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C'est moi ou il fait chaud là
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il y a 2 mois
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DISSERTATION





Economie Sociologie Histoire du monde contemporaine ECG 1ère et 2ème années Programmes 2021.
Dissertations.
Les fondements de l'économie.



Le consommateur est-il rationnel?
Le concept de rationalité, central dans l'analyse économique des comportements individuels, renvoie traditionnellement à une rationalité de moyens au service de fins, à laquelle renvoie explicitement la définition de la société économique en tant que science des choix proposée par L. Robbins ( 1932 ) ( " L'économie est la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre des fins et des ressources rares ayant des usages alternatifs " ). Dans cette conception de la rationalité, les agents économiques agissent ou sons supposés agir en adaptant leurs moyens à leurs fins. Plus particulièrement, les consommateurs procèdent rationnellement et en fonction de leurs préférences à des choix d'allocation de leurs ressources rares entre différentes combinaisons de biens et services de manière à maximiser la satisfaction qu'il en retirent. Cette définition de la rationalité économique, qu'on qualifiera de standard, pose néanmoins de nombreuses questions et fait l'objet de controverses récurrentes en économie et en sciences sociales : par exemple est ce qu'elle permet de prendre compte de certaines " anomalies de la rationalité " observées dans les choix de consommation des individus? Plus généralement, la mise en évidence de certaines limites du concept de rationalité standard utilisé en microéconomie signifie t elle que les consommateurs ne sont pas rationnels ou plutôt que ce concept constitue un outil inadéquat pour rendre compte des comportements de consommation réels?
On montrera que le concept de rationalité économique est indéniablement pertinent pour analyser les choix de consommation individuels dès lors qu'il est défini de façon suffisamment large et intégrant les apports récents de l'analyse économique : l'hypothèse de rationalité individuelle permet alors de rendre compte de la plupart des comportements de consommation, y compris apparemment non ou peu rationnels. La théorie microéconomique du consommateur étend ainsi l'hypothèse de rationalité économique standard à l'ensemble des choix de consommation individuels qu'elle analyse dans ladre de rationalité économique standard ont cependant conduit au développement d'analyses plus réalistes pour expliquer les comportements des consommateurs.




1. L'analyse microéconomique du consommateur étend ainsi l'hypothèse de rationalité économique à l'ensemble des choix de consommation individuels.
a. La théorie microéconomique néoclassique du consommateur analyse les comportements de consommation comme le résultat d'un choix rationnel de l'individu.
La signification de l'hypothèse de rationalité individuelle est double en matière de choix des agents. D'une part étant donné deux biens X et Y, et pour tous les couples possibles X et Y, l'individu rationnel sait qu'il préfère X à Y, Y à X ou s'il n'a pas de préférence; une seule de ces trois possibilités étant vraie pour chaque couple d'alternatives. D'autre part l'hypothèse de rationalité implique la transitivité des choix individuels : si l'agent économique préfère X à Y et Y à Z, alors il préfère X à Z. Rapportée au choix du consommateur, l'hypothèse de rationalité signifie que ce dernier effectue ses choix du consommateur, l'hypothèse de rationalité signifie que ce dernier effectue ses choix de consommation en sélectionnant les biens et services et les quantités et combinaisons de ces biens et services lui procurant l'utilité ou la satisfaction totale la plus élevée possible, compte tenu de ses préférences individuelles et des ressources ou moyens limités dont il dispose. Dans cette perspective, il exploite systématiquement toute occasion d'améliorer sa situation. Sa rationalité est en ce sens instrumentale et optimisatrice car il s'agit pour lui d'utiliser au mieux ses ressources pour obtenir la satisfaction la plus élevée possible. L'analyse microéconomique standard formalise ce choix de consommation comme un problème de maximisation d'une fonction objectif ( la fonction d'utilité du consommateur, reflétant ses préférences à sous contrainte budgétaire ou de ressources ( le montant des ressources dont dispose le consommateur pour consommer, compte tenu des prix des différents biens et services disponibles dans l'économie ), permettant de déterminer l'équilibre individuel du consommateur.
La résolution de ce problème permet de déterminer parmi l'ensemble des choix possibles, le panier de consommation ' les combinaisons de biens et services ) maximisant l'utilité du consommateur. Les préférences d'un consommateur sont traditionnellement représentées sous la forme d'une courbe d'indifférence définie comme l'ensemble des combinaisons de biens lui procurant un niveau donné d'utilité. Le consommateur ne pouvant dépenser plus que le montant total de ses ressources, sa contrainte de budget indique la façon dont il peut allouer les moyens dont il dispose à des dépenses destinées à consommer différentes quantités de biens et services, compte tenu de leur prix. C'est cette hypothèse de rationalité maximisatrice qui permet de déduire la disposition à payer des consommateur et ainsi la forme classique de la courbe de demande, fonction décroissante du prix. Ainsi, l'hypothèse de rationalité individuelle permet donc d'analyser les comportements de consommation comme le résultat d'un choix d'optimisation du consommateur.




b. L'hypothèse de rationalité individuelle permet aussi de rendre compte de comportements de consommation à première vue paradoxaux et non rationnels et des choix en univers risqué et incertain.
Certains comportements de consommation semblent à priori paradoxaux au regard de l'hypothèse de rationalité du consommateur. Notamment c'est le cas des consommateur accroissant leurs consommation de biens dont le prix augmente, en contradiction avec le principe de demande décroissante par rapport au prix pour les biens dits ordinaires. L'irrationalité d'un tel comportement n 'est cependant qu'apparente. Ainsi, pour un consommateur dont les ressources sont limitées, il est en effet rationnel d'augmenter sa consommation d'un bien de Giffen même quand son prix augmente. L'augmentation du prix d'un bien de première nécessité l'amène en effet à consommer plus de ce bien au détriment de sa consommation d'autres biens. De même, la consommation des biens de Veblen, qui augmente aussi avec leur prix, n'est pas contradictoire avec l'hypothèse de rationalité du consommateur : s'inscrivant dans une logique de consommation ostentatoire, ces biens, dont les produits de luxe constituent un exemple, procurent au consommateur une satisfaction qui augmente lorsqu'ils sont plus chers, en raison de l'effet de démonstration auquel ils sont associés. Par ailleurs, pour les biens de qualité inconnue, il peut aussi être rationnel pour les consommateurs de choisir des biens dont le prix est élevé, lorsqu'ils interprètent un prix élevé comme un signal de bonne qualité.

Enfin, accroître sa consommation d'un bien dont le prix augmente est rationnel quand ce bien engendre pour le consommateur une satisfaction marginale croissante. Pour les biens addictifs tels que le jeu ou la drogue, Gary Becker explique ainsi l'augmentation de la consommation avec le prix par les phénomènes d'accoutumance et de dépendance qui changent les préférences du consommateur, ses goûts étant modifiés par ses expériences de consommation antérieure. De même, la consommation de certains biens culturels peut influer sur les préférences des consommateurs, parce que l'expérience des plaisirs esthétiques peut augmenter l'utilité procurée par ces biens : on y prend goût. Le fait de prendre des décisions en univers risqué ou incertain ne remet pas en cause l'hypothèse de rationalité des choix du consommateur, ainsi que le montre la théorie de la décision ( Frank Knight, 1921 ). Le risque se définit comme une situation dans laquelle les événements futurs ( ou états de la nature ) et les niveaux de gains et de pertes associés sont connus et probabilisables de façon objective. Le consommateur peut donc estimer les gains et les pertes probables qui sont attachées à différentes consommations et effectuer des décisions rationnelles sur la base du critère de l'utilité espérée. Dans une situation d'incertitude, les événements futurs ne sont ni connus ni probabilisables. Opérer un choix rationnel est donc plus délicat. Néanmoins, dans certaines situations d'incertitude, il demeure possible de former une probabilité subjective sur l'occurrence d'un événement futur. Le consommateur peut alors prendre une décision sur la base d'un calcul rationnel analogue à celui qu'il opère en situation de risque, en cherchant à anticiper l'utilité que sa consommation lui procurera.

L'hypothèse de rationalité du consommateur possède en définitive une portée analytique importante car elle permet de rendre compte de la plupart des comportements de consommation étudiés par l'analyse microéconomique classique. Des modèles de rationalité alternatifs renouvellent cependant l'analyse économique des comportements de consommation.


ition d
il y a 2 mois
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:zidane_lunettes:


• Le consommateur est-il rationnel?
• Le concept de rationalité, central dans l'analyse économique des comportements individuels, renvoie traditionnellement à une rationalité de moyens au service de fins, à laquelle renvoie explicitement la définition de la société économique en tant que science des choix proposée par L. Robbins ( 1932 ) ( " L'économie est la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre des fins et des ressources rares ayant des usages alternatifs " ). Dans cette conception de la rationalité, les agents économiques agissent ou sons supposés agir en adaptant leurs moyens à leurs fins. Plus particulièrement, les consommateurs procèdent rationnellement et en fonction de leurs préférences à des choix d'allocation de leurs ressources rares entre différentes combinaisons de biens et services de manière à maximiser la satisfaction qu'il en retirent. Cette définition de la rationalité économique, qu'on qualifiera de standard, pose néanmoins de nombreuses questions et fait l'objet de controverses récurrentes en économie et en sciences sociales : par exemple est ce qu'elle permet de prendre compte de certaines " anomalies de la rationalité " observées dans les choix de consommation des individus? Plus généralement, la mise en évidence de certaines limites du concept de rationalité standard utilisé en microéconomie signifie t elle que les consommateurs ne sont pas rationnels ou plutôt que ce concept constitue un outil inadéquat pour rendre compte des comportements de consommation réels?
• On montrera que le concept de rationalité économique est indéniablement pertinent pour analyser les choix de consommation individuels dès lors qu'il est défini de façon suffisamment large et intégrant les apports récents de l'analyse économique : l'hypothèse de rationalité individuelle permet alors de rendre compte de la plupart des comportements de consommation, y compris apparemment non ou peu rationnels. La théorie microéconomique du consommateur étend ainsi l'hypothèse de rationalité économique standard à l'ensemble des choix de consommation individuels qu'elle analyse dans ladre de rationalité économique standard ont cependant conduit au développement d'analyses plus réalistes pour expliquer les comportements des consommateurs.




• 1. L'analyse microéconomique du consommateur étend ainsi l'hypothèse de rationalité économique à l'ensemble des choix de consommation individuels.
• a. La théorie microéconomique néoclassique du consommateur analyse les comportements de consommation comme le résultat d'un choix rationnel de l'individu.
• La signification de l'hypothèse de rationalité individuelle est double en matière de choix des agents. D'une part étant donné deux biens X et Y, et pour tous les couples possibles X et Y, l'individu rationnel sait qu'il préfère X à Y, Y à X ou s'il n'a pas de préférence; une seule de ces trois possibilités étant vraie pour chaque couple d'alternatives. D'autre part l'hypothèse de rationalité implique la transitivité des choix individuels : si l'agent économique préfère X à Y et Y à Z, alors il préfère X à Z. Rapportée au choix du consommateur, l'hypothèse de rationalité signifie que ce dernier effectue ses choix du consommateur, l'hypothèse de rationalité signifie que ce dernier effectue ses choix de consommation en sélectionnant les biens et services et les quantités et combinaisons de ces biens et services lui procurant l'utilité ou la satisfaction totale la plus élevée possible, compte tenu de ses préférences individuelles et des ressources ou moyens limités dont il dispose. Dans cette perspective, il exploite systématiquement toute occasion d'améliorer sa situation. Sa rationalité est en ce sens instrumentale et optimisatrice car il s'agit pour lui d'utiliser au mieux ses ressources pour obtenir la satisfaction la plus élevée possible. L'analyse microéconomique standard formalise ce choix de consommation comme un problème de maximisation d'une fonction objectif ( la fonction d'utilité du consommateur, reflétant ses préférences à sous contrainte budgétaire ou de ressources ( le montant des ressources dont dispose le consommateur pour consommer, compte tenu des prix des différents biens et services disponibles dans l'économie ), permettant de déterminer l'équilibre individuel du consommateur.
• La résolution de ce problème permet de déterminer parmi l'ensemble des choix possibles, le panier de consommation ' les combinaisons de biens et services ) maximisant l'utilité du consommateur. Les préférences d'un consommateur sont traditionnellement représentées sous la forme d'une courbe d'indifférence définie comme l'ensemble des combinaisons de biens lui procurant un niveau donné d'utilité. Le consommateur ne pouvant dépenser plus que le montant total de ses ressources, sa contrainte de budget indique la façon dont il peut allouer les moyens dont il dispose à des dépenses destinées à consommer différentes quantités de biens et services, compte tenu de leur prix. C'est cette hypothèse de rationalité maximisatrice qui permet de déduire la disposition à payer des consommateur et ainsi la forme classique de la courbe de demande, fonction décroissante du prix. Ainsi, l'hypothèse de rationalité individuelle permet donc d'analyser les comportements de consommation comme le résultat d'un choix d'optimisation du consommateur.




• b. L'hypothèse de rationalité individuelle permet aussi de rendre compte de comportements de consommation à première vue paradoxaux et non rationnels et des choix en univers risqué et incertain.
• Certains comportements de consommation semblent à priori paradoxaux au regard de l'hypothèse de rationalité du consommateur. Notamment c'est le cas des consommateur accroissant leurs consommation de biens dont le prix augmente, en contradiction avec le principe de demande décroissante par rapport au prix pour les biens dits ordinaires. L'irrationalité d'un tel comportement n 'est cependant qu'apparente. Ainsi, pour un consommateur dont les ressources sont limitées, il est en effet rationnel d'augmenter sa consommation d'un bien de Giffen même quand son prix augmente. L'augmentation du prix d'un bien de première nécessité l'amène en effet à consommer plus de ce bien au détriment de sa consommation d'autres biens. De même, la consommation des biens de Veblen, qui augmente aussi avec leur prix, n'est pas contradictoire avec l'hypothèse de rationalité du consommateur : s'inscrivant dans une logique de consommation ostentatoire, ces biens, dont les produits de luxe constituent un exemple, procurent au consommateur une satisfaction qui augmente lorsqu'ils sont plus chers, en raison de l'effet de démonstration auquel ils sont associés. Par ailleurs, pour les biens de qualité inconnue, il peut aussi être rationnel pour les consommateurs de choisir des biens dont le prix est élevé, lorsqu'ils interprètent un prix élevé comme un signal de bonne qualité.

• Enfin, accroître sa consommation d'un bien dont le prix augmente est rationnel quand ce bien engendre pour le consommateur une satisfaction marginale croissante. Pour les biens addictifs tels que le jeu ou la drogue, Gary Becker explique ainsi l'augmentation de la consommation avec le prix par les phénomènes d'accoutumance et de dépendance qui changent les préférences du consommateur, ses goûts étant modifiés par ses expériences de consommation antérieure. De même, la consommation de certains biens culturels peut influer sur les préférences des consommateurs, parce que l'expérience des plaisirs esthétiques peut augmenter l'utilité procurée par ces biens : on y prend goût. Le fait de prendre des décisions en univers risqué ou incertain ne remet pas en cause l'hypothèse de rationalité des choix du consommateur, ainsi que le montre la théorie de la décision ( Frank Knight, 1921 ). Le risque se définit comme une situation dans laquelle les événements futurs ( ou états de la nature ) et les niveaux de gains et de pertes associés sont connus et probabilisables de façon objective. Le consommateur peut donc estimer les gains et les pertes probables qui sont attachées à différentes consommations et effectuer des décisions rationnelles sur la base du critère de l'utilité espérée. Dans une situation d'incertitude, les événements futurs ne sont ni connus ni probabilisables. Opérer un choix rationnel est donc plus délicat. Néanmoins, dans certaines situations d'incertitude, il demeure possible de former une probabilité subjective sur l'occurrence d'un événement futur. Le consommateur peut alors prendre une décision sur la base d'un calcul rationnel analogue à celui qu'il opère en situation de risque, en cherchant à anticiper l'utilité que sa consommation lui procurera.

• L'hypothèse de rationalité du consommateur possède en définitive une portée analytique importante car elle permet de rendre compte de la plupart des comportements de consommation étudiés par l'analyse microéconomique classique. Des modèles de rationalité alternatifs renouvellent cependant l'analyse économique des comportements de consommation.


