Ce sujet a été résolu
Bonjour.
C’est un concept de topics sur lequel je veux bosser depuis longtemps, en voyant mes notes de lecture : en gros, je prends un ouvrage politique, historique ou philosophique, et je vous le résume dans un format simple et efficace, en mettant de l’ordre dans les notes.
J’ai pris un ouvrage marxiste, mais j’ai également des idées d’auteurs de droite que ce soit du Bardèche, Lugan, Carl Schmitt ou même une partie du journal intime de Goebbels, qui sait? Je verrai les réactions sur ce topic
J’ai décidé de prendre cet ouvrage pour trois raisons : (1) Staline est un auteur assez simple et séquentiel dans ses talents d’auteur, et cet ouvrage est relativement court. (2) Les ouvrages de Staline, en particulier celui-là, ont été complètement oubliés par le public français depuis les années 60, avec la déstalinisation du PCF et le trotskisme dominant toute l’extrême gauche et le champ universitaire. (3) J’ai relu l’entièreté des œuvres rassemblées de Staline (en anglais, car j’ai trouvé un pdf de 7500 pages rassemblant du premier volume au seizième), et ce livre m’a semblé être l’un des plus intéressants.
Contexte
Il faut partir du principe qu’à cette époque, les sciences humaines soviétiques, en particulier la psychologie, l’histoire ou, ce qui nous intéresse, la linguistique, sont grandement valorisée et commencent à se développer, surtout durant l’après-guerre et la reconstruction extrêmement rapide du pays.
L’auteur majeur du milieu universitaire soviétique en ce qui concerne la linguistique est Marr, avec des thèses intéressantes mais assez discutables sur la langue de classe, le caractère de la langue dans la philosophie matérialiste, etc. Il est grandement favorisé par le Parti Communiste.
Quant à Staline lui-même, cela fait depuis 1939 et son Manuel d’histoire du Parti Communiste de l’Union Soviétique (bolchevik) (véritable vulgarisation de la théorie Marxiste-Léniniste) qu’il ne s’est plus frotté à de vraies questions philosophiques. Il commence également, selon certains, à être en minorité au sein du Parti (en tous cas, ceux qui étaient ses plus fieffés collaborateur deviennent ses pires ennemis en 1956, après sa mort !). Il a besoin de poser ses couilles sur la table.
De juin à août 1950, il publie dans la Pravda des articles qui seront rassemblés sous la forme du Livre qui nous intéresse Le Marxisme et les Problèmes de Linguistique .
Les thèses du Livre
Staline, implicitement ou non, attaque toutes les positions de Marr. Quelles sont-elles?
1. La langue est une superstructure.
Staline, après avoir rappelé ce qu’est la relation base-superstructure dans le marxisme (la base est la structure économique de la société à son stade du développement, la superstructure est l’ensemble des vues juridiques, politiques, philosophiques de la société et les institutions correspondant à celles-ci, la base influence la superstructure qui elle, consolide les rapports de production et donc la base), Staline explique que, alors qu’en URSS la base et la superstructure ont changé radicalement, la langue n’a pas changé, à part un vocabulaire s’étant amélioré avec le temps. La langue Russes et les autres langues constituant les républiques soviétiques restent les mêmes.
Staline rappelle également que la superstructure est influencée à la base indirectement alors que la langue est directement utilisée par les hommes qui produisent des choses. En gros, la langue est juste un moyen de communication, utilisé par l’ensemble de la société, qui contrairement à la superstructure ou la base, ne depend pas d’une époque mais d’une multitude d’époques et de modes de production.
Bon, pour vulgariser, Staline explique que le délire économiste de Marr a conduit à ces extrémités absurdes.
2. Les langues bourgeoises et langues de classe
Pour ça, c’est simple, Oncle Joe est contre tout concept de langue bourgeoise ou de langues de classes et contredit directement Paul Lafargue, gendre de Marx, qui parle de révolutions linguistiques en 1789 et Marr qui parlait de langues spécifiques à des classes (inspirant Bourdieu par ailleurs).
Staline explique que même si dans une société de classes, des jargons et dialectes peuvent subsister être propres à des classes sociales voulant se distinguer d’autres, avec leurs expressions, cultures, etc. ce ne sont pas des langues différentes, car elles gardent les 2 éléments constitutifs d’une langue : 1. Un lexique de mots conséquent 2. Une structure grammaticale.
Il faut également préciser que Staline, considérant le pays qu’il a construit, l’URSS, comme un pays sans classes, ne peut pas comprendre comment une langue peut elle subsister.
Encore une fois, la langue = moyen de communication pour l’ensemble de la société.
C’est le moment où un élément très reconnaissable de la littérature stalinienne commence à se mettre en place: la citationnite aiguë !.
Staline est le roi de la citation, il navigue à travers les citations de Marx, Engels, Lénine voire lui-même avec plus ou moins de bonne foi pour démontrer qu’elles sont en accord avec sa vision. Mais en tous cas sa conclusion est claire: la langue n’est pas une superstructure, elle n’est pas liée à une classe (contrairement à la culture par exemple) et est juste un moyen de communication de l’ensemble de la société (il compare la langue à des rails de chemin fer: un rail bourgeois existe-t-il?).
3. C’est quoi une langue, bordel?
Comme je vous ai dit, Staline considère qu’il y a deux éléments constitutifs de la langue : lexique de mots et grammaire, mais il va encore plus loin en disant que la grammaire est une série d’abstractions de la pensée humaine… Je m’explique:
Imaginons que la langue est une maison. Les mots du vocabulaire, ce sont les matériaux de construction de la langue et la grammaire modifie les mots et les connecte pour en faire des phrases plus ou moins cohérentes.
Pour les connecter, il faut les modifier, les abstraire dans leur essence et leur définition.
Mais souvenons-nous de ce qu’on a dit précédemment : contrairement à la superstructure, la langue est liée directement à la production et donc va voir son lexique s’enrichir considérablement quand la production se développe, sans détruire l’ancien stock de mots (contrairement à la superstructure qui est détruite et remplacée par un autre lors du development de la production/la base). La langue se développe donc très lentement après des centaines d’années de stock de mots s’enrichissant, de mélanges avec d’autres.
4. La langue, si c’est ni une base ni une superstructure, c’est quoi selon le matérialisme ?
Le cordonnier géorgien pense qu’on peut comparer la langue à un instrument de production, càd. Que cela fait parti des éléments utilisés directement lors des relations économiques, qui est commun à toute la société, sans nature.
5. Le rapport de la langue à la pensée
C’est simple : sans langues, pas de pensées. La langue est le corps intermédiaire de la pensée humaine selon Marx (encore une fois citationnite aiguë !).
6. Les relations en langues, dans un monde capitaliste, ne peuvent se terminer que par une langue qui domine l’autre
Conclusion
1. On constate que Staline fait preuve d’une assez faible orthodoxie marxiste et est très pratique dans ses méthodes (genre littéralement il termine son livre en disant que Marx n’est pas une religion et qu’il faut arrêter de le citer pour tout et n’importe quoi
).
2. Le rapport à la langue sera détaillé par d’autres, particulièrement Lacan qui critiquera beaucoup Staline.
3. Un énorme trou noir dans la pensée de Staline car selon lui, la base de la Nation est la langue… Si la langue est indépendante des classes sociales ou de la superstructure, si dans notre monde actuel, une langue ne peut que dominer une autre et donc doit être protégée… Qu’est que ça dit sur la Nation?
C’est un concept de topics sur lequel je veux bosser depuis longtemps, en voyant mes notes de lecture : en gros, je prends un ouvrage politique, historique ou philosophique, et je vous le résume dans un format simple et efficace, en mettant de l’ordre dans les notes.

