde suspendue, une sorte d’hésitation, comme si quelque chose en lui avait perçu une dissonance. Puis son maître tira sur la laisse, le chien détourna la tête et la scène se dissipa, sans conséquence apparente.
Elle continua de marcher.
Pourtant, ce regard resta en elle, planté comme une petite épingle.
⸻
Le bâtiment où elle travaillait se confondait avec les autres : façade terne, vitres à demi opaques, entrée sans surprise. Dedans, des couloirs, des portes, des bureaux. Des tables. Des écrans. Des chaises. Des gens.
Elle y passa la journée.
On lui adressa quelques paroles, auxquelles elle répondit comme il faut. Elle hocha la tête au bon moment. Elle sourit quand on lui fit une remarque légère. Elle fit ce qu’on attendait d’elle, ni plus ni moins.
Elle savait utiliser un clavier, un stylo, une souris. Elle savait envoyer ce qui devait être envoyé, vérifier ce qui devait être vérifié. Sur le papier, elle tenait sa place.
Mais du dedans, elle avait l’impression de regarder une autre manipuler tout cela à sa place.
À un moment, quelqu’un lui dit :
— Tu as l’air fatiguée, aujourd’hui.
Elle releva les yeux. Le collègue – ou la collègue, peu importait – se tenait là, taz de dossiers à la main, sourire poli, bienveillant sans insister.
— Non, ça va, répondit-elle.
Elle entendit sa propre voix.
Elle aurait voulu la retenir, la rattraper, lui demander de s’arrêter, de reformuler, de dire autre chose. Mais la phrase était partie, déjà intégrée au flux banal des échanges. Le collègue hocha la tête, satisfait, et s’éloigna.
C’était ça, le plus étrange :
tout pouvait continuer comme si de rien n’était.
Personne ne voyait que quelque chose en elle avait décroché.
Elle aurait pu, à ce moment-là, se lever, dire “je ne me sens plus entière”, ou “j’ai perdu quelque chose à l’intérieur”, ou “je ne sais plus où je suis en moi” – mais ces phrases n’auraient pas eu de destinataire. Elles auraient flotté dans l’air, incompréhensibles, gênantes, déplacées, comme une erreur de ton un soir de repas.
Alors elle se tut.
Elle continua de cocher des cases, de remplir des lignes, d’ajouter des chiffres. Ses mains savaient encore faire. Elles n’avaient besoin de personne.
C’était peut-être cela, la vraie fatigue :
ne plus être nécessaire à ses propres gestes.
⸻
À midi, elle sortit acheter quelque chose à manger. La lumière avait changé ; elle était plus blanche, plus dure. La file d’attente s’étirait devant le comptoir d’une petite boulangerie. Des corps serrés, odeur de pain encore chaud, de papier, de jeans, de parfum bon marché.
Elle entra dans la file.
Une femme devant elle parlait au téléphone d’une voix trop forte. Un adolescent derrière elle faisait glisser son doigt sur l’écran de son téléphone, hypnotisé par des images qui défilaient trop vite. Une poussette tentait de se frayer un passage. Des “pardon” se superposaient à des “oui, je te dis que je viens”.
Tout cela formait une sorte de brouillard sonore.
Elle, au milieu, se sentait étonnamment nette.
Nettes, ses mains croisées devant elle.
Nettes, ses chaussures.
Nettes, les contours de son manteau.
C’était comme si son corps était présent avec une précision insupportable, alors que son existence intérieure restait floue, en retard, absente.
— Suivante !
Elle fit un pas.
Elle dut choisir.
Elle dit le nom d’une chose sur l’ardoise, posa une pièce, prit un sac en papier. Elle sortit sans avoir vraiment conscience de ce qu’elle avait acheté. Plus tard seulement, assise à son bureau, en ouvrant le sac, elle découvrit le contenu : un sandwich trop sec, une pâtisserie un peu écrasée.
Elle ne se souvenait pas avoir eu envie de ça.
Elle l’avait choisi avec ses mains, pas avec son appétit.
Le décollement
Elle s’éveilla sans savoir si elle sortait vraiment du sommeil.
Ce fut d’abord une sensation de poids : son corps sur le matelas, la couverture sur ses jambes, l’air tiède de la chambre. Rien d’anormal. Rien de spectaculaire. Juste ce contact familier avec les choses, comme chaque matin.
Et pourtant.
Il manquait quelque chose.
Pas quelque chose de visible.
Pas un objet, pas un bruit, pas une personne.
Autre chose.
Elle resta allongée, les yeux ouverts sur le plafond, en essayant de comprendre ce qui n’allait pas, mais il n’y avait pas de “problème” à attraper. L’heure affichée sur le réveil était la même que d’habitude. Le jour avait la même couleur gris pâle derrière les rideaux. La fatigue était raisonnable, presque correcte.
C’était elle qui n’était pas à sa place.
Ou plutôt : c’était comme si le point où elle aurait dû se trouver, à l’intérieur d’elle-même, était légèrement décalé.
Elle eut l’image d’une assiette qui glisse très lentement vers le bord de la table, sans bruit, sans heurt, et elle sut que quelque chose en elle avait commencé ce mouvement-là depuis longtemps. Elle se rendait compte seulement maintenant que le bord était atteint.
Elle se leva.
Ses pieds touchèrent le parquet. Le bois était froid, rugueux, prêt à l’accueillir comme chaque matin. Elle avança jusqu’à la fenêtre, tira le rideau.
La ville se tenait là, tranquille, grise, empilée. Des façades sans histoire. Des trottoirs déjà humides. Une voiture qui passait lentement, phares encore allumés.
Tout semblait aligné.
Rien ne s’effondrait.
Mais elle, en regardant ce tableau, avait l’impression d’être restée en arrière.
Comme si le monde avait pris un léger pas de côté, sans l’avertir.
