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La plus belle personne qu'il m'ait été donné de voir, en esprit et en corps, c'était une Australienne qui entamait seulement ce mot barbare (comme tous les mots que nous ont donnés la science vulgaire) de transition de genre.

Je l'ai rencontrée, tous deux en Sorbonne alors que j'organisais péniblement des promenades littéraires : "alors voici où vécut Balzac, et lisons l'extrait", "voici ce fameux pont où Vautrin révéla son stratagème", "et saviez-vous que dans Séraphita, court livre maladroit du génie, le personnage est un ange descendu sur Terre, qui, sous sa forme Séraphitus, séduit à la folie la Comtesse de X, et que, sous sa forme Séraphita, transporte d'émois délicieux le Comte de X, dans ce comté de Norvège, perdu tout au nord, là-haut, recouvert de neige.

Que le père des deux comtes et comtesse est alchimiste et obsédé, comme Balzac l'était par Swedenborg et sa théorie des correspondances du matériel au spirituel, et à la figure de l'androgyne.

Un jour de neige épaisse sous ce château de Norvège, on vint chercher Séraphitus/Séraphita, le comte et la comtesse le virent se transformer en séraphin, effarés, et monter au ciel."

Constance, car l'obscurité de sa situation lui garantit l'anonymat des gens fous d'ici, c'était un de ces androgynes nés.

Moi et lui, pas encore elle, nous sommes liés d'une forte amitié. Je dormais chez lui, et il me préparait cet infâme gruau d'avoine à l'eau que mangent les Anglais de pure souche. Il était Anglais comme moi, mais avait grandi en Australie, en Estonie (dont il apprit la langue impossible), et était là échoué en Sorbonne à dessiner et faire des aquarelles, et lire les Canterbury Tales du XIVe siècle dans le texte — tâche impossible au non-initié. Il me parlait qu'il fallût que je lise Wilfred Owen, un de ces poètes à l'âme d'airain, éclaté dans la boucherie de la Grande Guerre qui a achevé le vieux monde.

Puis, handicapé de douleurs aux poignets, et seuls peut-être dans ces tristes allées haussmanniennes, nostalgique des grands espaces de l'outback australien et de ses parents aimants comme jamais je n'ai vu de parents aimer. Il est repartie en Australie.

Et j'ai vu qu'il s'était marié, en femme, bien sûr, et qu'elle, dorénavant, était resplendissante de sourires et de yeux gênés de joies. Que la dentelle blanche se mariait dans une douceur laiteuse parsemée de ses grains de beauté. Qu'un voile de gaze très transparent magnifiait son sourire extatique. Et autour, j'ai vu sa famille aimante, sans aucun rictus de moquerie, d'une joie pure et muette des agapes réunies dans l'hostilité loin de ce lieu. Il y avait de vieux messieurs, l'air de descendants des plus excentriques des Anglais bannis très loin, aux antipodes, la pipe au bec, souriant des sourires contagieux.
J'ai eu chaud au cœur qu'il existât réellement ce pays fantasmé du Ptolémée et ses successeurs de l'Antipode, où les hommes, les mœurs, les peines mêmes seraient inversés, et d'y avoir assisté par réseau.

Si j'eusse pu y assister, je me serais parée de ma plus belle robe, de mes plus beaux bijoux, et j'aurais été garçon-fille d'honneur de Constance.

Le nom de leur enfant, par ironie suprême, sera Céladon, le héros de L'Astrée, @Lys
il y a 8 jours
C'est une fiction ?
:chat_lunettes:
Je vous aime tous
:love:
Tu ne fais pas exception

il y a 8 jours
C'est une fiction ?
:chat_lunettes:
Tout est vrai
il y a 8 jours
:hatchi_shy:
Maybe I just want to maybe...
il y a 8 jours
Tout est vrai
je lirai demain
Je vous aime tous
:love:
Tu ne fais pas exception

il y a 8 jours
Vous avez pas gardé le contact du coup?
il y a 8 jours
C'est bien torché mais on fatigue des ces histoires de transsexuels.
Certifié tous gaz.
il y a 8 jours
Vous avez pas gardé le contact du coup?
Par insta, il est à Canberra et finit un master pour enseigner
il y a 8 jours
C'est bien torché mais on fatigue des ces histoires de transsexuels.
On est d'accord sur la fatigue, nous tous
il y a 8 jours
Quand j'ai raconté ça à mo, ami intellectuel paradoxalement conservateur mais progressiste sur les mœurs, il m'a dit ne pas aimer le côté "singerie" de copier une cérémonie si ancienne et figée comme le mariage chrétien.

