L'assassine Charlotte Corday

Sous cet air de gentille fille se cache une assassine

Aristocrate mais favorable à la Révolution de 1789 et Girondine, elle s'oppose à la Terreur (1793) et aux jacobins / montagnards.

Alors elle complote pour assassiner Jean-Paul Marat, député de la Convention, l'un des principaux représentants des jacobins et de la Terreur, que Charlotte tient responsable de la chute des Girondins. En effet, Marat écrit de nombreux articles incitant à la violence, il est notamment l'instigateur des massacres de septembre 1792.

Marat :

Elle se rend donc à Paris (elle voyage de Caen à Paris) le 9 juillet 1793, restant dans l'hôtel de la Providence. Le 13 juillet, elle achète un couteau de cuisine. Son but était de tuer Marat le 14 juillet, une date symbolique (prise de la Bastille pour les endormis).

Elle pense d'abord à le tuer dans la Convention, mais cela ne sera pas possible car Marat préfère rester chez lui et écrire des articles de journal. Pour justifier de son absence à l'assemblée il invoque un problème de peau, mais en réalité Marat aime bien rester chez lui et écrire à distance (il a vraiment un problème de peau mais ça lui convient très bien).

Alors, pour s'infiltrer chez lui, Charlotte prétend détenir des informations sur un supposé complot à Caen. Elle se fait refuser deux fois par son entourage mais y parvient à la troisième demande.

Le même 13 juillet, celui-ci la reçoit dans sa baignoire, en train d'écrire un article. Elle s'approche de lui et commence à lui donner des noms fictifs de comploteurs, puis tout à coup elle sort un couteau et poignarde Marat directement dans le coeur, le tuant instantanément.

Elle est immédiatement arrêtée et revendique son acte.

"J'ai tué un homme pour en sauver cent mille", dit-elle. Qualifiant Marat de “bête féroce”, elle lui impute "la désolation de la France [et] la guerre civile qu'il a allumé dans tout le royaume".

4 jours plus tard, le 17 juillet, Charlotte est guillotinée à l'âge de 24 ans. Elle aurait eu une attitude stoïque, acceptant la mort avec dignité.

Jean-Paul Marat a été ensuite sacralisé comme un "martyr de la Révolution". Il a été envoyé au Panthéon pendant quelques mois (il a été dé-panthéonisé plus tard) et les révolutionnaires s'en sont servi pour justifier la Terreur.

Cette affaire a donné ce fameux tableau :



(La mort de Marat, Jacques-Louis David, 1793, le tableau se trouve à Bruxelles)

Vous remarquerez que Charlotte n'apparaît pas du tout. C'est que cette fille était apparamment trop belle, et Marat très moche - ce qui était très incommode pour diaboliser Charlotte. Le peintre, qui était aussi un député de la Convention, a aussi pensé à peindre la scène de l'exécution de Charlotte, mais son attitude trop digne lui empêchait également de la diaboliser.

Alors il a simplement dessiné Marat en le glorifiant le plus possible.

Par la suite il y a eu d'autres tableaux mettant plus en valeur l'assassine :



(L'assassinat de Marat (ou Charlotte Corday) Paul-Jacques-Aimé Baudry, 1860, ce tableau se trouve à Nantes)



(L'assassinat de Marat, Jean-Joseph Weerts, 1880, le tableau se trouve à Roubaix)

Voilà, j'espère que ça vous aura intéressé.

Au plaisir !

Quelques citations :

@Pompokov
@Dagoth-Ur
@Yoneda
@clefserrure

Marat était un sale type non ?

Un enragé oui

Ouais. Avant la Révolution, ce type avait essayé de se faire reconnaître comme noble

Lorsqu'il était médecin de l'écurie et des pages du comte d'Artois, frère du roi, Marat essaya vainement de faire reconnaître sa (fausse[réf. nécessaire]) noblesse espagnole et enregistrer un blason[23] que l'on retrouve sur sa correspondance entre 1778 et 1789

Mais à la Révolution, il devient un extrémiste et incite au meurtre de tous les nobles, prêtres, mais aussi les révolutionnaires qu'il juge "trop mous"

"Marat, en septembre 1792 dans le Conseil Général de la Commune, estime par approximation à 40 000 le nombre de têtes qu'il faut abattre. Six semaines plus tard, l'abcès social ayant prodigieusement grossi, le chiffre enfle à proportion : c'est 270 000 têtes qu'il demande, toujours par humanité pour « assurer la tranquillité publique », à condition d'être chargé lui-même de cette opération et de cette opération seulement, comme justicier sommaire et temporaire"

Très intéressant, merci beaucoup pour ce topic

Toujours se méfier du monstre féminin

Elle a massacré le Usul de l'époque, respect éternel.

Exact, c'est exactement ça, l'Usul de l'époque

Le détail du tableau avec la carte de France me fascine.

Je connaissais uniquement la peinture de "La mort de Marat", je l'avais vu un peu par hasard sur le net, mais je n'ai pas cherché plus loin à l'époque.
Je ne sais pas si je me comporterai de manière stoïque si je devais me faire guillotiner, ou pire...

Bref, topic bien sympa, je me coucherai moins bête merci

super topic khey parfait a lire en rentrant de pause dejeuner.

bravo !

Intéressant clé, je pensais qu’elle était son amante ou quelque chose comme ça, je ne pensais pas qu’elle l’avait prémédité à ce point, c’est un véritable coup politique.
Dommage que je ne sois pas allé visité le musée de Bruxelles quand j’y ai été, j’aurai pu le voir

paix à son âme

comme je l'ai dit hier, le courage n'est pas qu'une question de testostérone