Ce sujet a été résolu
Clause de non-responsabilité : les présents sujets consacrés à Me Abauzit sont destinés à apporter des réponses détaillées aux polémiques qui agitent la sphère sédécandauliste. Me Abauzit a le mérite de s'exprimer à visage découvert et notre objectif n'est certainement pas de le mépriser à titre personnel, indépendamment des mensonges et approximations dont il se rend tantôt coupable, victime ou complice ; aussi l'assurons-nous de nos sentiments respectueux et condamnons-nous tout propos ordurier à son égard.
Suite de la précédente vidéo.
Adrien Abauzit déclare (à 2'31) :
Jean Daniélou écrivait en 1956 ces propos extrêmement clairs : « C'est le salut du monde que nous attendons. En réalité, l'espérance porte sur le salut de tous les hommes. » Quand on dit espérance, la vertu euh enfin l'espérance ça fait allusion à la vision béatifique donc au ciel hein, donc euh ce cher Jean Danielou avait l'espérance que tous les hommes soient au ciel, c'est-à-dire qu'aucun d'entre eux ne soit en enfer.
car je n'ai pu avoir l'original sous la main. 2) À écouter la vidéo, on a l'impression que Jean Daniélou est un sale boomeur qui assure que tout le monde est sauvé et qu'on peut tous s'enculer main dans la main en chant Kumbaya my lord ; or, ce n'est absolument pas le cas quand on fait un lecture honnête du texte. L'auteur ne fait absolument aucune confusion entre l'espoir mû par la charité qui souhaite le salut du prochain et un optimisme béat que serait la certitude du salut universel et qui serait pour le coup un vice :
L'espérance ne signifie pas l'optimisme. L'optimisme est facile : il consiste à supposer que tout finira forcément par bien se passer, automatiquement. Sous une forme plus analytique, sa conception du mal est celle d'une certaine dislocation ou perturbation transitoire, qui se corrigera d'elle-même, comme une douleur de croissance. Par cette élimination de tout ce qui est tragique dans le problème du mal, l'optimisme détruirait la véritable nature de l'espérance. Tromper les hommes en leur faisant croire que le remède à leurs maux se trouve entre leurs propres mains, c'est en fait les détourner du chemin du salut. Un exemple de cet optimisme fallacieux est le dogme marxiste selon lequel un changement des conditions économiques suffirait à transformer l'humanité.
3) Le terme d'espérance n'implique aucune certitude sur le salut de toute l'humanité lors du jugement général. Je mets l'extrait en entier pour vous montrer le cheminement de la pensée de l'auteur, car couper des phrases c'est bien pour fasciner du mongole sédévac mais moins pour entrevoir la complexité d'une réflexion :
Il est de notre devoir d'espérer être sauvés ; et ce n'est pas toujours facile. Certaines personnes, qui n'ont aucune difficulté à croire que le Christ est le Sauveur, peuvent pourtant être gravement tentées de douter que cela puisse vraiment s'appliquer à elles : et en effet, la vue de nos péchés nous amène à la conviction juste que nous ne le méritons pas. C'est précisément la caractéristique distinctive du salut chrétien qu'il soit offert aux pécheurs. Ce que le Christ nous demande, c'est de croire en son pardon ; nous sommes trop réticents à cet acte de foi, qui demande, il est vrai, beaucoup d'amour. Notre espérance, l'espérance de l'humanité, alors, est pour « nous-mêmes » ; son objet est « nous » : Saint Thomas pose la question de savoir s'il est possible d'espérer pour « les autres » et conclut qu'« il est possible d'espérer pour quelqu'un d'autre lorsqu'on est uni à lui par l'amour ». La véritable espérance vit de charité, et la tragédie liée à l'espérance réside dans l'anxiété pour le salut d'autrui. Le missionnaire est un homme qui ressent cette tragédie, un homme qui a une conscience positive des âmes qui périssent, un homme dont l'amour pour ces âmes le conduit à espérer pour elles, et dans cette espérance à œuvrer par des actes d'amour qui peuvent peut-être contribuer à leur salut.
On est loin du « tout le monde est sauvé tkt fréro »
Je ne vois vraiment pas de quoi chier une pendule. Terminons en mettant la citation complète du moderniste conciliaire saint Thomas d'Aquin évoquée par Daniélou :
Somme théologique
Si l'on présuppose une union d'amour avec autrui, alors on peut désirer et espérer un bien pour autrui comme pour soi-même. En ce sens, on peut espérer pour autrui la béatitude éternelle, en tant qu'on lui est uni par l'amour. Et de même que c'est l'unique vertu de charité qui nous fait aimer Dieu, nous-mêmes et le prochain, de même aussi c'est par une seule vertu d'espérance qu'on espère pour soi-même et pour autrui.
Sources
2.
Jean Daniélou, The Lord of History, Longmans, Green and Co Ltd, 1958.
3.
Ibid., p. 214.
4.
Ibid., p. 221.
5.
IIa IIae, q. 17, a. 3.
il y a 5 mois