⸻
Elle alla dans la salle de bain. Le geste d’allumer la lumière fut précis, appris, ancien. L’interrupteur céda sous le doigt, le néon vibra avant de se stabiliser dans un halo blanc.
Elle leva les yeux vers le miroir.
Un visage.
Le sien. Apparemment.
Pas marqué. Pas détruit. Pas abîmé.
Juste… posé là.
Elle se regarda longuement, dans le silence, jusqu’à ce que la reconnaissance commence à se fissurer. C’était comme si elle observait une inconnue qui lui ressemblait beaucoup – assez pour qu’on s’y trompe – mais qui n’était pas réellement elle.
Les gestes venaient pourtant. Elle mouilla sa brosse à dents. Elle se pencha, cracha, se rinça la bouche. Tout coulait, tout suivait une sorte de script. Il n’y avait pas de résistance.
C’était justement ça, le problème.
Elle ne sentait nulle part le point d’où tout cela partait.
Aucun centre.
Aucun “moi” net qui décide, qui habite, qui tient.
Les actions continuaient d’elles-mêmes, comme un vêtement qui garde un instant la forme du corps après qu’on l’a enlevé.
Elle posa les mains de part et d’autre du lavabo, abaissa à nouveau les yeux. Elle aurait voulu, d’une manière qu’elle ne savait pas formuler, se ressaisir, se rejoindre, rentrer en elle comme on rentre chez soi.
Rien ne venait.
Elle avait la sensation étrange d’être là “en retard”. Comme si sa présence intérieure n’avait pas encore rejoint son corps, comme si un morceau d’elle-même était resté coincé quelque part, sur la route, dans un tunnel invisible, et qu’elle devait faire semblant en attendant son arrivée.
⸻
Elle s’habilla sans réfléchir aux vêtements. Ses mains prirent les tissus, les enfilèrent, les ajustèrent. Elle regarda vaguement l’heure, prit son sac, vérifia par automatisme la présence des clés, du téléphone, du portefeuille.
C’était ça, le plus dérangeant :
tout fonctionnait.
Elle ouvrit la porte, descendit l’escalier. Les marches défilaient sous ses pieds, l’une après l’autre, comme dans ces rêves où l’on marche longtemps sans jamais sentir son propre poids. Elle salua vaguement une voisine qu’elle croisa, un signe de tête, un sourire léger, ce qu’il faut pour ne pas être remarqué.
La porte de l’immeuble se referma derrière elle avec le bruit sourd habituel.
Dehors, l’air était frais, humide. Elle inspira. L’air entra dans ses poumons, en ressortit. Le mécanisme était intact. Elle aurait voulu que quelque chose coince, que le souffle reste bloqué, qu’un détail cloche franchement.
Mais non.
Tout allait “bien”.
Elle se mit à marcher.
⸻
Les rues de ce matin-là ne disaient rien de particulier. Les mêmes vitrines encore fermées. Les mêmes panneaux. Les mêmes arbres plantés en ligne le long de la chaussée, avec leur feuillage essoufflé. Quelques visages pressés, des silhouettes refermées dans leurs manteaux, chacun portant devant lui son petit fragment d’urgence.
Elle les regarda comme si elle les voyait depuis derrière une vitre épaisse. Elle voyait les mouvements, les gestes, les expressions. Mais il n’y avait pas ce lien invisible, ce fil de connivence qui relie, même sans y penser, un être humain à un autre.
Elle se surprit à envier la façon dont certains marchaient.
Cet homme qui avançait vite, sac sur l’épaule, déjà au téléphone, le corps lancé comme une flèche dans sa journée. Cette femme qui tenait un enfant par la main, le tirant légèrement vers l’avant, avec ce mélange de fatigue et de détermination banale. Même le vieil homme qui traînait un chariot à roulettes semblait plus inscrit qu’elle dans la réalité.
Eux paraissaient habiter leurs gestes.
Elle, non.
Elle avait l’impression d’emprunter sa propre démarche, de marcher dans ses propres pas comme on marcherait dans les chaussures de quelqu’un d’autre.
Au coin d’une rue, un chien s’immobilisa soudain. Il ne s’était pas intéressé à elle en la voyant arriver. Il avait flairé un poteau, suivi une odeur, occupé à ses préoccupations de chien. Mais au moment précis où elle passa, il se figea.
Il leva la tête vers elle, oreilles dressées.
Le regard du chien la traversa.
Il ne la reconnaissait pas – ce n’était pas ça – mais il y avait, dans cette seconde suspendue, une sorte d’hésitation, comme si quelque chose en lui avait perçu une dissonance. Puis son maître tira sur la laisse, le chien détourna la tête et la scène se dissipa, sans conséquence apparente.
Elle continua de marcher.
Pourtant, ce regard resta en elle, planté comme une petite épingle.
⸻
Le bâtiment où elle travaillait se confondait avec les autres : façade terne, vitres à demi opaques, entrée sans surprise. Dedans, des couloirs, des portes, des bureaux. Des tables. Des écrans. Des chaises. Des gens.
Elle y passa la journée.
On lui adressa quelques paroles, auxquelles elle répondit comme il faut. Elle hocha la tête au bon moment. Elle sourit quand on lui fit une remarque légère. Elle fit ce qu’on attendait d’elle, ni plus ni moins.
Elle savait utiliser un clavier, un stylo, une souris. Elle savait envoyer ce qui devait être envoyé, vérifier ce qui devait être vérifié. Sur le papier, elle tenait sa place.
Mais du dedans, elle avait l’impression de regarder une autre manipuler tout cela à sa place.
À un moment, quelqu’un lui dit :
— Tu as l’air fatiguée, aujourd’hui.
Elle releva les yeux. Le collègue – ou la collègue, peu importait – se tenait là, taz de dossiers à la main, sourire poli, bienveillant sans insister.
— Non, ça va, répondit-elle.
Elle entendit sa propre voix.
