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Il est temps d’élever le débat bande de salopes
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Les enfantillages n’ont que trop duré
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L’épreuve finale des pseudo-intellos de la planète onche.org, on va voir ce que vous avez dans le ventre et s’il est toujours fécond
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il y a 2 ans
Dans un discours devenu célèbre, Helmholtz disait en 1869 : « Le but final des sciences cosmologiques est de découvrir les mouvements et les moteurs inhérents à tout changement, par conséquent de se résoudre en mécanique ». En mécanique, cela veut dire la réduction de toutes les impressions qualitatives à des valeurs fondamentales quantitatives invariables, donc à l’étendu et à son changement local ; cela veut dire encore, si on se rappelle l’antithèse du devenir et du devenu, du vécu et du connu, de la forme et de la formule, de l’image et du concept, la réduction de l’image naturelle vue à l’image représentée d’un ordre numérique unitaire ayant une structure mesurable. La tendance propre à toute mécanique occidentale revient à une prise de possession spirituelle au moyen de la mesure. Elle est donc obligée de chercher la nature du phénomène dans un système d’éléments constants, tous susceptibles de mesure, dont le point essentiel est, selon la définition de Helmholtz, désigné par le mot de mouvement — qui est emprunté à l’expérience de la vie quotidienne.

Au physicien cette définition apparaît évidente et définitive ; au sceptique qui poursuit la psychologie de cette conviction scientifique, elle n’a rien de cela. Le premier voit dans la mécanique actuelle un système logique de concepts clairs et nets et aussi un système de rapports simples et nécessaires ; le second y voit une image caractérisant la structure de l’esprit européen d’Occident, et sans doute d’une extrême conséquence architectonique et de la plus vigoureuse force de conviction. Que tous les succès pratiques et toutes les découvertes ne prouvent rien en faveur de la « vérité » de la théorie, de l’image, on le comprend sans peine [1]. Pour la plupart des gens, sans doute, « la » mécanique apparaît comme la conception évidente des impressions naturelles, mais elle apparaît seulement. Car qu’est-ce que le mouvement ? Le fait de ramener tout qualitatif à des mouvements de points invariants de même espèce — n’est-il pas déjà un postulat purement faustien et non général et humain ? Archimède, par exemple, ne sentait pas du tout le besoin de repenser les connaissances mécaniques en représentations de mouvements. Le mouvement en général est-il une pure grandeur mécanique ? Est-ce un mot pour une expérience de l’œil ou un concept tiré de celle-ci ? Désigne-t-il le nombre obtenu par la mesure des faits provoqués expérimentalement, ou bien l’image qu’on y introduit ? Et si la physique réussissait vraiment un jour à atteindre son but prétendu et à constituer tout le concevable sensible en un système parfait de « mouvements » légalement fixés et de forces représentées comme agissant derrière ces mouvements, aurait-elle fait pour cela dans la « connaissance » de ce qui arrive un simple pas en avant ? Le langage formel de la mécanique sera-t-il moins dogmatique pour cela ? Ne renfermera-t-il pas au contraire le mythe des mots originels, qui forment l’expérience au lieu d’en dériver, précisément dans sa conception la plus rigoureuse ? Qu’est-ce que la force ? Qu’est-ce qu’une cause ? Qu’est-ce qu’un processus ? Oui — la physique en général, même basée sur ses propres définitions, a-t-elle un rôle propre ? A-t-elle un but final valable pour tous les siècles ? A-t-elle seulement, pour exprimer ses résultats, une grandeur de pensée inattaquable ?

(1/2)
il y a 2 ans
Je préfère le pathos, beaucoup plus facile de manipuler les foules.
:Lapin_Belier_Kali_Yuga:
:bugcat_v22:
il y a 2 ans
On commence avec du lourd, ça fait le tri
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@Ripailleur_ @Freya @Sainte c’est un autre calibre que René Guenon
:kermit_lait:
il y a 2 ans
Giscard
Giscard
2 ans
Dans un discours devenu célèbre, Helmholtz disait en 1869 : « Le but final des sciences cosmologiques est de découvrir les mouvements et les moteurs inhérents à tout changement, par conséquent de se résoudre en mécanique ». En mécanique, cela veut dire la réduction de toutes les impressions qualitatives à des valeurs fondamentales quantitatives invariables, donc à l’étendu et à son changement local ; cela veut dire encore, si on se rappelle l’antithèse du devenir et du devenu, du vécu et du connu, de la forme et de la formule, de l’image et du concept, la réduction de l’image naturelle vue à l’image représentée d’un ordre numérique unitaire ayant une structure mesurable. La tendance propre à toute mécanique occidentale revient à une prise de possession spirituelle au moyen de la mesure. Elle est donc obligée de chercher la nature du phénomène dans un système d’éléments constants, tous susceptibles de mesure, dont le point essentiel est, selon la définition de Helmholtz, désigné par le mot de mouvement — qui est emprunté à l’expérience de la vie quotidienne.

Au physicien cette définition apparaît évidente et définitive ; au sceptique qui poursuit la psychologie de cette conviction scientifique, elle n’a rien de cela. Le premier voit dans la mécanique actuelle un système logique de concepts clairs et nets et aussi un système de rapports simples et nécessaires ; le second y voit une image caractérisant la structure de l’esprit européen d’Occident, et sans doute d’une extrême conséquence architectonique et de la plus vigoureuse force de conviction. Que tous les succès pratiques et toutes les découvertes ne prouvent rien en faveur de la « vérité » de la théorie, de l’image, on le comprend sans peine [1]. Pour la plupart des gens, sans doute, « la » mécanique apparaît comme la conception évidente des impressions naturelles, mais elle apparaît seulement. Car qu’est-ce que le mouvement ? Le fait de ramener tout qualitatif à des mouvements de points invariants de même espèce — n’est-il pas déjà un postulat purement faustien et non général et humain ? Archimède, par exemple, ne sentait pas du tout le besoin de repenser les connaissances mécaniques en représentations de mouvements. Le mouvement en général est-il une pure grandeur mécanique ? Est-ce un mot pour une expérience de l’œil ou un concept tiré de celle-ci ? Désigne-t-il le nombre obtenu par la mesure des faits provoqués expérimentalement, ou bien l’image qu’on y introduit ? Et si la physique réussissait vraiment un jour à atteindre son but prétendu et à constituer tout le concevable sensible en un système parfait de « mouvements » légalement fixés et de forces représentées comme agissant derrière ces mouvements, aurait-elle fait pour cela dans la « connaissance » de ce qui arrive un simple pas en avant ? Le langage formel de la mécanique sera-t-il moins dogmatique pour cela ? Ne renfermera-t-il pas au contraire le mythe des mots originels, qui forment l’expérience au lieu d’en dériver, précisément dans sa conception la plus rigoureuse ? Qu’est-ce que la force ? Qu’est-ce qu’une cause ? Qu’est-ce qu’un processus ? Oui — la physique en général, même basée sur ses propres définitions, a-t-elle un rôle propre ? A-t-elle un but final valable pour tous les siècles ? A-t-elle seulement, pour exprimer ses résultats, une grandeur de pensée inattaquable ?