Je lui ai rétorqué sans grande conviction le Chevalier d'Eon, le mariage de Néron avec "Sporus", sa femme/homme en robe de mariée, et moins glorieusement, les affres d'Héliogabale. Tant et tant de rituel d'inversion sexuelle dans les préalables au mariage dans les régions de la Grèce classique aussi, ces belles spartiates en chitons et amures viriles, cheveux rasés, que le prétendant devait retrouver dans les foules des exercices de gymnastiques.
il y a 7 jours
Gpalu + choisi mieux tes amis
:Dubitatif2:
il y a 7 jours
La plus belle personne qu'il m'ait été donné de voir, en esprit et en corps, c'était une Australienne qui entamait seulement ce mot barbare (comme tous les mots que nous ont donnés la science vulgaire) de transition de genre.

Je l'ai rencontrée, tous deux en Sorbonne alors que j'organisais péniblement des promenades littéraires : "alors voici où vécut Balzac, et lisons l'extrait", "voici ce fameux pont où Vautrin révéla son stratagème", "et saviez-vous que dans Séraphita, court livre maladroit du génie, le personnage est un ange descendu sur Terre, qui, sous sa forme Séraphitus, séduit à la folie la Comtesse de X, et que, sous sa forme Séraphita, transporte d'émois délicieux le Comte de X, dans ce comté de Norvège, perdu tout au nord, là-haut, recouvert de neige.

Que le père des deux comtes et comtesse est alchimiste et obsédé, comme Balzac l'était par Swedenborg et sa théorie des correspondances du matériel au spirituel, et à la figure de l'androgyne.

Un jour de neige épaisse sous ce château de Norvège, on vint chercher Séraphitus/Séraphita, le comte et la comtesse le virent se transformer en séraphin, effarés, et monter au ciel."

Constance, car l'obscurité de sa situation lui garantit l'anonymat des gens fous d'ici, c'était un de ces androgynes nés.

Moi et lui, pas encore elle, nous sommes liés d'une forte amitié. Je dormais chez lui, et il me préparait cet infâme gruau d'avoine à l'eau que mangent les Anglais de pure souche. Il était Anglais comme moi, mais avait grandi en Australie, en Estonie (dont il apprit la langue impossible), et était là échoué en Sorbonne à dessiner et faire des aquarelles, et lire les Canterbury Tales du XIVe siècle dans le texte — tâche impossible au non-initié. Il me parlait qu'il fallût que je lise Wilfred Owen, un de ces poètes à l'âme d'airain, éclaté dans la boucherie de la Grande Guerre qui a achevé le vieux monde.

Puis, handicapé de douleurs aux poignets, et seuls peut-être dans ces tristes allées haussmanniennes, nostalgique des grands espaces de l'outback australien et de ses parents aimants comme jamais je n'ai vu de parents aimer. Il est repartie en Australie.

Et j'ai vu qu'il s'était marié, en femme, bien sûr, et qu'elle, dorénavant, était resplendissante de sourires et de yeux gênés de joies. Que la dentelle blanche se mariait dans une douceur laiteuse parsemée de ses grains de beauté. Qu'un voile de gaze très transparent magnifiait son sourire extatique. Et autour, j'ai vu sa famille aimante, sans aucun rictus de moquerie, d'une joie pure et muette des agapes réunies dans l'hostilité loin de ce lieu. Il y avait de vieux messieurs, l'air de descendants des plus excentriques des Anglais bannis très loin, aux antipodes, la pipe au bec, souriant des sourires contagieux.
J'ai eu chaud au cœur qu'il existât réellement ce pays fantasmé du Ptolémée et ses successeurs de l'Antipode, où les hommes, les mœurs, les peines mêmes seraient inversés, et d'y avoir assisté par réseau.

Si j'eusse pu y assister, je me serais parée de ma plus belle robe, de mes plus beaux bijoux, et j'aurais été garçon-fille d'honneur de Constance.