• l'analyse comportementale des choix de consommation, une remise en cause incomplète de l'hypothèse de rationalité?
il y a 2 mois
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• .
• Conclusion.
• En définitive, le concept de rationalité apparaît sans conteste pertinent pour analyser les choix de consommation individuels, dès lors qu'il est défini de façon à intégrer l'idée de rationalité imparfaite et les développements récents de l'analyse économique. L'hypothèse de rationalité permet alors de rendre compte de l'ensemble des comportements de consommation, même considérés comme non ou peu rationnels à première vue. En outre, même mise en défaut par l'observation empirique de nombreuses anomalies comportementales par rapport au modèle théorique de choix rationnel du consommateur, l'hypothèse de rationalité néoclassique constitue un référence théorique précieux auquel confronter les comportements de consommation observés dans la réalité. En ce sens, elle demeure bien un outil puissant pour analyser, comprendre et éventuellement orienter les comportements de consommation. .










Dissertation.
Les marchés financiers sont ils au service de la croissance?

Introduction.

La crise des subprimes a profondément ébranlé l'économie réelle au point que la crainte d'un affaiblissement durable de la croissance mondiale ait ressurgi. Elle débute en 2007, les structures de refinancement hypothécaire peinent à faire face à leurs engagements vis à vis des opérateurs qui leur avaient acheté sur les marchés financiers des RMBS, ces titres adossés aux créances immobilières des ménages américains. Les économistes ont rapidement interrogé la responsabilité des innovations financières de la période précédence dans la genèse de cette crise. Le cas de Lawrence Summers est intéressant car il a le premier évoqué la possibilité d'une stagnation séculaire. La croissance potentielle se trouve à l'époque minée par un investissement trop peu dynamique accompagné d'une épargne très abondante mais mal orientée vers les investissements productifs qui permettraient d'assurer une croissance équilibrée. Il avait également commencé à réfléchir à la fin des années 1980, aux limites de l'efficience des marchés financiers, en lançant à son collègue Black, sa fameuse formule " They are idiots. Look around you. ".

Les idiots désignent ici les opérateurs qui se fondent sur des signaux peu pertinents pour faire leurs choix de titres sur les marchés. Ceux que la finance comportementale désigne comme des " noise traders " font dévier parfois durablement les titres de leur valeur fondamentale, rendant ainsi les marchés moins efficients. Comme les autres économistes de la nouvelle économie keynésienne, il considère que ces déséquilibres de court terme peuvent avoir des effets persistants à long terme. Ainsi, les bulles spéculatives qui éclatent sur les marchés financiers ne seraient pas étrangères aux risques de stagnation séculaire. Si le problème principal de nos économistes vient d'un manque d'investissement, on peut se demander à quelle condition les marchés financiers pourraient permettre de mobiliser l'épargne mondiale pour financer les investissements et les innovations indispensables à une croissance équilibrée. Nous verrons comment ces marchés financiers sont utiles pour stimuler l'investissement, l'innovation et donc la croissance puis, la façon dont leur hypertrophie peut au contraire fragiliser la dynamique d'ensemble de nos économies.



1. Les marchés financiers en dynamisant l'investissement et l'innovation stimulent la croissance.
a. Le développement des marchés financiers facilite le financement de projets indispensables à une croissance équilibrée
En mobilisant l'épargne au service des projets à financer et en dynamisant l'offre de crédit, les marchés financiers rendent des services précieux à la croissance. Sur ces marchés les agents à capacité de financement peuvent transférer de la richesse dans le temps, ce qui leur permet d'optimiser leurs arbitrages inter temporels. En diversifiant par exemple les possibilités d'arbitrage rendement/risque, les marchés offrent à chaque épargnant un placement adapté à ses préférences en matière de risque. Comme les agents sont incités à placer leur épargne, il est plus facile de drainer cette épargne et donc de la mettre au service au placement de projets d'investissements utiles à la croissance. Si les arbitrages des épargnants ou de ceux à qui ils confient leur épargne se font sur une base rationnelle, les capitaux seront alloués aux projets les plus rentables, ceux pouvant offrir la plus forte rémunération aux apporteurs de capitaux. C'est la thèse défendue par les partisans de la thèse des marchés efficients comme Eugène Fama. La crise financière ne peut alors s'expliquer que par une cause allogène aléatoire, que les agents ne pouvaient pas avoir intégrée dans leurs anticipations et les marchés retournent ensuite à l'équilibre. Par ailleurs, les banques peuvent plus facilement se refinancer sur le marché monétaire et elles peuvent aussi, grâce à la titrisation de leurs créances, les sortir de leur bilan. Dans les 2 cas, elles sont davantage incitées à accorder des crédits à l'économie réelle.
Dans ces conditions, les demandeurs de capitaux peuvent mettre en concurrence différents offreurs de capitaux qui leur offrent différentes solutions de financement. Le coût du capital baisse et l'investissement privé se trouve encouragé. Parmi les projets qui trouvent des financements sur les marchés, il y a aussi une part importante de projets publics. Certaines de ces dépenses publiques d'investissement jouent un rôle crucial sur la croissance comme le soulignent en particulier les modèles de croissance endogène. Ce sont souvent les titres de la dette publique qui permettent d'ailleurs de développer les premiers marchés financiers. La dernière étape importante de leur développement dans les années 1980 est impulsée par les pouvoirs publics des différentes pays développés dans l'espoir de stimuler une croissance qui était ralentie depuis la fin des Trente Glorieuses.





b. Ils incitent aussi les agents au risque à se lancer dans des projets utiles à la croissance.

C'est ce que disait Keynes dans le chapitre 12 de la " Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie " : l'existence de marchés sur lesquels les titres sont négociables rassure ceux pouvant financer les projets d'investissement, dont la rentabilité est par nature incertaine. On ne peut jamais en effet anticiper parfaitement la rentabilité future du projet et il faut une part d'optimisme pour se lancer dans un financement à la rémunération incertaine. La possibilité grâce aux marchés que cette décision risquée ne soit pas irrévocable, rassure les apporteurs de capitaux et le volume d'investissement productif s'en trouve augmenté, ce qui stimule la demande globale via l'effet multiplicateur. Sur les marchés dérivés, les agents averses au risque peuvent aussi acheter des contrats qui les couvrent contre des aléas qu'ils redoutent. Ils transfèrent les risques, moyennant finance, aux spéculateurs qui acceptent de les endosser. Ils peuvent donc investir plus sereinement et peut ainsi à l'origine d'une croissance plus forte. On peut prendre l'exemple du Chicago Board of Trade créé dès la fin du XIXème siècle. En sécurisant le prix des récoltes céréalières, le développement de ces marchés à terme a permis aux producteurs de se lancer plus sereinement dans la modernisation de leurs exploitations, ils étaient rassurés sur la possibilité de rentabiliser leurs investissements en machine par exemple. Ces marchés à terme ont facilité la modernisation de l'agriculture américaine et donc impulsé l'amélioration des rendements. Les outils de transfert et de mutualisation des risques peuvent aussi inciter les prêteurs à accorder des financements qu'ils auraient autrement hésité à fournir.

Or ces prêts financent des projets, par exemple des projets d'achat immobilier qui vont doper le marché immobilier mais aussi les autres marchés qui lui sont liés et qui sont très créateurs d'emploi, comme le bâtiment. La possibilité d'acheter des CDS pour se protéger du risque de défaut rassure aussi les prêteurs et augmente l'offre de crédit. Dans les années 1980 et 1990, ces différents canaux par lesquels les marchés financiers sont au service de l'économie réelle, ont motivé dans les grands pays développés une série de réformes qui visaient à favoriser les innovations financières, avec l'espoir de soutenir une croissance qui ralentissait. Mais cet espoir placé dans un développement volontariste des marchés financiers, pour relancer une croissance en berne, a été déçu. Ainsi depuis la fin des années 1990, la question s'est un peu déplacée et on cherche à établir comment et pourquoi une sphère financière hypertrophiée menace la croissance.
il y a 2 mois
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2. Mais en l'absence de régulation, le développement de ces mêmes marchés peut pénaliser la croissance.


a. L'hypertrophie des marchés financiers rend la croissance plus instable.

Le développement dérégulé des marchés financiers rend les crises financières plus probables et ces crises déstabilisent l'économie réelle par des effets de contagion. Comme le rappelle Keynes dans le chapitre de 12 de la Théorie générale, c'est une affaire de mesure : " Les spéculateurs peuvent être aussi inoffensifs que des bulles d'airs dans un courant régulier d'entreprise. Mais la situation devient sérieuse lorsque l'entreprise n'est plus qu'une bulle d'air dans un tourbillon spéculatif. Lorsque dans un pays le développement du capital devient le sous produit de l'activité d'un casino, il risque de s'accomplir en des conditions défectueuses. Si on considère que le but proprement social des bourses de valeurs est de canaliser l'investissement nouveau dans des directions les plus favorables au rendement futur, on ne peut revendiquer le genre de succès obtenu par Wall Street, comme éclatant triomphe du laisser faire capitaliste. Et il n'y a là rien de surprenant, s'il est vrai comme nous le pensons, que les meilleurs esprits de Wall Street étaient en fait préoccupés d'autre chose. " Ce n'est pas, comme on l'a vu, la spéculation en elle même qui a posé problème. Mais quand la logique spéculative prévaut sur al logique d'entreprise, les marchés financiers risquent de déstabiliser fortement l'économie réelle. La forte volatilité des cours est sans rapport avec les fluctuations des fondamentaux, ce qui conduit aussi à une mauvaise allocation des ressources. Les financements peuvent se diriger vers des entreprises très bien cotées mais qui ont de faibles perspectives de rentabilité à long terme. Cette forte activité spéculative permet aussi que soient côtés et très bien notés des titres adossés à des créances pourtant très douteuses. L'hypothèse des marchés efficients paraît d'ailleurs mal vérifiée par les travaux de finance comportementale.

Dans ces conditions, la formation de bulles spéculatives est plus probable et elles sont destinée à éclater brutalement quand les anticipations se retournent, souvent brutalement. Quand la bulle éclate les effets ne se limitent pas aux seuls marchés financiers et se propagent à l'économie réelle comme on a pu l'observer à chaque grande crise. Avec la financiarisation des bilans bancaires, cette transmission à l'économie réelle est encore amplifiée : quand les titres perdent de leur valeur, les grandes banques universelles voient la valeur de leur actif chuter, ce qui entraîne une crise de liquidité interbancaire, doublée d'une crise de solvabilité. Malgré ces plans de sauvetage, on risque une contraction du crédit qui freine le financement de projets pourtant rentables. En conséquence on observe un caractère très pro cyclique des marchés financiers : ils amplifient les fluctuations de l'économie réelle. Quand c'est l'optimisme qui prévaut dans les entreprises et chez les acteurs qui les financent, on finance de façon trop peu sélective les projets. On soutient par le crédit la demande globale de façon artificielle et on masque les déséquilibres qui pourraient freiner la croissance, comme une mauvaise répartition des revenus qui minerait la propension à consommer. Quand la crise survient, c'est au contraire un excès de pessimisme dans les anticipations de rentabilité qui s'installe et l'offre de financement se contracte, la demande de financement aussi.

C'est la thèse développée par Hyman Minsky ( Stabbilizing unstable economies, 1986 ) et plus récemment par les modèles d'accélérateur financier.Il existe une asymétrie d'information entre les banques qui prêtent et les entreprises qui, structurellement manquent de fonds propres pour investir. Comme les banques savent qu'elles ne contrôlent pas parfaitement l'usage qui sera fait des sommes prêtées et qu'elles ne connaissent pas parfaitement la rentabilité future des projets qu'elles financent et qu'elles supportent des coûts d'agence. Elles exigent une prime de risque, qui varie en fonction de la valeur nette des emprunteurs, c'est à dire de la valeur des actifs qu'ils possèdent moins la valeur de leurs dettes. La prime de risque est donc très sensible à la valeur des titres financiers inscrits à l'actif du bilan des entreprises. Si cette valeur baisse, la valeur nette des entreprises baisse et leur capacité d'emprunt diminue, ce qui diminue leur capacité à financier des investissements productifs et provoque donc une contraction à long terme dans l'économie réelle tout en compromettant les perspectives de croissance à plus long terme. Christiani, Motto et Rostagno ( " Shock risks ", NBER, 2013, ont construit un modèle avec accélérateur financier et ils concluent qu'entre 1985 et 2010, 60% des fluctuations de la croissance américaine s'expliquent par ces fluctuations de la prime de risque exigée par les prêteurs, ce qu'ils appellent des " chocs de risque ". Quand un choc de risque négatif se produit, on entre dans un cercle vicieux où la rentabilité financière baisse et la valeur des titres aussi, ce qui diminue encore l'actif net des entreprises et renforce la méfiance des prêteurs, augmentant encore la prime de risque et donc les taux d'intérêt, etc.... On retrouve la conclusion de Minsky sur le caractère endogène des crises économiques graves.





b. C'est la qualité des institutions qui détermine les services que les marchés financiers peuvent rendre à la croissance.
Dès 2012, des économistes du FMI concluent qu'un niveau élevé d'endettement privé facilité par les innovations financières est associé à une croissance plus faible ( ARCAND, BERKES et PANIPPA " Too much finance ? " ). Ils fixent entre 80% et 100% du PIB le seuil au delà duquel le développement de l'endettement privé devient contre productif en termes de croissance. L'année suivante, Reinhart et Rogoff montrent que les crises financières précèdent souvent les crises de l'économie réelle et qu'elles sont toutes précédées d'une phase de dérégulation, qui encourage le développement rapide de l'endettement privé. Ils soulignent qu'entre 1945 et 1979, où on pratique le contrôle des mouvements de capitaux, l'encadrement assez strict des activités bancaires, le plafonnement des taux d'intérêts, on observe aussi très peu de crises financières, ce qui contraste avec la période de dérégulation des marchés ouverte dans les années 1980. Ces travaux empiriques récents montrent qu'au delà d'un certain seuil, les marchés financiers non seulement augmentent la volatilité des taux de croissance, mais l'affaiblissent. Quand la finance se développe, les innovations financières se multiplient et se complexifient, les interdépendances entre des acteurs beaucoup plus nombreux se solidifient et rendent les phénomènes de contagion plus probables. Des régulations sont donc nécessaires pour mettre les marchés financiers au service de la croissance et il ne s'avgit donc pas simplement de limiter la taille du secteur financier mais d'éviter que l'inventivité des acteurs privés ne débouche sur une accumulation excessive de risques. L'instabilité est en effet amplifiée par certaines dimensions de la globalisation financière. Elle est accentuée par le mouvement de décloisonnement des différents marchés.

Un choc, sur le marché obligataire se répercute sur les marchés d'action ou sur le marché immobilier et fragiliser les grandes banques universelles qui ont " mobiliérisé «  leur bilan. La très forte mobilité des capitaux entraîne des phénomènes de contagion d'une place financière à l'autre et donc d'une économie réelle à l'autre. C'est particulièrement sensible pour les pays émergents, confrontés à la volatilité des flux de capitaux externes. Keynes, en 1936, proposait déjà 2 solutions : placer des barrières à l'entrée sur les marchés financiers et taxer les transactions pour freiner la spéculation. Mais le régulateur a une tâche difficile, il se heurte à un problème d'aléa moral avec les banques systémiques qui sont too big to fail. On ne peut pas exclure une forme de " capture de la réglementation " avec un lobby bancaire souvent bien organisé. Enfin, les réglementations provoquent parfois des effets pervers comme les ratios de fonds propres imposés aux banques avec Bâle II et Bâle III, qui sont parfois accusés d'avoir incité au développement su shadow banking, les banques sortant de leur bilan les activités les plus régulées et/ou les créances les plus douteuses.


Conclusion.
Ainsi la dernière grande crise financière a fragilité le consensus assez large qui prévalait depuis les années 1980 et qui avait favorisé un vaste mouvement de dérégulation des activités financières. Joseph Stiglitz déclare en 2010 : " Il n'y a guère de preuve que l'approfondissement des marchés boursiers contribue à la croissance économique, en particulier pour les pays moins avancés. " et il résume bien le scepticisme qui domine depuis. Il reste à trouver les moyens d'assurer un financement plus équilibré des investissements indispensables pour assurer la transition écologique et une croissance équilibrée et durable.
il y a 2 mois
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Les fondements de la sociologie.

Dissertation : Peut on encore parler de classe sociale?

Introduction.