(1/2)
Si je devais esquisser mon avis sur la valeur épistémologique des sciences cosmologiques (dont je prendrai la physique pour modèle), je me situerais plutôt du côté du sceptique dans le paragraphe. L'intelligence est naturellement orientée vers la triple question (qui n'en est en fait qu'une) de l'Être, du Sens et du Bien qui sont ses seuls véritables objets. Le projet de la physique moderne, si l'on considère seulement qu'il consiste en la mise en équations géométrique des phénomènes naturels, des seuls effets observés, si l'on se contente de le voir comme développement d'une phénoménologie du mouvement, ne me dérange pas. Dans ce cas on appelle simplement la physique moderne outil pour servir au développement de la technique, on la prive de toute valeur axiologique ou sémantique, on accepte qu'elle ne parle pas du monde tel qu'il est véritablement puisqu'elle ne se préoccupe pas de la nature des phénomènes dont elle parle, de leur pourquoi profond ni de connaître leur structure avec exactitude. Si, par contre, on considère que l'objet de la physique moderne est la description des mouvements non pas tels qu'ils paraissent mais tels qu'ils sont véritablement, on s'expose à une foule de problèmes insolubles : attribuer cet objet à cette science c'est déjà supposer que le mouvement et le monde sont réductibles à une géométrie de l'étendue (ce qui n'est pas sans gêner toute ontologie), c'est ignorer l'histoire des sciences physiques (la physique aristotélicienne n'est pas la physique ptoléméenne qui n'est pas la physique galiléenne qui n'est pas la physique cartésienne qui n'est pas la physique newtonienne qui n'est pas la physique einsteinienne, il y a abolition des systèmes physiques au profit d'une description plus précise et plus générale des phénomènes observés), et c'est prétendre séparer le monde des phénomènes de toute sémantique et même en dernière analyse de toute sémiologie et donc de toute symbolique, ce qui n'est évidemment pas défendable métaphysiquement parlant. Je crois qu'il faut se cantonner à l'affirmation du fait que la structure du modèle physique de tel phénomène se rapproche asymptotiquement de la structure réelle du phénomène tel qu'il est en lui-même, et saper le modèle physique de toute crédence quand on veut s'en servir pour intelliger le monde (il ne faut en garder que les rapports de causalité manifeste qu'ils font intervenir et les observations phénoménales). Je pense que le monde est inépuisable et que les structures mathématiques sont inaptes à décrire complètement le réel (la dimension sémiotique est invinciblement séparée de la dimension mathématique par exemple), on pourrait imaginer que l'ensemble des structures mathématiques est dense dans une dimension de l'espace des structures réelles, de telle façon qu'on pourrait approcher arbitrairement bien un phénomène réel par les mathématiques sans jamais pouvoir l'atteindre en son essence.
il y a 2 ans
GIF
Consultant en mewing et fiscalité crypto
:philippot_jawline:
il y a 2 ans
Sainte
Sainte
2 ans
Si je devais esquisser mon avis sur la valeur épistémologique des sciences cosmologiques (dont je prendrai la physique pour modèle), je me situerais plutôt du côté du sceptique dans le paragraphe. L'intelligence est naturellement orientée vers la triple question (qui n'en est en fait qu'une) de l'Être, du Sens et du Bien qui sont ses seuls véritables objets. Le projet de la physique moderne, si l'on considère seulement qu'il consiste en la mise en équations géométrique des phénomènes naturels, des seuls effets observés, si l'on se contente de le voir comme développement d'une phénoménologie du mouvement, ne me dérange pas. Dans ce cas on appelle simplement la physique moderne outil pour servir au développement de la technique, on la prive de toute valeur axiologique ou sémantique, on accepte qu'elle ne parle pas du monde tel qu'il est véritablement puisqu'elle ne se préoccupe pas de la nature des phénomènes dont elle parle, de leur pourquoi profond ni de connaître leur structure avec exactitude. Si, par contre, on considère que l'objet de la physique moderne est la description des mouvements non pas tels qu'ils paraissent mais tels qu'ils sont véritablement, on s'expose à une foule de problèmes insolubles : attribuer cet objet à cette science c'est déjà supposer que le mouvement et le monde sont réductibles à une géométrie de l'étendue (ce qui n'est pas sans gêner toute ontologie), c'est ignorer l'histoire des sciences physiques (la physique aristotélicienne n'est pas la physique ptoléméenne qui n'est pas la physique galiléenne qui n'est pas la physique cartésienne qui n'est pas la physique newtonienne qui n'est pas la physique einsteinienne, il y a abolition des systèmes physiques au profit d'une description plus précise et plus générale des phénomènes observés), et c'est prétendre séparer le monde des phénomènes de toute sémantique et même en dernière analyse de toute sémiologie et donc de toute symbolique, ce qui n'est évidemment pas défendable métaphysiquement parlant. Je crois qu'il faut se cantonner à l'affirmation du fait que la structure du modèle physique de tel phénomène se rapproche asymptotiquement de la structure réelle du phénomène tel qu'il est en lui-même, et saper le modèle physique de toute crédence quand on veut s'en servir pour intelliger le monde (il ne faut en garder que les rapports de causalité manifeste qu'ils font intervenir et les observations phénoménales). Je pense que le monde est inépuisable et que les structures mathématiques sont inaptes à décrire complètement le réel (la dimension sémiotique est invinciblement séparée de la dimension mathématique par exemple), on pourrait imaginer que l'ensemble des structures mathématiques est dense dans une dimension de l'espace des structures réelles, de telle façon qu'on pourrait approcher arbitrairement bien un phénomène réel par les mathématiques sans jamais pouvoir l'atteindre en son essence.
Ta capacité de raisonnement est louable. Tu la pousses très loin compte tenu des outils dont tu disposes. Ce n’est pas une insulte, ni du persifflage. Par outil, je parle de tes concepts ornés de majuscules : Être, Sens, Bien, qui bornent ta capacité de raisonnement, qui sont, contrairement à ce que tu penses, non pas un horizon indépassable, puisque métaphysique et abstrait, une « asymptote » comme tu aimes
le dire, ni même des astres lointains et sûrs, mais une limite que tu poses toi-même, une limite humaine. Le mot « Être » tel que tu l’emploies risque, à moins que tu ne t’épuises à le définir, ce que tu ne fais pas, de n’être qu’un résidu d’erreurs humaines amoncelées, ce qu’il est effectivement. Quant au mot « Sens », n’en parlons pas. Je ne sais pas si c’est à toi ou si c’est à un autre que j’ai dit que votre chaînon manquant (du moins le plus important) étant KANT. Vous ne comprenez pas que le premier objet de la connaissance doit être le sujet connaissant. Vous répétez l’hybris des dogmatiques matérialistes français, les « Lumières », mais avec le contenu de la philosophie précédente. « L’Être » que tu vises est peut-être l’objet ultime de la connaissance, mais celui que tu poses est le dépôt des erreurs du sujet connaissant

