Imaginez une société où on est libres de notre temps

je vois ; j'ai de plus en plus l'impression qu'il y a une sorte de pression évolutive qui pousse les modes de vie, les idées, les définitions à changer vers une certaine forme d'autonomisation.

Je veux dire que cette ambition de retourner à ce genre de mode de vie simple et traditionnel, ambition fondée sur ce que j'appelle une "pulsion motrice de l'Histoire" : le besoin, est symptomatique d'une société sophistiquée saturée de désir qui décline à cause de la raréfaction des ressources.
Or, cet état de fait nous pousse à envisager différemment la répartition des tâches et la gestion des ressources (humaines, matières premières ou énergétiques), ce qui va nous forcer à renouveler la définition du citoyen. Il devra conserver sa liberté des logiques marchandes par l'autonomie, conserver sa sécurité par le maintien d'un Etat dont le personnel n'aurait aucun intérêt à être corrompu, or pour cela l'individu devra assumer la plupart des tâches qu'assumaient le Marché et l'Etat : la nourriture et la protection

Le citoyen de demain ne devra pas céder au tout-locatif et accepter la facilité, c'est-à-dire déléguer les tâches qu'assument pour lui l'Etat et le Marché, il devra s'armer, il devra cultiver sa nourriture, il devra même fabriquer ses propres instruments...


Mais c'est là que j'entrevois une limite simple : comment acquérir toutes ces compétences pour s'autonomiser, avoir le temps de les mettre en pratique et finalement d'être "au four et au moulin" ? il faudrait déléguer encore et donc spécialiser et complexifier à nouveau la société au point d'avoir à nouveau des groupes de pression, des lois répressives...

Si tu laisses faire les gens, ils retournent naturellement à ce genre de vie (ou même si ce n'est pas paysan, au moins se consacrer à leurs propres projets, si pas trop abrutis par l'hédonisme ou le divertissement). Ce n'est pas une volonté étatique, au contraire. Ca ne rapporte pas grand chose et encore moins à un état, qui a beaucoup moins d'emprise sur un monde paysan de petites localités.
Pire encore, ils font leur vie de leur côté et ne produisent pas grand chose. Remarque on ne produit plus grand chose en 2023 en France, mais c'est un autre sujet.

En fait ce n'est pas tant que le citoyen choisit, c'est qu'il subit

"Mais c'est là que j'entrevois une limite simple : comment acquérir toutes ces compétences pour s'autonomiser, avoir le temps de les mettre en pratique et finalement d'être "au four et au moulin" ?"

Pour les compétences, je t'assure que les livres que j'ai mis-au dessus peuvent suffire pour la base dans énormément de domaines. Pour la possibilité de pouvoir faire ces choses, les gens sont bloqués par l'immobilier et l'argent le plus souvent.

Sinon :
Chacun sa ferme, et des artisans pour les métiers spécialisés.
Une forme d'état qui soit réellement intéressé par le bien être de ses concitoyens et beaucoup moins saoulant avec plein de lois liberticides comme actuellement
Quant aux tâches pénibles et nécessaires, du genre construction de routes, je n'ai pas de réponse type à donner. Par exemple sous l'ancien régime en France, on mobilisait la population de telle zone pendant X jours, le temps que la route soit construite. C'était la corvée, mais au moins la route était faite, sans recours à l'esclavage de masse

Pour les tâches pénibles de long terme du genre entretien, gestion du cimetière ou autre, faudrait voir comment c'était géré à l'époque honnêtement. Et c'est vrai dans plusieurs domaines. Soit géré par les gens eux-mêmes à niveau très local, soit une forme de collectif ou de service rendu par un individu.

mais ce genre d'Etat existe, même lorsqu'il est très fort ou qu'il s'implique beaucoup dans la vie de ses citoyens

Il y a un modèle du genre actuellement à Cuba, héritière des réformes communistes qui ont permis de redistribuer des terres exploitées par des compagnies fruitières américaines et qui marginalisaient la population qui locale qui travaillaient pour leur compte, pour pas grand chose... Aujourd'hui l'Etat achète la production agricole et assure 70% du prix sur les marchés internationaux, ce qui arrange bien les petits producteurs et leur donne un sentiment patriotique beaucoup plus fort que dans bien d'autres pays d'Amérique du sud ou des caraïbes qui se sont couchés devant les US

Je ne peux pas défendre idéologiquement le communisme. D'ailleurs dans ce que tu décris l'état me semble là aussi mettre ses pattes là où on le lui a rien demandé même si l'action paraît positive. Même si moins dégénéré peut être à Cuba que dans le reste du monde, je me méfie car ils risquent de revenir sur le devant de la scène avec le système actuel qui ne tient plus la route

Bienvenue au mali

N'importe quelle société traditionnelle à vrai dire, sans que l'industrie ou l'économie ne dicte ses règles