J’ai pris un ouvrage marxiste, mais j’ai également des idées d’auteurs de droite que ce soit du Bardèche, Lugan, Carl Schmitt ou même une partie du journal intime de Goebbels, qui sait? Je verrai les réactions sur ce topic
J’ai décidé de prendre cet ouvrage pour trois raisons : (1) Staline est un auteur assez simple et séquentiel dans ses talents d’auteur, et cet ouvrage est relativement court. (2) Les ouvrages de Staline, en particulier celui-là, ont été complètement oubliés par le public français depuis les années 60, avec la déstalinisation du PCF et le trotskisme dominant toute l’extrême gauche et le champ universitaire. (3) J’ai relu l’entièreté des œuvres rassemblées de Staline (en anglais, car j’ai trouvé un pdf de 7500 pages rassemblant du premier volume au seizième), et ce livre m’a semblé être l’un des plus intéressants.
Contexte
Il faut partir du principe qu’à cette époque, les sciences humaines soviétiques, en particulier la psychologie, l’histoire ou, ce qui nous intéresse, la linguistique, sont grandement valorisée et commencent à se développer, surtout durant l’après-guerre et la reconstruction extrêmement rapide du pays.
L’auteur majeur du milieu universitaire soviétique en ce qui concerne la linguistique est Marr, avec des thèses intéressantes mais assez discutables sur la langue de classe, le caractère de la langue dans la philosophie matérialiste, etc. Il est grandement favorisé par le Parti Communiste.
Quant à Staline lui-même, cela fait depuis 1939 et son Manuel d’histoire du Parti Communiste de l’Union Soviétique (bolchevik) (véritable vulgarisation de la théorie Marxiste-Léniniste) qu’il ne s’est plus frotté à de vraies questions philosophiques. Il commence également, selon certains, à être en minorité au sein du Parti (en tous cas, ceux qui étaient ses plus fieffés collaborateur deviennent ses pires ennemis en 1956, après sa mort !). Il a besoin de poser ses couilles sur la table.
De juin à août 1950, il publie dans la Pravda des articles qui seront rassemblés sous la forme du Livre qui nous intéresse Le Marxisme et les Problèmes de Linguistique .
Les thèses du Livre
Staline, implicitement ou non, attaque toutes les positions de Marr. Quelles sont-elles?
1. La langue est une superstructure.
Staline, après avoir rappelé ce qu’est la relation base-superstructure dans le marxisme (la base est la structure économique de la société à son stade du développement, la superstructure est l’ensemble des vues juridiques, politiques, philosophiques de la société et les institutions correspondant à celles-ci, la base influence la superstructure qui elle, consolide les rapports de production et donc la base), Staline explique que, alors qu’en URSS la base et la superstructure ont changé radicalement, la langue n’a pas changé, à part un vocabulaire s’étant amélioré avec le temps. La langue Russes et les autres langues constituant les républiques soviétiques restent les mêmes.
Staline rappelle également que la superstructure est influencée à la base indirectement alors que la langue est directement utilisée par les hommes qui produisent des choses. En gros, la langue est juste un moyen de communication, utilisé par l’ensemble de la société, qui contrairement à la superstructure ou la base, ne depend pas d’une époque mais d’une multitude d’époques et de modes de production.
Bon, pour vulgariser, Staline explique que le délire économiste de Marr a conduit à ces extrémités absurdes.
2. Les langues bourgeoises et langues de classe
Pour ça, c’est simple, Oncle Joe est contre tout concept de langue bourgeoise ou de langues de classes et contredit directement Paul Lafargue, gendre de Marx, qui parle de révolutions linguistiques en 1789 et Marr qui parlait de langues spécifiques à des classes (inspirant Bourdieu par ailleurs).
Staline explique que même si dans une société de classes, des jargons et dialectes peuvent subsister être propres à des classes sociales voulant se distinguer d’autres, avec leurs expressions, cultures, etc. ce ne sont pas des langues différentes, car elles gardent les 2 éléments constitutifs d’une langue : 1. Un lexique de mots conséquent 2. Une structure grammaticale.
Il faut également préciser que Staline, considérant le pays qu’il a construit, l’URSS, comme un pays sans classes, ne peut pas comprendre comment une langue peut elle subsister.
Encore une fois, la langue = moyen de communication pour l’ensemble de la société.
C’est le moment où un élément très reconnaissable de la littérature stalinienne commence à se mettre en place: la citationnite aiguë !.