C’est une erreur extrême, et qui n’est plus admissible en philosophie, que de poser un concept comme celui-là au commencement de ton raisonnement, sans le définir, sans en faire l’analyse, et surtout sans dégager, au moins, son sens pur, ou considéré tel, de la longue dérive de sens dont son acception contemporaine, au moment où tu écris le mot, résulte

Quant au reste je ne sais pas. Cette question en fait m’intéresse peu. J’ai cité cet extrait surtout pour donner un ordre de grandeur aux guénoniens, qu’ils voient ce à quoi ressemble la philosophie. Je ne pense pas que tu te trompes dans l’ensemble. Je pense que c’est, au fond, la question elle-même qui est mal posée
il y a 2 ans
:canape_blase_soral:
Image French Gamos Image
il y a 2 ans
Drôle que sa boite d'édition s'intitule "KK"
:Oopsi:
:Blason_Monte_Cristo:
il y a 2 ans
Giscard
Giscard
2 ans
Ta capacité de raisonnement est louable. Tu la pousses très loin compte tenu des outils dont tu disposes. Ce n’est pas une insulte, ni du persifflage. Par outil, je parle de tes concepts ornés de majuscules : Être, Sens, Bien, qui bornent ta capacité de raisonnement, qui sont, contrairement à ce que tu penses, non pas un horizon indépassable, puisque métaphysique et abstrait, une « asymptote » comme tu aimes
le dire, ni même des astres lointains et sûrs, mais une limite que tu poses toi-même, une limite humaine. Le mot « Être » tel que tu l’emploies risque, à moins que tu ne t’épuises à le définir, ce que tu ne fais pas, de n’être qu’un résidu d’erreurs humaines amoncelées, ce qu’il est effectivement. Quant au mot « Sens », n’en parlons pas. Je ne sais pas si c’est à toi ou si c’est à un autre que j’ai dit que votre chaînon manquant (du moins le plus important) étant KANT. Vous ne comprenez pas que le premier objet de la connaissance doit être le sujet connaissant. Vous répétez l’hybris des dogmatiques matérialistes français, les « Lumières », mais avec le contenu de la philosophie précédente. « L’Être » que tu vises est peut-être l’objet ultime de la connaissance, mais celui que tu poses est le dépôt des erreurs du sujet connaissant

C’est une erreur extrême, et qui n’est plus admissible en philosophie, que de poser un concept comme celui-là au commencement de ton raisonnement, sans le définir, sans en faire l’analyse, et surtout sans dégager, au moins, son sens pur, ou considéré tel, de la longue dérive de sens dont son acception contemporaine, au moment où tu écris le mot, résulte