Le nom de leur enfant, par ironie suprême, sera Céladon, le héros de L'Astrée, @Lys
:gepalu:
il y a 7 jours
:Frieren_grand_drapeau_DZ:
:Flechegohp:
:frieren_france:
il y a 7 jours
La plus belle personne qu'il m'ait été donné de voir, en esprit et en corps, c'était une Australienne qui entamait seulement ce mot barbare (comme tous les mots que nous ont donnés la science vulgaire) de transition de genre.

Je l'ai rencontrée, tous deux en Sorbonne alors que j'organisais péniblement des promenades littéraires : "alors voici où vécut Balzac, et lisons l'extrait", "voici ce fameux pont où Vautrin révéla son stratagème", "et saviez-vous que dans Séraphita, court livre maladroit du génie, le personnage est un ange descendu sur Terre, qui, sous sa forme Séraphitus, séduit à la folie la Comtesse de X, et que, sous sa forme Séraphita, transporte d'émois délicieux le Comte de X, dans ce comté de Norvège, perdu tout au nord, là-haut, recouvert de neige.

Que le père des deux comtes et comtesse est alchimiste et obsédé, comme Balzac l'était par Swedenborg et sa théorie des correspondances du matériel au spirituel, et à la figure de l'androgyne.

Un jour de neige épaisse sous ce château de Norvège, on vint chercher Séraphitus/Séraphita, le comte et la comtesse le virent se transformer en séraphin, effarés, et monter au ciel."

Constance, car l'obscurité de sa situation lui garantit l'anonymat des gens fous d'ici, c'était un de ces androgynes nés.

Moi et lui, pas encore elle, nous sommes liés d'une forte amitié. Je dormais chez lui, et il me préparait cet infâme gruau d'avoine à l'eau que mangent les Anglais de pure souche. Il était Anglais comme moi, mais avait grandi en Australie, en Estonie (dont il apprit la langue impossible), et était là échoué en Sorbonne à dessiner et faire des aquarelles, et lire les Canterbury Tales du XIVe siècle dans le texte — tâche impossible au non-initié. Il me parlait qu'il fallût que je lise Wilfred Owen, un de ces poètes à l'âme d'airain, éclaté dans la boucherie de la Grande Guerre qui a achevé le vieux monde.

Puis, handicapé de douleurs aux poignets, et seuls peut-être dans ces tristes allées haussmanniennes, nostalgique des grands espaces de l'outback australien et de ses parents aimants comme jamais je n'ai vu de parents aimer. Il est repartie en Australie.

Et j'ai vu qu'il s'était marié, en femme, bien sûr, et qu'elle, dorénavant, était resplendissante de sourires et de yeux gênés de joies. Que la dentelle blanche se mariait dans une douceur laiteuse parsemée de ses grains de beauté. Qu'un voile de gaze très transparent magnifiait son sourire extatique. Et autour, j'ai vu sa famille aimante, sans aucun rictus de moquerie, d'une joie pure et muette des agapes réunies dans l'hostilité loin de ce lieu. Il y avait de vieux messieurs, l'air de descendants des plus excentriques des Anglais bannis très loin, aux antipodes, la pipe au bec, souriant des sourires contagieux.
J'ai eu chaud au cœur qu'il existât réellement ce pays fantasmé du Ptolémée et ses successeurs de l'Antipode, où les hommes, les mœurs, les peines mêmes seraient inversés, et d'y avoir assisté par réseau.

Si j'eusse pu y assister, je me serais parée de ma plus belle robe, de mes plus beaux bijoux, et j'aurais été garçon-fille d'honneur de Constance.

Le nom de leur enfant, par ironie suprême, sera Céladon, le héros de L'Astrée, @Lys
Et c'est comme ça que tu as atterri sur Onche, je vois
:porte_en_bois:
Blog et discord catholique/actu/prophéties : https://tribulatioprophetica.wordpress.com/ - https://discord.gg/XYrAfrk689
il y a 7 jours
La plus belle personne qu'il m'ait été donné de voir, en esprit et en corps, c'était une Australienne qui entamait seulement ce mot barbare (comme tous les mots que nous ont donnés la science vulgaire) de transition de genre.