3. C’est quoi une langue, bordel?
Comme je vous ai dit, Staline considère qu’il y a deux éléments constitutifs de la langue : lexique de mots et grammaire, mais il va encore plus loin en disant que la grammaire est une série d’abstractions de la pensée humaine… Je m’explique:
Imaginons que la langue est une maison. Les mots du vocabulaire, ce sont les matériaux de construction de la langue et la grammaire modifie les mots et les connecte pour en faire des phrases plus ou moins cohérentes.
Mais souvenons-nous de ce qu’on a dit précédemment : contrairement à la superstructure, la langue est liée directement à la production et donc va voir son lexique s’enrichir considérablement quand la production se développe, sans détruire l’ancien stock de mots (contrairement à la superstructure qui est détruite et remplacée par un autre lors du development de la production/la base). La langue se développe donc très lentement après des centaines d’années de stock de mots s’enrichissant, de mélanges avec d’autres.

4. La langue, si c’est ni une base ni une superstructure, c’est quoi selon le matérialisme ?
Le cordonnier géorgien pense qu’on peut comparer la langue à un instrument de production, càd. Que cela fait parti des éléments utilisés directement lors des relations économiques, qui est commun à toute la société, sans nature.
5. Le rapport de la langue à la pensée
C’est simple : sans langues, pas de pensées. La langue est le corps intermédiaire de la pensée humaine selon Marx (encore une fois citationnite aiguë !).
6. Les relations en langues, dans un monde capitaliste, ne peuvent se terminer que par une langue qui domine l’autre
Conclusion
1. On constate que Staline fait preuve d’une assez faible orthodoxie marxiste et est très pratique dans ses méthodes (genre littéralement il termine son livre en disant que Marx n’est pas une religion et qu’il faut arrêter de le citer pour tout et n’importe quoi
2. Le rapport à la langue sera détaillé par d’autres, particulièrement Lacan qui critiquera beaucoup Staline.
3. Un énorme trou noir dans la pensée de Staline car selon lui, la base de la Nation est la langue… Si la langue est indépendante des classes sociales ou de la superstructure, si dans notre monde actuel, une langue ne peut que dominer une autre et donc doit être protégée… Qu’est que ça dit sur la Nation?