Quant au reste je ne sais pas. Cette question en fait m’intéresse peu. J’ai cité cet extrait surtout pour donner un ordre de grandeur aux guénoniens, qu’ils voient ce à quoi ressemble la philosophie. Je ne pense pas que tu te trompes dans l’ensemble. Je pense que c’est, au fond, la question elle-même qui est mal posée
Tu mets dans ma bouche des mots et une ingénuité que je n'ai pas en esprit. Je connais Kant et je connais Heidegger, j'ai réfléchi à ce qu'est l'Être, j'ai réfléchi à ce qu'est le sens. Si je ne les ai pas définis c'est parce que j'estime qu'il n'y a pas à les définir. Comme tu le sais, pour définir l'Être il faudrait écrire «L'Être est» et pour définir le sens il faudrait écrire «Je définis le sens comme», ce qui fait de ces deux notions des indéfinissables, mais pas des choses dont on ne peut pas parler, parce que pour penser il faut avoir ces deux notions, et nous pensons. Il faut accepter à la racine de toute pensée ce principe sémantique : Il y a de l'Être, il y a du sens, et l'intelligence peut intelliger ces deux choses. Je dirais même que l'intelligence est l'organe du sens de l'Être et du sens comme l'oeil est l'organe du sens de la vue. Le réductionniste kantien est contradictoire, la raison ne peut pas se critiquer elle-même par elle-même, on ne peut jamais critiquer que ce qui nous est adventice, pas ce qui nous est intrinsèque.
Aussi je ne me réclame pas de Guénon mais je crois que tu confonds obscurité et profondeur. Le texte que tu as cité est pénible à lire et entasse superficiellement des interrogations légitimes mais banales, Guénon quand il écrit me paraît plus limpide et plus profond.
il y a 2 ans
Ne perds pas ton temps avec les allemands, ils ont un intérêt pour l'histoire de la pensée mais ce qu'ils ont dit de vrai se trouvait avant eux, et ce qu'ils ont proposé de nouveau est presque systématiquement faux. Tu peux te cantonner à la tradition platonicienne occidentale qui passe par Platon, les néoplatoniciens (Plotin, Jamblique, Proclus, Porphyre), les Pères de l'Église (saint Maxime le Confesseur, saint Grégoire de Nysse, saint Augustin, le Pseudo-Denys) et les docteurs médiévaux (Érigène, saint Anselme, saint Bonaventure et ~saint Thomas d'Aquin). Ce qu'il y a de vrai chez les allemands se trouve à peu près intégralement chez eux, et ils n'essaient pas systématiquement de développer une épistémologie de l'illusion (transcendantale chez Kant, ontologique chez Heidegger) comme les allemands. La pensée humaine est inaliénablement métaphysique.
:Platon_Demos_Kratos:
il y a 2 ans
Sainte
Sainte
2 ans
Tu mets dans ma bouche des mots et une ingénuité que je n'ai pas en esprit. Je connais Kant et je connais Heidegger, j'ai réfléchi à ce qu'est l'Être, j'ai réfléchi à ce qu'est le sens. Si je ne les ai pas définis c'est parce que j'estime qu'il n'y a pas à les définir. Comme tu le sais, pour définir l'Être il faudrait écrire «L'Être est» et pour définir le sens il faudrait écrire «Je définis le sens comme», ce qui fait de ces deux notions des indéfinissables, mais pas des choses dont on ne peut pas parler, parce que pour penser il faut avoir ces deux notions, et nous pensons. Il faut accepter à la racine de toute pensée ce principe sémantique : Il y a de l'Être, il y a du sens, et l'intelligence peut intelliger ces deux choses. Je dirais même que l'intelligence est l'organe du sens de l'Être et du sens comme l'oeil est l'organe du sens de la vue. Le réductionniste kantien est contradictoire, la raison ne peut pas se critiquer elle-même par elle-même, on ne peut jamais critiquer que ce qui nous est adventice, pas ce qui nous est intrinsèque.
Aussi je ne me réclame pas de Guénon mais je crois que tu confonds obscurité et profondeur. Le texte que tu as cité est pénible à lire et entasse superficiellement des interrogations légitimes mais banales, Guénon quand il écrit me paraît plus limpide et plus profond.
Tu me fais penser à ce passage de L’Unique fondement possible à une démonstration de l’existence de Dieu : « [il ne faudrait pas dire] des hexagones réguliers existent dans la nature, mais bien : à certaines choses dans la nature, comme les cellules d’abeilles ou le cristal de roche, conviennent les prédicats inclus dans le concept d’hexagone »

Je pense qu’il y a une lacune, à la fois en ce qui concerne KANT et en ce qui concerne PARMÉNIDE

Sur KANT, il ne s’agit pas tant de dire que « la raison doit se critiquer elle-même ». Bien plutôt, c’est tout simplement qu’il faut admettre qu’il y a une limite à la raison, puis il s’agit de définir et d’expliquer cette limite. Ce que KANT attaque en partie, c’est l’hybris « encyclopédique » de son siècle, qui prétend tout connaître sans savoir ce que c’est que connaître, car, s’ils connaissaient ce que c’est que connaître, ils sauraient que tout ne se peut pas réduire à la connaissance. Rien d’autre ne tient la route dans cette alternative : ou bien la raison a des limites, ou bien elles n’en a pas. Si tu rejettes entièrement KANT, tu rejettes l’idée que la raison humaine ait ses limites, et tu nies qu’il y ait un domaine réservé à la croyance, à la foi. En conséquence de quoi, et c’est plus important encore : lorsque tu construis un raisonnement sur quelque chose dont il n’est pas certain qu’il soit du ressort de la raison, tu construis sur du vide. Et, selon le moi, c’est le comble de l’orgueil humain d’appeler ce vide DIEU, ou Être, Sens, etc. On pourrait résumer le criticisme kantien ainsi : tout ce qui est objet de pensée est nié en-soi. Autrement dit il est déterminé par sa relation au sujet connaissant. Or on ne peut pas connaître l’objet de la connaissance, s’il est déterminé, altéré par le sujet connaissant

Il faut, pour fonder une métaphysique qui résiste, non seulement à elle-même et aux attaques qui sont menées contre elles au sein de la philosophie, mais qui résiste aussi à l’assaut des autres sciences qui ont, elles, atteint la pleine maîtrise d’elle-même ; il faut fonder une métaphysique qui intègre les limites que le sujet connaissant impose à l’objet de la connaissance, au lieu d’espérer, en ignorant cette limite, maintenir les apparences dogmatiques de la vieille scolastique

Quant à PARMÉNIDE, je ne veux pas être trop long, mais je crois que c’est une erreur de s’arrêter à son interprétation première, consistant à dire qu’il ne peut pas ne pas y avoir d’être, ou que l’être est indéfinissable ou impensable puisqu’il est compris dans toute définition ou dans toute pensée (IIIe fragment). KANT répond à cet argument, et rappelle que l’être — en fait l’existence — n’est pas un prédicat. Toute prédication intègre une copule, donc toute prédiction « est ». Là est, d’ailleurs, une différence entre « être » et « exister », sein et dasein, et une des raisons pour lesquelles cette distinction est nécessaire. Et je dis cela, comme KANT, sans référence aucune à HEIDEGGER. Il reste qu’ARISTOTE répond lui aussi à cette prétendue aporie, en faisant ni plus ni moins que le catalogue des acceptions de l’être. En tout cas, ce qui est clair, c’est que le « problème » du IIIe fragment, « la même chose est la pensée et l’être » ne peut pas servir d’excuse au refus de définir l’être, surtout quand on s’en sert comme critère