Je l'ai rencontrée, tous deux en Sorbonne alors que j'organisais péniblement des promenades littéraires : "alors voici où vécut Balzac, et lisons l'extrait", "voici ce fameux pont où Vautrin révéla son stratagème", "et saviez-vous que dans Séraphita, court livre maladroit du génie, le personnage est un ange descendu sur Terre, qui, sous sa forme Séraphitus, séduit à la folie la Comtesse de X, et que, sous sa forme Séraphita, transporte d'émois délicieux le Comte de X, dans ce comté de Norvège, perdu tout au nord, là-haut, recouvert de neige.

Que le père des deux comtes et comtesse est alchimiste et obsédé, comme Balzac l'était par Swedenborg et sa théorie des correspondances du matériel au spirituel, et à la figure de l'androgyne.

Un jour de neige épaisse sous ce château de Norvège, on vint chercher Séraphitus/Séraphita, le comte et la comtesse le virent se transformer en séraphin, effarés, et monter au ciel."

Constance, car l'obscurité de sa situation lui garantit l'anonymat des gens fous d'ici, c'était un de ces androgynes nés.

Moi et lui, pas encore elle, nous sommes liés d'une forte amitié. Je dormais chez lui, et il me préparait cet infâme gruau d'avoine à l'eau que mangent les Anglais de pure souche. Il était Anglais comme moi, mais avait grandi en Australie, en Estonie (dont il apprit la langue impossible), et était là échoué en Sorbonne à dessiner et faire des aquarelles, et lire les Canterbury Tales du XIVe siècle dans le texte — tâche impossible au non-initié. Il me parlait qu'il fallût que je lise Wilfred Owen, un de ces poètes à l'âme d'airain, éclaté dans la boucherie de la Grande Guerre qui a achevé le vieux monde.

Puis, handicapé de douleurs aux poignets, et seuls peut-être dans ces tristes allées haussmanniennes, nostalgique des grands espaces de l'outback australien et de ses parents aimants comme jamais je n'ai vu de parents aimer. Il est repartie en Australie.

Et j'ai vu qu'il s'était marié, en femme, bien sûr, et qu'elle, dorénavant, était resplendissante de sourires et de yeux gênés de joies. Que la dentelle blanche se mariait dans une douceur laiteuse parsemée de ses grains de beauté. Qu'un voile de gaze très transparent magnifiait son sourire extatique. Et autour, j'ai vu sa famille aimante, sans aucun rictus de moquerie, d'une joie pure et muette des agapes réunies dans l'hostilité loin de ce lieu. Il y avait de vieux messieurs, l'air de descendants des plus excentriques des Anglais bannis très loin, aux antipodes, la pipe au bec, souriant des sourires contagieux.
J'ai eu chaud au cœur qu'il existât réellement ce pays fantasmé du Ptolémée et ses successeurs de l'Antipode, où les hommes, les mœurs, les peines mêmes seraient inversés, et d'y avoir assisté par réseau.

Si j'eusse pu y assister, je me serais parée de ma plus belle robe, de mes plus beaux bijoux, et j'aurais été garçon-fille d'honneur de Constance.

Le nom de leur enfant, par ironie suprême, sera Céladon, le héros de L'Astrée, @Lys
Courage kheyou
:hug:


t'étais amoureux ?

tu es fan de Balzac ?
Je vous aime tous
:love:
Tu ne fais pas exception

il y a 7 jours
:Homologay:
il y a 7 jours
Belle narration, histoire bien triste. Encore une démonstration que le poisson pourrit toujours par la tête.
"Build a man a fire, and he'll be warm for a day. Set a man on fire, and he'll be warm for the rest of his life."
il y a 7 jours
Courage kheyou
:hug:


t'étais amoureux ?

tu es fan de Balzac ?
Amoureux seulement spirituellement, et j'aime des thèmes de Balzac mais pas la plupart de son style. J'ai une édition complète de ses oeuvres.
il y a 7 jours
Amoureux seulement spirituellement, et j'aime des thèmes de Balzac mais pas la plupart de son style. J'ai une édition complète de ses oeuvres.
Courage
:hug:
Je vous aime tous
:love:
Tu ne fais pas exception

il y a 7 jours