Tout ce pour quoi je voudrais mourir, vaut en fait à ses auteurs de mériter la mort. Par conséquent, mes raisons mêmes de vouloir mourir sont les raisons pour lesquelles il vaudrait mieux que je vive. Moi, plutôt qu'un autre. Imaginons que de moi ou d'un autre, il n'en reste qu'un : quelle injustice cela serait qu'il s'agisse précisément de ce qui me donne du monde une impression si glaçante que je lui préfère la mort ? C'est en effet au nom même de ce que c'est moi qui rêve d’être mort et non pas eux que la justice, c'est-à-dire la séparation du bon grain et de l'ivraie, voudrait que je vive et qu’ils soient ceux qui meurent, en admettant qu'il faille choisir, ce qui n'est heureusement pas le cas.