Quant à Guenon, je préfère ne pas répondre pour l’instant, j’ai assez parlé
il y a 2 ans
Tu as raison de commencer par le commencement de la philosophie, il n’y a rien de pire que ceux qui abordent la philosophie moderne sans étude réelle de la philosophie antique ni de la philosophie chrétienne

Le texte que j’ai cité n’est ni de KANT ni de HEIDEGGER

Je pense qu’il y a confusion. J’allais répondre directement mais je n’ai en fait qu’à citer la suite du passage :

Nous pouvons anticiper sur la réponse. La physique d’aujourd’hui, cette science qui est un système inouï de signes sous forme de noms et de nombres permettant de travailler avec la nature comme avec une machine, peut avoir un but final exactement définissable ; en tant que fragment d’histoire avec tous les destins et les hasards survenant dans la vie des personnes qui y participent et dans le cours de la recherche elle-même, la physique est, par son rôle, sa méthode, ses résultats, l’expression et la réalisation d’une culture ; un trait de la nature de celle-ci se développant organiquement et dont chaque résultat est un symbole. Ce que la physique, existante seulement dans l’être éveillé des hommes de cultures vivantes, prétend découvrir au moyen de ces hommes était déjà à la base de leur mode de recherche. Ses découvertes sont, par leur contenu figuré, en dehors des formules, même dans la tête de savants aussi prudents que J. R. Mayer, Faraday et Hertz, de nature purement mythique. Vu l’exactitude de la physique, on distinguera sans doute dans chaque loi naturelle entre ses nombres innommés et leur nomination, entre une simple limitation et son interprétation théorique. Les formules décrivent des valeurs logiques générales, des nombres purs, des éléments d’espace et de limite, par conséquent, mais les formules sont muettes. L’expression S = 1/2 gt² ne signifie rien du tout, tant qu’on est incapable de penser dans ces lettres à des mots et à leur sens figuré. Mais quand j’habille de tels mots ces signes morts, que je leur donne de la chair, un corps, la vie, une signification générale cosmique et sensible j’ai dépassé les bornes d’un simple arrangement. θεωρία signifie image, vision. C’est elle la première qui fait d’une formule mathématique une loi de la nature réelle. Tout de qui est exact est en soi dépourvu de sens ; chaque observation du physicien est constituée de telle sorte que son résultat n’est une preuve qu’à condition d’admettre un certain nombre d’hypothèses qui donnent désormais plus de conviction. Indépendamment de quoi le résultat ne consiste que dans des chiffres vides. Mais nous ne pouvons pas du tout faire abstraction de ces hypothèses. Même si un savant écartait comme telles toutes les hypothèses dont il a conscience, dès qu’il se mettra à cette tâche en pensant, il lui sera impossible de dominer — c’est elle qui le domine ! — la forme inconsciente de cette pensée ; car il est toujours, comme vivant actif, homme d’une certaine culture, d’un certain temps, d’une certaine école pleine de tradition. Foi et « Connaissance » ne sont que deux sortes de certitude intérieure, mais la foi est plus ancienne et régit toutes les conditions d’un savoir, si exact soit-il. Et ce sont précisément les théories, non les nombres purs, qui soutiennent toute connaissance de la nature. L’inconsciente nostalgie de chaque science authentique qui — il faut le répéter — n’existe que dans l’esprit de l’homme de culture, se propose de comprendre, de pénétrer, d’embrasser l’image cosmique de la nature, non de mesurer pour mesurer, cette activité n’ayant jamais fait que la joie des têtes insignifiantes. Les nombres ne devraient jamais être que la clé du mystère. Pour le nombre en soi, aucun homme d’importance ne s’est jamais donné en sacrifice.

(2/2)
il y a 2 ans
Giscard
Giscard
2 ans
Tu me fais penser à ce passage de L’Unique fondement possible à une démonstration de l’existence de Dieu : « [il ne faudrait pas dire] des hexagones réguliers existent dans la nature, mais bien : à certaines choses dans la nature, comme les cellules d’abeilles ou le cristal de roche, conviennent les prédicats inclus dans le concept d’hexagone »

Je pense qu’il y a une lacune, à la fois en ce qui concerne KANT et en ce qui concerne PARMÉNIDE

Sur KANT, il ne s’agit pas tant de dire que « la raison doit se critiquer elle-même ». Bien plutôt, c’est tout simplement qu’il faut admettre qu’il y a une limite à la raison, puis il s’agit de définir et d’expliquer cette limite. Ce que KANT attaque en partie, c’est l’hybris « encyclopédique » de son siècle, qui prétend tout connaître sans savoir ce que c’est que connaître, car, s’ils connaissaient ce que c’est que connaître, ils sauraient que tout ne se peut pas réduire à la connaissance. Rien d’autre ne tient la route dans cette alternative : ou bien la raison a des limites, ou bien elles n’en a pas. Si tu rejettes entièrement KANT, tu rejettes l’idée que la raison humaine ait ses limites, et tu nies qu’il y ait un domaine réservé à la croyance, à la foi. En conséquence de quoi, et c’est plus important encore : lorsque tu construis un raisonnement sur quelque chose dont il n’est pas certain qu’il soit du ressort de la raison, tu construis sur du vide. Et, selon le moi, c’est le comble de l’orgueil humain d’appeler ce vide DIEU, ou Être, Sens, etc. On pourrait résumer le criticisme kantien ainsi : tout ce qui est objet de pensée est nié en-soi. Autrement dit il est déterminé par sa relation au sujet connaissant. Or on ne peut pas connaître l’objet de la connaissance, s’il est déterminé, altéré par le sujet connaissant

Il faut, pour fonder une métaphysique qui résiste, non seulement à elle-même et aux attaques qui sont menées contre elles au sein de la philosophie, mais qui résiste aussi à l’assaut des autres sciences qui ont, elles, atteint la pleine maîtrise d’elle-même ; il faut fonder une métaphysique qui intègre les limites que le sujet connaissant impose à l’objet de la connaissance, au lieu d’espérer, en ignorant cette limite, maintenir les apparences dogmatiques de la vieille scolastique