il y a 4 jours
Bonjour.
C’est un concept de topics sur lequel je veux bosser depuis longtemps, en voyant mes notes de lecture : en gros, je prends un ouvrage politique, historique ou philosophique, et je vous le résume dans un format simple et efficace, en mettant de l’ordre dans les notes.
J’ai pris un ouvrage marxiste, mais j’ai également des idées d’auteurs de droite que ce soit du Bardèche, Lugan, Carl Schmitt ou même une partie du journal intime de Goebbels, qui sait? Je verrai les réactions sur ce topic
J’ai décidé de prendre cet ouvrage pour trois raisons : (1) Staline est un auteur assez simple et séquentiel dans ses talents d’auteur, et cet ouvrage est relativement court. (2) Les ouvrages de Staline, en particulier celui-là, ont été complètement oubliés par le public français depuis les années 60, avec la déstalinisation du PCF et le trotskisme dominant toute l’extrême gauche et le champ universitaire. (3) J’ai relu l’entièreté des œuvres rassemblées de Staline (en anglais, car j’ai trouvé un pdf de 7500 pages rassemblant du premier volume au seizième), et ce livre m’a semblé être l’un des plus intéressants.
Contexte
Il faut partir du principe qu’à cette époque, les sciences humaines soviétiques, en particulier la psychologie, l’histoire ou, ce qui nous intéresse, la linguistique, sont grandement valorisée et commencent à se développer, surtout durant l’après-guerre et la reconstruction extrêmement rapide du pays.
L’auteur majeur du milieu universitaire soviétique en ce qui concerne la linguistique est Marr, avec des thèses intéressantes mais assez discutables sur la langue de classe, le caractère de la langue dans la philosophie matérialiste, etc. Il est grandement favorisé par le Parti Communiste.
Quant à Staline lui-même, cela fait depuis 1939 et son Manuel d’histoire du Parti Communiste de l’Union Soviétique (bolchevik) (véritable vulgarisation de la théorie Marxiste-Léniniste) qu’il ne s’est plus frotté à de vraies questions philosophiques. Il commence également, selon certains, à être en minorité au sein du Parti (en tous cas, ceux qui étaient ses plus fieffés collaborateur deviennent ses pires ennemis en 1956, après sa mort !). Il a besoin de poser ses couilles sur la table.
De juin à août 1950, il publie dans la Pravda des articles qui seront rassemblés sous la forme du Livre qui nous intéresse Le Marxisme et les Problèmes de Linguistique .
Les thèses du Livre
Staline, implicitement ou non, attaque toutes les positions de Marr. Quelles sont-elles?
1. La langue est une superstructure.
Staline, après avoir rappelé ce qu’est la relation base-superstructure dans le marxisme (la base est la structure économique de la société à son stade du développement, la superstructure est l’ensemble des vues juridiques, politiques, philosophiques de la société et les institutions correspondant à celles-ci, la base influence la superstructure qui elle, consolide les rapports de production et donc la base), Staline explique que, alors qu’en URSS la base et la superstructure ont changé radicalement, la langue n’a pas changé, à part un vocabulaire s’étant amélioré avec le temps. La langue Russes et les autres langues constituant les républiques soviétiques restent les mêmes.
Staline rappelle également que la superstructure est influencée à la base indirectement alors que la langue est directement utilisée par les hommes qui produisent des choses. En gros, la langue est juste un moyen de communication, utilisé par l’ensemble de la société, qui contrairement à la superstructure ou la base, ne depend pas d’une époque mais d’une multitude d’époques et de modes de production.
Bon, pour vulgariser, Staline explique que le délire économiste de Marr a conduit à ces extrémités absurdes.
2. Les langues bourgeoises et langues de classe
Pour ça, c’est simple, Oncle Joe est contre tout concept de langue bourgeoise ou de langues de classes et contredit directement Paul Lafargue, gendre de Marx, qui parle de révolutions linguistiques en 1789 et Marr qui parlait de langues spécifiques à des classes (inspirant Bourdieu par ailleurs).
Staline explique que même si dans une société de classes, des jargons et dialectes peuvent subsister être propres à des classes sociales voulant se distinguer d’autres, avec leurs expressions, cultures, etc. ce ne sont pas des langues différentes, car elles gardent les 2 éléments constitutifs d’une langue : 1. Un lexique de mots conséquent 2. Une structure grammaticale.
Il faut également préciser que Staline, considérant le pays qu’il a construit, l’URSS, comme un pays sans classes, ne peut pas comprendre comment une langue peut elle subsister.
Encore une fois, la langue = moyen de communication pour l’ensemble de la société.
C’est le moment où un élément très reconnaissable de la littérature stalinienne commence à se mettre en place: la citationnite aiguë !.
Staline est le roi de la citation, il navigue à travers les citations de Marx, Engels, Lénine voire lui-même avec plus ou moins de bonne foi pour démontrer qu’elles sont en accord avec sa vision. Mais en tous cas sa conclusion est claire: la langue n’est pas une superstructure, elle n’est pas liée à une classe (contrairement à la culture par exemple) et est juste un moyen de communication de l’ensemble de la société (il compare la langue à des rails de chemin fer: un rail bourgeois existe-t-il?).
3. C’est quoi une langue, bordel?
Comme je vous ai dit, Staline considère qu’il y a deux éléments constitutifs de la langue : lexique de mots et grammaire, mais il va encore plus loin en disant que la grammaire est une série d’abstractions de la pensée humaine… Je m’explique:
Imaginons que la langue est une maison. Les mots du vocabulaire, ce sont les matériaux de construction de la langue et la grammaire modifie les mots et les connecte pour en faire des phrases plus ou moins cohérentes.
Pour les connecter, il faut les modifier, les abstraire dans leur essence et leur définition.
Mais souvenons-nous de ce qu’on a dit précédemment : contrairement à la superstructure, la langue est liée directement à la production et donc va voir son lexique s’enrichir considérablement quand la production se développe, sans détruire l’ancien stock de mots (contrairement à la superstructure qui est détruite et remplacée par un autre lors du development de la production/la base). La langue se développe donc très lentement après des centaines d’années de stock de mots s’enrichissant, de mélanges avec d’autres.
4. La langue, si c’est ni une base ni une superstructure, c’est quoi selon le matérialisme ?
Le cordonnier géorgien pense qu’on peut comparer la langue à un instrument de production, càd. Que cela fait parti des éléments utilisés directement lors des relations économiques, qui est commun à toute la société, sans nature.
5. Le rapport de la langue à la pensée
C’est simple : sans langues, pas de pensées. La langue est le corps intermédiaire de la pensée humaine selon Marx (encore une fois citationnite aiguë !).
6. Les relations en langues, dans un monde capitaliste, ne peuvent se terminer que par une langue qui domine l’autre
Conclusion
1. On constate que Staline fait preuve d’une assez faible orthodoxie marxiste et est très pratique dans ses méthodes (genre littéralement il termine son livre en disant que Marx n’est pas une religion et qu’il faut arrêter de le citer pour tout et n’importe quoi
).
2. Le rapport à la langue sera détaillé par d’autres, particulièrement Lacan qui critiquera beaucoup Staline.
3. Un énorme trou noir dans la pensée de Staline car selon lui, la base de la Nation est la langue… Si la langue est indépendante des classes sociales ou de la superstructure, si dans notre monde actuel, une langue ne peut que dominer une autre et donc doit être protégée… Qu’est que ça dit sur la Nation?
C’est un concept de topics sur lequel je veux bosser depuis longtemps, en voyant mes notes de lecture : en gros, je prends un ouvrage politique, historique ou philosophique, et je vous le résume dans un format simple et efficace, en mettant de l’ordre dans les notes.