Elle aurait voulu la retenir, la rattraper, lui demander de s’arrêter, de reformuler, de dire autre chose. Mais la phrase était partie, déjà intégrée au flux banal des échanges. Le collègue hocha la tête, satisfait, et s’éloigna.
C’était ça, le plus étrange :
tout pouvait continuer comme si de rien n’était.
Personne ne voyait que quelque chose en elle avait décroché.
Elle aurait pu, à ce moment-là, se lever, dire “je ne me sens plus entière”, ou “j’ai perdu quelque chose à l’intérieur”, ou “je ne sais plus où je suis en moi” – mais ces phrases n’auraient pas eu de destinataire. Elles auraient flotté dans l’air, incompréhensibles, gênantes, déplacées, comme une erreur de ton un soir de repas.
Alors elle se tut.
Elle continua de cocher des cases, de remplir des lignes, d’ajouter des chiffres. Ses mains savaient encore faire. Elles n’avaient besoin de personne.
C’était peut-être cela, la vraie fatigue :
ne plus être nécessaire à ses propres gestes.
⸻
À midi, elle sortit acheter quelque chose à manger. La lumière avait changé ; elle était plus blanche, plus dure. La file d’attente s’étirait devant le comptoir d’une petite boulangerie. Des corps serrés, odeur de pain encore chaud, de papier, de jeans, de parfum bon marché.
Elle entra dans la file.
Une femme devant elle parlait au téléphone d’une voix trop forte. Un adolescent derrière elle faisait glisser son doigt sur l’écran de son téléphone, hypnotisé par des images qui défilaient trop vite. Une poussette tentait de se frayer un passage. Des “pardon” se superposaient à des “oui, je te dis que je viens”.
Tout cela formait une sorte de brouillard sonore.
Elle, au milieu, se sentait étonnamment nette.
Nettes, ses mains croisées devant elle.
Nettes, ses chaussures.
Nettes, les contours de son manteau.
C’était comme si son corps était présent avec une précision insupportable, alors que son existence intérieure restait floue, en retard, absente.
— Suivante !
Elle fit un pas.
Elle dut choisir.
Elle dit le nom d’une chose sur l’ardoise, posa une pièce, prit un sac en papier. Elle sortit sans avoir vraiment conscience de ce qu’elle avait acheté. Plus tard seulement, assise à son bureau, en ouvrant le sac, elle découvrit le contenu : un sandwich trop sec, une pâtisserie un peu écrasée.
Elle ne se souvenait pas avoir eu envie de ça.
Elle l’avait choisi avec ses mains, pas avec son appétit.
il y a 4 jours
L’aprèso-midi passa comme une eau sans relief. Les heures se suivirent sans se distinguer. Elle aurait été bien en peine de dire ce qu’elle avait fait précisément. Pourtant, si on avait vérifié, tout aurait été là : les mails envoyés, les tâches accomplies, les petites choses guidées jusqu’à leur fin.
Rien ne manquait.
C’était elle qui manquait, coincée quelque part en marge.
Par moment, une fatigue légère montait, pas dans son corps, mais dans sa capacité à supporter sa propre absence. Elle aurait voulu se surprendre à exister pleinement, ne serait-ce qu’une seconde – un geste vraiment à elle, une pensée vive, une émotion claire. Quelque chose qui tranche. Qui dise : “là, c’est moi”.
Rien.
Juste ce glissement continu, cette circulation froide, cette manière d’être au monde comme on serait dans le couloir d’un hôpital, debout, à attendre un nom qui ne vient pas.
⸻
Le soir, elle prit le chemin du retour. La ville avait changé de visage une deuxième fois. Le gris du matin s’était mué en une sorte de bleu sale, à mi-chemin entre le jour et la nuit. Les voitures allumaient leurs phares une à une, créant un double flux de lumière et de métal.
Elle marcha le long des façades, guidée par l’habitude. Ses pieds connaissaient le nombre de pas entre le travail et chez elle. Elle aurait pu fermer les yeux et se laisser porter. Peut-être aurait-elle même atteint son immeuble sans se tromper.
Au bout d’une rue, un enfant la regardait. Il tenait une trottinette d’une main, l’autre main dans la poche. Son père parlait à côté, absorbé, les yeux rivés sur l’écran de son téléphone. L’enfant ne semblait pas l’écouter. Il la fixait, elle.
Ce n’était pas un regard hostile, ni curieux, ni admiratif.
Un regard nu.
Ils se croisèrent.
L’enfant ne sourit pas.
Il ne détourna pas les yeux non plus.
Il la suivit du regard jusqu’à ce qu’elle dépasse, puis elle ne le vit plus. Elle sentit seulement, une seconde encore, la pesée de ce regard sur sa nuque, comme si quelque chose en lui venait de notariser sa présence – ou son absence –, sans savoir quoi en faire.
Elle accéléra imperceptiblement le pas.
⸻
Chez elle, l’appartement l’accueillit avec ce silence optimisé qu’ont les lieux où l’on vit seul depuis un certain temps. Rien ne traînait. Les objets étaient à leur place. Le canapé, la table basse, la chaise à côté de la fenêtre, une lampe, quelques livres, une tasse posée sur un dessous-de-verre.
Tout était en ordre.
C’était presque une mise en scène.
Elle posa son sac, retira ses chaussures, accrocha son manteau. Elle se déplaçait dans cet espace avec la précision d’une personne qui a répété les mêmes gestes des centaines de fois. Elle alluma une lumière, puis une autre. La pièce se réchauffa légèrement.
Elle resta debout au milieu du salon, sans savoir quoi faire ensuite.
C’était un moment sans programme.
Un moment où, normalement, le centre se remet en marche : on sent la fatigue, on sent la faim, on choisit une distraction, on se tourne vers quelque chose qui promet un peu de repos.
Là, rien.
Elle aurait pu allumer la télévision, ouvrir un livre, lancer de la musique, préparer à manger. Toutes ces possibilités flottaient à portée de main, comme des objets suspendus dans une eau claire. Mais aucune ne l’appelait.