Quant à PARMÉNIDE, je ne veux pas être trop long, mais je crois que c’est une erreur de s’arrêter à son interprétation première, consistant à dire qu’il ne peut pas ne pas y avoir d’être, ou que l’être est indéfinissable ou impensable puisqu’il est compris dans toute définition ou dans toute pensée (IIIe fragment). KANT répond à cet argument, et rappelle que l’être — en fait l’existence — n’est pas un prédicat. Toute prédication intègre une copule, donc toute prédiction « est ». Là est, d’ailleurs, une différence entre « être » et « exister », sein et dasein, et une des raisons pour lesquelles cette distinction est nécessaire. Et je dis cela, comme KANT, sans référence aucune à HEIDEGGER. Il reste qu’ARISTOTE répond lui aussi à cette prétendue aporie, en faisant ni plus ni moins que le catalogue des acceptions de l’être. En tout cas, ce qui est clair, c’est que le « problème » du IIIe fragment, « la même chose est la pensée et l’être » ne peut pas servir d’excuse au refus de définir l’être, surtout quand on s’en sert comme critère

Quant à Guenon, je préfère ne pas répondre pour l’instant, j’ai assez parlé
Je crois que tu as mal compris mon post.
:mini_chat_romain:

Tu m'attribues des idées et une ignorance du kantisme que je n'ai pas. Je n'a jamais prétendu « rejetter entièrement Kant » (j'ignore même ce qu'une telle assertion veut dire). Je n'ai pas non plus prétendu que la raison n'avait pas de limite (et jamais personne ne l'a prétendu), ce que je proposais c'est une esquisse de critique de l'épistémologie kantienne en défense de la métaphysique dogmatique traditionnelle.
Le principe du criticisme kantien c'est en résumé :
1° Il n'y a aucun autre moyen pour nous de connaître l'existence de quelque chose que d'en recevoir la certitude par expérience directe
2° si nous avons bien une réceptivité sensorielle, nous n'avons pas de réceptivité intellective, notre pensée ne peut pas être affectée par une réalité intelligible
De là il résulte que la seule source de connaissance (du réel) est constituée par les sens, et qu'une idée ou un concept qui ne s'applique pas à un donné sensible est une forme vide qui ne nous fait rien connaitre. Les notions de monde, de moi ou de Dieu qui sont de telles notions n'existent donc que parce que les exigences du fonctionnement de la raison font ramener toute chose à l'unité (le monde unifie les phénomènes, le moi unifie le sujet pensant, Dieu unifie tous les êtres). Pour Kant on ne saurait transformer ce besoin de la raison en connaissance objective : « nous prenons les conditions subjectives de notre pensée pour les conditions objectives des choses elles-mêmes, et une hypothèse nécessaire à la satisfaction de notre raison pour un dogme » (Prolégomènes à toute métaphysique future, paragraphe 55). Quand nous disons Dieu ou monde, nous ne savons tout simplement pas ce que nous disons. De là Kant présente le projet de son criticisme : « La Critique de la raison pure est un tribunal qui dénonce l'apparence du savoir, je n'entends point par là une critique des livres et des systèmes, mais celle du pouvoir de la raison en général, considérée par rapport à toutes les connaissances auxquelles elle peut s'élever indépendemment de toute expérience ; [...] je me flatte d'y avoir trouvé la réfutation de toutes les erreurs qui avaient jusqu'ici divisé la raison avec elle-même, dès qu'elle sort de l'expérience. » (Critique de la raison pure, trad. Barni, G.F., p.31)
Tu ne peux donc pas prétendre que le propos de Kant n'est pas tant de dire que la raison doit se critiquer elle-même que d'affirmer qu'il y a une limite à la raison. Tout le monde sait depuis toujours qu'il y a une limite à la raison, parce qu'on en fait personnellement l'expérience, l'originalité du kantisme, et de son propre aveu, c'est très exactement la volonté de proposer une critique de la raison, par la raison seule. Ce que j'affirme c'est qu'une telle critique est impossible et constitue un réductionnisme spéculatif.
Pour mettre en évidence cette contradiction, il suffit de se poser la question kantienne par excellence : à quelles conditions une critique de la raison pure est-elle possible ? Cette question ne contredit pas le projet kantien puisque dans la critique la raison se prend elle-même pour objet : « La raison pure n'est dans le fait occupée que d'elle-même, et elle ne peut avoir d'autre fonction » (Critique de la raison pure, Appendice à la dialectique transcendantale). Or, et selon les propres termes de Kant « Ce qui limite doit être différent de ce qu'il sert à limiter. » (8è section des antinomies). En conséquence la raison ne peut limiter le pouvoir de la raison qu'à la condition d'être extérieure à ce pouvoir, c'est-à-dire que si elle est en son essence illuminée participativement par la raison divine et absolue, mais alors, et précisément, le criticisme est inutile et c'est la métaphysique dogmatique qui est dans le vrai. Au contraire, si la raison n'est pas plus que la raison, jamais la raison ne pourra avoir conscience de ses propres limites. Si on accepte les principes épistémologiques du kantisme, tout connaissance étant conditionnée et construite, il en résulte que la connaissance que la raison prend d'elle-même doit également être conditionnée (Kant ne croit pas aux idées innées), et que l'objet de la raison critique, qui est la raison elle-même est nécessairement lui aussi un objet construit (à l'instar du monde, du moi et de Dieu), et la « révolution copernicienne » de Kant perd du même coup toute valeur de vérité et de certitude. Autrement dit la notion d'une limitation essentielle de la connaissance par elle-même est contradictoire, ce que peut faire la connaissance, c'est prendre conscience des limitations que lui impose le conditionnement existentiel de sa nature humaine. Il s'agit d'une limitation extrinsèque, et dont la connaissance n'est possible qu'en vertu de l'illimitation interne de la connaissance. Tout ce que l'on peut dire a priori de la connaissance , c'est qu'elle se suppose elle-même (comme l'Être et le sens), qu'elle est elle-même condition non conditionnée de tout acte cognitif déterminé, et donc qu'elle est absolue et ingénérable : il y a de la connaissance, voici ce que nous constatons, et c'est une autre façon d'énoncer le principe sémantique. La connaissance se saisit elle-même comme le témoin universel présupposé à tous ses actes. Si le kantisme avait raison, jamais nous n'aurions dû le savoir : ou bien nous serions restés dans l'illusion dogmatique qui est « naturelle et inévitable », ou bien étant installés par nature dans la lucidité critique, jamais l'espace, le temps, la substance, la causalité, le monde, le moi, Dieu, l'Être, le sens n'auraient pu devenir les objets de notre discours. On ne peut donc pas souscrire à l'idée que tout objet de pensée est déterminé par sa relation au sujet connaissant, on doit pouvoir connaître, et connaître premièrement, l'objet de la connaissance, il ne peut pas être inviciblement déterminé par le sujet connaissant. C'est-à-dire que l'intelligence doit toucher naturellement au réel : on ne peut admettre que la raison croit se mouvoir dans la région du sens alors qu'elle ne sait plus de quoi elle parle que si l'on admet une faillibilité radicale de la conscience intellective elle-même, de la connaissance intuitive et directe qu'elle a de sa propre sémanticité.