" La classe sociale en tant que concept sociologique est morte " écrit Robert Nisbet en 1959, sociologue américaine dans " The Decline and Fall of Social Classes ", réactivant une thèse " conservatrice " cherchant à apporter une réponse définitive à Marx et au paradigme de la lutte des classes. La notion de classes sociales va à partir de la Révolution française, animer tout le XIXème siècle pour rendre compte des critères de classement des individus qui émanent de la société industrielle en formation. Les économistes classiques, de Malthus à Ricardo, le mobilisent afin d'analyser la " répartition " et décrire un ordre économique fondé sur la collaboration - du d'analyser la ' répartition ' et décrire un ordre économique fondé sur la collaboration - du moins souhaitée - des classes. Cette représentation de la société possède une telle évidence qu'elle finit par en irriter plus d'un, comme John Stuart Mill qui en 1834 dans son ouvrage " Miss Martineau's Summary of Political Economy " s'en prend à ceux divisant le monde en 3 classes, à savoir les propriétaires fonciers, les capitalistes et les travailleurs. Il estime que " l'on pourrait penser que cette division a été voulue par Dieu et non par l'Homme, et que celui ci ne la domine pas plus que la séparation entre le jour et la nuit. " La notion même de " classe sociale " finit par posséder, avec la diffusion du marxisme, une force descriptive, analytique et mobilisatrice considérable qui s'apparente grandement à ce que Pierre Bourdieu nommait un " effet de théorie " ( des manières autorisées " d'appréhender le monde social finissent par devenir des réalités tangibles, à force d'être logées dans les esprits des individus ).Pourtant de nombreux événements depuis le début des années 1980 ont largement contribué à remettre en question la fécondité de la notion de classe sociale, jusqu'à devenir pour certains " un angle mort " de la sociologie française comme l'a expliqué Stéphane Beaud dans " Les angles morts de la sociologie française " dans Collectif, la France invisible, 2008 " : de l'effondrement de l'URSS et de ses satellites au déclin du parti communiste qui s'est longtemps voulu le parti de la classe ouvrière, en passant par la désindustrialisation, l'essor d'une société " de services ", la multiplication des emplois non qualifiés, intermittents, l'assise professionnelle qui constituait l'un des fondements majeurs de la notion de classe n'a cessé de perdre du terrain. Dès lors l'affirmation, un peu péremptoire de Nisbet, dans le contexte où il l'a énoncé, a fini par posséder une certaine réalité et a semblé correspondre à un reflux objectif et subjectif de cette forme d'appartenance sociale. Les succès rencontrés au même moment par d'autres supports d'identification, comme le " genre " ou la " race ", n'y sont pas étrangers. Pourtant, un ensemble de constats empiriques, parmi lesquels la recrudescence des inégalités économiques, laissent augurer, sinon un retour des classes sociales, du moins le maintien d'une starification révélant une hiérarchie sociale explicite. Enfin, les transformations sociales des dernières décennies, notamment lisibles à travers l'évolution des professions et catégories socioprofessionnelles ( PCS ), témoignent également des mutations et des recompositions au sein des classes dont tiennent compte désormais la plupart des analyses récentes.










1. La notion de classe est elle dépassée?

a. Une notion conflictuelle et réductrice.

La notion de classe sociale, si elle n'est pas apparue avec Marx, a connu son apogée avec la diffusion de la pensée marxiste. " L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes " selon Marx et Engels dans " Le Manifeste du Parti Communiste " en 1848. Dans cette approche dite réaliste, les classes et fractions de classes existent historiquement et sont caractérisées par un clivage majeur, à savoir la possession ou non des moyens de production. De la société antique à la société médiévale jusqu'à la société capitaliste, l'antagonisme tend à prévaloir entre exploiteurs et exploités. Le capitalisme n'invente donc pas des relations qui lui préexistent largement, il contribue à les polariser dans la mesure où sa dynamique devrait aboutir à la réduction du nombre d'exploiteurs ( les capitalistes ) et au contraire, à l'accroissement inexorable du nombre de prolétaire. Parmi eux certains constituent une " armée industrielle de réserve " ( les hommes en trop condamnés par les mutations industrielles à en raison de la place croissance du capital dans le processus de production. D'innombrables débats au sein même de la tradition marxiste comme chez ses adversaires, émergent et portent aussi bien sur la définition " objective " des classes ( où classer la petite bourgeoisie ? ) que sur la dimension subjective. Marx avait déploré dans " Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte ( 1852 ) la faible conscience de classe des petits paysans français, inertes face au coup d'Etat ayant conduit au Second Empire.
Une analyse du sociologue allemande Ralf Dahrendorf ( classes et conflits de classes dans la société industrielle, 1972 ), débattue dans les années 1970, estime que la conflictualité tend à se réduire d'intensité dans la société industrielle et que la dilution de la propriété, notamment avec l'essor des grandes firmes et groupes, contribue à une diversification des types de conflit qui portent souvent sur l'autorité, le pilotage de l'organisation et exceptionnellement sur la maîtrise des moyens de production.


b; Une " réconciliation des classes ".
Certains analyses qui se sont multipliés après 1945, ont mis en évidence non seulement une atténuation de la lutte des classes mais aussi une perte de consistance de l'appartenance " subjective " à une classe. Il s'agirait essentiellement d'un phénomène de " upgrading " consistant en une élévation généralisée des conditions de vie de la population dont le sort s'améliore au regard des générations précédentes, conduisant à une sorte de " déprolétarisation " de la population ouvrière dont les standards de consommation et les aspirations se modifient au fil du temps. Serge Mallet a annoncé l'avènement dans " La nouvelle classe ouvrière " dès 1963. Ainsi, la formation d'une vaste classe moyenne symbolisée par " le modèle de la toupie " analysée par Henri Mendras, dans la Seconde Révolution française " ( 1988 ), s'apparenterait à un phénomène largement irréversible en raison d'un mouvement de " moyennisation " entrevu par Tocquevill dans é La démocratie en Amérique " ( 1835 et 1840 ), qui rapproche les conditions de vie d'une population caractérisée par la hausse continue des revenus et des niveaux d'éducation. Les clivages traditionnels marqués par la prégnance des institutions, que ce soit l'Eglise catholique ou le parti communiste, laisseraient désormais place à un individualisme croissant et à un refus d'endosser des identités lourdes à porter.

c. La fin du modèle pyramidal.

Dans la continuité des approches récusant toute portée à l'analyse en termes de classes sociales, la vision hiérarchique de la société partagée par de nombreux sociologues, de Norbert Elias à Pierre Bourdieu, d'Edmont Goblot à Maurice Halbwachs, est contestée. En effet même de l'approche marxiste, raisonner en termes de classes sociales suppose l'existence d'une hiérarchie, -reposant sur les ressources économiques, le prestige de fonctions sociales exercées, le niveau d'éducation - relativement admise. L'idée de moyennisation remet en cause cette approche en allant parfois jusqu'à affirmer que ce serait dès lors, les classes moyennes qui seraient prescriptives en matière de comportements ( la démocratisation " des relations familiales leur est volontiers attribuée ), comme de goûts. Ainsi, un certain relâchement " des conduites en matière de pratiques culturelles, lié au triomphe de la " culture de divertissement " ( Voire Bernard Lahire, " La Culture des individus " 2004 ) remettrait en question les hiérarchies anciennement établies : la consommation de rock ou de jazz, de séries originales rivalise désormais au sein de la " culture légitime é avec l'écoute de la musique classique ou la visite des musées.
il y a 2 mois
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2. Un retour des classes sociales?


a. Une disparition en trompe l'oeil.

La réduction de certains écarts de conditions de vie, et encore davantage des aspiration, ne font pas disparaître pour autant les milieux sociaux distincts. Maurice Halbwachs avait particulièrement insisté dans " La classe ouvrière et les niveaux de vie " 1912, sur l'importance du degré d'intégration sociale, dans une logique durkeimienne, pour saisir les écarts de consommation entre groupes sociaux. En effet, contre de nombreuses approchqes statistiques ou économiques, Halbwachs a mis l'accent sur l'existence d'une hiérarchie des besoins, non pas universelle, mais propre à chaque milieu social. Ainsi, si les revenus des ouvriers comme des employés ( au début du XXème siècle ) pouvaient être voisins, leurs structures de consommaiton différeraient sensiblement : l'importance accordée au foyer contribuerait à l'élévation des dépenses alimentaires ( qui ne se réduiraient alors pas à des dépenses de pure et simple nécessité à alors que les employés avaient un niveeau de dépense plus important pour l'habillement, car en tant que " cols blancs ", il leur importait de " bien présenter " face à un public, des clients ou des supérieurs hiérarchiques. Les valeurs, goûts comme dégoûts ( comme Pierre Bourdieu l'a montré dans " La Distinction " 1979 ) diffèrent ainsi d'un milieu social à l'autre, jusqu'à parfois s'opposer, terme à terme ( le laissez aller et le rigorisme, la légèreté et la lourdeur ).

b. Un maintien des différences des conditions de vie.

Les analyses portant sur la consommation ont bien mis en évidence à quel point les différences demeuraient fortes, tant dans les structures de consommation, révélant préférences et modes de vie, que dans les usages de biens et services consommés. Louis Chauvel a ainsi pu démontrer ( " Du pain et des vacances " : la consommation des catégories socioprofessionnelles s'homogénéiste t elle encore? " Revue française de Sociologie, 1999 ) que les " chevauchement statistiques sont rares au cours du temps, autrement dit que les postes de consommation constituent une variable assez prédictible de l'appartenance sociale. L'idée d'une homogénéisation des modes de vie résiste d'autant moins à l'examen que si les objets sont " classés et classants ", comme l'affirme Bourdieu, leurs usages permettent tout autant de produire des différences : ainsi une pratique " vulgaire " peut faire l'objet d'une appropriation savante et légitime ( la bande dessinée comme les séries télé ), et inversement, une pratique anciennement légitime peut souffrir de déclassement au cours du temps, sans que les derniers usagers ne s'en rendent forcément compte ( apprendre le latin pour appartenir à " l'élite " pratiquer le tennis pour ' faire chic ").




c. Un retour programmé?
L'accroissement des inégalités des revenus observable depuis les années 1980 en tant que tendance lourde semblant démentir la thèse de l'inexorable moyennisation finit nécessairement par produire des effets sur les appartenances collectives. Dans un texte polémique et programmatique, Louis Chauval ( " Le retour des classes sociales "Revue de l'OFCE, 2001 ), amis en évidence que l'identité de classe reposait sur une certaine permanence des positions ( le fait par exemple de se situer " en bas " de la hiérarchie sociale ) et une transmission intergénérationnelle ainsi que sur un maintien des écarts économiques comme socio culturelles ( lieux d'habitation, loisirs, etc... ) qui structuraient les groupes sociaux. Ainsi l'augmentation des inégalités économiques et leurs conséquences en terme d'accès à l'éducation, à l'emploi mais aussi à la stabilité conjugale et à la condition parentale ' Voire Laurent Lesnard, " La famille désarticulée, 2009 ) est propice à l'affirmation de nouvelles identités de classe relativement conflictuelles.




3. Un nouveau paysage social?


a. Un maintien des milieux dominants.

Contrairement à une vision parfois répandue, les classes dominantes n'ont pas disparu. Nombre de travaux économiques parmi lesquels l'ouvrage de Branco Milanovic " Inégalités mondiales " 2018, ont même démontré que l'internationalisation de l'économie et la baisse de l'imposition sur le capital ont contribué à l'avènement d'une " société patrimoniale " qui, sans laisser augurer un " retour au XIXème siècle ", témoignerait d'un loi non écrite du capitalisme selon laquelle sans institutions correctrices et volontarismes politiques, les inégalités ne peuvent que mécaniquement s'accroître ( voire Thomas Piketty " Le Capital au XXIème siècle ", 2013 ). Ainsi l'essor des paradis fiscaux contribue à consacrer la formation d'une sorte de ploutocratie internationale qui s'approprie de manière croissance les leviers du pouvoir politique. Ainsi le capitalisme méritocratique libérale, pour reprendre la formulation de Branco Milanovic ( Le capitalisme sans rival ", 2020, ) perdrait progressivement sa première caractéristique, comme en témoignerait par exemple le ralentissement tendanciel de la mobilité sociale ascendante.


b. Des classes moyennes entre deux feux.

Si le contour des classes moyennes paraît clairement délimité aujourd'hui, - les professions intermédiaires ( 25% de la population active ) qui rassemblent les salariés rejoignent les artisans, commerçants, chefs d'entreprise ( 10% de la population active ) - leur sort divise les analyses. Pour Louis Chauvel, dont la thèse est radicale, les classes moyennes seraient à la dérive, pour reprendre le titre de son ouvrage en 2006? D'autres analyses sont plus nuancées, notamment l'ouvrage de Dominique Goux et Eric Maurin, " Les Nouvelles Classes moyennes " ( 2012 ), insiste lui sur le maintien global des positions des classes moyennes, dont le sort demeure cohérent et sensiblement distinct de celui des classes populaires, davantage marquées par un décrochage. En termes de niveau de vie et de structures de consommation, les classes moyennes, certes inquiètes de l'évolution des conditions de vie de leurs enfants, seraient loin d'être happées par un déclassement généralisé.





c. Des classes populaires en décomposition?

Le temps n'est plus où la classe ouvrière pouvait structurer autour d'elle les autres groupes sociaux en quête d'un meilleur avenir. La désindustrialisation a sonné la glas de sa capacité de mobilisation de sa visibilité car le groupe ouvrier est passé de 27% de la population active en 1975 à 20% en 2020, dont l'hétérogénéité l'emporte désormais sur l'unité avec l'essor des ouvriers des services, des métiers du transport, et une confusion toujours plus grande avec les activités des employés. De al sorte, les groupes populaires semblent traversés par de nombreux clivages. Comme Olivier Schwartz l'a démontré, l'opposition classique établie par le sociologue britannique Richard Hoggart l'a démontré ( entre eux et nous, comme deux mondes qui se font face et s'ignorent ) gagnerait à être complétée par une troisième catégorie, ceux " d'en bas ", les " assistés ", avec lesquels il s'agirait de ne pas être confondu. Certains auteurs ont aussi défendu l'idée que le clivage majeur au sien des groupes populaires séparait désormais les ouvriers et employés qualifiés des ouvriers et employés non qualifiés ( Thomas Amossé, Olivier Chardon " Les travailleurs non qualifiés : une nouvelle classe sociale " Economie et Statistique, 2006 : la stabilité de l'emploi, le niveau de qualification, les perspectives d’avenir les différencient sensiblement et établissent une hiérarchie interne qui nuit certainement à l'unité. En parallèle, le développement des " nouvelles formes d'emploi" fragilise de nombreux actifs, souvent jeunes, qui dessinent un " précariat " aux contours flous, en dépit des revendications statutaires croissantes, à l'image des résistances à l'ubérisation.

Conclusion.

Si on veut éviter la querelle quasi théologique et faire de la " classe sociale " un concept opératoire, il semble difficile de nier son existence. Prendre acte de l'existence d'une hiérarchie sociale qui s'est même certainement accrue dans les dernières décennies ne doit pas empêcher de mesurer l'ampleur des transformations. Si on veut éviter les images d'Epinal et les nostalgies faciles, il est nécessaire de garder à l'esprit que les découpages sociaux sont toujours le résultat d'entreprises politiques, statistiques, juridiques... complexes - ainsi que l'atteste la nomenclature des PCS et ses redéfinitions successives - et que le " contenu " des groupes sociaux ne cesse d'évoluer. Mais, le conseil de Schumpeter ( Impérialisme et classes sociales, 1927 ) pourrait être conservé à l'esprit : mettant en garde contre ceux qui envisageaient la disparition des classes sociales en raison de la mobilité sociale, il soulignait que les montées et descentes successives du bus n'empêchaient nullement ce dernier d'accomplir son trajet.
il y a 2 mois
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Entreprise et organisation.

Dissertation : Qui dirige une entreprise?


Introduction.

Cette question paraît simple à première vue. On peut juste se contenter de répondre que c'est le dirigeant. Cependant, quand on plonge dans le quotidien de l'entreprise, on voit que ça devient plus compliqué de répondre. S'agit il du " patron ", propriétaire ou nommé par les actionnaires, d'une " technostructure " disposant de compétences techniques et organisationnelles, voire parfois, de salariés ou de leurs représentants, comme dans des coopératives, La gouvernance de l'entreprise a évolué aussi bien avec la succession des é théories des organisations " qu'avec les mutations du pouvoir au sein des firmes contemporaines, dont la " corporate governance " constitue la dernière mouture désormais amendée par la " théorie des parties prenantes ". Le pouvoir de " droit divin " des dirigeants d'entreprise s'est avéré contesté aussi bien par les syndicats de salariés que par les ingénieurs et cadres dirigeants, se réclamant de compétences propres à faire valoir au sein de l'organisation. Un débat, sans cesse réactivé, a conduit à mettre en évidence un rapport de forces entre propriétaires du capital et managers, qui ne cesse de se transformer au cours du temps et a semblé déboucher sur le triomphe des premiers avec l'avènement d'un capitalisme actionnarial. Toutefois, la pérennité de l'entreprise semble devoir reposer sur un vaste consensus interne émanant de ses différentes " parties prenantes ".