Elle finit par s’asseoir.
Sur le canapé.
Droite.
Les mains posées sur les cuisses.
Ce fut alors qu’elle le formula pour la première fois, sans l’avoir vraiment cherché :
Je crois que quelque chose s’est décroché sans que je m’en rende compte.
La pensée se posa, nette, au milieu d’elle. Elle ne résolvait rien. Elle constatait. C’était comme dire : “Il pleut”, en voyant le ciel se fendre. Pas une conclusion. Une évidence.
Elle sentit, en la pensant, une légère bascule, comme si reconnaître la fissure l’élargissait un peu.
Ce n’était pas arrivé d’un coup.
Elle le savait.
C’était venu lentement, comme un vêtement qui glisse des épaules, imperceptiblement, jusqu’à toucher le sol. Elle n’avait pas su quand elle avait cessé d’être entière. Elle s’était simplement retrouvée là, dans cet état suspendu, comme si elle avait raté la dernière marche en descendant un escalier.
Elle se demanda vaguement si les autres vivaient la même chose.
Ceux qu’elle avait croisés ce matin, dans la rue, au travail, à la boulangerie. Ceux qui riaient dans le bus, ceux qui se disputaient au téléphone, ceux qui mangeaient en parlant d’autre chose. Peut-être que, sous la surface, beaucoup avaient perdu leur centre. Peut-être qu’ils tenaient par d’autres fils.
Mais elle n’y croyait pas vraiment.
Elle avait ce sentiment précis, désagréable, que chez les autres, quelque chose continuait à circuler : une évidence, une adhésion, un mouvement de fond. Chez elle, non. Tout ressemblait à la vie, mais la vie n’y était plus entièrement.
Elle resta ainsi longtemps, assise sans bouger, à écouter le bruit léger du réfrigérateur, le chuchotement de l’immeuble, une voiture très lointaine.
La nuit vint se coller aux vitres.
À l’intérieur, une autre nuit, propre, ordonnée, silencieuse, s’était déjà installée.
Ce n’était pas une nuit qui faisait mal.
C’était pire, peut-être : une nuit qui occupait tout.
Elle finit par se lever, par accomplir quelques gestes arbitraires – faire réchauffer quelque chose, manger sans vraiment goûter, ranger la vaisselle, passer la main sur la table comme pour effacer la journée.
Quand elle se coucha, plus tard, elle eut l’impression étrange de s’allonger dans un corps qui n’était pas tout à fait le sien.
Elle regarda le plafond encore un moment, dans l’obscurité.
Elle chercha en elle ce point d’où tout repart, ce noyau tellement profond qu’il ne cède jamais, même sous le poids des jours.
Elle ne le trouva pas.
À la place, elle sentit seulement un fil très fin, quelque part, tendu entre elle et… rien qu’elle sache nommer. Un fil fragile, mais étonnamment tenace, comme ces toiles d’araignée qu’on croit avoir balayées et qui reviennent.
Elle s’endormit en pensant, sans savoir à qui elle s’adressait :
Si quelque chose, quelque part, me tient encore, qu’il ne lâche pas.
Puis tout se dissout dans le noir.
Le lendemain serait, en apparence, le même.
Mais quelque chose, ce jour-là, avait été nommé.
La fissure avait cessé d’être un bruit sourd :
elle devenait une ligne.
Rien ne manquait.
C’était elle qui manquait, coincée quelque part en marge.
Par moment, une fatigue légère montait, pas dans son corps, mais dans sa capacité à supporter sa propre absence. Elle aurait voulu se surprendre à exister pleinement, ne serait-ce qu’une seconde – un geste vraiment à elle, une pensée vive, une émotion claire. Quelque chose qui tranche. Qui dise : “là, c’est moi”.
Rien.
Juste ce glissement continu, cette circulation froide, cette manière d’être au monde comme on serait dans le couloir d’un hôpital, debout, à attendre un nom qui ne vient pas.
⸻
Le soir, elle prit le chemin du retour. La ville avait changé de visage une deuxième fois. Le gris du matin s’était mué en une sorte de bleu sale, à mi-chemin entre le jour et la nuit. Les voitures allumaient leurs phares une à une, créant un double flux de lumière et de métal.
Elle marcha le long des façades, guidée par l’habitude. Ses pieds connaissaient le nombre de pas entre le travail et chez elle. Elle aurait pu fermer les yeux et se laisser porter. Peut-être aurait-elle même atteint son immeuble sans se tromper.
Au bout d’une rue, un enfant la regardait. Il tenait une trottinette d’une main, l’autre main dans la poche. Son père parlait à côté, absorbé, les yeux rivés sur l’écran de son téléphone. L’enfant ne semblait pas l’écouter. Il la fixait, elle.
Ce n’était pas un regard hostile, ni curieux, ni admiratif.
Un regard nu.
Ils se croisèrent.
L’enfant ne sourit pas.
Il ne détourna pas les yeux non plus.
Il la suivit du regard jusqu’à ce qu’elle dépasse, puis elle ne le vit plus. Elle sentit seulement, une seconde encore, la pesée de ce regard sur sa nuque, comme si quelque chose en lui venait de notariser sa présence – ou son absence –, sans savoir quoi en faire.
Elle accéléra imperceptiblement le pas.
⸻
Chez elle, l’appartement l’accueillit avec ce silence optimisé qu’ont les lieux où l’on vit seul depuis un certain temps. Rien ne traînait. Les objets étaient à leur place. Le canapé, la table basse, la chaise à côté de la fenêtre, une lampe, quelques livres, une tasse posée sur un dessous-de-verre.
Tout était en ordre.
C’était presque une mise en scène.
Elle posa son sac, retira ses chaussures, accrocha son manteau. Elle se déplaçait dans cet espace avec la précision d’une personne qui a répété les mêmes gestes des centaines de fois. Elle alluma une lumière, puis une autre. La pièce se réchauffa légèrement.