Je n'ai jamais non plus prétendu que l'être est un prédicat (et Parménide ne le dit pas non plus de ce que j'en sais) ni même une substance. Ce que j'en dis c'est que l'intelligence a spontanément le sens de l'Être, elle le saisit en lui-même dans la mesure où elle en est capable, mais pour autant elle n'a pas besoin de le définir, car elle l'entend sans qu'il doit dicible. Nier la sémanticité immédiate du sens pour la connaissance, c'est nier toute connaissance, parce que tout connaissance porte sur l'Être en dernière analyse, et que porter sur l'Être ce n'est pas prédiquer l'être de quelque chose. Si tu t'interdis de penser l'Être, tu t'interdis de penser tout court, si tu t'interdis de penser le sens, tu t'interdis de penser tout court, indépendamment de si l'Être et le Sens sont des ineffables ou non : on ne peut pas ne pas accepter leur évidence.
il y a 2 ans
Sympa cet échange
:yubinpop:
il y a 2 ans
Freya
Freya
2 ans
Sympa cet échange
:yubinpop:
Giscard est un dogmatique du kantisme, il est not ready pour voir que la muraille du kantisme ne peut pas empêcher le vent de porter jusqu'à nos oreilles la joie miraculeuse du chant de la Réalité
:chuu_mcdo:
il y a 2 ans
Tout dépend de ce que tu entends par positivisme. Disons qu’il prend l’avènement du « positivisme » comme un fait de la civilisation occidentale. Cela ne veut pas dire qu’il tombe lui-même dans l’erreur du positivisme

Au chapitre suivant :

Il en résulte que tout « savoir » sur la nature, même le plus exact, se fonde sur une foi religieuse. La mécanique pure, à laquelle la physique occidentale donne pour but final la réduction de la nature, Put servi par ce langage figuré, suppose un dogme, qui est notamment l'image cosmique religieuse de l'époque gothique, et par lequel elle est la propriété spirituelle de l'humanité cultivée occidentale et de celle-ci seulement. Il n'y a pas de science sans hypothèses incons. cientes de cette sorte, hypothèses sur lesquelles le savant ne dispose d'aucune puissance et dont on peut d'ailleurs poursuivre l'origine jusqu'aux jours les plus reculés de la culture qui s'éveille. I n'y a pas de science naturelle sans religion antérieure. Sur ce point, il n'y a aucune différence entre la conception catholique et la conception matérialiste de la nature : toutes deux disent la même chose avec des mots différents. Même la science naturelle de l'athée a une religion; la mécanique moderne est pièce par pièce une reproduction de l'intuition croyante.

(3/2)
il y a 2 ans
Soit A l’élite au pouvoir, B celle qui cherche à l’en chasser, pour y arriver elle-même, C le reste de la population, comprenant les inadaptés, les hommes auxquels l’énergie, le caractère, l’intelligence, font défaut, et qui, en somme, sont ce qui reste lorsqu’on met à part les élites. A et B sont des chefs, c’est sur C qu’ils comptent pour se procurer des partisans, des instruments. Les C seuls seraient impuissants, c’est une armée sans chefs, ils n’acquièrent d’importance que quand ils sont guidés par A ou par B. Fort souvent, presque toujours, ce sont les B qui se mettent à leur tête, les A s’endormant dans une fausse sécurité ou méprisant les C. D’ailleurs ce sont les B qui peuvent mieux leurrer les C, précisément parce que, n’ayant pas le pouvoir, leurs promesses sont à plus longue échéance. Parfois pourtant les A tâchent d’enchérir sur les B, espérant de pouvoir contenter les C par des concessions apparentes sans trop en faire de réelles. Si les B prennent peu à peu la place des A, par une lente infiltration, si le mouvement de circulation sociale n’est pas interrompu, les C sont privés des chefs qui pourraient les pousser à la révolte et l’on observe une période de prospérité. Les A tâchent généralement de s’opposer à cette infiltration, mais leur opposition peut être inefficace et n’aboutir qu’à une bouderie sans conséquence.

Si l’opposition est efficace, les B ne peuvent emporter la position qu’en livrant bataille, avec l’aide des C. Quand ils auront réussi et qu’ils occuperont le pouvoir, une nouvelle élite D se formera et jouera, à leur égard, le même rôle qu’ils ont joué par rapport aux A ; et ainsi de suite.

La plupart des historiens ne voient pas ce mouvement. Ils décrivent le phénomène comme si c’était la lutte d’une aristocratie ou d’une oligarchie, toujours la même, contre un peuple, aussi toujours le même. Or, en fait : 1° Il s’agit d’une lutte entre une aristocratie et une autre. 2° L’aristocratie au pouvoir change constamment ; celle d’aujourd’hui étant remplacée, après un certain laps de temps, par ses adversaires.