J’ai pris un ouvrage marxiste, mais j’ai également des idées d’auteurs de droite que ce soit du Bardèche, Lugan, Carl Schmitt ou même une partie du journal intime de Goebbels, qui sait? Je verrai les réactions sur ce topic
J’ai décidé de prendre cet ouvrage pour trois raisons : (1) Staline est un auteur assez simple et séquentiel dans ses talents d’auteur, et cet ouvrage est relativement court. (2) Les ouvrages de Staline, en particulier celui-là, ont été complètement oubliés par le public français depuis les années 60, avec la déstalinisation du PCF et le trotskisme dominant toute l’extrême gauche et le champ universitaire. (3) J’ai relu l’entièreté des œuvres rassemblées de Staline (en anglais, car j’ai trouvé un pdf de 7500 pages rassemblant du premier volume au seizième), et ce livre m’a semblé être l’un des plus intéressants.
Contexte
Il faut partir du principe qu’à cette époque, les sciences humaines soviétiques, en particulier la psychologie, l’histoire ou, ce qui nous intéresse, la linguistique, sont grandement valorisée et commencent à se développer, surtout durant l’après-guerre et la reconstruction extrêmement rapide du pays.
L’auteur majeur du milieu universitaire soviétique en ce qui concerne la linguistique est Marr, avec des thèses intéressantes mais assez discutables sur la langue de classe, le caractère de la langue dans la philosophie matérialiste, etc. Il est grandement favorisé par le Parti Communiste.
Quant à Staline lui-même, cela fait depuis 1939 et son Manuel d’histoire du Parti Communiste de l’Union Soviétique (bolchevik) (véritable vulgarisation de la théorie Marxiste-Léniniste) qu’il ne s’est plus frotté à de vraies questions philosophiques. Il commence également, selon certains, à être en minorité au sein du Parti (en tous cas, ceux qui étaient ses plus fieffés collaborateur deviennent ses pires ennemis en 1956, après sa mort !). Il a besoin de poser ses couilles sur la table.
De juin à août 1950, il publie dans la Pravda des articles qui seront rassemblés sous la forme du Livre qui nous intéresse Le Marxisme et les Problèmes de Linguistique .
Les thèses du Livre
Staline, implicitement ou non, attaque toutes les positions de Marr. Quelles sont-elles?
1. La langue est une superstructure.
Staline, après avoir rappelé ce qu’est la relation base-superstructure dans le marxisme (la base est la structure économique de la société à son stade du développement, la superstructure est l’ensemble des vues juridiques, politiques, philosophiques de la société et les institutions correspondant à celles-ci, la base influence la superstructure qui elle, consolide les rapports de production et donc la base), Staline explique que, alors qu’en URSS la base et la superstructure ont changé radicalement, la langue n’a pas changé, à part un vocabulaire s’étant amélioré avec le temps. La langue Russes et les autres langues constituant les républiques soviétiques restent les mêmes.
Staline rappelle également que la superstructure est influencée à la base indirectement alors que la langue est directement utilisée par les hommes qui produisent des choses. En gros, la langue est juste un moyen de communication, utilisé par l’ensemble de la société, qui contrairement à la superstructure ou la base, ne depend pas d’une époque mais d’une multitude d’époques et de modes de production.
Bon, pour vulgariser, Staline explique que le délire économiste de Marr a conduit à ces extrémités absurdes.
2. Les langues bourgeoises et langues de classe
Pour ça, c’est simple, Oncle Joe est contre tout concept de langue bourgeoise ou de langues de classes et contredit directement Paul Lafargue, gendre de Marx, qui parle de révolutions linguistiques en 1789 et Marr qui parlait de langues spécifiques à des classes (inspirant Bourdieu par ailleurs).
Staline explique que même si dans une société de classes, des jargons et dialectes peuvent subsister être propres à des classes sociales voulant se distinguer d’autres, avec leurs expressions, cultures, etc. ce ne sont pas des langues différentes, car elles gardent les 2 éléments constitutifs d’une langue : 1. Un lexique de mots conséquent 2. Une structure grammaticale.
Il faut également préciser que Staline, considérant le pays qu’il a construit, l’URSS, comme un pays sans classes, ne peut pas comprendre comment une langue peut elle subsister.
Encore une fois, la langue = moyen de communication pour l’ensemble de la société.
C’est le moment où un élément très reconnaissable de la littérature stalinienne commence à se mettre en place: la citationnite aiguë !.

3. C’est quoi une langue, bordel?
Comme je vous ai dit, Staline considère qu’il y a deux éléments constitutifs de la langue : lexique de mots et grammaire, mais il va encore plus loin en disant que la grammaire est une série d’abstractions de la pensée humaine… Je m’explique:
Imaginons que la langue est une maison. Les mots du vocabulaire, ce sont les matériaux de construction de la langue et la grammaire modifie les mots et les connecte pour en faire des phrases plus ou moins cohérentes.
Mais souvenons-nous de ce qu’on a dit précédemment : contrairement à la superstructure, la langue est liée directement à la production et donc va voir son lexique s’enrichir considérablement quand la production se développe, sans détruire l’ancien stock de mots (contrairement à la superstructure qui est détruite et remplacée par un autre lors du development de la production/la base). La langue se développe donc très lentement après des centaines d’années de stock de mots s’enrichissant, de mélanges avec d’autres.

4. La langue, si c’est ni une base ni une superstructure, c’est quoi selon le matérialisme ?
Le cordonnier géorgien pense qu’on peut comparer la langue à un instrument de production, càd. Que cela fait parti des éléments utilisés directement lors des relations économiques, qui est commun à toute la société, sans nature.
5. Le rapport de la langue à la pensée
C’est simple : sans langues, pas de pensées. La langue est le corps intermédiaire de la pensée humaine selon Marx (encore une fois citationnite aiguë !).
6. Les relations en langues, dans un monde capitaliste, ne peuvent se terminer que par une langue qui domine l’autre
Conclusion
1. On constate que Staline fait preuve d’une assez faible orthodoxie marxiste et est très pratique dans ses méthodes (genre littéralement il termine son livre en disant que Marx n’est pas une religion et qu’il faut arrêter de le citer pour tout et n’importe quoi
2. Le rapport à la langue sera détaillé par d’autres, particulièrement Lacan qui critiquera beaucoup Staline.
3. Un énorme trou noir dans la pensée de Staline car selon lui, la base de la Nation est la langue… Si la langue est indépendante des classes sociales ou de la superstructure, si dans notre monde actuel, une langue ne peut que dominer une autre et donc doit être protégée… Qu’est que ça dit sur la Nation?

Up pour l'effort et pour l'idée géniale de nous faire découvrir des textes méconnus car dans l'ombre d'autres grands faits d'histoire
À quand la sweet ?