Elle resta debout au milieu du salon, sans savoir quoi faire ensuite.
C’était un moment sans programme.
Un moment où, normalement, le centre se remet en marche : on sent la fatigue, on sent la faim, on choisit une distraction, on se tourne vers quelque chose qui promet un peu de repos.
Là, rien.
Elle aurait pu allumer la télévision, ouvrir un livre, lancer de la musique, préparer à manger. Toutes ces possibilités flottaient à portée de main, comme des objets suspendus dans une eau claire. Mais aucune ne l’appelait.
Elle finit par s’asseoir.
Sur le canapé.
Droite.
Les mains posées sur les cuisses.
Ce fut alors qu’elle le formula pour la première fois, sans l’avoir vraiment cherché :
Je crois que quelque chose s’est décroché sans que je m’en rende compte.
La pensée se posa, nette, au milieu d’elle. Elle ne résolvait rien. Elle constatait. C’était comme dire : “Il pleut”, en voyant le ciel se fendre. Pas une conclusion. Une évidence.
Elle sentit, en la pensant, une légère bascule, comme si reconnaître la fissure l’élargissait un peu.
Ce n’était pas arrivé d’un coup.
Elle le savait.
C’était venu lentement, comme un vêtement qui glisse des épaules, imperceptiblement, jusqu’à toucher le sol. Elle n’avait pas su quand elle avait cessé d’être entière. Elle s’était simplement retrouvée là, dans cet état suspendu, comme si elle avait raté la dernière marche en descendant un escalier.
Elle se demanda vaguement si les autres vivaient la même chose.
Ceux qu’elle avait croisés ce matin, dans la rue, au travail, à la boulangerie. Ceux qui riaient dans le bus, ceux qui se disputaient au téléphone, ceux qui mangeaient en parlant d’autre chose. Peut-être que, sous la surface, beaucoup avaient perdu leur centre. Peut-être qu’ils tenaient par d’autres fils.
Mais elle n’y croyait pas vraiment.
Elle avait ce sentiment précis, désagréable, que chez les autres, quelque chose continuait à circuler : une évidence, une adhésion, un mouvement de fond. Chez elle, non. Tout ressemblait à la vie, mais la vie n’y était plus entièrement.
Elle resta ainsi longtemps, assise sans bouger, à écouter le bruit léger du réfrigérateur, le chuchotement de l’immeuble, une voiture très lointaine.
La nuit vint se coller aux vitres.
À l’intérieur, une autre nuit, propre, ordonnée, silencieuse, s’était déjà installée.
Ce n’était pas une nuit qui faisait mal.
C’était pire, peut-être : une nuit qui occupait tout.
Elle finit par se lever, par accomplir quelques gestes arbitraires – faire réchauffer quelque chose, manger sans vraiment goûter, ranger la vaisselle, passer la main sur la table comme pour effacer la journée.
Quand elle se coucha, plus tard, elle eut l’impression étrange de s’allonger dans un corps qui n’était pas tout à fait le sien.
Elle regarda le plafond encore un moment, dans l’obscurité.
Elle chercha en elle ce point d’où tout repart, ce noyau tellement profond qu’il ne cède jamais, même sous le poids des jours.
Elle ne le trouva pas.
À la place, elle sentit seulement un fil très fin, quelque part, tendu entre elle et… rien qu’elle sache nommer. Un fil fragile, mais étonnamment tenace, comme ces toiles d’araignée qu’on croit avoir balayées et qui reviennent.
Elle s’endormit en pensant, sans savoir à qui elle s’adressait :
Si quelque chose, quelque part, me tient encore, qu’il ne lâche pas.
Puis tout se dissout dans le noir.
Le lendemain serait, en apparence, le même.
Mais quelque chose, ce jour-là, avait été nommé.
La fissure avait cessé d’être un bruit sourd :
elle devenait une ligne.
il y a 4 jours
Albinus
4j
J’attends vos observations y compris si vous trouvez ça merdique
La lumière entrait par les persiennes comme un filet d’eau, lente et régulière.
Elle découpait la poussière en petites constellations qui pulsaient au rythme de rien, suspendues dans l’air comme si le temps hésitait à les laisser tomber.
Le vieil homme se tenait assis au bord du lit, le dos droit, les mains posées sur ses genoux. Autour de lui, la chambre avait l’air d’une horloge arrêtée : les meubles immobiles, les draps tirés, l’air trop immobile pour être vivant.
Sur la table, il y avait une boîte en bois clair, ouverte comme une bouche discrète.
À l’intérieur, une collection d’aiguilles, toutes d’épaisseurs différentes, fines comme des éclats de silence. Il les rangeait depuis des décennies, sans que personne ne sache vraiment pourquoi.
On disait qu’il raccommodait le monde, qu’il recousait ce que la vie décousait.
Lui ne disait rien.
Il prit l’une des aiguilles, la plus courte, celle qui brillait à peine.
Il la tint entre le pouce et l’index, comme on tient une promesse fragile.
Le matin avançait.
Dans un coin de la pièce, une horloge battait trop lentement, comme si elle suivait son souffle fatigué.
Il murmura quelque chose, un mot presque inaudible.
Alors il commença.
Pas un geste, pas une couture : quelque chose d’autre.
On aurait dit qu’il dessinait dans l’air, qu’il traçait une ligne invisible du bout de l’aiguille.
Et l’espace, autour de lui, vibra légèrement.
Ce n’était pas de la magie.
Ce n’était pas un miracle.
C’était autre chose : la tentative désespérée d’un homme de retenir ce qui lui échappait.
De raccommoder les secondes qui fuyaient.
De maintenir le monde assemblé juste un instant de plus.
L’aiguille trembla.
Il inspira profondément, comme s’il aspirait le jour entier.
Puis il posa l’aiguille sur la table, doucement, comme si elle pouvait se briser.