(1/2)

Puissent ces mots sortir les golems du songe gauchiste d’une « conscientisation » désintéressée des basses classes par leurs nouveaux maîtres socialo-communistes @PereDuPeuple
:emoji:
il y a 2 ans
@Sainte

Je regrette que tu aies pris mon commentaire comme une manière de mettre en doute ta maîtrise de la philosophie de KANT. J’ai pourtant pris beaucoup de précautions. J'ai dit qu'il y avait selon moi une lacune dans la justification de ton refus de définir les termes sur lesquels tu fais poser tout ton raisonnement, et dans l'idée que tu semblais avoir de KANT : si l'on ne pensait pas qu'il manque quelque chose dans le discours de l'autre, nous ne discuterions pas, tout serait dans parfait chez l'autre, on se tairait

Tu ne sais pas ce que « rejetter entièrement KANT » veut dire, c'est étrange. Tu as dit que tout ce qui était vrai chez les Allemands était une répétition, et qu'à peu près tout ce qui n'était pas une répétition était faux (présomption insigne). Et tu as dit que le « réductionniste [sic] kantien » était contradictoire. Partant, et en plus de ce que j'ai dit plus haut, si tu ne sais pas ce que « rejetter entièrement KANT » veut dire, j'en déduis que tu cherches la polémique. Et c'est d'autant plus probable que je n'ai pas dit : « tu rejettes entièrement KANT » mais, « si tu rejettes entièrement KANT, alors... »

Dans le même esprit, tu cites KANT, disant : « ... je n'entends point là une critique des livres et des systèmes, mais celle du pouvoir de la raison en général ». Immédiatement ensuite, tu dis : « Tu ne peux donc pas prétendre que le propos de KANT n'est pas tant que la raison doit se critiquer elle-même que d'affirmer qu'il y a une limite à la raison ». KANT dit : « critiquer le pouvoir de la raison en général » ; je dis : « admettre qu'il y a une limite à la raison, puis définir et expliquer cette limite »

Une fois encore, tu cherches à tout prix la polémique

Et pour l'exacerber encore, tu dis que « tout le monde sait depuis toujours qu'il y a une limite à la raison, parce qu'on en fait personnellement l'expérience ». C'est une erreur colossale et très présomptueuse. D'abord, toute sentence commençant par « tout le monde » ou « de tout temps » ou « depuis toujours » est, en général, à bannir, précisément dans les études philosophiques. Dans ce cas précis, c'est d'autant plus grave que, à supposer que ce que tu dis soit vrai, la question des « limites de la raison » ne se poserait pas de la même façon à un Grec du VIIᵉ siècle, pour qui la physique se sépare à peine de la théologie, et pour qui la question d'une différence entre le mythe et le raisonnement ne se pose pas comme telle, et un Aufklärer vivant dans le siècle de l'orgueil encyclopédique

Je reviens donc à ce que j'ai dit : le criticisme kantien pose avant tout que, avant de prétendre à la connaissance de quoi que ce soit, il faut que la faculté même de connaître se connaisse d'abord elle-même. Point. Il est inutile d'aller beaucoup plus loin pour « résumer » le criticisme kantien, et il n'est certainement pas besoin d'entrer dans les détails des antinomies ou de la dialectique transcendantale

Dans la mesure où les autres sciences, la Logique, les Mathématiques, la Physique, ont déjà accompli cette révolution, la Critique kantienne ne porte pas sur elles, bien qu'elle les intègre et s'en serve comme exemple. Reste la Métaphysique, qui ne l'a pas encore accomplie : c'est une connaissance spéculative, et la Critique de la Raison pure consiste avant tout à une critique de son propre pouvoir de connaître

Voilà ce que dit KANT lui-même : « La Critique n'est pas opposée à un procédé dogmatique de la raison dans sa connaissance pure en tant que science [...] mais elle est opposée au dogmatisme, c'est-à-dire à la prétention d'aller de l'avant avec une connaissance pure (la connaissance philosophique) tirée de concepts d'après des principes tels que ceux dont la raison fait usage depuis longtemps sans se demander comment ni de quel droit elle y est arrivée. Le dogmatisme est donc la marche dogmatique que suit la raison pure sans avoir fait une critique préalable de son pouvoir propre. »

Nous n'avons donc pas avancé d'un pouce, je crois que c'est à cause de ton ardent désir de polémique

Je me sers des mots que je viens de citer pour répondre à ce que tu as dit, à savoir que j'étais un « dogmatique du kantisme ». Les mots de KANT suffisent à montrer en quoi c'est une accusation contradictoire. J'ajoute même que le reproche que tu fais à KANT, son prétendu « réductionnisme », devrait justement t'interdire une telle accusation

Non, je ne suis ni un « dogmatique du kantisme », ni même un kantien tout court. Ce que je suis, ou plutôt ce que je sais, c'est qu'on ne peut plus faire de la philosophie sans intégrer le criticisme kantien. De façon plus générale, on ne peut pas faire de philosophie en ignorant « les Allemands » ; en disant, par exemple, qu'ils n'ont rien inventé, ou que tout ce qu'ils inventent est faux, et que tout ce qu'ils disent et qui n'est pas faux, on peut le trouver ailleurs. C'est un orgueil de petit Français, et ce n'est pas un hasard si, peut-être depuis LEIBNIZ, et assurément depuis KANT, FICHTE, SCHELLING, HEGEL, la France n'a pas donné un seul grand philosophe. C'est tout particulièrement vrai pour tous ceux qui prétendent faire encore de la scolastique après DESCARTES, après LEIBNIZ, WOLFF, KANT, HEGEL et même après BRENTANO ; après HEIDEGGER : on se retrouve à parler encore de Bien, de Beau, de Vrai, d'Idéal, de l'Être, comme si la chose se bornait au mot français ; comme si ce à quoi le mot français fait référence était transparent au mot même ; comme si l'histoire des variations du sens de ce mot ne prouvait pas qu'il était trop obscur et muable pour qu’on daigne construire au-dessus de lui tout un système, et un système qui, de surcroît, prétend prendre de haut les autres sciences, dont la réalité est, quant à elle, indiscutable ; comme si le mot CHIEN aboyait ; bref : comme si la philosophie n'était qu'une incantation
il y a 2 ans