1. Du patron de droit divin au timing partage du pouvoir dans l'entreprise.
a. Le patron de droit divin ou la vision verticale de l'entreprise.
Les premiers moments de l'industrialisation massive correspondent aux premières tentatives de dégager une " théorie de la firme " qui correspond à un contexte où le pouvoir patronal est sans rival. Consacré par la fusion entre les fonctions de direction et la propriété de l'entreprise qui conduisent à la formation de véritables dynasties patronales ( à l'image de Schneider, au Creusot, qui fournissent en outre, des maires à la ville sur plusieurs générations ), le pouvoir du patron ne saurait être contesté. Le paternalisme théorie par Frédéric Le Play, sous le Second Empire, va être endossé par la patronat catholique et conduira à la création de " cités ouvrières " qui illustrent bien à quel point toute l'organisation de l'existence de l'ouvrier tourne autour de l'usine. Le directeur général de la compagnie de Decazeville, Henri Fayol, ( 1861 - 1925 ), publie en 1916 " L'administration industrielle et générale " , fournissant une véritable doctrine du gouvernement de l'entreprise, caractérisée par l’unité du commandement, transposition explicite de la vision militaire. La fonction de " commandement " s'avère dans ce cadre essentielle et doit reposer sur les qualités personnelles du " chef " de l'entreprise, assimilée à une " administration ".

b. La voie taylorienne.

C'est Frederic Winslow Taylor autodidacte, ancien contremaître devenu ingénieur dans diverses entreprises sidérurgiques, qui a conçu un véritable système, énoncé dans " La Direction scientifique des entreprises " ( 1911 à, dans lequel il préconise la mise en oeuvre d'un système productif cohérent et complet pour résoudre le problème de la baisse de la productivité qu'il nomme un peu rapidement ' flânerie ouvrière ". Parmi les solutions qu'il préconise figure le salaire à la pièce et l'ajustement des effectifs au rendement ( introduisant ainsi une certaine flexibilité en dépit de sa réputation de rigidité ). L'invocation de la méthode " scientifique " découle de la stricte vision d'ingénieur. La division du travail est double, verticale entre la conception et l'exécution; horizontale en simplifiant le plus possible les opérations. Un service spécialisé ( le bureau des méthodes ) est ainsi dirigé par un ingénieur entouré de contremaîtres ( anciens ouvriers expérimenté s) chargés de chronométrer les tâches de l'ouvrier dont l'autonomie est anéantie. La hiérarchie est à coup sûr dans cette perspective un gage d'efficacité et de rationalité.

c. La mise en oeuvre fordiste.

Henri Ford révolutionna le secteur de l'industrie automobile en faisant de la voiture un bien de consommation accessible à un vaste marché. Un certain nombre d'innovations techniques sont mises en application, du convoyeur en 1913 à la célèbre production standarisée à la chaîne. Par son action, la voiture, d'objet de luxe devient un bien standard, à l'image du modèle de la Ford T, fabriquée à 15 millions d'exemplaires durant une vingtaine d'années ( de 1908 à 1928 ). Ces innovations correspondants à un essor colossal des gains de productivité : les prix de vente s'effondrent et Ford en vient à détenir 60% du marché automobile aux Etats Unis en 1921. En contrepartie, de véritables avancées sociales sont obtenues : en janvier 1914, est adoptée la journée de 8 heures dans les usines Ford alors que le salaire quotidien atteint 5 dollars par jour, le double environ des salaires pratiqués dans l'industrie à l'époque. Toutefois, le refus de la diversité des produits comme la persistance à combattre l'instauration de syndicats au cours des années 1930, finit par créer un climat moins serein, marqué par une conflictualité croissante et traduit la limite de la " stratégie volume " qui requiert une progression continue de la demande pour réaliser des économies d'échelles et baisser les prix.






2. L'éternelle lutte entre propriétaires et managers.

a. La montée en puissance des managers.

De nombreux auteurs, parmi lesquels James Burnham dès 1941, ont annoncé " L'Ere des organisateurs ", annonçant ainsi une véritable révolution managériale induite par l'avènement d'une nouvelle catégorie d'auteurs, ingénieurs, techniciens, organisateurs, susceptibles de prendre le pouvoir au sein des organisations complexes et de détrôner les propriétaires du capital, incapables de maîtriser les règles du jeu du capitalisme moderne. J.K. Galbraith prolonge l'analyse en 1967, dans " Le Nouvel Etat industriel ". Il analyse la montée en puissance d'un capitalisme managérial. La concentration industrielle atteinte par l'économie américaine aurait conduit à un changement d'objectif des firmes recherchant désormais non plus la maximisation du profit mais le contrôle du marché et l'éviction, y compris préventive, d'éventuels concurrents. Ainsi, l'essor de la technostructure correspond aux nouvelles orientations de la firme : la planification de la demande ( la " filière inversée " ) permise par l'instauration de dépenses de publicité et de marketing. Une interrogation demeure ainsi sur le maintien ou l'évaporation de l'esprit entrepreneurial dans cette nouvelle phase du capitalisme.


b. Des conflits au sein de l'organisation?

La sociologie des organisations, longtemps incarnée en France par Michel Crozie, souligne à quel point l'organisation moderne complexe qu'est devenue la firme peut être source de conflits internes portant sur la répartition du pouvoir en son sein. Dans " Le Phénomène bureaucratique " ( 1963 ), Crozier souligne à quel point les grandes organisations contemporaines, parmi lesquelles les entreprises sont traversées par des conflits internes entre échelons hiérarchiques pour la mise en application des décisions. Loin de se plier aux normes édictées au sommet, les différents membres de l'organisation évitent soigneusement tout contact prolongé avec l'échelon inférieur et supérieur ( ce qu'il nomme " la peur du face à face " ) afin de ne pas livrer d'informations qui pourraient être utilisées contre soi. Ainsi, le pouvoir dans l'organisation semble reposer principalement sur la maîtrise de l'information. Le marginal sécant désigne par exemple celui qui se trouve à l'intersection de plusieurs " systèmes d'action " au sein de l'organisation et qui, de ce fait, dispose d'une connaissance de la firme bien plus vaste que celle que sa place dans l'organisme peut parfois laisser supposer. L'entreprise moderne s'apparente ainsi à un vaste ensemble de fonctions parallèles et concurrentes dont la coordination s'avère toujours problématique, tiraillées par des logiques contradictoires et d'incessantes rivalités.


c. L'organisation ou le marché?
il y a 2 mois
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c. L'organisation ou le marché?

Pour les économistes Armen Alchian ou Harold Demsetz ( " THeory of the firm, Managerial behavior, agency cost and owner structure " Journal of financial économics, 1976 ), la place de l'autorité dans l'organisation gagnerait à être relativisée. L'enjeu majeur qui constitue la coopération à l'intérieur de l'organisation, afin d'accroître la productivité, pourrait être mieux résolu par l'intervention d'un contrôleur chargé d'évaluer les performances. Afin d'éviter l'aléa moral, il semble souhaitable qu'il soit propriétaire afin de réduire les éventuels coûts d'agence. Cette vision de la firme est assez semblable à celle du marché et demeure une affaire principalement d'incitations. Ainsi la firme s'apparente à une institution instable dont les frontières sont poreuses et se modifient en permanence. Dans une approche encore plus radicale, la firme peut s'apparenter à un noeud de contrats : Olivier Williamson dans " Market and hierarchies " en 1975, ajoute ainsi à la rationalité limitée l'hypothèse d'opportunisme des agents ( qui viseraient à maximiser leur intérêt personnel en situation imparfaite ). Cette approche néo institutionnaliste vise à prendre en compte les contraintes objectives qui pèsent sur la firme et aident à comprendre son fonctionnement. Parmi elles, figure le degré de spécificité des actifs ( le fait qu'un usage alternatif soit envisageable sans coûts excessifs ) : un local peut il être affecté à une autre fonction qu'à celle d'origine? L'entreprise dans la continuité des travaux de R. Coase ( " La nature de la firme " Economica, 1937 ), s'apparente ainsi à un " noeud de contrats " reliant les différents protagonistes ( salariés, fournisseurs, clients, etc... ). Marché et hiérarchie constituent bien deux formes alternatives de coordination susceptible de se corriger mutuellement, qui ne diffèrent plus que par degré et non par nature.
L'intégration verticale est parfois un besoin mais elle nécessite de recréer au sein de la firme les systèmes d'incitations qui prévalent au sein du marché. La firme dès lors, beaucoup moins bureaucratique en institutionnalisée que précédemment.






3. Vers un nouveau compromis dans l'entreprise?
a. Le passage de la grande firme industrielle à la corporate governance.

L'avènement du gouvernement d'entreprise a pu désigner un changement des règles du jeu instituées et témoigner d'un retour en force de la promotion des intérêts patrimoniaux des actionnaires. Il s'agit sur le plan théorique de la transposition de la théorie de l'agence énoncée par Michael Jensen et William Meckeling ( 1976 ). L'adoption au Royaume Uni d'un " Code of best practice ( 1992 ), aux Etats Unis de la Corporate governance ( 1994 ) consacre ainsi le " retour " des actionnaires. L'objectif de la création de valeur actionnariale ( shareholder value ) s'imposer aux entreprises cotées et régit la gestion interne comme externe des firmes. Dans le même temps, de nouvelles pratiques se diffusent : la multiplication des fusions et acquisitions, le recentrage sur les métiers de base de l'entreprise, l'externalisation des activités non rentables, la réduction de l'intensité capitalistique ( downsizing ). Parmi les conséquences importantes qui émergent, se trouve une mutation du rapport salarial car les risques inhérentes à l'activité sont désormais transférés vers la salariés ( les licenciements qui conduisent à un allègement de la masse salariale et peuvent conduire à une hausse du cours de l'action ) et les dirigeants des grandes groupes deviennent, conformément à la " théorie de l'agence ", des porte parole des actionnaires. En attestent, les révocations de PDG par l'actionnariat mécontent de la politique menée de Jean Marie Messier, PDG de Vivendi, en 2002, qui s'était lancée dans une aventure de stratégie de croissance externe ou d'Emmanuel Faber en 2020, évincé du Conseil d'administration de Danone par les fonds institutionnels, actionnaires de référence du groupe, qui lui ont reproché un exercice solitaire du pouvoir et la recherche d'objectifs de long terme ( " sociaux " et " environnementaux " ) préjudiciables à la rentabilité immédiate.



b. La prise en compte des " parties prenantes ".

L'analyse de Robert Edward Freeman, " Strategic management. A stakeholder approach " ( 1984 ) connaît désormais un succès croissant et semble pouvoir constituer un rééquilibrage dans les rapports de pouvoir au sein de l'organisation. Une partie prenante est désignée comme ' tout groupe d'individus ou tout individu qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs organisationnels ". Cette vision volontairement large vise à démontrer que les dirigeants ont un rôle, des obligations et des responsabilités qui excèdent de beaucoup la simple prise en compte des actionnaires. La capacité de susciter la confiance des salariés à long terme est susceptible d'accroître leur engagement, lui même source de productivité ( ce qu'illustre à sa manière la théorie du salaire d'efficience ). L'entreprise n'est plus appréhendée comme un monde clos puisqu'elle est désormais envisagée comme une entité ayant des relations permanentes avec l'environnement dont elle dépend. L'entreprise semble ainsi devoir être dirigée par un collectif de responsables soucieux d'arbitrer entre des attentes multiples et parfois divergentes, en élaborant des compromis acceptables pour l'ensemble des partenaires.



c. La RSE, un nouveau cadre d'action et nouvelles missions de l'entreprise.


La thématique de la responsabilité sociétale des entreprises s'est progressivement imposée dans les dernières décennies en raison de la montée en puissance des impératifs environnementaux, éthiques dans la gestion quotidienne et prévisionnelle de la firme. Ainsi, des réglementations se mettent en place qui vont poser les bases de la RSE moderne : au sein de l'Union européenne, la directive sur le droit des sociétés a été modifiée en ce sens dès 2007 et la Commission européenne a adopté en 2011, une " communication " visant à l'ériger en composante de la " croissance inclusive ". En France, l'adoption de la loi PACTE, en 2019, fournit une illustration du champ d'application de la RSA : de l'environnement ( la réduction des déchets dans l'entreprise, le recyclage, l'adoption de charte avec fournisseurs ), aux enjeux sociaux ( favoriser le mécénat, les programmes humanitaires, l'ergonomie, la santé au travail ) et culturels ( soutenir les associations sportives, artistiques et culturelles ). La RSE est devenue désormais indispensable afin d'améliorer l'image des entreprises auprès des consommateurs, mais s'impose tout autant, en tant que gage de bonne gestion des ressources de l'entreprise et d'amélioration, à terme, de sa productivité interne.
Conclusion.
Face à la multiplication de scandales financiers à partir des années 2000, par exemples affaires Enron en 2001, Andersen en 2002, WorldCom ou Parmalat en 2003, qui ont symbolisé les effets pervers de la financiarisation et de la quête illimitée de la share holder vlue comme objectif unique et sacré de la firme moderne, le plus souvent transnationale, la recherche de la bonne gouvernance a fini par s'imposer, quitte à ne plus désigner seulement les intérêts à court terme de l'actionnaire, mais plutôt le respect des diverses parties prenantes qui contribuent à faire exister l'entreprise comme entité. La financiarisation a pu s'avérer utile en ayant favorisé la transparence, impératif devenu nécessaire afin de disposer de suffisamment d'informations pour évaluer la qualité de la gestion de la firme; Elle pourrait toutefois n'avoir constitué qu'une étape dans la relation établie par l'entreprise avec ses partenaires extérieurs. La notion de " stakeholder ", chère à la théorie des parties prenantes, présente en effet l'intérêt de souligner que l'entreprise ne saurait " appartenir " à une seule de ses composantes, fussent ils actionnaires, particulièrement à un moment où sa valeur intrinsèque repose fortement sur son image de marque et sur la confiance qu'elle génère auprès de ses interlocuteurs.
il y a 2 mois
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La dynamique de la mondialisation économique.
Dissertation.

La mondialisation est elle irréversible?

Introduction

" La mondialisation fait voir aux peuples un monde qui bouleverse leurs attentes; le drame est qu'elle se révèle totalement incapable de les satisfaire " écrivait Daniel Cohen dans " La mondialisation et ses ennemis " en 2004. Cette citation illustre une des ambiguité du processus de mondialisation, à savoir qu'elle a beau être désirée, il produit aussi bien des déceptions, jusqu'à souhaiter sa remise en cause. Le processus de mondialisation est ancien. On peut distinguer une première phase contemporaine à la fin du XIXème siècle dont Suzanne Berger ( Notre première mondialisation, leçons d »un échec oublié ) pointe à la fois l'ampleur, les limites et la fragilité ; puis une deuxième phase qui débute autour des années 1970 avec une accélération du processus. La mondialisation se caractérise dans tous les cas par l'accroissement quantitatif des échanges de biens et de services, elle permet une mise en relation et une interdépendance marquée entre des territoires à l'échelle mondiale. La mesure du degré d’ouverture permet de rendre compte de la place grandissante des échanges internationaux dans les économies. Ce processus est soutenu par une évolution réglementaire qui réduit les obstacles au commerce international. L'activité des firmes multinationales, qui se dessine dès la fin du XIXème siècle, est devenue un élément central de la mondialisation actuelle, tout comme la place croissante des flux de services et financiers. Considérer la mondialisation comme un phénomène irréversible revient à supposer que sa remise en cause soit impossible. Les différents aspects du phénomène seraient installés de façon définitive. Ainsi un recul du volume des échanges, un raccourcissement des flux, tout autant qu'un déclin des chaînes de valeur instituées par les firmes multinationales seraient inconcevable.
Le caractère irréversible de la mondialisation signifie également son soutien continu et définitif par tous les acteurs et en premier lieu les Etats ayant oeuvré à son développement. Le principe de consolidation des négociations internationales, tels les accords du GATT, affirme l'irréversibilité des concessions consenties. Ces dernières années, les tensions commerciales, les difficultés de la gouvernance mondiale de la mondialisation incarnée par la paralysie d l'OMC et les critiques croissantes du processus dans les pays du Nord semblent avoir fragilisé le discours triomphant des années 1990. Le contexte inédit de la pandémie de la covid 19 qui a provoqué un recul des échanges internationaux et des controverses autour des vulnérabilités induites par les chaînes de valeur mondiales, a renforcé cette dynamique : la mondialisation apparaît plus fragile que jamais, même si certains argumentent que cette même mondialisation a permis la circulation de traitements et de connaissances de la maladie. En tout cas il n'y a pas eu d'effondrement massif des échanges. La mondialisation est elle vraiment irréversible? Si la mondialisation apparaît comme un processus très solidement ancré dans nos sociétés et peu susceptibles de remise en cause, elle est aussi contestée de façon croissante et sa fragilité et de plus en plus visible. Finalement, davantage qu'à un retournement complet, c'est probablement à une transformation profonde de la mondialisation que l'on devrait assister dans le futur.