Dehors, un oiseau chanta un cri bref, un cri aigu, trop aigu.
Et le vieil homme sourit pour la première fois depuis longtemps, comme si la couture avait tenu.
Même si personne ne verrait jamais ce qu’il avait réparé.
La lumière entrait par les persiennes comme un filet d’eau, lente et régulière.
Elle découpait la poussière en petites constellations qui pulsaient au rythme de rien, suspendues dans l’air comme si le temps hésitait à les laisser tomber.
Le vieil homme se tenait assis au bord du lit, le dos droit, les mains posées sur ses genoux. Autour de lui, la chambre avait l’air d’une horloge arrêtée : les meubles immobiles, les draps tirés, l’air trop immobile pour être vivant.
Sur la table, il y avait une boîte en bois clair, ouverte comme une bouche discrète.
À l’intérieur, une collection d’aiguilles, toutes d’épaisseurs différentes, fines comme des éclats de silence. Il les rangeait depuis des décennies, sans que personne ne sache vraiment pourquoi.
On disait qu’il raccommodait le monde, qu’il recousait ce que la vie décousait.
Lui ne disait rien.
Il prit l’une des aiguilles, la plus courte, celle qui brillait à peine.
Il la tint entre le pouce et l’index, comme on tient une promesse fragile.
Le matin avançait.
Dans un coin de la pièce, une horloge battait trop lentement, comme si elle suivait son souffle fatigué.
Il murmura quelque chose, un mot presque inaudible.
Alors il commença.
Pas un geste, pas une couture : quelque chose d’autre.
On aurait dit qu’il dessinait dans l’air, qu’il traçait une ligne invisible du bout de l’aiguille.
Et l’espace, autour de lui, vibra légèrement.
Ce n’était pas de la magie.
Ce n’était pas un miracle.
C’était autre chose : la tentative désespérée d’un homme de retenir ce qui lui échappait.
De raccommoder les secondes qui fuyaient.
De maintenir le monde assemblé juste un instant de plus.
L’aiguille trembla.
Il inspira profondément, comme s’il aspirait le jour entier.
Puis il posa l’aiguille sur la table, doucement, comme si elle pouvait se briser.
Dehors, un oiseau chanta un cri bref, un cri aigu, trop aigu.
Et le vieil homme sourit pour la première fois depuis longtemps, comme si la couture avait tenu.
Même si personne ne verrait jamais ce qu’il avait réparé.
C'est très bien écrit
Mais c'est chiant
Tu as pas u autre extrait ?
Mais c'est chiant
Tu as pas u autre extrait ?
Ave moi
il y a 4 jours
C'est très bien écrit
Mais c'est chiant
Tu as pas u autre extrait ?
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Je viens de poster le chapitre 1 complet
il y a 4 jours
Je viens de poster le chapitre 1 complet
J'ai pas tout lu
Tu décris bien l action de tes personnages
Mais je comprends pourquoi il ont pas de prénom pourquoi tu les décris pas physiquement et un peu plus d'écrit sur leur ressenti ?
Après je juge pas
c'est bien même je trouve
Tu décris bien l action de tes personnages
Mais je comprends pourquoi il ont pas de prénom pourquoi tu les décris pas physiquement et un peu plus d'écrit sur leur ressenti ?
Après je juge pas
c'est bien même je trouve
Ave moi
il y a 4 jours
J'ai pas tout lu
Tu décris bien l action de tes personnages
Mais je comprends pourquoi il ont pas de prénom pourquoi tu les décris pas physiquement et un peu plus d'écrit sur leur ressenti ?
Après je juge pas
c'est bien même je trouve
Tu décris bien l action de tes personnages
Mais je comprends pourquoi il ont pas de prénom pourquoi tu les décris pas physiquement et un peu plus d'écrit sur leur ressenti ?
Après je juge pas
c'est bien même je trouve
J’ai des monologues et l’absence de description physique est volontaire, j’ai pas envie d’écrire une histoire feel good, comme on a en permanence aujourd’hui dans la littérature française
Exemple de monologue:
Je crois que quelque chose en moi s’est décroché sans que je m’en rende compte.
Ce n’est pas arrivé d’un coup.
C’est venu lentement, comme un vêtement qui glisse des épaules, imperceptiblement, jusqu’à toucher le sol.
Je n’ai même pas su quand j’ai cessé d’être entière.
Je me suis simplement retrouvée là, dans cet état suspendu, comme si j’avais raté la dernière marche.
Les autres parlent, rient, respirent, mais je ne sais plus comment ils font.
Ils ont ce mouvement naturel, cette évidence…
Moi j’avance comme si j’avais des pas d’emprunt.
Je regarde mes mains et j’ai l’impression qu’elles appartiennent à quelqu’un d’autre, quelqu’un que j’ai perdu sur le chemin et qui ne reviendra pas me les réclamer.
Je sais ce que les gens verraient en me regardant :
un visage normal, pas de blessure visible, rien de spectaculaire.
C’est presque ironique.
La surface est intacte.
C’est l’intérieur qui s’est effacé.
Je me demande quand ça a basculé, réellement basculé.
Pas un grand événement, non ça, on le saurait.
C’est plutôt la somme de petites fissures.
Une phrase prononcée trop vite, un silence mal placé, un sourire qu’on a attendu et qui n’est jamais venu.
Rien qui casse une vie, mais tout ce qui érode une âme.
Certains disent qu’on peut trouver refuge dans ses souvenirs.
Mais les miens ne s’ouvrent plus.
Ils sont devenus opaques, comme des fenêtres peintes de l’intérieur.
Je les touche et ils ne donnent sur rien.
Juste sur un vertige gris, sans contours.
Je cherche parfois un endroit qui me reconnaîtrait.
Une pièce, une rue, un arbre, n’importe quoi.
Un signe qu’il reste quelque chose de moi quelque part.
Mais même mon nom commence à sonner faux dans ma tête.