À quand la sweet ?
il y a 4 jours
Très bon topic ! J'ai vraiment du mal avec les théories matérialistes mais ça reste intéressant.
il y a 4 jours
quelqu'un pour résumer le résumé ?
L'auteur fait un résumé et un khey demande le résumé du résumé
En gros
En gros
il y a 4 jours
Bonjour.
C’est un concept de topics sur lequel je veux bosser depuis longtemps, en voyant mes notes de lecture : en gros, je prends un ouvrage politique, historique ou philosophique, et je vous le résume dans un format simple et efficace, en mettant de l’ordre dans les notes.
J’ai pris un ouvrage marxiste, mais j’ai également des idées d’auteurs de droite que ce soit du Bardèche, Lugan, Carl Schmitt ou même une partie du journal intime de Goebbels, qui sait? Je verrai les réactions sur ce topic
J’ai décidé de prendre cet ouvrage pour trois raisons : (1) Staline est un auteur assez simple et séquentiel dans ses talents d’auteur, et cet ouvrage est relativement court. (2) Les ouvrages de Staline, en particulier celui-là, ont été complètement oubliés par le public français depuis les années 60, avec la déstalinisation du PCF et le trotskisme dominant toute l’extrême gauche et le champ universitaire. (3) J’ai relu l’entièreté des œuvres rassemblées de Staline (en anglais, car j’ai trouvé un pdf de 7500 pages rassemblant du premier volume au seizième), et ce livre m’a semblé être l’un des plus intéressants.
Contexte
Il faut partir du principe qu’à cette époque, les sciences humaines soviétiques, en particulier la psychologie, l’histoire ou, ce qui nous intéresse, la linguistique, sont grandement valorisée et commencent à se développer, surtout durant l’après-guerre et la reconstruction extrêmement rapide du pays.
L’auteur majeur du milieu universitaire soviétique en ce qui concerne la linguistique est Marr, avec des thèses intéressantes mais assez discutables sur la langue de classe, le caractère de la langue dans la philosophie matérialiste, etc. Il est grandement favorisé par le Parti Communiste.
Quant à Staline lui-même, cela fait depuis 1939 et son Manuel d’histoire du Parti Communiste de l’Union Soviétique (bolchevik) (véritable vulgarisation de la théorie Marxiste-Léniniste) qu’il ne s’est plus frotté à de vraies questions philosophiques. Il commence également, selon certains, à être en minorité au sein du Parti (en tous cas, ceux qui étaient ses plus fieffés collaborateur deviennent ses pires ennemis en 1956, après sa mort !). Il a besoin de poser ses couilles sur la table.
De juin à août 1950, il publie dans la Pravda des articles qui seront rassemblés sous la forme du Livre qui nous intéresse Le Marxisme et les Problèmes de Linguistique .
Les thèses du Livre
Staline, implicitement ou non, attaque toutes les positions de Marr. Quelles sont-elles?
1. La langue est une superstructure.
Staline, après avoir rappelé ce qu’est la relation base-superstructure dans le marxisme (la base est la structure économique de la société à son stade du développement, la superstructure est l’ensemble des vues juridiques, politiques, philosophiques de la société et les institutions correspondant à celles-ci, la base influence la superstructure qui elle, consolide les rapports de production et donc la base), Staline explique que, alors qu’en URSS la base et la superstructure ont changé radicalement, la langue n’a pas changé, à part un vocabulaire s’étant amélioré avec le temps. La langue Russes et les autres langues constituant les républiques soviétiques restent les mêmes.
Staline rappelle également que la superstructure est influencée à la base indirectement alors que la langue est directement utilisée par les hommes qui produisent des choses. En gros, la langue est juste un moyen de communication, utilisé par l’ensemble de la société, qui contrairement à la superstructure ou la base, ne depend pas d’une époque mais d’une multitude d’époques et de modes de production.
Bon, pour vulgariser, Staline explique que le délire économiste de Marr a conduit à ces extrémités absurdes.
2. Les langues bourgeoises et langues de classe
Pour ça, c’est simple, Oncle Joe est contre tout concept de langue bourgeoise ou de langues de classes et contredit directement Paul Lafargue, gendre de Marx, qui parle de révolutions linguistiques en 1789 et Marr qui parlait de langues spécifiques à des classes (inspirant Bourdieu par ailleurs).
Staline explique que même si dans une société de classes, des jargons et dialectes peuvent subsister être propres à des classes sociales voulant se distinguer d’autres, avec leurs expressions, cultures, etc. ce ne sont pas des langues différentes, car elles gardent les 2 éléments constitutifs d’une langue : 1. Un lexique de mots conséquent 2. Une structure grammaticale.
Il faut également préciser que Staline, considérant le pays qu’il a construit, l’URSS, comme un pays sans classes, ne peut pas comprendre comment une langue peut elle subsister.
Encore une fois, la langue = moyen de communication pour l’ensemble de la société.
C’est le moment où un élément très reconnaissable de la littérature stalinienne commence à se mettre en place: la citationnite aiguë !.
Staline est le roi de la citation, il navigue à travers les citations de Marx, Engels, Lénine voire lui-même avec plus ou moins de bonne foi pour démontrer qu’elles sont en accord avec sa vision. Mais en tous cas sa conclusion est claire: la langue n’est pas une superstructure, elle n’est pas liée à une classe (contrairement à la culture par exemple) et est juste un moyen de communication de l’ensemble de la société (il compare la langue à des rails de chemin fer: un rail bourgeois existe-t-il?).
3. C’est quoi une langue, bordel?
Comme je vous ai dit, Staline considère qu’il y a deux éléments constitutifs de la langue : lexique de mots et grammaire, mais il va encore plus loin en disant que la grammaire est une série d’abstractions de la pensée humaine… Je m’explique:
Imaginons que la langue est une maison. Les mots du vocabulaire, ce sont les matériaux de construction de la langue et la grammaire modifie les mots et les connecte pour en faire des phrases plus ou moins cohérentes.
Pour les connecter, il faut les modifier, les abstraire dans leur essence et leur définition.
Mais souvenons-nous de ce qu’on a dit précédemment : contrairement à la superstructure, la langue est liée directement à la production et donc va voir son lexique s’enrichir considérablement quand la production se développe, sans détruire l’ancien stock de mots (contrairement à la superstructure qui est détruite et remplacée par un autre lors du development de la production/la base). La langue se développe donc très lentement après des centaines d’années de stock de mots s’enrichissant, de mélanges avec d’autres.
4. La langue, si c’est ni une base ni une superstructure, c’est quoi selon le matérialisme ?
Le cordonnier géorgien pense qu’on peut comparer la langue à un instrument de production, càd. Que cela fait parti des éléments utilisés directement lors des relations économiques, qui est commun à toute la société, sans nature.
5. Le rapport de la langue à la pensée
C’est simple : sans langues, pas de pensées. La langue est le corps intermédiaire de la pensée humaine selon Marx (encore une fois citationnite aiguë !).
6. Les relations en langues, dans un monde capitaliste, ne peuvent se terminer que par une langue qui domine l’autre
Conclusion
1. On constate que Staline fait preuve d’une assez faible orthodoxie marxiste et est très pratique dans ses méthodes (genre littéralement il termine son livre en disant que Marx n’est pas une religion et qu’il faut arrêter de le citer pour tout et n’importe quoi
).
2. Le rapport à la langue sera détaillé par d’autres, particulièrement Lacan qui critiquera beaucoup Staline.
3. Un énorme trou noir dans la pensée de Staline car selon lui, la base de la Nation est la langue… Si la langue est indépendante des classes sociales ou de la superstructure, si dans notre monde actuel, une langue ne peut que dominer une autre et donc doit être protégée… Qu’est que ça dit sur la Nation?
C’est un concept de topics sur lequel je veux bosser depuis longtemps, en voyant mes notes de lecture : en gros, je prends un ouvrage politique, historique ou philosophique, et je vous le résume dans un format simple et efficace, en mettant de l’ordre dans les notes.

