[Pavé] Imaginez vous étes enfermé dans le vide éternel

Au début, le silence est un choc. L'absence totale de son est une onde de vide qui comprime les tympans, une pression insupportable sur l'esprit. Chaque battement de cœur résonne comme un tambour assourdissant dans cette chambre d'écho crânienne. La lumière, si tant est qu'il y en ait, est une brume indistincte qui ne projette aucune ombre, ne révèle aucun contour. C'est l'anti-lumière, celle qui ne sert qu'à souligner l'absence de tout.

Les premiers jours, ou ce qui pourrait être des jours, l'être humain se débat. Il crie, frappe l'air vide, essaie de sentir un mur, un sol, une quelconque limite à son néant. Mais il n'y a rien. La gravité est une illusion, il dérive sans cesse, sans haut ni bas, sans repère. Les muscles s'atrophient, l'équilibre est perdu. La faim et la soif sont des souvenirs lointains, des sensations qui n'ont plus de sens dans cette vacuité. Le corps est un vaisseau inutile, une coquille sans port d'attache.

Puis vient la solitude, une solitude si profonde qu'elle déchire l'âme. La conscience se recroqueville sur elle-même, cherchant un écho, une réponse, un signe de vie. Les souvenirs affluent, tourbillonnent, se distordent. Les visages aimés, les rires, les larmes, tout se mélange dans un kaléidoscope de douleur. Le temps perd toute signification. Est-ce une heure, un jour, un siècle ? L'esprit se dissout, les pensées s'estompent, laissant place à un bourdonnement incessant, le bruit du néant.

La folie n'est pas une option, car il n'y a personne pour la constater. C'est un effritement lent, une érosion de l'identité. Les émotions s'émoussent, la peur elle-même s'éteint, remplacée par une apathie glaciale. La conscience devient un point minuscule, une étincelle faiblissante dans l'obscurité infinie. Il n'y a plus de « je », seulement une perception floue, un vestige d'existence. L'univers entier est contenu dans ce vide, et ce vide est devenu l'être lui-même.