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États-Unis – Début du XXe siècle – Des Québécois et d’autres francophones canadiens ont été nombreux à émigrer aux États-Unis au XIXe siècle. Cette importante diaspora fut la principale cible du Ku Klux Klan dans les années 1920.

En 1925, le Klan du Maine compte 150 141 membres. Cela représente alors 23 % de la population de l’État, explique l’historienne Raney Bench, directrice de la Mount Desert Historical Society.

Toutes proportions gardées, il y avait plus de membres du KKK au Maine par habitant qu’en Alabama ou qu’au Mississippi. En dehors des États du sud, c’est au Maine que le KKK comptait sa plus importante section, note Raney Bench. Sa cible principale était la population franco-américaine catholique francophone.

Au Maine, le KKK mène campagne pour faire disparaître l’enseignement du catholicisme. À cette fin, il tente d’écraser toute influence possible de cette minorité. Cela se manifeste lors du référendum de Portland, en 1923, où le KKK promeut l’abolition de mesures de représentation qui font une place aux catholiques et aux juifs. À l’époque, précise l’historien Martin Pâquet, les membres du KKK intimidaient les Franco-Américains, dans leurs campagnes de haine, se voyant comme les seuls dépositaires autorisés de l’Amérique.


L’historien observe chemin faisant un paradoxe qu’il résume ainsi : alors qu’au nord des États-Unis, comme au Maine, on s’en prend à des franco-catholiques au nom du KKK, au Sud, comme en Louisiane, des franco-catholiques sont membres du KKK ! Autrement dit, les positions de chacun ne sont pas à jamais fixées en société.

“Le Klan du Maine a grandi rapidement parce qu’un leader charismatique a pu rallier les protestants de la classe moyenne autour de leur opposition aux immigrés et aux catholiques”, explique Raney Bench. Ce leader s’appelait Eugene Farnsworth. En 1924, dans une de ses assemblées publiques, Farnsworth explique que l’Amérique doit au fond faire face à trois problèmes : “les catholiques, les juifs et les nègres.” Farnsworth avait grandi au Canada, dans un petit village du Nouveau-Brunswick.


Réglements anti-français

“Ce sont des lois qui régissaient le système scolaire, comme on en voyait un peu partout en Amérique à l’époque”, qui ont finalement jugulé le français dans le Maine, résume l’historien Martin Pâquet.

Au nombre des commentaires suscités par le reportage diffusé par NCM Portland, on trouve celui de Janice Williams :

J’avais un grand-oncle qui était membre du KKK du Maine. Ironiquement, son épouse était une Canadienne française. Elle n’était pas bienvenue apparemment aux rassemblements familiaux. J’avais 12 ans en 1962 quand j’ai entendu ma grand-mère canadienne française parler français [pour la première fois] à quelqu’un.”

Les règlements anti-français ont finalement été abolis en 1960.

]Au XIXe siècle, avant la révolution industrielle, une large partie du Maine parlait français, surtout au nord. Des Acadiens et des Québécois, à majorité catholique, s’y étaient installés avant que ce territoire, jusque-là attaché au Nouveau-Brunswick, ne devienne, en 1820, un État américain, dont les frontières ont d’ailleurs mis un certain temps à être fixées. Cela fait, la majorité protestante du nouvel ensemble s’est vite fait entendre.

Une main d’oeuvre corvéable et bon marché

En 1850, une église catholique est brûlée. Un jésuite, Johannes Bapst, est déclaré persona non grata. À Ellsworth, siège du comté de Hancock au Maine, ce religieux est attaqué. On lui reproche de vouloir défendre l’enseignement des franco-catholiques. Il sera violemment pris à partie, enduit de goudron chaud et recouvert de plumes de volaille. Cette pratique, caricaturée dans les bandes dessinées de la série Lucky Luke, tient plutôt dans les faits de la torture.

Cependant, le développement d’usines en Nouvelle-Angleterre, entre 1850 et 1930, encourage un fort mouvement migratoire. Environ 900 000 Canadiens français traversent la frontière pour s’établir en Nouvelle-Angleterre, où ils constituent une main-d’œuvre corvéable et bon marché.

Cette immigration fait que des villes du Maine connaissent de rapides importants changements démographiques, explique l’historienne Raney Bench. Un monde canadien français apparaît. Il fait contraste avec des régions plus petites et plus rurales, à majorité protestante et anglaise.

Entre 1919 et 1960, dans la volonté d’homogénéiser la population pour mieux l’intégrer au marché du travail et aux valeurs américaines, on ne finance plus l’enseignement dans une autre langue que l’anglais. L’historien Martin Pâquet observe :

L’argument racial est moins invoqué, contrairement en Louisiane. Toutefois, les effets sont les mêmes : les enfants francophones n’ont plus accès à l’enseignement dans leur langue.”

Plusieurs descendants de Canadiens français changent de nom pour éviter d’être molestés. Au nombre des réactions du public, Margaret LeVeque Fischer rappelle à quel point ses arrière-grands-parents ont souffert d’une mise à l’écart de leur langue et de leur religion. “Mon grand-père a finalement changé son nom pour Bishop, tout en anglicisant aussi son prénom. Mais quand il est mort, à Lewiston, nous avons indiqué son vrai nom sur la pierre [tombale].”
il y a 2 ans
les Anglo-Américains qui traitent les Franco-Canadiens presque comme des noirs
:Crie:
il y a 2 ans
je ne suis ni protestant ni papiste c'est l’aspect ethnique linguistique que je trouve particulièrement intéressant
:cafe:
il y a 2 ans
il y a 2 ans
Pourquoi me taguer ici ?
:bdb:
Bac +5, RSA mais je compte évoluer, bientôt l'AAH
:bdb:
il y a 2 ans
Pourquoi me taguer ici ?
:bdb:
j'en sais rien je voulais taguer quelqu'un mais je savais pas qui alors ...
:Mouais_Jesus:
il y a 2 ans
ANTIVAX
ANTIVAX
2 ans
j'en sais rien je voulais taguer quelqu'un mais je savais pas qui alors ...
:Mouais_Jesus:
Ah d'accord.
:bdb:
Bac +5, RSA mais je compte évoluer, bientôt l'AAH
:bdb:
il y a 2 ans