Comme si c’était un mot que je répète trop souvent, et qu’il s’est vidé de lui-même.
Je ne suis pas triste.
Je n’ai même pas la force d’être triste.
C’est autre choseune sorte de nuit intérieure qui ne fait pas mal, mais qui occupe tout.
Une nuit propre, ordonnée, silencieuse.
Une nuit polie, presque civilisée, qui ne dit rien mais qui prend tout.
Je sais que je tiens encore debout par un fil.
Je le sens, ce fil.
Il est fin, très fin.
Parfois j’ai peur qu’un simple souffle le rompe.
D’autres fois je me dis qu’il est peut-être plus solide que moi.
Je n’ai pas envie de disparaître.
Ce n’est pas ça.
J’ai juste… envie de me souvenir de ce que c’est que d’exister pleinement.
De sentir un mouvement, un élan, une présence, n’importe quoi qui vienne de l’intérieur.
Je voudrais retrouver ce point minuscule où quelque chose recommence.
Même si ce n’est qu’un murmure.
Même si ce n’est qu’un scintillement faible comme un souffle, au fond du noir.
Je ne sais pas si ça reviendra.
Mais je sais ceci :
si je m’accroche, ce n’est pas à une personne, ni à un lieu, ni à une promesse.
C’est à cette idée qu’au bout de la nuit, même la plus dense, il reste toujours un point de lumière qui refuse de mourir.
Et tant que je peux imaginer ce point, même minuscule, alors je ne suis pas totalement perdue.
Exemple de monologue:
Je crois que quelque chose en moi s’est décroché sans que je m’en rende compte.
Ce n’est pas arrivé d’un coup.
C’est venu lentement, comme un vêtement qui glisse des épaules, imperceptiblement, jusqu’à toucher le sol.
Je n’ai même pas su quand j’ai cessé d’être entière.
Je me suis simplement retrouvée là, dans cet état suspendu, comme si j’avais raté la dernière marche.
Les autres parlent, rient, respirent, mais je ne sais plus comment ils font.
Ils ont ce mouvement naturel, cette évidence…
Moi j’avance comme si j’avais des pas d’emprunt.
Je regarde mes mains et j’ai l’impression qu’elles appartiennent à quelqu’un d’autre, quelqu’un que j’ai perdu sur le chemin et qui ne reviendra pas me les réclamer.
Je sais ce que les gens verraient en me regardant :
un visage normal, pas de blessure visible, rien de spectaculaire.
C’est presque ironique.
La surface est intacte.
C’est l’intérieur qui s’est effacé.
Je me demande quand ça a basculé, réellement basculé.
Pas un grand événement, non ça, on le saurait.
C’est plutôt la somme de petites fissures.
Une phrase prononcée trop vite, un silence mal placé, un sourire qu’on a attendu et qui n’est jamais venu.
Rien qui casse une vie, mais tout ce qui érode une âme.
Certains disent qu’on peut trouver refuge dans ses souvenirs.
Mais les miens ne s’ouvrent plus.
Ils sont devenus opaques, comme des fenêtres peintes de l’intérieur.
Je les touche et ils ne donnent sur rien.
Juste sur un vertige gris, sans contours.
Je cherche parfois un endroit qui me reconnaîtrait.
Une pièce, une rue, un arbre, n’importe quoi.
Un signe qu’il reste quelque chose de moi quelque part.
Mais même mon nom commence à sonner faux dans ma tête.
Comme si c’était un mot que je répète trop souvent, et qu’il s’est vidé de lui-même.
Je ne suis pas triste.
Je n’ai même pas la force d’être triste.
C’est autre choseune sorte de nuit intérieure qui ne fait pas mal, mais qui occupe tout.
Une nuit propre, ordonnée, silencieuse.
Une nuit polie, presque civilisée, qui ne dit rien mais qui prend tout.
Je sais que je tiens encore debout par un fil.
Je le sens, ce fil.
Il est fin, très fin.
Parfois j’ai peur qu’un simple souffle le rompe.
D’autres fois je me dis qu’il est peut-être plus solide que moi.
Je n’ai pas envie de disparaître.
Ce n’est pas ça.
J’ai juste… envie de me souvenir de ce que c’est que d’exister pleinement.
De sentir un mouvement, un élan, une présence, n’importe quoi qui vienne de l’intérieur.
Je voudrais retrouver ce point minuscule où quelque chose recommence.
Même si ce n’est qu’un murmure.
Même si ce n’est qu’un scintillement faible comme un souffle, au fond du noir.
Je ne sais pas si ça reviendra.
Mais je sais ceci :
si je m’accroche, ce n’est pas à une personne, ni à un lieu, ni à une promesse.
C’est à cette idée qu’au bout de la nuit, même la plus dense, il reste toujours un point de lumière qui refuse de mourir.
Et tant que je peux imaginer ce point, même minuscule, alors je ne suis pas totalement perdue.
il y a 4 jours
J’ai des monologues et l’absence de description physique est volontaire, j’ai pas envie d’écrire une histoire feel good, comme on a en permanence aujourd’hui dans la littérature française
Exemple de monologue:
Je crois que quelque chose en moi s’est décroché sans que je m’en rende compte.
Ce n’est pas arrivé d’un coup.
C’est venu lentement, comme un vêtement qui glisse des épaules, imperceptiblement, jusqu’à toucher le sol.
Je n’ai même pas su quand j’ai cessé d’être entière.
Je me suis simplement retrouvée là, dans cet état suspendu, comme si j’avais raté la dernière marche.
Les autres parlent, rient, respirent, mais je ne sais plus comment ils font.
Ils ont ce mouvement naturel, cette évidence…
Moi j’avance comme si j’avais des pas d’emprunt.
Je regarde mes mains et j’ai l’impression qu’elles appartiennent à quelqu’un d’autre, quelqu’un que j’ai perdu sur le chemin et qui ne reviendra pas me les réclamer.