1. Le processus de mondialisation, de par sa puissance et son ampleur, est longtemps apparu irréversible.

a.L'ampleur des échanges et le degré d'interdépendance sont tels qu'un retournement du processsus semble à priori impossible.

Depuis le XIXème siècle les échanges internationaux progressent. Selon Kenwood et Lougheed ( 1979 ), le volume du commerce international est multiplié par 25 entre 1820 et 1913. Entre 1948 et 1998 il est multiplié par 17 tandis que la production mondiale n'est multipliée que par 6. La part de la production mondiale exportée s'accroît donc nettement : le volume des exportations rapporté au PIB mondial passe de 4,-% en 1870 à 8% en 1913 et de 8% en 1950 à 15,9% en 1996. L'interconnexion des économies se traduit par un rapprochement des prix entre les territoires. Baldwin et Maritn en 1999 ont montré qu'entre 1870 et 1913, l'écart du prix du blé entre Chicago et Liverpool passait de 58% à 16%. Rourke et Williamson en 2001 ont montré que l'écart du prix d'achat en Asie et de vente à Amsterdam du café était passé de 16% en 1810 à 2% en 1939. Dans le cadre européen, une étude de John Rogers en 2002 montrait que les différences de prix avaient été divisées par 3 en moyenne au sein de l'UE entre 1990 et 2001. L'interdépendance se lit aussi à travers la mesure des soldes courants comparés au PIB : Obstfeld et Taylor en 2002 montrent qu'entre 1880 et 1913, le solde courant moyen des 13 principaux pays européens atteignait en moyenne 3.5% de leur PIB, ce qui est comparable au niveau des années 2000. On peut aussi souligner cette interdépendance en observant le contenu des exportations en importations : l'OMC a montré que le contenu moyen des exportations en importations dans le monde était de 20% il y a 20 ans pour 40% aujourd'hui. En France, concernant les marchandises, on retrouve ce chiffre de 40% selon une étude des douanes de 2012. Pour citer Pascal Lamy : " Les pays qui exportent le plus et le mieux sont les pays qui importent le plus et le mieux. "


b. La mondialisation a été portée par des facteurs de long terme puissants comme le progrès technique et la recherche de profit des firmes, qui ne peuvent s'inverser.
Dès le XIXème siècle, la mondialisation est facilitée par le progrès technique dans les transports ( bateaux réfrigérés, chemin de fer, puis tankers, navires spécialisés de grande taille, aviation à mais aussi communications ( télégraphe, téléphones, internet à. Paul Bairoch estime que de 1850 à 1913, les chemins de fer ont permis une baisse réelle des prix des transports terrestres de 10 à 1. Selon des calculs de David Hummels concernant le transport maritime, on observe une baisse des coûts de transport de 36% entre 1974 et 2004. Cette réduction des coûts a permis de rendre les échanges plus rentables. Cette baisse des coûts des transports et la rapidité des communications ont aussi rendu possible la DIPP des FMN. Les coûts de transaction ( Coase, 1937 ) sont réduits, ce qui facilite les relations entre les différentes filiales, ou avec les fournisseurs extérieurs. L'implantation à l'étranger permet également de réduire les incertitude dans un environnement de contrats peu sûrs ( Antras, Helpman et Acemoglu, 2006 ). La mondialisation répond plus globalement aux stratégies de recherche de profit des firmes : logiques extractives autour des matières premières au XIXème siècle, logiques de conquête de nouveaux marchés et de fragmentation de la production dans la deuxième mondialisation contemporaine. Le modèle de Raymond Vernon ( 1966 ) autour des firmes américaines des années 1960 affirme qu'elles prolongent le cycle de vie de leur produit par la production et la vente à l'étranger.
Des modèles comme le modèle OLI ( Dunning, 1988 ) rendent compte des stratégies des FMN pour accroître leurs profits en utilisant toutes les ressources de la mondialisation. L'IDE est choisi lorsque la firme réunit simultanément les trois types d'avantages ( spécifique, à la localisation et à l'internalisation ). S'il n'y a pas d'avantage à la localisation mais un avantage spécifique et un avantage à l'internalisation, la firme garde la maîtrise de la pénétration du marché étranger en y exportant et en établissant son propre réseau de vente. Pour Dunning enfin, si la firme ne possède qu'un avantage spécifique, elle effectue alors une vente de license auprès d'une entreprise locale et lui laisse le soin d'exploiter le marché de son pays. Le développement des chaînes de valeur mondiales organisé par les FMN, surtout depuis les années 1980, est incontestable : le commerce intra firme représenterait près de 40% du commerce mondial. Le rapport 2020 de la Banque mondiale souligne que pour une très grande majorité de secteurs économiques ( énergie, nourriture, chimie, transports, bâtiment, immobilier, éducation, etc... ), la participation aux chaînes de valeur mondiale s'est accrue entre 1995 et 2011. Cela prouve l'efficacité et la rentabilité de cette stratégie.
il y a 2 mois
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c. Ces résistances s'incarnent dans un protectionnisme de plus en plus visible.
Le protectionnisme s'est maintenu malgré les accords successifs de libre échange. Les tarifs douaniers ont diminué mais ils n'ont pas disparu. L'OMC calcule le taux moyen de droits de douanes appliqués et il se trouve qu'il est de 10% pour la Chine en 2019. La même année, il est de 16,5% pour la Corée du Sud et de 31,2% pour le Brésil. Les pays en voie de développement bénéficient du système de préférence généralisé qui les autorise à pratiquer un taxation plus forte sur leurs importations. Si les taux moyens sont plus modérés dans les pays développés ( 5,1% pour l'Union européenne et 3,4% pour les Etats Unis en 2019 ), des pics tarifaires peuvent peuvent persister, en particulier dans le domaine agricole. Dans le cas des Etats Unis, la moyenne consolidée des droits sur les produits agricoles est de 7,4%, mais le taux maximal appliqué est de 350%. Le protectionnisme s'incarne également dans des formes non tarifaire, essentiellement par des réglementations contraignantes pour les importateurs. Les Etats Unis ont porté plainte auprès de l'OMC à la fin de l'année 2017 contre le Canada à propos d'une réglementation interdisant aux magasins d'alimentation de vendre des vins d'origine étrangère sur les mêmes rayons que les vins canadiens et obligeant à les reléguer dans un store within a store ( " magasin dans le magasin " ). Après la crise de 2008, on avait déjà assisté à une réelle reprise de mesures protectionnistes de l'ombre. Elles prennent de force la forme d'enquêtes anti dumping, de restriction aux producteurs nationaux du bénéfice des mesures de relance, de régulations discriminatoires. Les taxations imposées par les Etats Unis à la Chine à partir de 2018 soulignent également la persistance de l'usage du protectionnisme.








3. Davantage qu'à un recul, il faut s'attendre à une certaine stagnation de la dynamique de la mondialisation et à sa transformation.

a. Le processus de mondialisation pourrait prendre une forme de plus en plus régionale.




b. Les intérêts souverains semblent s'affirmer davantage, ce qui pourrait entraver la poursuite du processus de mondialisation.
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c. On devrait assister à des réorganisations au sein des chaînes de valeur.
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Conclusion.
Ces évolutions peuvent ainsi s'accorder partiellement avec la réaffirmation des intérêts souverains des Etats, même si les relocalisations devraient rester limitées et pourraient ne pas se traduire par des retours des productions dans les pays d'origine. En effet, l'augmentation des coûts qui en résulteraient pourrait être dissuasive. La relocalisation de la production d'IPhone aux Etats Unis pourrait avoir un impact compris entre 5% et 13% sur son prix final. Dans le cas du paracétamol, les premières déclarations des industriels font état d'une possible hausse du prix du médicament de 10%, selon Guillou et Combe ( 2021 ).
il y a 2 mois
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Economie Sociologie Histoire ECG 1ère - 2ème année. Programme 2021.
Sujets d'oraux.
Sujet d'oral.
Le capitalisme managérial.






En mars 2021, les mésaventure d'Emmanuel Faber, écarté de son poste de président et directeur de Danone par des actionnaires mécontents des résultats de l'entreprise apparaît comme le symbole du poids pris par ces derniers avec le mouvement de financiarisation observé depuis les années 1980. On se représente parfois le capitalisme managérial comme une ère révolue du capitalisme, celle où un actionnariat dispersé avait entraîné non seulement une scission entre propriétaires et dirigeants des firmes, mais aussi une prise de pouvoir des managers, la " main invisible des managers" révolutionnant profondément le capitalisme. L'ère des managers est elle révolue avec la montée des shareholders ou encore la grande entreprise capitaliste peut elle se passer de managers?

1. Le manager salariés apparaît comme la figure centrale du capitalisme de la période fordiste.

a. Dès le début du XXème siècle, la grande entreprise apparaît comme une institution administrée par des managers salariés.

Les contemporaines prennent conscience que les firmes ne sont plus toujours dirigées par leurs propriétaires. C'est surtout vrai pour les grandes sociétés par action se développant avec la deuxième révolution industrielle à un moment où les capitaux propres que les firmes doivent mobiliser pour financer des volumes importants d'investissements, excèdent l'épargne accumulée par les fondateurs et leurs proches. La grande entreprise capitaliste devient un groupement rationnel légal au sens de Weber, une institution qui est administrée par une bureaucratie. Les managers sont des salariés recrutés pour leurs compétences et non plus en fonction de leurs relations privilégiées avec les patrons-propriétaires. C'est cette compétence qui fonde leur légitimité et qui est au principe de la coordination hiérarchique de la firme. Les règles impersonnelles qui régulent les comportements ne sont pas fixées de façon arbitraire par les managers mais sont adaptées méthodiquement aux objectifs que se donne l'institution. Ces règles n'ont rien de sacré si elles perdent leur efficacité, elles sont discutées et modifiées et les managers jouent un rôle central dans la réalisation des compromis.






b. Cette révolution managériale a transformé le capitalisme de façon durable.
Pour Chandler, c'est une véritable révolution managériale qui se produit et renouvelle profondément les entreprises et le capitalisme dans son ensemble : pour réguler les actions individuelles, la " main visible des managers " remplace en partie la main invisible du marché. Les firmes, quand elles augmentent en taille, deviennent des organisations complexes avec des acteurs hétérogènes qui n'ont ni les mêmes trajectoires ni les mêmes perspectives, ni les mêmes intérêts. Dans ces conditions la maximisation du profit pour rémunérer les apporteurs de capitaux propres ne peut plus apparaître comme l'unique objectif partagé par tous les acteurs. Les managers doivent organiser des compromis satisfaisants entre les différents acteurs de l'entreprise. Comme le remarquent March et Cyert dans " A Behavoural Theory of the firm ", 1963, il y a des sous groupes poursuivant chacun des objectifs différents. La fonction du manager est alors d'organiser des compromis satisfaisants entre ces différents groupes. Les solutions adoptées pour rendre l'action collective possible sont toujours contingentes, elles sont le résultats de négociations entre les différentes parties prenantes. Il est impossible de considérer ces compromis comme autant d'étapes vers l'unique solution optimale, celle maximisant le profit. Pour faire accepter les compromis, les managers peuvent distribuer des récompenses monétaire comme des augmentations de primes de de salaire, ou alors non monétaires, comme un poste de directeur, une mission à l'étranger, etc... Il disposent pour faire cela d'un budget laissé à leur discrétion.
Ce budget " discrétionnaire " introduit un " biais managérial " qui vient augmenter les coûts de coordination et diminuer les profits distribués aux propriétaires de l'entreprise. C'est aussi le point de vu défendu par Keynes dans " La fin du laisser faire ", 1926. " A ce stade, la stabilité générale et la réputation de l'institution comptent plus pour la direction de l'entreprise que la maximisation du profit pour les actionnaires. Ceux ci reçoivent les dividendes correspondant aux conventions en vigueur; mais une fois ceux ci assurés, l'intérêt immédiat de la direction est souvent d'éviter les critiques de sa clientèle et du public ". Le sociologue François Dupuy rappelle à quel point dans ce capitalisme managérial, l'organisation en silos permettait de protéger les salariés d'une trop forte pression des clients qui prévaudra dans la période suivante pour intensifier le travail. Ainsi cette révolution managériale remodèle en profondeur le capitalisme, même si cela ne signifie pas pour autant la disparition d'autres formes d'organisation de la production contrairement au récit un peu fonctionnaliste qu'en donne Chandler.




2. Le capitalisme actionnarial modifie le rôle des managers.



a. La création de valeur pour l'actionnaire semble remettre en cause la place centrale accordée aux managers.


Quand Milton Friedman écrit en 1962 que " peu d'évolutions pourraient miner aussi profondément les fonctions mêmes de notre société libre que l'acceptation pour les dirigeants d'entreprise d'une responsabilité sociale autre que celle de faire le plus d'argent possible pour leurs actionnaires ", il annonce le mot d'ordre de la période suivante : la création de valeur pour l'actionnaire apparaît comme le meilleur gage d'efficience pour les firmes. Dans cette relation entre principal ( les actionnaires ) et agent ( les managers ), on cherche à aligner les intérêts des managers sur celui des actionnaires par des incitations qui rendent les managers plus loyaux à l'égard des actionnaires, par exemple, en leur distribuant des stock options.



b. Mais le capitalisme actionnarial ne signifie pas tant le déclin du pouvoir des managers que sa reconfiguration.


Dans " Le nouvel esprit du capitalisme " écrit en 1999, Boltanski et Chiapello soulignent à quel point le manager apparaît comme le coach d'une équipe de salariés tendus vers un seul objectif : la satisfaction du client. Les managers jouent un rôle essentiel dans l'entretien de l'engagement au travail des salariés, gage de leur productivité et de la création de valeur pour l'actionnaire. Ce sont eux qui relaient les promesses de sécurité et d'autonomie mais aussi de progrès collectif qui mobilisent l'énergie des salariés, ce sont eux qui fixent les deadlines analysées par le sociologue Hartmut Rosa dans " Accélération. Une critique sociale du temps. " écrit en 2010. On pense le pouvoir accru des actionnaires comme le retour pur et simple au modèle dirigée par les propriétaires, souvent les propriétaires fondateurs. Quand on observer les entreprises de la nouvelle économie comme Facebook, c'est plus compliqué : les actifs de l'entreprise sont plus immatériels et permettent de produire des services souvent financés par la publicité. Puisque ces entreprises disposent souvent du cash au moment où elles sont introduites en bourse, ce n'est donc pas la recherche de fonds propres qui motive leur introduction en bourse mais plutôt l'enrichissement des fondateurs de l'entreprise. Mark Zuckerberg a ainsi touché 19 milliards en vendant des parts du capital social de Facebook. Pour ne pas perdre pour autant le contrôle de l'entreprise qu'il a créée, il a fait en sorte que les parts détenues par les fondateurs ouvrent des droits de vote spécifiques. On sort du principe une action une voix : le fondateur conserve ainsi 50% des droits de vote, 96% avec ses associés. Le top manager reste ici à la fois le fondateur et l'actionnaire principal.



Conclusion.


Enfin, dans le cadre des " entreprises à mission ", le rôle de coordination des managers, pensés comme les coordonnateurs d'un projet collectif, se trouve réaffirmé. La loi Pacte, promulgué le 22 mai 2019, ouvre en effet la possibilité pour les entreprises de choisir une " raison d'être ", c'est à dire un projet de long terme qui donne du sens à l'engagement des différentes parties prenantes, et en particulier des salariés. Un organe, où les salariés sont représentés, est chargé de vérifier que les décisions stratégiques de l'entreprise ne contreviennent pas à la mission qu'elle s'est donnée. C'est une autre façon de considérer que les actionnaires possèdent ds parts du capital social mais ne sont pas propriétaires de la société, qui est une personne morale, un projet collectif, dont personne ne peut être propriétaire. Ainsi, le capitalisme contemporaine n'a pas du tout fait disparaître les managers, qui restent indispensables pour coordonner le travail dans la firme de façon efficiente.
il y a 2 mois
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Sujet d’oral

Le déficit commercial est il toujours un problème?