J’ai pris un ouvrage marxiste, mais j’ai également des idées d’auteurs de droite que ce soit du Bardèche, Lugan, Carl Schmitt ou même une partie du journal intime de Goebbels, qui sait? Je verrai les réactions sur ce topic
J’ai décidé de prendre cet ouvrage pour trois raisons : (1) Staline est un auteur assez simple et séquentiel dans ses talents d’auteur, et cet ouvrage est relativement court. (2) Les ouvrages de Staline, en particulier celui-là, ont été complètement oubliés par le public français depuis les années 60, avec la déstalinisation du PCF et le trotskisme dominant toute l’extrême gauche et le champ universitaire. (3) J’ai relu l’entièreté des œuvres rassemblées de Staline (en anglais, car j’ai trouvé un pdf de 7500 pages rassemblant du premier volume au seizième), et ce livre m’a semblé être l’un des plus intéressants.
Contexte
Il faut partir du principe qu’à cette époque, les sciences humaines soviétiques, en particulier la psychologie, l’histoire ou, ce qui nous intéresse, la linguistique, sont grandement valorisée et commencent à se développer, surtout durant l’après-guerre et la reconstruction extrêmement rapide du pays.
L’auteur majeur du milieu universitaire soviétique en ce qui concerne la linguistique est Marr, avec des thèses intéressantes mais assez discutables sur la langue de classe, le caractère de la langue dans la philosophie matérialiste, etc. Il est grandement favorisé par le Parti Communiste.
Quant à Staline lui-même, cela fait depuis 1939 et son Manuel d’histoire du Parti Communiste de l’Union Soviétique (bolchevik) (véritable vulgarisation de la théorie Marxiste-Léniniste) qu’il ne s’est plus frotté à de vraies questions philosophiques. Il commence également, selon certains, à être en minorité au sein du Parti (en tous cas, ceux qui étaient ses plus fieffés collaborateur deviennent ses pires ennemis en 1956, après sa mort !). Il a besoin de poser ses couilles sur la table.
De juin à août 1950, il publie dans la Pravda des articles qui seront rassemblés sous la forme du Livre qui nous intéresse Le Marxisme et les Problèmes de Linguistique .
Les thèses du Livre
Staline, implicitement ou non, attaque toutes les positions de Marr. Quelles sont-elles?
1. La langue est une superstructure.
Staline, après avoir rappelé ce qu’est la relation base-superstructure dans le marxisme (la base est la structure économique de la société à son stade du développement, la superstructure est l’ensemble des vues juridiques, politiques, philosophiques de la société et les institutions correspondant à celles-ci, la base influence la superstructure qui elle, consolide les rapports de production et donc la base), Staline explique que, alors qu’en URSS la base et la superstructure ont changé radicalement, la langue n’a pas changé, à part un vocabulaire s’étant amélioré avec le temps. La langue Russes et les autres langues constituant les républiques soviétiques restent les mêmes.
Staline rappelle également que la superstructure est influencée à la base indirectement alors que la langue est directement utilisée par les hommes qui produisent des choses. En gros, la langue est juste un moyen de communication, utilisé par l’ensemble de la société, qui contrairement à la superstructure ou la base, ne depend pas d’une époque mais d’une multitude d’époques et de modes de production.
Bon, pour vulgariser, Staline explique que le délire économiste de Marr a conduit à ces extrémités absurdes.
2. Les langues bourgeoises et langues de classe
Pour ça, c’est simple, Oncle Joe est contre tout concept de langue bourgeoise ou de langues de classes et contredit directement Paul Lafargue, gendre de Marx, qui parle de révolutions linguistiques en 1789 et Marr qui parlait de langues spécifiques à des classes (inspirant Bourdieu par ailleurs).
Staline explique que même si dans une société de classes, des jargons et dialectes peuvent subsister être propres à des classes sociales voulant se distinguer d’autres, avec leurs expressions, cultures, etc. ce ne sont pas des langues différentes, car elles gardent les 2 éléments constitutifs d’une langue : 1. Un lexique de mots conséquent 2. Une structure grammaticale.
Il faut également préciser que Staline, considérant le pays qu’il a construit, l’URSS, comme un pays sans classes, ne peut pas comprendre comment une langue peut elle subsister.
Encore une fois, la langue = moyen de communication pour l’ensemble de la société.
C’est le moment où un élément très reconnaissable de la littérature stalinienne commence à se mettre en place: la citationnite aiguë !.