Je sais ce que les gens verraient en me regardant :
un visage normal, pas de blessure visible, rien de spectaculaire.
C’est presque ironique.
La surface est intacte.
C’est l’intérieur qui s’est effacé.
Je me demande quand ça a basculé, réellement basculé.
Pas un grand événement, non ça, on le saurait.
C’est plutôt la somme de petites fissures.
Une phrase prononcée trop vite, un silence mal placé, un sourire qu’on a attendu et qui n’est jamais venu.
Rien qui casse une vie, mais tout ce qui érode une âme.
Certains disent qu’on peut trouver refuge dans ses souvenirs.
Mais les miens ne s’ouvrent plus.
Ils sont devenus opaques, comme des fenêtres peintes de l’intérieur.
Je les touche et ils ne donnent sur rien.
Juste sur un vertige gris, sans contours.
Je cherche parfois un endroit qui me reconnaîtrait.
Une pièce, une rue, un arbre, n’importe quoi.
Un signe qu’il reste quelque chose de moi quelque part.
Mais même mon nom commence à sonner faux dans ma tête.
Comme si c’était un mot que je répète trop souvent, et qu’il s’est vidé de lui-même.
Je ne suis pas triste.
Je n’ai même pas la force d’être triste.
C’est autre choseune sorte de nuit intérieure qui ne fait pas mal, mais qui occupe tout.
Une nuit propre, ordonnée, silencieuse.
Une nuit polie, presque civilisée, qui ne dit rien mais qui prend tout.
Je sais que je tiens encore debout par un fil.
Je le sens, ce fil.
Il est fin, très fin.
Parfois j’ai peur qu’un simple souffle le rompe.
D’autres fois je me dis qu’il est peut-être plus solide que moi.
Je n’ai pas envie de disparaître.
Ce n’est pas ça.
J’ai juste… envie de me souvenir de ce que c’est que d’exister pleinement.
De sentir un mouvement, un élan, une présence, n’importe quoi qui vienne de l’intérieur.
Je voudrais retrouver ce point minuscule où quelque chose recommence.
Même si ce n’est qu’un murmure.
Même si ce n’est qu’un scintillement faible comme un souffle, au fond du noir.
Je ne sais pas si ça reviendra.
Mais je sais ceci :
si je m’accroche, ce n’est pas à une personne, ni à un lieu, ni à une promesse.
C’est à cette idée qu’au bout de la nuit, même la plus dense, il reste toujours un point de lumière qui refuse de mourir.
Et tant que je peux imaginer ce point, même minuscule, alors je ne suis pas totalement perdue.
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Je n’ai même pas su quand j’ai cessé d’être entière.
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Moi j’avance comme si j’avais des pas d’emprunt.
Je regarde mes mains et j’ai l’impression qu’elles appartiennent à quelqu’un d’autre, quelqu’un que j’ai perdu sur le chemin et qui ne reviendra pas me les réclamer.
Je sais ce que les gens verraient en me regardant :
un visage normal, pas de blessure visible, rien de spectaculaire.
C’est presque ironique.
La surface est intacte.
C’est l’intérieur qui s’est effacé.
Je me demande quand ça a basculé, réellement basculé.
Pas un grand événement, non ça, on le saurait.
C’est plutôt la somme de petites fissures.
Une phrase prononcée trop vite, un silence mal placé, un sourire qu’on a attendu et qui n’est jamais venu.
Rien qui casse une vie, mais tout ce qui érode une âme.
Certains disent qu’on peut trouver refuge dans ses souvenirs.
Mais les miens ne s’ouvrent plus.
Ils sont devenus opaques, comme des fenêtres peintes de l’intérieur.
Je les touche et ils ne donnent sur rien.
Juste sur un vertige gris, sans contours.
Je cherche parfois un endroit qui me reconnaîtrait.
Une pièce, une rue, un arbre, n’importe quoi.
Un signe qu’il reste quelque chose de moi quelque part.
Mais même mon nom commence à sonner faux dans ma tête.
Comme si c’était un mot que je répète trop souvent, et qu’il s’est vidé de lui-même.
Je ne suis pas triste.
Je n’ai même pas la force d’être triste.
C’est autre choseune sorte de nuit intérieure qui ne fait pas mal, mais qui occupe tout.
Une nuit propre, ordonnée, silencieuse.
Une nuit polie, presque civilisée, qui ne dit rien mais qui prend tout.
Je sais que je tiens encore debout par un fil.
Je le sens, ce fil.
Il est fin, très fin.
Parfois j’ai peur qu’un simple souffle le rompe.
D’autres fois je me dis qu’il est peut-être plus solide que moi.
Je n’ai pas envie de disparaître.
Ce n’est pas ça.
J’ai juste… envie de me souvenir de ce que c’est que d’exister pleinement.
De sentir un mouvement, un élan, une présence, n’importe quoi qui vienne de l’intérieur.
Je voudrais retrouver ce point minuscule où quelque chose recommence.
Même si ce n’est qu’un murmure.
Même si ce n’est qu’un scintillement faible comme un souffle, au fond du noir.
Je ne sais pas si ça reviendra.
Mais je sais ceci :
si je m’accroche, ce n’est pas à une personne, ni à un lieu, ni à une promesse.
C’est à cette idée qu’au bout de la nuit, même la plus dense, il reste toujours un point de lumière qui refuse de mourir.
Et tant que je peux imaginer ce point, même minuscule, alors je ne suis pas totalement perdue.
Ok je comprends un peu
Ave moi
il y a 4 jours
Ok je comprends un peu
Je vois les prix Goncourt dernièrement, ça me dégoûte, je peux faire 1000 fois mieux
il y a 4 jours
T’as écrit un roman entier ?
J’ai 8 chapitres pour le moment
Ça va bien me prendre deux ans je pense
Ça va bien me prendre deux ans je pense
il y a 4 jours




