Introduction.


Le dernier solde positif de la balance des biens remonte en France à 2002. Si on intègre les échanges de services, le taux de couverture est supérieur à 100% entre 1995 et 2005, il est négatif depuis mais sans jamais être inférieur à 90%. Ces déficits récurrents nourrissent dans le débat public français la crainte d'un déclin de l'économie française et des appels à un soutien efficace à l'industrie et aux emplois. Il y a 10 ans encore, le sujet aurait appelé avant tout un examen critique des idées reçues à propos des déficits et notamment de la " dangereuse obsession pour la compétitivité " dénoncée par Krugman dans " La mondialisation n'est pas coupable ". L'état du débat n'était pas si différent de celui présenté par Keynes en 1936, au début du chapitre 23 de la " Théorie générale. " " Pendant quelque deux cents ans ni les théoriciens de l'économie ni les hommes d'affaires n'ont jamais douté qu'une balance commerciale favorable fût un sérieux avantage pour un pays et une balance défavorable un grave danger surtout lorsqu'elle entraîne des sorties de métaux précieux. Mais durant les cent dernières années il a existé à cet égard une remarquable divergence d'opinion. Dans la plupart des pays, la majorité des hommes d'Etat et des hommes d'affaires, et même en Grande Bretagne, berceau de la conception opposée, près de la moitié d'entre eux sont resté fidèles à l'ancienne doctrine; à l'inverse, la presque totalité des théoriciens de l'économie soutenaient que, si l'on voit plus loin que l'avenir immédiat, les préoccupations de cet ordre sont dénués de tout fondement ". Nous verrons comment, rompant avec les vues mercantilistes, les économistes depuis Adam Smith ont considéré très majoritairement que le déficit commercial n'était pas un problème en soit, puis dans quelles conditions il peut malgré tout le devenir.




a. Ce qui importe ce sont les gains aux échanges.
L'ouverture aux échanges permet de réaliser des gains aux échanges, en utilisant de façon plus efficiente les ressources dont on dispose. L'objectif d'un traité de libre échange n'est pas que tous les pays dégagent le plus grand excédent commercial possible. A la fois parce que c'est impossible étant donné que par définition si certains pays sont en excédent, d'autres sont en déficit. Ensuite car ce n'est pas un objectif en soi mais plutôt un moyen d'améliorer le bien être collectif de différentes façons. L'ouverture permet d'importer des produits moins chers et plus diversifiés que s'ils étaient produits par les seules firmes installées sur le territoire. Ce qui importe c'est de favoriser une spécialisation avantageuse. Elle permet d'améliorer les termes de l'échange, de développer les capacités à exporter dans les secteurs à forte valeur ajoutée, pour créer des emplois bien payés. Par ailleurs, la dégradation du solde commercial, loin de poser un problème, peut refléter une demande domestique dynamique. On observe d'ailleurs une corrélation forte entre les importations et l'emploi aux Etats Unis comme le montrent les travaux de Lawrence en 2018. C'est aussi l'hypothèse faite dans le cadre du modèle Mundell Flemming. Si on est déjà en plein emploi, on ne peut pas dire que les importations détruisent de l'emploi domestique.
En période de sous emploi, l'augmentation de la demande domestique ne se traduit pas seulement par une hausse des importations mais aussi par une hausse de la production domestique, créatrice d'emplois, sauf si l'offre est complètement rigide ou la spécialisation mal adaptée pour répondre à cette hausse de la demande. Enfin, pour réduire, le moyen le plus sûr c'est de comprimer la demande privée mais on risque alors de provoquer des effets récessifs, sauf si on peut compenser en augmentant les exportations vers des pays qui ne mènent pas la même politique. C'est l'option choisie par l'Allemagne depuis le début des années 2000 et sa généralisation n'est ni possible, ni souhaitable.

b. L'épargne des pays excédentaires finance les économies déficitaires.

Quand on a un déficit commercial, on a généralement un déficit courant qui reflète un investissement dynamique avec une épargne domestique insuffisante pour le financer. Il est donc impossible de réduire le déficit commercial sans diminuer les besoins de financement externe, ce qui suppose d'augmenter l'épargne domestique et/ou de réduire les dépenses publiques ou l'investissement. Soit on comprime la consommation en arbitrant en faveur de l'épargne, soit on renonce à financer des projets privés ou publics qui pourraient être rentables. Dans les deux cas, on risque de fragiliser la croissance. Plutôt que de renonce à financer ces dépenses utiles, on peut faire appel aux capitaux étrangers, attirés par la perspective d'un fort retour sur investissement, dans une zone où la demande est dynamique. Ainsi, le déficit n'est pas un problème en soi et c'est plutôt l'origine de ce déficit et ses effets qu'il faut considérer pour juger de la situation macroéconomique d'un pays et de ses perspectives de croissance à plus long terme.





2. Mais le déficit peut devenir un problème dans certaines conditions.

a. En l'absence de coordination des politiques nationales, les pays déficitaires peuvent voir leur industrie et leurs emplois menacés.

Les pays dans lesquels la demande interne vient creuser le solde commercial peuvent voir à terme leur industrie et leur croissance potentielle menacée. En effet, quand la demande est dynamique, on observe des tensions inflationnistes plus forte que dans les pays partenaires. Si aucune mesure n'est prise, la compétitivité prix des produits domestiques se dégrade, au détriment de la production domestique et de l'emploi domestique, avec un risque fort de désindustrialisation. C'est la thèse notamment défendue par des économistes du CEPII ( Geerolf et Grejbine, 2020 ) renouant avec les intuitions anciennes de Keynes. Les pays qui soutiennent leur demande intérieure voient en effet leur taux de change réel augmenter et leur compétitivité prix se dégrader, creusant en retour leur solde commercial. En changes fixes, le taux de change réel augmente du fait des tensions alimentaires associées à une demande dynamique. En changes flottants, le creusement du solde commercial est associé à des entrées de capitaux qui augmentent la demande de la devise sur le marché des changes et le taux de change nominal est orienté à la hausse. Parallèlement, les pays comme l'Allemagne accumulent des excédents, avec un taux de change réel sous évalué et renforcent leurs avantages comparatifs sur les productions industrielles.

b. On peut aussi redouter les effets à long terme d'un endettement externe.

Un financement externe n'est pas mauvais en soi, mais si on accumule des engagements vis à vis des non résidents, la position extérieure nette peut se dégrader et la dette extérieure augmenter. Si l'endettement vis à vis du reste du monde finance des bulles spéculatives dans les secteurs abrités et peu productifs, ou si, plus largement, les capitaux étrangers sont mal alloués, on risque de pénaliser la croissance potentielle. On aura du mal à faire face ensuite aux engagements vis à vis des non résidents, parce que les revenus générés par les projets financés par des capitaux étrangers seront insuffisants pour le faire. On risque alors de subir une crise des paiements externes.




Conclusion.


Pour conclure, il n'est pas absurde de se préoccuper du solde commercial mais ce sont bien ses causes et ses effets qu'il faut examiner. Le débat est aujourd'hui souvent relancer par les déséquilibres persistants des soldes courants des pays de la zone euro ou par les débats à propos de la désindustrialisation et des moyens de la combattre. A noter que l'administration Biden avait voulu renforcer le Buy American Act promulgué en 1933 et incitant les agences fédérales à favoriser les entreprises qui produisent sur le sol américain pour les marchés publics, avec l'objectif affiché de soutenir l'emploi. Keynes préconisait déjà l'instauration d'un " sérieux tarif douanier " pour protéger certaines industries plutôt que d'essayer de rétablir la compétitivité en comprimant les salaires. Il était en même temps très conscient des risques de déclencher une spirale des mesures protectionnistes.
il y a 2 mois
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Sujet d’oral.



Réformer les retraites.



Introduction.


Michel Rocard, dans sa préface au " Livre blanc sur les retraites " ayant paru en 1991, disait : " L'âge du départ à la retraite se constate plus qu'il ne se décrète. " L'ancien Premier ministre abordait la question de la soutenabilité financière du système de retraite français. Michel Rocard soulignait combien les paramètres démographiques et économiques sont essentiels pour déterminer la durée de vie active. Il veut aussi mettre en garde contre la logique de court terme pouvant saisir les responsables politiques : " Je le dis avec une tranquille assurance, ceux qui, pour des gains politiques à courte vue, croiraient flatter l'opinion en ni ant le problème, programmeraient sûrement une guerre des générations. " L'appel de Rocard a été entendu par les gouvernements suivant car depuis 1991, 6 réformes du système de retraite ont été effectuées jusqu'en 2023, sachant que pour cette dernière, seule la crise du covid 19 avait retardé sa mise en place par Macron et le gouvernement Borne. Pour comprendre cette " nécessité de réformer les retraites ", il faut avoir en tête que son principe de financement principal s'appuie sur la répartition : les cotisations prélevées sur les salaires des actifs financent les pensions des retraités; une logique assurantielle ( ou bismarckienne ) qui conduit à une solidarité des générations. Un premier enjeu est donc d'analyser la logique de ces réformes : l'objectif est il de " sauver " le mécanisme par répartition? Au contraire, existe t il une volonté de changer de modèle et de s'orienter vers un système par capitalisation? Répondre à ces questions suppose de réfléchie en deux temps : le système de retraite français est réforme pour des raisons démographiques et économiques en suivant des modalités diverses qui peuvent, à terme, finir par se traduire en un changement de nature du système.



1. Les facteurs qui conduisent à réformer les retraites sont principalement de deux ordres : démographiques et économiques.


a. Une question démographique. Le système de retraite par répartition suppose que les actifs d'aujourd'hui financent les pensions de retraite d'aujourd'hui. Tant que le nombre d'actifs est suffisamment important, le mécanisme est soutenable financièrement. Or depuis les Trente Glorieuses, force est de constater que le simple renouvellement générationnel a du mal à se mettre en place : l'indice conjoncturel de fécondité est en effet passé de 3 enfants par femme en 1950 à moins de 2 aujourd'hui. Mais en plus d'une croissance insuffisante du nombre d'actifs ( donc de cotisants ), il faut aussi tenir compte de l'allongement de l'espérance de vie, de 66 à 82 ans en moyenne entre 1950 et 2018. Cela signifie qu'il y a de plus en plus de retraités et que le versement des retraites dure plus longtemps. Il faut ainsi se remémorer que les générations très nombreuses du baby boom sont progressivement parties à la retraite. Si bien que le ration inactifs/actifs ne cesse de baisser, de 4 en 1950 jusqu'à 1,7 aujourd'hui. On saisit ici que le financement du système de retraite peut/doit être questionné…

b... qui se transforme en préoccupations économiques.

Le système de retraite français repose sur un régime paritaire, si bien qu'il est d'abord géré par les partenaires sociaux ( syndicats de salariés et du patronat ). Pourtant, en cas de déficit de la branche retraite de la sécurité sociale, l'Etat est bien contraint d'équilibrer les comptes. Comme son budget est déjà structurellement en déficit depuis le milieu des années 1970, cela oblige les pouvoirs publics à augmenter les prélèvements obligatoires ( ou à augmenter la dette publique ). On peut ainsi constater la création de deux impôts pour tenter de résorber les déficits des comptes sociaux : la contribution sociale généralisée ( CSG ) en 1990 et la contribution pour le remboursement de la dette sociale ( CRDS ) en 1996. Ces prélèvements s'appuyant en grande partie sur les salaires, elles conduisent mécaniquement à augmenter le coût du travail, ce qui amoindrit la compétitivité prix de l'économie française, précisément au moment où l'économie mondiale entre dans " l'hyper globalisation " pour reprendre les termes de Dani Rodrik dans " Nations et mondialisation " paru en 2008. Il faut également tenir compte des engagements européens de la France qui se traduisent par des contraintes budgétaires : le traité de Maastricht de 1992 impose en effet de contrôler les finances publiques pour rejoindre la zone euro. De fait, la toute première réforme du système de retraite intervient en 1993, effectuée par le gouvernement dirigé par Edouard Balladur, également pour ne pas hypothéquer les chances de la France de participer à la création de la monnaie unique. Elle introduit un changement de barème qui conduit à un abaissement du niveau des pensions ( le salaire moyen servant de référence pour en calculer le montant est calculé sur les 25 meilleures années et non plus sur les 10 meilleures ).





2. Les modalités des réformes du système de retraite : logique paramétrique ou systémique.

a. Des mesures paramétriques…

Pour améliorer le financement d'un système de retraite par répartition ( sans en modifier la nature ), il est possible d'agir sur trois paramètres : augmenter le niveau des cotisations ( ce qui pose le problème de la compétitivité déjà évoqué ), réduire le montant des pensions ( pour les retraités d'une génération ultérieure afin d'éviter un souci d'équité intergénérationnelle ) et augmenter l'allongement de la durée de vie active. Au cours de ces différentes réformes, la France a emprunté les trois voix : entre 2002 et 2017, les ressources affectées au financement des retraites ont augmenté de 1,7 point de PIB; depuis 2004, on pratique une désindexation partielle du montant des pensions; la loi Balladur de 1993 n'augmente pas l'âge légal de départ à la retraite ( alors fixé à 60 ans depuis 1982 ) mais se traduit par une augmentation de la durée de cotisation des salariés du secteur privé pour obtenir une retraite à taux plein ( elle passe progressivement de 37,5 années à 40 années ); la réforme de François Fillon augmente également la durée de cotisations ( à 40 ans pour les salariés du secteur public puis à 41 ans pour tous à partir de 2012 ); et l'âge légal de départ à la retraite est porté à 62 ans par la loi Woerth ( avec la possibilité de continuer à travailler jusqu'à 67 ans pour éviter une décote, en cas de carrière incomplète ).




b. Ce qui n'exclue pas que le système par capitalisation puisse un jour être instituée.

Les réformes paramétriques en matière de retraite se donnent toujours ( officiellement ) la mission de " sauver " le système par répartition. Il est vrai que le système de retraite par capitalisation ne correspond pas aux conventions sociales majoritaires en France : loin de l'idée de solidarité qui se trouve au fondement de son pacte social, la capitalisation suppose d'épargner individuellement au cours de sa vie active afin de préparer la période de retraite. Pourtant en 2003, la réforme Fillon a ouvert la voie à la retraite par la capitalisation en France en créant le plan d'épargne retraite populaire ( PERP ) : les fonds placés peuvent être déduits fiscalement mais sont bloqués jusqu'à la date effective de la retraite ). E En 2019, le plan d'épargne retraite prend le relais du PERP. Au delà de la possibilité institutionnelle de capitaliser pour sa retraite, il est possible de considérer que les multiples réformes paramétriques poussent aussi à l'épargne retraite : le fait que le sujet revienne fréquemment dans le débat public révèle nécessairement anxiogène ( en raison de l'incertitude ), ce qui finit par favoriser la capitalisation qui présente également des risques liés au rendement du système financier sur longue période. Craignant de ne pas avoir une pension alimentaire suffisante, les ménages commencent à épargner pour leur retraite de plus en plus tôt.
il y a 2 mois
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Peut-on et faut-il annuler les dettes publiques?

Christine Lagarde, présidente de la BCE à l'époque, dans un entretien au Journal du dimanche le 7 février 2021, rejetait la possibilité d'une annulation de la dette publique : " Si l'énergie dépensée à réclamer une annulation de la dette par la BCE était consacrée à un débat sur l'utilisation de cette dette, ce serait beaucoup plus utile " affirmait elle. Les dettes publiques sont les dettes contractées par les Etats, elles sont liées au déficit public, c'est à dire l'existence d'un écart négatif entre les dépenses et les recettes publiques. Pour financer ces déficits, les Etats contractent des dettes auprès de divers créanciers : d'autres Etats, des acteurs privés comme des banques ou des fonds de pensions et éventuellement leurs banques centrales. Ces dettes prennent la forme de titres d'obligations publiques échangeables sur les marchés financiers. Elles permettent le financement de l'action publique, dans un objectif de croissance et de développement. Leur annulation supposerait donc une perte pour les détenteurs de ces titres car l'obligation de remboursement serait levée. Cette question a souvent été posée au cours de l'histoire économique il y a quelques décennies à propos des pays en voie de développement traversant une " crise de la dette " dans les années 1980 mais aussi de façon contemporaine pour les pays développés dont les niveaux de dette publique dépassent souvent 100% du PIB sous les effets cumulés de la crise économique de 2008 et de la crise sanitaire depuis 2020.

