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Le French Dream™ – conversation de cuisine chez les Martin
— Putain… regarde-moi ça. Encore un reportage sur des gens qui partent en “digital detox” au Costa Rica. J’te jure, ils ont que ça à foutre…
— Costa Rica, ouais. Moi j’peux même pas me payer un aller-retour à Périgueux.
— Et eux, ils appellent ça “se retrouver”. Nous, on se retrouve tous les soirs à compter les tickets resto et à prier pour que le frigo tienne le mois.
— Ils vivent dans un autre monde, ces gens-là. T’as vu leurs baraques ? On dirait des hôtels. T’as vu leurs cuisines ? Nous, on ose pas ouvrir le four trop longtemps, ça fait sauter les plombs.
— Et ils viennent donner des leçons. “Faut savoir gérer son budget”. Mais ferme-la. T’as jamais eu à choisir entre changer les pneus ou acheter une veste d’hiver pour le gamin.
— Non mais c’est toujours pareil. Ils naissent au bon endroit, au bon moment, avec le bon nom. Et après, ils nous regardent genre “vous avez qu’à bosser plus”.
— On bosse déjà, connard. C’est ça le pire. Moi j’fais 42 heures par semaine pour que dalle. Et toi t’enchaînes les gamins mal élevés à la crèche pour un SMIC qui augmente que de 12 balles.
— Et encore, t’as pas vu la nouvelle alloc’ qu’ils veulent baisser. “Parce que les aides déresponsabilisent les gens”. Et leur niche fiscale à 15 000€, ça les responsabilise, peut-être ?
— Mais laisse tomber. Ils croient qu’on est jaloux. Mais moi j’les envie pas. Je veux pas de leur Tesla ou de leurs brunchs vegan. Je veux juste pouvoir souffler. Avoir un mois sans surprise. Un mois où on finit pas à découvert le 22.
— Ils comprennent rien à nos vies. Pour eux, “le peuple”, c’est un mot. Un concept. Un truc vaguement marrant à glisser dans une tribune sur LinkedIn.
— Et le pire, c’est qu’ils se pensent bienveillants. Genre : “on embauche local, on fait bosser un petit traiteur bio.” Et toi t’as la daronne du traiteur qui trie les tomates moches à l’usine toute la journée pendant qu’eux se tapent des toasts à l’avocat.
— Tu sais quoi ? Moi j’veux pas leur luxe. J’veux juste pas les croiser. J’veux pas les entendre à la radio nous expliquer qu’on vit “au-dessus de nos moyens” alors que t’as coupé le chauffage depuis mars.
— Mais bon… faut bien payer le crédit.
— Et la bouffe. Et le gaz. Et les baskets pour la petite. Et le dentiste. Et la rentrée. Et les impôts. Et la vie.
— Et cotiser. Toujours cotiser. Pour qu’à la fin, on te dise “ah non, désolé, vous avez pas assez de trimestres”.
— Tu sais ce que je nous souhaite ? Même pas la richesse. Juste que les riches, un jour, ils nous écoutent. Mais vraiment. Qu’ils ferment leur gueule et qu’ils nous écoutent.
— Ils le feront pas. Ils préfèrent payer un coach en “intelligence émotionnelle” plutôt que de descendre au Lidl voir ce que coûte un pack de yaourts.
— Alors tant pis. On garde la haine au chaud. Ça vaut mieux que le chauffage central.
— Ouais. Et le jour où ça pète, ils feront genre “on comprend pas la colère”. On leur dira : nous non plus. On l’a jamais choisie. On l’a juste digérée, pendant des années. Là, elle ressort.
— Et elle va leur rester en travers de la gorge, leur putain de brunch.
— Putain… regarde-moi ça. Encore un reportage sur des gens qui partent en “digital detox” au Costa Rica. J’te jure, ils ont que ça à foutre…
— Costa Rica, ouais. Moi j’peux même pas me payer un aller-retour à Périgueux.
— Et eux, ils appellent ça “se retrouver”. Nous, on se retrouve tous les soirs à compter les tickets resto et à prier pour que le frigo tienne le mois.
— Ils vivent dans un autre monde, ces gens-là. T’as vu leurs baraques ? On dirait des hôtels. T’as vu leurs cuisines ? Nous, on ose pas ouvrir le four trop longtemps, ça fait sauter les plombs.
— Et ils viennent donner des leçons. “Faut savoir gérer son budget”. Mais ferme-la. T’as jamais eu à choisir entre changer les pneus ou acheter une veste d’hiver pour le gamin.
— Non mais c’est toujours pareil. Ils naissent au bon endroit, au bon moment, avec le bon nom. Et après, ils nous regardent genre “vous avez qu’à bosser plus”.
— On bosse déjà, connard. C’est ça le pire. Moi j’fais 42 heures par semaine pour que dalle. Et toi t’enchaînes les gamins mal élevés à la crèche pour un SMIC qui augmente que de 12 balles.
— Et encore, t’as pas vu la nouvelle alloc’ qu’ils veulent baisser. “Parce que les aides déresponsabilisent les gens”. Et leur niche fiscale à 15 000€, ça les responsabilise, peut-être ?
— Mais laisse tomber. Ils croient qu’on est jaloux. Mais moi j’les envie pas. Je veux pas de leur Tesla ou de leurs brunchs vegan. Je veux juste pouvoir souffler. Avoir un mois sans surprise. Un mois où on finit pas à découvert le 22.
— Ils comprennent rien à nos vies. Pour eux, “le peuple”, c’est un mot. Un concept. Un truc vaguement marrant à glisser dans une tribune sur LinkedIn.
— Et le pire, c’est qu’ils se pensent bienveillants. Genre : “on embauche local, on fait bosser un petit traiteur bio.” Et toi t’as la daronne du traiteur qui trie les tomates moches à l’usine toute la journée pendant qu’eux se tapent des toasts à l’avocat.
— Tu sais quoi ? Moi j’veux pas leur luxe. J’veux juste pas les croiser. J’veux pas les entendre à la radio nous expliquer qu’on vit “au-dessus de nos moyens” alors que t’as coupé le chauffage depuis mars.
— Mais bon… faut bien payer le crédit.
— Et la bouffe. Et le gaz. Et les baskets pour la petite. Et le dentiste. Et la rentrée. Et les impôts. Et la vie.
— Et cotiser. Toujours cotiser. Pour qu’à la fin, on te dise “ah non, désolé, vous avez pas assez de trimestres”.
— Tu sais ce que je nous souhaite ? Même pas la richesse. Juste que les riches, un jour, ils nous écoutent. Mais vraiment. Qu’ils ferment leur gueule et qu’ils nous écoutent.
— Ils le feront pas. Ils préfèrent payer un coach en “intelligence émotionnelle” plutôt que de descendre au Lidl voir ce que coûte un pack de yaourts.
— Alors tant pis. On garde la haine au chaud. Ça vaut mieux que le chauffage central.
— Ouais. Et le jour où ça pète, ils feront genre “on comprend pas la colère”. On leur dira : nous non plus. On l’a jamais choisie. On l’a juste digérée, pendant des années. Là, elle ressort.
— Et elle va leur rester en travers de la gorge, leur putain de brunch.
il y a un mois
acte 1 scène 1
"Dring, salut bouboule ça va"
"arrête cette vanne tout de suite, Bouboule c'est mon chien"
"si on peut plus rigoler alors bouboule ça va?"
"
"
"Dring, salut bouboule ça va"
"arrête cette vanne tout de suite, Bouboule c'est mon chien"
"si on peut plus rigoler alors bouboule ça va?"
"
il y a un mois