3. C’est quoi une langue, bordel?
Comme je vous ai dit, Staline considère qu’il y a deux éléments constitutifs de la langue : lexique de mots et grammaire, mais il va encore plus loin en disant que la grammaire est une série d’abstractions de la pensée humaine… Je m’explique:
Imaginons que la langue est une maison. Les mots du vocabulaire, ce sont les matériaux de construction de la langue et la grammaire modifie les mots et les connecte pour en faire des phrases plus ou moins cohérentes.
Mais souvenons-nous de ce qu’on a dit précédemment : contrairement à la superstructure, la langue est liée directement à la production et donc va voir son lexique s’enrichir considérablement quand la production se développe, sans détruire l’ancien stock de mots (contrairement à la superstructure qui est détruite et remplacée par un autre lors du development de la production/la base). La langue se développe donc très lentement après des centaines d’années de stock de mots s’enrichissant, de mélanges avec d’autres.

4. La langue, si c’est ni une base ni une superstructure, c’est quoi selon le matérialisme ?
Le cordonnier géorgien pense qu’on peut comparer la langue à un instrument de production, càd. Que cela fait parti des éléments utilisés directement lors des relations économiques, qui est commun à toute la société, sans nature.
5. Le rapport de la langue à la pensée
C’est simple : sans langues, pas de pensées. La langue est le corps intermédiaire de la pensée humaine selon Marx (encore une fois citationnite aiguë !).
6. Les relations en langues, dans un monde capitaliste, ne peuvent se terminer que par une langue qui domine l’autre
Conclusion
1. On constate que Staline fait preuve d’une assez faible orthodoxie marxiste et est très pratique dans ses méthodes (genre littéralement il termine son livre en disant que Marx n’est pas une religion et qu’il faut arrêter de le citer pour tout et n’importe quoi
2. Le rapport à la langue sera détaillé par d’autres, particulièrement Lacan qui critiquera beaucoup Staline.
3. Un énorme trou noir dans la pensée de Staline car selon lui, la base de la Nation est la langue… Si la langue est indépendante des classes sociales ou de la superstructure, si dans notre monde actuel, une langue ne peut que dominer une autre et donc doit être protégée… Qu’est que ça dit sur la Nation?

Super intéressant merci !
il y a 4 jours
Ca me fait penser qu'il y a baudrillard qui avait fait un bouquin sur le langage des signes pour parler linguistique au sens large, j'ai pas encore lu ça doit être le seul à sauver du mouvement post structuralisme. Mais comme tu dis c'est des abstractions accumulées tout au long de l'histoire matérielle des différents modes de production
Merci.
Merci.
il y a 4 jours
Yodafeet
4j
Ca me fait penser qu'il y a baudrillard qui avait fait un bouquin sur le langage des signes pour parler linguistique au sens large, j'ai pas encore lu ça doit être le seul à sauver du mouvement post structuralisme. Mais comme tu dis c'est des abstractions accumulées tout au long de l'histoire matérielle des différents modes de production
Merci.
Merci.
C'est hyper difficile de rentrer dans les écrits de Baudrillard je trouve. Il est atrocement jargonnant
SI un khey a des clés de lecture je suis preneur

SI un khey a des clés de lecture je suis preneur

il y a 4 jours
Yodafeet
4j
Ca me fait penser qu'il y a baudrillard qui avait fait un bouquin sur le langage des signes pour parler linguistique au sens large, j'ai pas encore lu ça doit être le seul à sauver du mouvement post structuralisme. Mais comme tu dis c'est des abstractions accumulées tout au long de l'histoire matérielle des différents modes de production
Merci.
Merci.
Frederic Jameson est intéressant selon un pote, mais je comprends rien de ce qu’il écrit.
il y a 4 jours
Je viens de tout lire et j'ai bien aimé si tu pouvais faire d'autres topics comme ça ça serait bien
il y a 4 jours
Je viens de tout lire et j'ai bien aimé si tu pouvais faire d'autres topics comme ça ça serait bien


Ou même un livre de Robert Thurston sur le Moyen âge.
il y a 4 jours


Ou même un livre de Robert Thurston sur le Moyen âge.
Fais les deux quand t'as le temps
il y a 4 jours


Ou même un livre de Robert Thurston sur le Moyen âge.
Ca m'intéresse mein kampf mais tu auras une traduction correcte ou direct en allemand? je ne savais pas qu'il y avait un tome II en effet
il y a 4 jours
les théories des moustachus de la deuxième guerre mondiale, j'ai un peu de mal
il y a 4 jours
Ca m'intéresse mein kampf mais tu auras une traduction correcte ou direct en allemand? je ne savais pas qu'il y avait un tome II en effet
Pour le tome 1 Mon Combat, la version Kontre Kulture (donc de l’Action Française) est correcte. Pour le tome 2 (qui, en gros, est un bouillon jamais publié du vivant de Hitler) je l’ai téléchargé en anglais dans une édition sérieuse d’histoire, ça fait longtemps que je l’ai lu par contre, je vais devoir dépoussiérer mes notes.
il y a 4 jours
PALANCE
4j
les théories des moustachus de la deuxième guerre mondiale, j'ai un peu de mal
Pourtant leurs théories ont influencé le monde.

il y a 4 jours