L'annulation est alors perçue comme une issue face à une dette dont le niveau, jugé excessif, ont paru au début de l'année 2021 pour défendre la possibilité de l'annulation partielle des dettes contractées dans le cadre de la crise sanitaire, particulièrement dans le contexte européen. Toutefois, les annulations de dette publique demeurent rares et souvent coûteuses pour les Etats. Cela reste donc une disposition de dernière nécessité qui mérite d'être abordée avec précaution. Les propres de Christine Lagarde soulignaient aussi l'impossibilité de ce recours qui serait incompatible avec les traités européens. Ainsi est il à la fois possible et souhaitable d'annuler les dettes publiques? Si dans certains cas, l'annulation des dettes publiques apparaît à la fois possible et souhaitable, le plus souvent ce n'est pas le cas, finalement aujourd'hui, d'autres dispositions que l'annulation sont peut être plus adaptées pour gérer la hausse des dettes publiques.




1. Dans certains cas, l'annulation de la dette publique apparaît à la fois souhaitable et possible.


a. L'annulation de la dette se justifie dans des situations extrêmes.


L'annulation de la dette n'est évoquée que dans les situations où la dette publique apparaît excessive, cela peut se traduire par un défaut de paiement effectif. Les Etats annoncent alors unilatéralement renoncer à rembourser une partie de leurs dettes publiques. En août 1982, le Mexique se déclare en défaut alors que sa dette atteint 86 milliards de dollars et ses intérêts 21 milliards. En août 1998, la Russie, dont la dette en devises étrangères atteint 141 milliards de dollars, déclare ne plus honorer les remboursements des créanciers étrangers. En décembre 2001, l'Argentine se déclare en défaut sur 100 milliards de dollars de dettes. En décembre 2008, l'Equateur suspend le paiement de 40% de sa dette. En juillet 2015, la Grèce n'honore pas le remboursment de prêts de 2 milliards d'euros au FMI et se déclare en défaut de ces prêts. Les travaux de C. Reinhart et de C. Trebesh ( " A distant miror of Debt, Default and Relif ', NBER, 2014 ) suggèrent que ces défauts auraient pu avoir des effets bénéfiques sur l'activité. Dans les 4 années ayant suivi une restructuration décisive ou un défaut, le PIB par tête s'est accru de 9% dans les pays en développement ( entre 1979 et 2010 ) et de 16% dans les pays avancés ( entre 1920 et 1939 ). Pamri les 47 épisodes pour lesquels les données sont pleinement disponibles, il y a eu une accélération de l'activité dans 39 d'entre eux, soit 83%. Mais l'annulation peut aussi être envisagé de façon préventive, avant même le défaut de paiement. C'est le cas quand le montant de la dette st de dans charge pèse excessivement sur les perspectives de croissance du pays. L'initiative PPTE ( pays pauvres très endettés à, lancée par le G7 en 1996 et renforcée en 1999, part de ce constat : certains pays en voie de développement ont accumulé une dette excessive qui entrave leur décollage économique, ils sont une quarantaine à prétendre à ce dispositif.

Ces pays présentent un revenu par habitant inférieur à 2 dollars par jour, un ratio stock de la dette/revenu annuel d'exportation supérieur à 150% et un ratio service de la dette/revenu annuel d'exportation supérieur à 20%M. Ainsi, la dette accumulée et son coût matérialisé par la charge de la dette sont trop élevés au retard des revenus dégagés par ces pays. Dans ce cas, ils peuvent prétendre à des annulations de leurs dettes auprès des bailleurs internationaux. Suite à la crise sanitaire de 2020, David Malpass, à l'époque président de la Banque mondiale, a estimé que de nouvelles annulations de dettes pour les pays les plus pauvres seraient nécessaires. Cela concernerait une nouvelle fois les dettes bilatérales publiques ( dues à d'autres Etats ou à des institutions internationales comme le FMI ou la Banque mondiale ) pour moins de 14 milliards de dollars. L'annulation de la dette publique est également évoquée pour les pays européens dans une tribune parie dans Le Monde le 5 février 2021 et signée de 150 économistes dont Thomas Piketty ou Gael Giraud. Cela concernerait uniquement la dette publique détenue par la BCE, soit environ un quart des dettes publiques européennes mais une grande part des dettes liées à la crise sanitaire ( la BCE a absorbé environ 60% des émissions de dette publique européenne entre mars et août 2020, selon la Banque de France ). Il s'agirait ici d'éviter une réduction des dépenses publiques ou une hausse des impôts après la crise qui aurait des conséquences négatives importantes que l'activité économique. A l'image de ce que les pays européens on traversé à la suite de la crise des dettes souveraines avec des effets multiplicateurs négatifs qui ont dû être réévalués ( Olivier Blanchard et Robert Leigh " Growth Forewast Errors and Fiscal Multipliers ", IFM Working paper, 2013 ).




b. Dans certains cas cette annulation serait possible.

Pour les pays satisfaisant les critères PPTE et prêts à se conformer aux ajustements préconiés par le FMI, les allègements interviennent après 3 ans dans le cadre de l'initiative PPTE. Le FMI a étendu les annulations de 2006 à travers l'initiative multilatérale pour l'annulation de la dette ( IMAD ) aux 40 pays les plus pauvres ( par exemple le Bénin, le Honduras, Madagascar ou la Zambie ), pour 4,8 milliards de dollars. La Banque mondiale a de son côté participé à ces annulations unilatérales. Les annulations partielles peuvent correspondre à l'intérêt des créanciers comme le montre la courbe de Laffer de la dette revue par Paul Krugman ( " Market based debt Reduction " , NBER, 1988 ). Pour un faible niveau d'endettement, on anticipe le remboursement intégral de la dette, cependant, à mesure que le stock de la dette augmente, la probabilité de défaut s'accroît, ce qui se traduit par une décote de cette dette sur le marché secondaire des créances. Si on considère que le fardeau lié au stock de dette est excessif, alors son remboursement limite trop les perspectives de croissance et devient improbable. Il est alors dans l'intérêt des créanciers de prévenir cet effet en accordant des réductions de dette pour revaloriser les titres restants et espérer un remboursement partiel. Dans le cas européen , les défenseurs de l'annulation par la BCE soulignent l'absence de coût : la BCE se trouverait avec un bilan négatif, ce qui ne pose pas vraiment de problème économique selon eux. Gael Giraud ou Laurnce Scialom, signataires de la tribune dans Le Monde, considèrent que cela ne favoriserait pas l'inflation car cela ne ferait qu'empêcher la destruction monétaire associée au remboursement. La monnaie resterait disponible pour être investir et circuler dans l'économie réelle. La diminution des fonds propres de la BCE ne l'empêcherait pas d'ailleurs de fonctionner.



2. Néanmoins, souvent l'annulation n'est pas possible voire souhaitable.
a. L'annulation de la dette publique présente des coûts indésirables.
il y a 2 mois
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Le défaut de paiement d'un Etat amène des coûts économiques importants. Or on a vu que le plus souvent, un défaut est un préalable à une annulation partielle de la dette. E. Borensztein et U. Panniz ( " The cost of sovereign default : theory and reality ",, VoxEU.org, 2010 ) ont analysé diverses crises des dettes souveraines depuis 1945, ils identifient un premier coût qui est la détérioration de l'accès du pays aux marchés financiers. Ainsi la Russie a dû attendre 12 ans pour revenir sur les marchés internationaux de capitaux après son défaut de 1998, l'Argentine a attendu 15 ans. Quand ces pays peuvent continuer d'emprunter, il leur appliqué des primes de risques très élevées. Dans une tribune parue dans Le Monde en février 2021, un collective de plus de 80 économistes et chercheurs de plusieurs pays, dont J. Généreux et T. Porcher, évoquent ce risque pour la zone euro en cas d'annulation des dettes souveraines par la BCE : " la supposée bouffée d'oxygène d'une annulation serait très vite annulée par la prime de risque que les marchés ne manqueraient pas d'imputer sur la signature des Etats membres de la zone euro. " Les pays ayant fait défaut observent aussi une réduction de leurs échanges. L'analyse réalisée par A. Rose ( " One reason countries pay their debts : renegociation and international trade " Journal of Development Economics, 2005 ) suggère que le volume des échanges bilatéraux chute d'environ 8 par an à la suite d'un défaut souverain. Borensztein et Panizza constatent aussi un effondrement des échanges commerciaux, mais dans tous les cas cette baisse n'excède pas les 5 années.

La crédibilité est entamée et dans le cas de la zone euro, celle de la BCE serait menacée. Les économistes E. Combe et D. Marteau soulevaient cette objection dans une tribune parue en février 2021. L'annulation, même partielle des dettes, donne lieu à des négociations difficiles qui supposent de lourdes contreparties pour les Etats. Ainsi, les pays de l'initiative PPTE s'engagent ils à des ajustements structurels, tout comme l'a fait l'Argentine pour bénéficier de l'aide du FMI. Plus récemment, la Grèce a dû consentir à des plans d'austérité mêlant coupes massives dans les budgets des institutions et de la redistribution sociale, baisses des salaires, réformes des retraites, privatisations diverses et hausses de taxes et impôts. Si la BCE annulait les dettes publiques qu'elles détient, cela donnerait également probablement lieu à des compensations lors de la renégociation du Pacte de stabilité qui se dessine.










b. La situation actuelle de la dette publique dans les pays développés ne semble pas justicier ces coûts pour le moment.



Le débat sur l'annulation de la dette publique en Europe ne concerne qu'un quart des dettes souveraines, celles détenues par la BCE. En effet les annulations ne sont en général possibles que vis à vis des créanciers publics. Les créanciers privés peuvent accepter des restructurations en cas de défaut mais les négociations avec les créanciers privés ont été très longues et difficiles, comme dans le cas du Plan Bray de 1989 ou de l'Argentine en 2002. L'Argentine n'est pas parvenue à trouver un accord que pour 93% de sa dette en 2010, certains créanciers refusant les termes de la restructuration qui leur occasionna des pertes. Il a fallu attendre 2016 pour un accord complet, incluant ces " fonds vautours ". Ainsi, annuler la dette publique détenue par la BCE ne résoudrait que très partiellement la question de la dette publique européenne. Le contexte actuel ne produit pas d'effet boule de neige de la dette car les taux d'intérêt sont très faibles voire négatifs. Ils sont appelés à le rester du fait de la baisse du taux d'intérêt naturel ( L. Rachel et L. Summers " On Secular Stagnation in the Industrialized World ", NBER, 2021 ) rappelle dans une note de l'OFCE parue en janvier 2021 que bien que la dette publique ait quasiment doublée entre 2007 et 2021 en France par rapport au PIB, la charge de la dette s'est réduit, passant de presque 3% du PIB au début des années 2000 à moins de 1,(% en 2020. Dans ce cas, l'annulation de la dette publique aurai peu d'effet; E. Combe et D. Marteau soulignent aussi que la dette publique aura peu d'effet pour el contribuable : le Trésor rembourse régulièrement sa dette en émettant une dette nouvelle la transformant en quelque sorte en une dette perpétuelle qui ne sera donc jamais remboursée.
Quel que soit le niveau des taux d'intérêt lors du renouvellement de la dette, les coupons versés par le Trésor à la BCE seront autant de revenus pour la Banque centrale, qui les renversera sous forme de dividendes au Trésor. L'annulation de dettes souveraines pourrait renforcer la trappe à sûreté qui caractériserait la situation européenne d'après crise sanitaire ' R. Caballero et E; Fahri " The safety trap ", NBER, 2014 ). On observerait une pénurie d’actifs sûrs, faisant face à une abondance d'épargne. Cela produirait les taux réels négatifs sur les obligations souveraines. Or cette situation se caractérise par une sous utilisation des capacités de production et un éloignement durable du PIB potentiel. Enfin, l'annulation d'une partie des dettes publiques dans la zone euro ne ferait que renforcer l'idée qu'il existe un seuil idéal de dette publique, ce que contredisent les analyses empiriques. L'échec de la tentative de C. Reinhart et K. Rogoff ( " Growth in a Time of Debt ", NBER, 2010 ) d'établir un seuil de 90% du PIB au delà duquel la dette publique deviendrait préjudiciable pour la croissance économique montre bien qu'il n'y a pas de " bon chiffre " de la dette publique. Pour les économistes comme J. Généraux ou T. Porcher, l'annulation sanctuarise un ratio maximal de dette par rapport au PIB qui n'a pas de fondement économique.









3. D'autres possibilités que celle d'une annulation semblent plus adaptées au contexte actuel des pays développés.



a. Le quantitative easing, voire la monétisation de la dette et l'émission de dettes perpétuelles pourraient répondre aux besoins des pays développés.


Les politiques non conventionnelles de quantitative easing menées depuis la crise de 2008 par les banques centrale des pays développées ne s'apparentent pas tout à fait à une monétisation car les rachats de dette publique ne donnent lieu qu'à la création d'une monnaie de réserve qui ne circule pas dans l'économie réelle ( C. Blot et P. Hubert " De la monétisation à l'annulation des dettes publiques, quels enjeux pour les Banques Centrales ", OFCE, 2020 ). En témoigne l'écart croissant entre base monétaire et masse monétaire. La base monétaire a crû de 330% entre 2007 et 2020 dans la zone euro tandis que M3 n'augmentait que de 60% et les prix que de 17,2% selon la Banque de France; Aux USA c'est sur la même période une croissance de près de 500% de la base monétaire, pour une hausse de 143% de M3 et 19% des prix. Le rapport M3/Mo ( base monétaire ) est passé de 10 à 4 entre 2008 et 2020 dans les 2 zones. Ces politiques se sont traduites notamment par des rachats massifs de dette publique. Aux USA, la Réserve fédérale détenait au premier trimestre 2020 19% de la dette fédérale américaine, cette proportion était de 37% au Royaume Uni et de 43% au Japon, dans une zone euro la fraction de dette détenue par les banques centrales de l'Ecosystème s'élevait à 21% de la dette italienne et à 30% de la dette allemande par exemple. Elles semblent s'inscrire dans la durée, sans générer pour l'instant de tensions inflationnistes. Certains économistes plaident pour un pas supplémentaire vers une véritable monétisation de la dette publique. R. Gurkaynak et D. Lucas ( " Funding pandemic release : monetize now ", VoxEU, 2020 ) ont proposé que les gouvernements, en contre partie d'un ensemble de mesures budgétaire, émettent une obligation perpétuelle achetée par les banques commerciales qui créditeraient le compte des ménages, ciblés selon certaines règles définies par le programme.
La dette n'aurait aucune obligations de remboursement ou de paiement d'intérêt. La banque centrale achèterait ensuite la dette aux banques commerciales et elle serait conservée dans son bilan. La dette émise n'est pas exigible et a pour contrepartie une création de monnaie directement utilisable par les agents non financiers. La banque centrale détient une dette en contrepartie de l'émission de monnaie au sens de M1. Il y a donc monétisation. Le Royaume Uni avait officialisé l'équivalence entre émission de dette publique ensuite irréversiblement achetée par la Banque centrale et financement directement monétaire du déficit public en décidant que le Trésor britannique se financerait directement auprès de la Banque d'Angleterre sans passer par l'étape intermédiaire d'émissions d'obligations. La théorie monétaire moderne incarnée par S. Kelton ( " Le mythe du déficit " 2021 ) soutient cette monétisation qui permet d'éviter l'éviction de la dépense privée. l'Etat ramène l'économie au plein emploi en mettant en place le déficit public qui est nécessaire, quelle que ce sa taille, et la Banque centrale monétise les dettes publiques correspondantes pour éviter la hausse des taux d'intérêt à long terme qui réduirait l'investissement des entreprises et la dépense des ménages. Une autre forme de monétisations pose sur la proposition de monnaie " hélicoptère " telle que formulée par J. Gali ( " Helicopter Money : the time is now ", VoxEU, 2020 ). La banque centrale crédite directement le compte du gouvernement et inscrit à son actif une créance non remboursable. Ensuite le gouvernement définit la répartition des sommes allouées. C'est une des modalités de la monnaie hélicoptère soutenue en France par J. Couppey Soubeyran.
il y a 2 mois
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b. La réduction progressive des dettes publiques ne doit pas être écartée.


La consolidation budgétaire peut être envisagée dans certains pays pour réduire à long terme l'endettement public. Mais cette consolidation ne doit pas se faire au détriment de l'activité. Roberto Perotti ( " The Austerity Mith : gain withotu pain? ", BIS Working paper, 2011 ) a étudié les ajustements budgétaires réalisés par le Danemark entre 1982 et 1986, par la Finlande entre 1992 et 1998, par l'Irlande entre 1987 et 1990, et enfin la Suède entre 1993 et 1998. Ces 4 épisodes de consolidation budgétaire ont été associés à une expansion de l'activité, mais le plus souvent, les exportations en constituèrent le principal vecteur. Une dépréciation relative de la devise fut nécessaire. La croissance fut stimulée en Irlande par l'appréciation de la livre sterling, dans le cas de la Suède entre 1993 et 1998 : la couronne perdit 20% de sa valeur, les exportations augmentèrent de 12. Dans la zone euro, faute de politique de change une dépréciation organisée n'est plus envisageable. Il reste la possibilité d'une maîtrise de la trajectoire des dépenses publiques. Comme Bruno Lemaire, la commission Arthuis a proposé d'instituer une norme de dépense pluriannuelle à chaque déburt de mandat, au travers de la loi de programmation des finances publiques. Elles concerneraient l'ensemble des administrations publiques. La commission évoque une réduction de la dette repoussée à 2030, mais qui resterait un objectif. Toutefois, les difficultés passées à tenir les engagements budgétaires jettent une certain doute sur ces propositions. Certains formulent des propositions passant par une révision et une augmentation de la fiscalité.
E. Duflo préfère ainsi un accroissement de la progressivité de l'impôt à l'annulation des dettes pour financer les dépenses liés à la pandémie. La démarche américaine de relance des négociations au sein de l'OCDE pour une taxation minimale mondiale des firmes, sous l'égide de Y. Yellen, s'inscrit également dans l'idée d’augmenter certains prélèvements, sans réduire la justice sociale. Enfin, dans le cas européen, la révision des traités semble incontournable, le Pacte de stabilité est suspendu au moins jusqu'en 2022 puis il a été réinstauré en décembre 2023 mais pas à l'identique. La réforme a introduit des changements significatifs, notamment en assouplissant les règles budgétaires pour permettre une réduction progressive et durable des déficits et des dettes, tout en encourageant les investissements dans des domaines stratégiques. Les nouvelles règles offrent également une approche différenciée pour chaque État membre, en tenant compte de leurs situations budgétaires spécifiques. Cela paraissait logique, tant les niveaux d'endettement atteints par de nombreux pays sont éloignés de l'objectif de 60% du PIB.




Conclusion.


Le débat sur l'annulation des dettes publiques a connu un regain d'intérêt récent en se déplaçant des pays en développement vers les pays développés. Si des annulations ont pu avoir lieu par le passé, elles ont été rares, souvent coûteuses pour les Etats concernés. La situation d'endettement public massif que traversent les pays développés, à la suite de la crise économique et sanitaire depuis 2008, ne semble pas tout à fait adaptée à une politique d'annulation. D'autres possibilités existent, même si certaines peuvent s'apparenter à une forme d'annulation déguisée ( monétisation, dette perpétuelle et sans taux d'intérêt ). Reste que dans tous les cas la question d'usage de la dépense publique, de sa trajectoire et de la crédibilité des Etats auprès de leurs créanciers ne peut être occulté à l'avenir.

















Dissertation.



Pourquoi progrès économique et progrès social ne vont-ils pas toujours de pair?


Introduction.



En 2020, Anne Case et Angus Deaton s'interrogent sur la dégradation des secteurs de santé américains qui reflètent les impasses d'un capitalisme où le surplus de richesse est de plus en plus concentré entre les mains des classes éduquées, des détenteurs de portefeuille financiers et des monopoles au détriment des classes populaires ( Deaths of Despair and the future of capitalism ). La polarisation de l'emploi et la réduction de la couverture sociale frappent particulièrement les classes populaires américaines qui peinent à bénéficier d'une croissance inégalement répartie. Le progrès économique s'impose au terme d'un triple processus : d'abord dans la première phase du décollage, une expansion forte portée par des entrepreneurs innovateurs imposant un nouveau régime économique. Mais le capitalisme des capitaines d'industries puis des grandes unités réserve les profits à une minorité et fait douter les économistes classiques et marxistes de sa capacité à offrir une alternative que la misère sociale au plus grand nombre ( " loi d'airain des salaires ", F. Lassalle, 1863 ). Cependant si la diffusion des institutions économiques ( propriété capitaliste, relation d'emploi fondée sur le salariat et le taylorisme ) favorables à la croissance va de pair avec un régime de croissance moderne, auto entretenue et soutenable, une phase de mobilisation va bientôt imposer de nouvelles demandes sociales. Les classes moyennes, mobilisées autour d'un projet politisque de répartition plus équilibrée des gains de la croissance, imposent dès les Trente Glorieuses, un progrès social entendu comme une répartition équitable du surplus global de l'économie. Le contexte de croissance rapide facilité cette redistribution.
Le progrès économique conditionne le progrès social car il permet de dégager des ressources qui peuvent être mobilisées pour assurer une progression des indicateurs sociaux : espérance de vie, scolarisation, opportunités liées à un niveau de vie par tête plus élevé. On pourra s'appuyer sur la notion de capabilités chez Amartya Sen, avec un progrès social compris comme l'élargissement des capabilités. Néanmoins, rien dans les systèmes économiques ne garantit que le progrès économique soit équitablement réparti. L'économie politique classique et marxiste s'interroge dans la dynamique des inégalités et ses répercussions sur le rythme de croissance. Dans une économie de marché, le progrès économique est en permanence menacé par les blocages sociaux ( le poids des propriétaires fonciers pour les classiques, la paupérisation inéluctable pour Marx ). Pour que la croissance s'accompagne d'une amélioration des indicateurs sociaux, il faut que le partage des gains économiques soit géré par des institutions de répartition ( J. Commons, économiste américain actif au moment du New Deal ), soucieuses de justice sociale. Les sociétés qui sont capables de concilier progrès économique et social à long terme se sont dotées d'institutions de répartition régulant les incitations produisant des inégalités tout en préservant la dynamique économique. Si le progrès économique a pu apparaître dans un premier temps, peu compatible avec le progrès social, le plus souvent sacrifié, l'entrée dans une " prospérité de masse é a pu dessiner un compromis fragile qui a fait l'objet de sévères remises en cause dans les dernières décennies.







Dissertation.


Les inégalités peuvent-elles être un frein et un ressort de la croissance économique?
Introduction.


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1. Les inégalités instrumentalisées : comment passer à un niveau de croissance potentielle plus élevée. Dans un régime de croissance moderne, le rôle central des facteurs d'offre et des capitalistes dans l'élévation de la croissance potentielle est attestée par le décollage précoce de la grande Bretagne. Les inégalités sont la contrepartie d'une économie dynamique où la prise de risque par une nouvelle classe d'entrepreneurs est centrale dans la dynamique de croissance.
a. Les inégalités de répartition des revenus favorisent l'épargne et l'accumulation du capital. Les modèles de croissance à l'équilibre ( Solow et Swan, 1956 ) s'intéressent à l'épargne qui permet d'accumuler du capital. Les inégalités alimentent une épargne mobilisée pour investir.
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b. Les entrepreneurs : la rente et l'incitation. Dans les modèles de croissance dynamique, les innovations sont essentielles pour repousser les limites de la rareté ( Schumpeter, 1912 ), tout en créant des inégalités dues à des rentes de monopole
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2. La réduction des inégalités garantie une croissance soutenable. La croissance qui repose sur les capacités d'absorption d'une classe moyenne nombreuse et prospère qui contribue par sa demande de biens et services à viabiliser à long terme un régime de croissance fondée sur l'expansion continue de la production.

a. Les formes de capitalisme et l'impératif de réduction des inégalités pour une croissance de long terme.

L'économie politique classique s'inquiète de la captation de richesse par une minorité, remettant en cause les mécanismes de croissance de long terme. Après la parenthèse 1914 - 1980 ( effondrement des patrimoines privés dû au guerres, à la crise boursière des années 1930 et à une fiscalité progressive sur le capital ), le retour des inégalités interroge à nouveau sur le potentiel de croissance dans un capitalisme patrimonial.
il y a 2 mois
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Une inquiétude : les tendances dépressives d'un capitalisme polarisant. A long terme, la concentration des revenus et du patrimoine remet en question la poursuite de la croissance : le régime de croissance moderne est une phase courte de l'histoire économique car la croissance capitaliste est déséquilibrée et en permanence menacée par une tendance à l'exclusion sociale. Les inégalités de la croissance de long terme selon les classiques. Pour Ricardo ( 1817 ), la rente croissante des propriétaires terriens et la baisse des profits menacent l'investissement. Marx ( 1867 ) reprend le schéma classique de bipolarisation mais en l'attribuant à l'exploitation et à la concurrence. La paupérisation condamne le capitalisme et seule une redistribution du capital au profit des prolétaires est susceptible de pérenniser la croissance. " Le capital au XXIème siècle ". En s'appuyant sur des données de long terme, Thomas Piketty dans son ouvrage " Le capital du XXIème siècle " montre que la croissance des revenus du patrimoine ( r ) est supérieure à celle de la croissance économique ( g ) . Le capitalisme se dirige vers un système patrimonial où la concentration des fortunes étouffe la croissance.

Un capitalisme contractuel peut s'appuyer sur une réduction des inégalités pour consolider la croissance. L'approche par la demande montre que la croissance dépend des flux de dépense des agents et non de l'accumulation souvent improductive de capital au profit d'une minorité de plus en plus étroite. Le contrat démocratique passe par un rôle accru de l'impôt de redistribution. Pour Piketty, des politiques fiscales progressives doivent être mobilisées pour réduire les inégalités de répartition en revenant sur les réformes engagées depuis les années 1980. Or, les réformes fiscales ont pris le chemin inverse et contribué à la concentration des revenus et des patrimoines en réduisant l'impôt sur le capital et en facilitant l'évasion fiscale, en particulier dans les pays anglo saxons ( Sarz et Zucman, " Le triomphe de l'injustice " 2020 ). Le contrat social. En étudiant la période des Trente Glorieuses, Brender ( Capitalisme et progrès social, 2020 ) souligne l'importance des institutions de protection sociale pour réduire les inégalités devant les risques suscités par l'instabilité de la croissance dans les économies de marché ( perspective keynésienne de stabilisation de la croissance par les politiques sociales ciblées sur les catégories à propension marginale à consommer élevée ).






b. Un nouveau régime de croissance fondé sur l'égalité d'accès. Dans la société post industrielle, les gains de productivité liés à l'accumulation de capital humain sont essentiels ( le secteur moteur de la croissance est désormais le secteur tertiaire supérieur dans les pays avancés ). Les inégalités d'accès contribuent à réduire la croissance potentielle.

Accumulation de capital humain et égalité des chances. Croissance endogène et égalité des chances. Pour les théoriciens de la croissance endogène, il faut favoriser l'accumulation de capital humain qui génère des rendements d'échelle croissants, d'où la croissance qui est auto entretenue ( Lucas, 1988 ). Or l'inégalité des chances réduit les possibilités individuelles d'acquérir du capital humain. Importance de la mobilité sociale et de la réduction des inégalités d'accès au système de formation pour inciter les individus à réaliser des investissements éducatifs qui bénéficient à la collectivité sous la forme de gains de productivité ( effet externe positif ). Les gains de productivité sont à l'origine de la croissance du produit par tête. Courbe de Gatsby le magnifique ( Krueger, 2012 ). Une faible mobilité salariale dans certains pays ( ex : France, USA pour le premier quintile ) traduit une forte influence de l'origine sociale sur le destin professionnel des générations. Cela alimente chez les jeunes issus de milieux défavorisés la désaffection envers l'accumulation de capital scolaire ( élément constitutif du capital humain ). Les inégalités sociales pourraient diminuer les gains de productivité.




2. Les inégalités d'accès au crédit. Le rationnement du crédit bancaire renforce les inégalités et représente un frein à l'entrepreneuriat des catégories ne pouvant proposer de garanties aux créanciers. Le microcrédit pourrait constituer une alternative partielle à la contrainte de Banerjee et Duflo, ' Repenser la pauvreté ", 2012.





3. La réduction des inégalités stabilise la croissance. La croissance ne saurait se résumer à une accumulation de capital; des facteurs socio politiques influent sue le sentier de croissance : un ensemble d'institutions ( pas seulement des droits de propriété ) stables encouragent l'activité économique. Or les inégalités , en alimentant le questionnement permanent sur la légitimité du système économique, on un coût économique élevé : Un coût direct : instabilité et conflits qui freinent les transactions; un coût indirect : la défiance ( Algan et Cahuc, La Société de défiance, 2008, sur les coûts de la défiance en termes de croissance et d'emploi ) et le refus du changement qui ébranle les acquis sans offrir de perspective sûre de pouvoir reconvertir son capital.



a. Les inégalités et les conflits sociaux : une approche institutionnaliste de la croissance. Une nouvelle conflictualité par les inégalités menace le consensus socio politique indispensable à la croissance.

1. Les inégalités accentuent les conflits. Conflits autour de l'extraction d'une rente accaparée par une ploutocratie dans les PMA : le régime de croissance extravertie fragilisée par les inégalités. La malédiction des ressources naturelles maintient certains pays dans une trappe à pauvreté car le contrôle des ressources est réservé à une minorité. Les fréquents conflits et la faiblesse des droits de propriété découragent l'investissement dans un contexte d'instabilité ( notamment les IDE hors le secteur extracteur de ressources minières ). Les modèles institutionnalistes insistent sur la réduction des inégalités comme élément central de la démocratisation ( Acemmoglu, 2007 ) et la consolidation de la croissance; sinon les pays connaissent des régimes de croissance avec de forte fluctuations et un trend de long terme médiocre ( pays d'Amérique latine ). Conflits autour de la mondialisation : le régime de croissance libérale menacé. Le théorème HOS montre que l'ouverture des économies et la spécialisation ont pour contrepartie une augmentation des écarts de rémunération dans les pays avancés : la mondialisation renforce la divergence entre la demande de facteur de production qualifié et non qualifié. Le libre échange influe sur la répartition des revenus et la structure de l'emploi.

2. La légitimité du consensus de Bretton Woods ( 1944 - 1947 ) remise en cause. Les inégalités mondiales. La répartition des gains de la mondialisation en termes de revenu par tête montre que les classes populaires des pays émergents et une infime minorité très aisée ont largement profité de l'approfondissement de la DIPP ( Milanovic, courbe de l'éléphant, 2016 ). Les classes populaires et moyennes des pays de l'OCDE ont vu leur revenu stagner. Protectionnisme et retour à une croissance autocentrée. En l'absence de redistribution équitable des gains totaux de la mondialisation, les revendications protectionnistes sont de plus en plus présentes et menacent le régime de croissance fondé sur l'ouverture et l'approfondissement de la DIPP.




b. . Inégalités et nouveau régime de croissance.

1. La croissance excluante et la dette privée. La montée de la dette des ménages. Dans un contexte de stagnation des revenus des classes populaires et moyennes alors que les dépenses contraintes progressent ( exemple : frais de scolarité dans les pays à système privé dominant, coût de connectivité, loyers, etc... ) le retour à l'endettement permet de maintenir le niveau de consommation des ménages des classes moyennes et populaires ( Rajan, " Crise : au delà de l'économie ", 2013 ). Les bulles immobilières. Il y a une forte corrélation entre l'expansion du crédit hypothécaire, la formation d'une bulle spéculative et les inégalités, surtout dans les pays anglo saxons.

2. Le régime de croissance financière s'appuie sur des inégalités. Une croissance instable. Les reprises sont alimentées par des bulles spéculatives qui révèlent la fragilité des bases de la croissance dans une économie où la prospérité dépend de la hausse des prix des actifs et des effets de portefeuille positifs. La stagnation séculaire. Pour Gordon ( The Rise and Fall of American Growth, 2016 ), la hausse des inégalités fait partir des " vents ordinaires " qui limitent les possibilités de croissance futures et plongent les pays de l'OCDE dans un risque de croissance nulle à long terme. Pire, les recettes tentées pour sortir des crises financières ( détente monétaire par les banques centrales par exemple ) bénéficient surtout aux titulaires de portefeuille boursiers qui tirent parti du soutient des cours des titres de la dette publique par les autorités monétaires.

Conclusion.

L'incidence des inégalités s'apprécie à travers des facteurs d'offre et de demande qui influent sur le régime de croissance. Mais la réflexion sur les inégalités ne doit pas se limiter à déterminer un optimum de répartition compatible avec une croissance régulière. Il faut aussi de demander si les inégalités sont justes et respectent un principe d'équité. En ce sens, l'analyse économique n'est jamais dissociée d'une dimension normative.
il y a 2 mois